samedi 25 août 2012

Rencontres littéraires "Racines de ciel" : 4ème édition (31 août, 1er et 2 septembre 2012)

Cette fois-ci les Rencontres littéraires "Racines de ciel" (organisées par l'association Via Grenelle, c'est-à-dire Ysabelle Lacamp et Mychèle Leca) investissent le lycée Fesch (c'est toujours à Ajaccio).

Je ne vais pas m'étendre sur les caractéristiques de ces Rencontres. Cette 4ème édition est particulièrement riche, de nouveaux rendez-vous sont proposés au public. L'entrée est gratuite. Il y a de très nombreux auteurs, que l'on pourra entendre et questionner sur bien des sujets (le roman, la Méditerranée, l'Algérie, la traduction, la littérature jeunesse). Des livres à acheter (stand de la librairie De plumes en bulles + éditeurs). Des débats et cafés littéraires. Des moments de musique.

Et même, cela n'est pas dans le programme officiel, mais je peux l'ajouter ici : le samedi entre 20 h et 20 h 15, Stefanu Cesari fera une lecture d'extraits de son dernier ouvrage poétique bilingue (corse-français), "U minimu gestu" (éditions Colonna, 2012). Vous pourrez voir les tableaux de Badia, artiste peintre avec qui le poète a travaillé.

Et voici le programme (je n'ai qu'une chose à ajouter : nous espérons vivement que vous viendrez nombreux - faites votre choix parmi les propositions ! - et que vous ferez part de vos remarques pour que ce rendez-vous littéraire s'enrichisse encore) : 

Le thème de l'édition 2012 de ces rencontres littéraires, autour du processus de la création, sera
LA FABULATION DANS LE ROMAN

Pour explorer ce thème, 27 invités, huit débats animés par les auteurs eux-mêmes, dix cafés littéraires, une soirée de gala musicale et littéraire, une matinée jeunesse, un gros plan sur la condition du traducteur.

20 auteurs présents...
Tahar Ben Jelloun (éd. Gallimard, Prix et Juré Goncourt)
Colette Fellous (éd. Gallimard, productrice de Carnet nomade sur France Culture)
Jean- Noël Pancrazi (éd. Gallimard, Prix Médicis, Juré Renaudot , Prix Marcel Pagnol et Prix Méditerranée 2012)
Patrick Grainville (éd. Seuil, Prix Goncourt)
Frédéric Mitterrand (éd. Robert Laffont, ancien ministre de la Culture et de la Communication)
Jean-Noël Schifano (éd. Gallimard, directeur de la collection Continents Noirs aux éditions Gallimard)
Pierre Assouline (éd. Gallimard, Juré Goncourt, journaliste et chroniqueur Le Monde, La république des livres..)
Nathalie Kuperman (éd. Gallimard)
Jean-Baptiste Predali (éd. Actes Sud, Journaliste à la chaîne parlementaire LCP)
Marcu Biancarelli (éd. Actes Sud)
Canesi et Rahmani (éd. Naïve)
Alanu Di Meglio (éd. Albiana)
Jean-Christophe Pietri ( éd. Au coin de la rue)

...dont 7 animeront les débats
Mohammed Aïssaoui (éd. Gallimard, Prix Renaudot de l'essai, journaliste au Figaro Littéraire)
Kebir Ammi ( éd. Gallimard)
Azouz Begag (éd. Albin Michel, ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances)
Jean Rouaud (éd. Gallimard, Prix Goncourt)
Dominique Memmi (éd. Colonna, éd. Dadoclem)
François-Xavier Renucci (éd. Albiana)
Sébastien Pisani (éd. Teramo)

Des psychanalystes
Ursula Renard et Jean-Pierre Rumen

Des traducteurs

François-Michel Durazzo (traducteur du corse et d'autres langues romanes)
Jean-Raymond Fanlo (traducteur de Cervantès)
Paulu Desanti (traducteur corse-français)

Des visiteurs de prestige consultés en vue de la création des rencontres Livres de la Méditerranée
Maëtte Chantrel, co-fondatrice du festival « Etonnants voyageurs » à Saint-Malo
Youness Ajarraï, directeur artistique du salon du livre de Casablanca-Maroc
Taric Boucebci, éditeur et poète méditerranéen

Un espace éditeurs

Animé par la librairie De plume en bulles
Corsica Comix, Colonna, Sammarcelli, Teramo, Eolienne, Misteri

Moments privilégiés d'échange entre le public et un auteur,
ces 4èmes rencontres sont rythmées par les
...Cafés littéraires...
au cours desquels Dominique Memmi et Sébastien Pisani reçoivent en alternance
SAMEDI 1er SEPTEMBRE
11h30 Tahar Ben Jelloun
16h Jean-Baptiste Predali
16h 45 Jean-Noël Schifano
17h15 Nathalie Kuperman
A 18h45, c'est ensemble qu'ils accueillent Mohammed Aïssaoui
DIMANCHE 2 SEPTEMBRE
11h45 Dominique Memmi est reçue par Sébatien Pisani
15h30 Colette Fellous
16h15 Patrick Grainville
et par les
... Rendez-vous...
SAMEDI 1er SEPTEMBRE, à 18 h, Maëtte Chantrel reçoit Jean Rouaud
DIMANCHE 2 SEPTEMBRE, à 11h, François-Xavier Renucci reçoit Marcu Biancarelli

VENDREDI 31 AOUT 2012

18h Ouverture officielle de la 4ème édition de RACINES DE CIEL

18h30/21h La Méditerranée avec 2 airs Scène ouverte et soirée Azouz Begag
1er mouvement 18h30/19h45 Autour des richesses et diversités de la Méditerranée en compagnie de
Colette Fellous, Mohammed Aïssaouï, Alanu Di Meglio et Jean-Pierre Rumen.
Participation de la comédienne Evelyne Istria.
2ème mouvement 20h00/21h Contrepoint musical
Avec le groupe Manat, les chanteurs Diana Saliceti, Patrizia Gattaceca , Lionel Giacomini accompagnés de Philippe Biondi (percussions, bandonéon) , Serge Lodi (violoncelle) et Petru Casanova (piano).

SAMEDI 1er SEPTEMBRE 2012

A partir de 10h30 Une saison en jeunesse, matinée de débats consacrée au jeune public. Coordination Dominique Memmi.
1er temps avec Nathalie Kuperman, Danica Urbani,Virginie Mondoloni, Michel Canesi.
Désaffection de la lecture chez l'enfant, mythe ou réalité ; l'enfant, cible ou alibi ; appauvrissement des contenus et exigence dans l'apprentissage de la lecture ; de la conception du livre à la « fashion litérrature » ...
2ème temps Ysabelle Lacamp et Kebir Ammi présentent la collection Ceux qui ont dit non Actes Sud Jeunesse
3ème temps dans le cadre de l'année de l'autisme, Jean-Christophe Pietri parle de son livre Qu'ont-ils fait de Florian ?

Déjeuner à bord du Paglia Orba, navire de la SNCM

15h30/17h Le roman de l'Algérie, la littérature née des évènements de l'histoire
Débat animé par Mohammed Aïssaoui avec Jean-Noël Pancrazi, Canesi et Rahmani, Azouz Begag

17h/18h30 Les mots pour le dire, roman et psychanalyse
Débat animé par Ursula Renard et François-Xavier Renucci
1ère partie avec Colette Fellous, Jean-Baptiste Predali, Patrick Grainville

18h30/20h Tola di i sfidi / Table des enjeux
Thème : La Condition du traducteur
François-Xavier Renucci reçoit Pierre Assouline, auteur de "La Condition du traducteur", rapport édité par Le Centre National du Livre en 2011
1ère temps La place du traducteur dans la littérature d'aujourd'hui avec Marcu Biancarelli , Paulu Desanti, Jean-Noël Schifano.
2ème temps Faut-il retraduire les classiques ? avec Jean-Raymond Fanlo et François-Michel Durazzo

21h/ 22h30 L'itinéraire
Jean Rouaud reçoit Frédéric Mitterrand.

DIMANCHE 2 SEPTEMBRE 2012

11h/12h30 L'art d'écrire
Débat animé par Kebir Ammi avec Jean-Noël Pancrazi, Jamil Rahmani, Patrick Grainville et Jean-Baptiste Predali

15h30/17h Les mots pour le dire, roman et psychanalyse
Débat animé par Ursula Renard et François-Xavier Renucci
2ème partie avec Tahar Ben Jelloun, Nathalie Kuperman et Jean-Noël Schifano.

17h/18h Invités et public clôturent ensemble la 4ème édition de RACINES DE CIEL

lundi 20 août 2012

Palmarès du Prix du Livre insulaire 2012 (Ouessant)

On peut le consulter sur la page d'accueil du site du Salon du Livre insulaire (http://www.livre-insulaire.fr)

Le voici reporté dans ce billet :

PALMARES DU PRIX DU LIVRE INSULAIRE 2012
Grand Prix des îles du Ponant
Karla Suarez-La Havane, année zéro
traduit de l’espagnol par François Gaudry
Editions Métailié

Prix Beaux Livres
Au coeur du Parc National de la Réunion
Bernard GROLLIER et Hervé DOURHIS
Epsilon éditions

Mention spéciale du Jury dans catégorie Beaux-Livres
Le phare des solstices-
de Françoise Sylvestre, Jean-Marc Cotta, Yves Dussin, Hugues de Wilden, autoédition

Prix essai
Vincent de Moro Giaflerri-
de Dominique Lanzalavi
Editions Albiana

Prix fiction
En chute libre
Carl de Souza -
Editions de l’Olivier

Prix sciences deux livres ex aequo
L’usage de l’île-
BERNARDIE-TAHIR Nathalie
Editions Petra
www.Editionspetra.fr


-Ile Diserte-
GALIBERT Charlie
Editions Albiana
www.albiana.fr


Prix Poésie
Nomade je fus de vieille mémoire
PHELPS Anthony
Ed. Bruno Doucey
www.Editions-brunodoucey.com



Prix Jeunesse
Les Trésors d’Isméralda-
de Daniel Pages, auto édition

Contes du Japon-
de Pascale FONTAINE,
éditions Reflets d’ailleurs
stand La Réunion des Livres

Prix ROMAN POLICIER
Le bal des innocents
de Samir BOUHADJADJ-
Editions du bout de la rue


Cuba, Réunion, Nouvelle-Calédonie, Corse, Maurice, Haïti, les Shetland, le Japon, les Caraïbes, toutes les îles dans le jeu entre "mondialisation et différenciation"... Arriverez-vous à relier chaque titre primé avec les termes de la phrase précédente ?

Bravo au jury. J'espère que tous les éditeurs placeront sur leur site internet et en bandeau sur les livres papier la mention "Prix du Livre Insulaire, Ouessant 2012" !

Encore beaucoup d'ouvrages à découvrir !

mardi 14 août 2012

Festival Allegria en Corse-du-Sud : lectures et musique

Le foisonnement dont nous (je) parlions la dernière fois se confirme : pour la troisième année le Conseil général de Corse-du-Sud et la Bibliothèque départementale de prêt proposent le festival littéraire et musical "ALLEGRIA". (Mychèle Leca et Ysabelle Lacamp sont aux manettes de la programmation).

Et que voit-on ? 4 soirées dans 4 villages différents, avec des acteurs et des auteurs pour lire des textes, souvent poétiques. Des textes d'auteurs sud-américains ou corses. Avec du piano, du violoncelle et du bandonéon pour jouer, notamment, des morceaux d'Astor Piazzola (et notamment le sublime "Oblivion").

Que j'aurais aimé entendre, notamment, lire du Rulfo par Daniel Beretta ! (Mais je vous laisse découvrir toute la richesse de la programmation : Octavio Paz, Julio Cortazar, Juan Rulfo, Pablo Neruda, Louis Jouvet (lors d'un voyage au Brésil), Stefanu Cesari, Sonia Moretti, Ghjuvan Ghjaseppiu Franchi, Pascal Ottavi, Robert Colonna d'Istria, c'est la liste des auteurs dont certains textes seront lus...

Evidemment, toujours la question de la trace... y aura-t-il une trace ? un compte rendu ?

En espérant bien sûr, que de belles rencontres auront lieu entre artistes et avec le public... je pense encore à cet adolescent qui sera frappé d'admiration et qui désirera avec passion lui aussi écrire, et dire... (y a-t-il des adolescents au cours de ces soirées ?).

Peut-être que les spectateurs de ces soirées voudront échanger ici leurs points de vue (admiratifs, critiques, précis, ou vagues...) ?

Cliquer ici pour le programme complet.

lundi 13 août 2012

Ouessant 2012, c'est dans quatre jours !

Un billet qui va se contenter de relayer un message mail que j'ai reçu aujourd'hui, parce qu'il me semble donner une image assez précise de ce Salon du livre insulaire absolument extraordinaire (évidemment je suis de parti pris puisque j'ai été invité par deux fois à y participer, d'abord en tant qu'auteur de l'ouvrage "Un lieu de quatre vents", ensuite comme membre du jury du prix du livre insulaire).

Je ne refais pas ici l'éloge de ce Salon et de l'association CALI qui l'organise avec constance depuis 1999 (cliquez ici pour voir les autres billets de ce blog à ce sujet consacrés).

Je me contente de vous donner les liens qui vont vous permettre de :
- voir toutes les rubriques et activités de ce Salon et de cette association (résidence d'écrivain, conférences, édition d'une revue, etc etc)
- voir le programme des cinq jours de festivités
- voir la liste des éditeurs présents (notons la présence des éditions corses Albiana)
- voir la liste des ouvrages qui sont entre les mains des membres du jury (et ici un lien vers un billet reprenant les titres des ouvrages corses en lice)

Je note seulement l'absence de Numér'île cette année (en espérant que cette absence est provisoire). (AJOUT du 16 août : j'avais mal lu le programme, nos trouvons un moment réservé aux professionnels pour évoquer le livre numérique, ce sera le lundi 20 août à midi... désolé pour l'erreur.)

Je pose tout de même une question générale (histoire d'en discuter) : la littérature corse a été présente lors du Salon de Ouessant en 2006 avec d'autres îles de la Méditerranée ; il faudrait qu'un des prochains salons (en 2015, pour les 25 ans de la publication du chef-d'oeuvre de G. Thiers "A Funtana d'Altea" ?) soit notamment consacré à la littérature corse, elle le mérite, et ce serait une occasion magnifique de la donner à lire et à voir à tous les amoureux et curieux des littératures insulaires. Non ?

Bien, voici le message que j'ai reçu de la part des organisateurs, bonne lecture et bravo à tous ceux qui auront eu la bonne idée d'être dans les parages de cette extraordinaire petite île couverte de murets, de moutons, de lapins et de phares (ah le Créa'ch !)...

Bon vent au Salon d'Ouessant !

(Je relaierai le résultat des différentes prix qui devraient être annoncés le dimanche 19 août : j'espère que les recueils de poèmes de Jean-François Agostini auront tapé dans l'oeil du jury ; ceci dit, je ne focalise pas sur les prix et autres colifichets, comme les appelle Norbert Paganelli, je les vois simplement comme le signe réel d'une lecture réelle ; la discussion peut alors commencer...)

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île d'Ouessant - du 17 au 21 août 2012 - 14e édition
salon international du livre insulaire

Dans l'Océan, il y a plus d'îles que de continents.

Sur ces îles, vivent des écrivains, des éditeurs, des insulaires.

Chaque année, ils convergent vers l'Archipel des Lettres : Ouessant, île bretonne de l'Iroise, pour présenter aux visiteurs leurs nouveautés littéraires.

Antilles, Cuba, Haïti sont mises à l'honneur, réunies sous le titre « Caraïbes : Récifs et Récits. »

Écrire, publier, diffuser ? un chemin parsemé de récifs comme les lectures d'aventures maritimes de notre enfance... Écrire en résidence à Ouessant, dans un sémaphore : récits de création de l'écriture insulaire. Ils écrivent, lisons-les.

Les hommages littéraires seront consacrés à Joseph Zobel, aux dix ans d'amitiés entre Ouessant et la Nouvelle-Calédonie, au centenaire du Goncourt pour « Les filles de la pluie », mais pourquoi pas aussi aux îles à la dérive d'E. Hemingway, aux îles charnières, à Black Atlantique...

Plus de 45 éditeurs mettront en lumière leurs ouvrages, souvent introuvables ailleurs : Caraïbes, Polynésie, Océanie, Corse, Réunion et Océan Indien, Madagascar et îles du Ponant.... Près de 80 auteurs seront présents pendant les cinq jours pour des rencontres, table-ronde, dédicaces, partager des moments avec chacun, entre la place de l'Église Saint-Pol-Aurélien et sûrement les 5 phares de l'île en nocturne.

Ce salon est gratuit. Comment vous décrire ce salon, le seul dans le monde francophone consacré à la rencontre des littératures insulaires ? Il est au milieu de la mer, sur une île, et ne ressemblent à aucun autre.

Tout le programme est consultable sur le site.

On vous attend à l'arrivée du bateau.

c'est vendredi à 16 h00...

Salon international du Livre insulaire. Association Culture, 
arts et lettres des îles. 
BP 10. 29242 OUESSANT (Finistère-Bretagne-Ponant)
Tel 06 81 85 41 71 salon@ livre-insulaire.fr www.livre-insulaire.fr

samedi 11 août 2012

"On s'en fout de l'image de la Corse !" (in "Coupez" de Laurent Simonpoli)

J'ai vu plusieurs fois le dernier court métrage du cinéaste, comédien et producteur Laurent Simonpoli. J'avais déjà vu "Assassins", que j'avais apprécié (mais je n'ai pas vu les autres films de Simonpoli).

Son dernier court métrage s'intitule "Coupez !". Titre très fort, très drôle, très angoissant. L'histoire en deux mots : un comédien corse, Pierre, se voit proposé le premier rôle ans un long métrage ; mais cette occasion de lancer sa carrière grâce à un "film d'auteur" consiste à jouer un homosexuel ; les préjugés du comédien et la pression des amis et de la famille le font hésiter ; il finit par refuser. Tout le film est donc basé sur une hésitation (sa copine et deux amis l'engagent à accepter). Le rôle du comédien est tenu par Eric Fraticelli (oui, Pido).

Cela dure 26 minutes ; je dois dire que j'ai trouvé ce film à la fois passionnant, très drôle, avec une intrigue qui fait mouche (j 'y reviens tout de suite) et en même temps, j'ai été parfois très déçu, par le rythme, par certaines scènes parfois trop lentes, des effets un peu trop appuyés.

Trop rapidement (désolé, pas le temps), mes impressions - à nuancer bien sûr - sous forme de listes :

Liste des points qui m'ont déçu : 

- je le disais le montage me paraît souvent un peu lent : la scène chez le psy est un peu trop longue, le rythme du dialogue m'a fait languir (et cette lenteur enlève de la drôlerie et de la force à la transformation du psy en boxeur).

- quelques effets visuels ou sonores pas très réussis, ou qui m'ont lassé (les ralentis et panoramiques sur la place du marché ; les effets de guitare chez le psy).

- point le plus important : le personnage du comédien est traité (c'est un choix intéressant et cohérent) comme un être en retrait, impuissant, qui ne sait plus quoi penser, quoi faire et donc son corps est quasi absent. Or, cela aurait pu être l'occasion au contraire de montrer le corps d'Eric Fraticelli, de le pousser dans ses limites (la scène de la douche avec deux femmes puis avec le psy est surtout drôle, mais très elliptique). Finalement, il n'est pas innocent qu'il ne soit plus qu'un uniforme dans le plan final : la corps a disparu (et son être aussi sous l'insulte lancée par Guy Cimino: "Pédé !", insulte qui le laisse sans voix).

Car, liste des points qui m'ont beaucoup plu : 

- le jeu des acteurs dans l'ensemble, que j'ai trouvé très juste, Fraticelli maniant très bien le jeu des mains, du visage (comme l'immense acteur Louis de Funès), toujours dans une situation de malaise et ne sachant trop comment s'en sortir, ou échouant à en sortir ; la façon que Célia Picciocchi a de dire "je t'adore" à son amoureux ; la haine rentrée et la faconde agressive de Frédéric Graziani ; l'envie toujours un peu ridicule de celui qui veut surenchérir par Jean-François Perrone ; la sensualité de Marie-Pierre Nouveau dans le rôle de la vendeuse, etc.

- la scène entre le réalisateur du futur film et le comédien, dans le bar restaurant sur le Vieux port à Bastia est très réussie, je trouve, très drôle : grâce au jeu des acteurs et au contraste entre les deux personnages (regard goulu et voix de velours, avec ton prétentieux et rentre dedans du réalisateur - très bien joué par Charles Dubois - face aux paroles hésitantes et au malaise du comédien, sous la pression du regard de ses deux amis, l'un au regard fixe et noir, l'autre au sourire goguenard et cruel).

- l'idée de scénario est géniale : un sujet qui fait polémique, particulièrement en Corse, à savoir la forcé des préjugés. Le comédien ne rêve que de rôles virils qui correspondent à celui qu'il veut être dans la vie réelle, et ce rôle d'homosexuel le gêne évidemment beaucoup. Mais il imagine très bien faire l'amour avec copine (avec laquelle il forme un couple très amoureux) sous la douche en compagnie de la vendeuse (préjugé plus positif sur l'amour entre femmes). Mais lorsque le réalisateur parisien veut convaincre le comédien qu'il est fait pour ce rôle, c'est dans le cadre d'une vision fantasmée de l'homosexualité en Méditerranée, comme marque d'identité, et c'est avec l'intention de faire en fait un film érotique comme tant d'autres au soleil (et non "dans un abribus de banlieue, sous la pluie") sous couvert du "film d'auteur" conçu de façon attendue comme "prise de tête", "provocateur", etc.

- la question de la représentation de l'homosexualité en Corse est aussi posée de façon directe et drôle, ce qui est rare, non ? Il faudrait faire la recension des oeuvres (textes, cinéma, théâtre, arts plastiques) qui évoquent ce sujet en Corse (il ne doit pas y en avoir beaucoup). Ici en tout cas, cela donne lieu à une réflexion sur la "tyrannie du pays natal" (pour reprendre une expression de Marcu Biancarelli) : la discussion entre amis avant que le comédien ne prenne sa décision donne lieu à cet échange :

- Tu dois défendre l'image de la Corse ! Est-ce que tu as déjà vu Lino Ventura faire la folle ?
- Les "Tatas flingueuses" !... Ah y a pas que de la pomme, y a aussi de la banane !!
- Oh putain, il est lourd lui. Mais c'est affligeant ce déballage de pseudo virilité. Vous avez l'air de quoi là, tous les deux. Alors toi tu préfères qu'il joue un truand, même si c'est le dernier des enculés,  plutôt qu'un homo, même si c'est un scientifique prix Nobel de la paix ?
- Mais bien sûr.
- Mais n'importe quoi, qu'est-ce qu'on en a à foutre de l'image de la Corse ? Ton métier c'est comédien ? Hé ben joue !

Ce dialogue était préparé par les propos de la copine et de la vendeuse faisant la liste des grands acteurs américains virils qui ont joué des rôles d'homosexuels (Sean Penn, Al Pacino). Je trouve cela très fort de prononcer ces paroles :

- Mais n'importe quoi, qu'est-ce qu'on en a à foutre de l'image de la Corse ? Ton métier c'est comédien ? Hé ben joue !

Car la fin du film signe l'échec d'un tel projet : l'image de la Corse pèse trop lourd, alors que c'est la complexité de nos vies et les représentations de celle-ci qui est en jeu, ce que nous vivons vraiment. Ou alors c'est le silence, la fin, la stérilité artistique et de l'imaginaire, la condamnation à la médiocrité, au recommencement du train train idiot des images, des scènes, des idées et des propos stéréotypés : "Coupez !"

A la fin, je le disais le comédien a refusé le rôle, mais sent bien qu'il a fait une erreur, il se retrouve à jouer un rôle de policier municipal, muet, méprisé, qui une fois que la scène est terminée, ne sait plus où aller. Il n'y a plus de lieu pour lui qui soit vivable, il s'est lui-même coupé les ailes, la langue...

Je trouve, pour finir, que "Coupez !" est un film qui aurait dû être plus long, au montage plus nerveux, ce qui lui aurait donné la possibilité de faire ce pour quoi il milite : un cinéma libre des préjugés, ou se jouant d'eux, par les moyens du cinéma (des corps en mouvement). C'est pourquoi le revois toujours avec un grand plaisir, car il représente une promesse, une brèche.

Brèche déjà ouverte, je trouve, par des oeuvres comme celles de Marie-Jeanne Tomasi, Gérard Guerrieri, Thierry de Peretti.

Mais tout ceci est éminemment discutable, non ?

(A noter que le numéro 10 de la revue Fora ! consacre un dossier au sujet "Amours et sexualités" et évoque lui aussi le court métrage de Laurent Simonpoli : voir ici).

jeudi 9 août 2012

C'est à Penta di Casinca que cela va se passer !

Je me réjouis de la profusion, de l'abondance et de la diversité... particulièrement en matière de manifestations littéraires : se multiplient ainsi les possibilités de rencontres, et donc d'étincelles dans une cervelle adolescente enfiévrée qui, peut-être, suscitera une folle vocation littéraire qui, peut-être, produira une oeuvre ?!

Ainsi je me désole - et c'est pour cela que je réclame sans vergogne des comptes rendus, des vidéos, etc. - de ne pouvoir découvrir le village de Penta di Casinca et d'assister aux premiers "Scontri isulani" :
- ici le site officiel de Penta di Casinca
- ici la page où vous pouvez télécharger le programme de ces rencontres

Ces premières rencontres seront suivies de bien d'autres, je l'espère. C'est Françoise Ducret (libraire à Bastia, très impliquée dans la vie littéraire insulaire : librairie du Point de Rencontre) qui organise ces rencontres autour des littératures insulaires. Evidemment, c'est l'occasion de faire un écho à une autre île littéraire, Ouessant, qui d'ailleurs accueillera un des auteurs invités à Penta di Casinca (la cubaine Karla Suàrez).

Dans le programme je vois des choses passionnantes : tables rondes mêlant auteurs corses et auteurs venant de Cuba, de Sardaigne et des Caraïbes, conférence, présentation de coups de coeur littéraires, concert.

Lionel Edouard Martin, Marina Moncelsi, Anne Meistersheim, jean-Paul Collet, Jacques Filippi, Angèle Paoli, Jacques Fusina, Marc Biancarelli, Francis Pomponi, Stefanu Cesari...

Il y a un sujet plus particulièrement qui m'aurait intéressé : la question des "parcs littéraires"... Marina Moncelsi dirige celui consacré à l'écrivaine sarde Grazia Deledda (1871-1936, Prix Nobel de littérature en 1926) :
- ici le site de ce parc culturel ; et je copie ici ce que l'on trouve à l'onglet "Viaggi emozionali" et qui explique ce qu'est un "parc littéraire" :


Cosa sono i Parchi Letterari?

…sono angoli magici… luoghi d’ispirazione per grandi autori e poeti, luoghi ancora esistenti nel paesaggio. Qui la letteratura è la chiave per aprire la porta delle emozioni e dell’orgoglio della storia, della cultura autentica della gente…

…la letteratura, flora del pensiero, ha contribuito a formare ipotetici parchi che si sono nutriti di terra, panorami e pietre per comporre le parole dettate dai luoghi dell’ispirazione. Luoghi da visitare lungo un itinerario di storia, arricchito da momenti di arte e riposo sotto l’albero del viaggiatore, come viene comunemente chiamato il Ravenala che cresce in Madagascar, le cui foglie concave raccolgono e conservano la rugiada per nutrire il viandante assetato…

I Parchi Letterari diventano mete obbligate per le scuole. L’interlocutore in questi spazi vede concretizzarsi il sapere che fino ad allora ha letto sui libri. Un percorso letterario ti permette di rivivere le emozioni che lo scrittore ha trasmesso attraverso la sua opera. A Galtellì si respira ancora l’aria di Canne al Vento…

Il Parco Letterario, offrendo ai suoi utenti il fatto stesso di vivere a stretto contatto con la natura e le persone rendono più facile il dialogo, la conoscenza, la comprensione di abitudini e mentalità diverse, vuole essere il mezzo per offrire percorsi interculturali di insegnamento-apprendimento.

Ce n'est pas la première fois que ce Parc est évoqué en Corse ; voir ici le compte rendu de la prise de parole de Neria de Giovanni, universitaire sarde, qui avait présenté cette "expérience" à l'université de Corse (en février, mais de quelle année ?).

Elle disait notamment ceci (je souligne en gras) : 

A ce sujet, elle fait état d’une réalisation exemplaire. Il s’agit du “ Parco letterario Grazia Deledda ” de Nuoro (Sardaigne) dont elle est la présidente. Cette idée qui a fait ses preuves en Italie, prend appui sur les Fonds structurels Européens dévolus à l’aide aux régions en retard de développement. De manière innovante cette démarche s’est appliquée à l'installation du Parco letterario Grazia Deledda, organisé autour de l’écrivain et du terroir qui structure toute son œuvre.


En assurant la diffusion de l’œuvre littéraire et de son contenu (ou plus généralement d’une œuvre, car il peut s’agir de films, de musique ou d’autres produits culturels), il est possible d’organiser une floraison économique autour de la renommée d'une expression explique Neria De Giovanni. On peut utiliser à cet effet non seulement les habituels séminaires et colloques savants, mais surtout les circuits de découvertes touristiques et culturelles. Il s'agit aussi de “faire revivre dans un lieu les pages d'un auteur. Mais l'auteur est aussi un point de départ vers d'autres horizons”. C’est précisément la perspective que Neria De Giovanni entend élargir précisément par le biais d'écrivains bien ancrés dans un terroir. “La littérature est un excellent moyen pour mettre en rapport des hommes de cultures et de langues différentes, une découverte féconde des différences ”. La Méditerranée et l'insularité constituent dans ce domaine des atouts : “Chaque île est un écrin pour maintenir la richesse de chaque identité culturelle,surtout à l'heure européenne. C'est une chance pour échapper à la mondialisation et à l'uniformisation ”.

A première vue paradoxale, cette idée se comprend mieux quand Neria précise que fonctionne déjà un réseau de parcs littéraires dans dix pays méditerranéens. Il n'existe pas encore en France, de telles réalisations. Neria suggère une initiative à Lyon autour de la poétesse Louise Labé. La personnalité littéraire d’un Salvatore Viale ou l’existence d’œuvres et d’expression très enracinées ne manqueront pas de faire naître le désir de créer un parc littéraire de ce type dans notre île.

 Alors, je me permets ici de présenter quelques questions que j'aurais aimé poser à Marina Moncelsi : 

1. Un bilan de ce parc littéraire atteste-t-il d'une "floraison économique" ?
2. Combien de personnes par an suivent ces "circuits de découvertes touristiques et culturelles" ? Quelles sont leurs réactions ?
3. Quels sont les autres pays méditerranéens proposant des "parcs littéraires" ? Sont-ils en contact les uns avec les autres ?
4. Avez-vous poursuivi vos contacts avec la Corse, l'idée d'un parc littéraire autour de Salvatore Viale a-t-elle mûri ?

Et question subsidiaire pour nous tous : quelles oeuvres (ou domaines littéraires) corses imagineriez-vous pour un ou des parcs littéraires dans notre île ? :
- celle de Salvatore Viale ?
- de Santu Casanova ?
- d'Anton Francescu Filippini ?
- de Sebastianu Dalzeto ?
- de Rinatu Coti ?
- de Ghjacumu Thiers ?
- de Jérôme Ferrari ?
- de Ghjacumu Fusina ?
- de Marcu Biancarelli ?
- etc ?

dimanche 5 août 2012

"Young trip" de J.-P. Arrio : un ovni dans la littérature corse (lecture de Francesca)

Donc un immense merci à Francesca pour l'envoi de sa lecture/présentation du deuxième ouvrage de Jean-Pierre Arrio ! Bonne lecture et bonne discussion :

UN OVNI dans la littérature corse

"Young trip" de Jean-pierre ARRIO (éditions ALBIANA, collection "nera" )



Il fait chaud, c'est l'été, vous avez la flemme de lire...
Installez-vous bien, avec une boisson bien frappée, de la musique rock à fond et saisissez ce livre mince qui ne vous fera pas peur.

D'abord c'est un bel objet, noir de chez noir, du plus bel effet sur votre table basse : couverture noire lisse et brillante, fond noir, écrin pour des photos ... des photos que je ne peux guère décrire : insaisissables, indéfinissables.

Alors commencez par les photos, cela c'est à votre portée, même affalé dans votre chaise longue?

Paysages et objets pris sous un angle insolite, objets abîmés, baskets élimées, éléments salis ou cassés, parfois étranges, ou qu' on a du mal à identifier, mais tout cela avec des jeux de couleurs, d'ombre et de lumières, de flous et de fumées, ambiance assurée : on décolle! Le voyage peut commencer (photos Lesia Pietri)

Votre curiosité sera piquée au vif : mais qu'a-t-il bien pu écrire Arrio pour illustrer ces photos, irracontables. ? Et... vous lisez! CQFD.

Eh bien il n'a rien "illustré" du tout, lui aussi ces photos l'ont embarqué dans un voyage et il a écrit quelque chose qui ne ressemble à rien d'autre dans la littérature corse. On dirait le scénario d'un road movie, un vrai trip, on est partis.

Cela commence bien : un voyage de noces bis type seconde lune de miel, croyez-vous, d'un jeune couple vivant à Atlanta, un couple qui essaie de recoller les morceaux, un homme qui semble toujours très amoureux de sa petite femme aux cheveux "cannelle", d'origine indienne.

Ils cherchent une rivière, "leur" rivière. Pourquoi, on verra plus tard... Vous vous dites, une histoire indienne?

Musique fétiche : Neil Young, "Down the river", qu'il met à fond dans la Ford Mustang "Just married", sans clim aïaïaï, avec cette chaleur.

L'homme au volant monologue, sa dulcinée étonnament muette, c'est lui qui parle pour elle...

Alabama, Mississipi, Arkansas, Oklahoma... on en trouve des rivières, ce n'est pas encore la bonne, on traverse vite des paysages, des déserts, des villes, on s'arrête dans des motels, des restaus crades, des stations essence.

Ce n'est pas un guide de voyage dans l'Ouest américain. Voir la halte à Gallup, j'adore l'humour et... quelque chose déjà s'insinue en vous, qui vous retient de rire complètement :

"Aztec avenue! Mais putain Rosa, d'après toi hein? Que seraient venus foutre dans ce bled paumé les Aztèques? (...) Tu ne ris pas. Ah moi ça m'éclate d'imaginer ces mecs en pagne doré, la cour, sa suite, les boeufs chargés d'or et tout et tout, en train de se demander pourquoi on construit Gallup... Monctezuma debout, seul au milieu du désert, les sourcils froncés : "C'est pas l'Pérou!"

Gallup, c'est improbable, non ? Y'a rien bon sang. Ils ont dû s'y faire chier les Aztèques, avec Cortès à leurs trousses .. Cortès the killer! ("Cortès the killer", autre chanson de Neil Young)
He came dancing across the water
With his galleons and guns
"



Soyez attentifs! CHAQUE DETAIL COMPTE. Il distille des indices savamment, le narrateur-conducteur...

Ah là là il y en a des extraits que je voudrais vous donner, qui m'ont frappée, mais je ne peux pas car je déflorerais l'"histoire".

Le temps parfois s'embrouille : est-il toujours à Atlanta promettant ce fameux voyage de réconciliation à Rosa et le rêvant? Ou les dialogues qu'il nous restitue par bribes ne sont-ils que des réminiscences?
C'est comme un calendrier de l'Avent, il vous ouvre de petites fenêtres de temps en temps mais c'est pas Noël, vous commencez à comprendre peu à peu, à écarquiller les yeux, à frissonner.

"Chéri! Il faut que je te dise, il faut que je t'explique..."

Mais non Rosa. Tu n'as rien à dire, rien à expliquer. Encore moins à jutifier. On va le faire ce long voyage qu'on s'est toujours promis de réaliser.
On va rouler d'abord les yeux fermés d'Atalanta à Auburn et là commencera le voyage, en Alabama. Où on verra si Neil Young et les Lynyrd Skynyrd se tirent encore la bourre. On cherchera la rivière. On la trouvera. On s'y baignera.
On s'y aimera.

Merde, Rosa, c'est beau comme du Faulkner!"


La scène avec les flics qui contrôlent la voiture à l'arrivée au Texas, un morceau d'anthologie (digne de "Tarrori è Fantasia", le regretté Blog de Marcu Biancarelli) mais là je ne peux plus rien vous dire, désolée...

Et maintenant attachez vos ceintures, car pour un amour fou, c'est un amour FOU.

Allez, un petit morceau de bravoure que vous comprendrez en lisant le livre.

"Par une piste pentue qui s'ouvrait entre les yucas et les genévriers, nous sommes remontés jusqu'à la route de l'Ouest. Les soldats du colonel Mackenzie s'étaient arrêtés au bord du fleuve, derrière nous, ma ruse avait fonctionné, le fracas des trompettes diminuait.
Je ne voulais pas être exilé dans l'Oklahoma, même avec toi, Rosita. Loin de mes territoires de chasse, de mon canyon, des esprits de la tribu...
Hue! Yah! "


Continuez, continuez on n'est pas encore arrivés.

"Ah là oui, Rosa cannelle, c'est pittoresque, cela pourrait être le bout de la route. Non, n'est-ce pas, nous n'avons pas encore écouté "on the beach"...

Tu veux te baigner? Attends, attends, que je t'enlève ton bracelet de cheville"


Allez, je vous laisse finir le voyage. Je vais remettre le disque. N'oubliez pas : la musique !

samedi 4 août 2012

Jérôme Ferrari évoque les "activités culturelles en Corse"

On va me dire, encore un billet polémique, ou, vous êtes fort pour relayer, mais c'est tout, ou encore, vous rabâchez, vous rabâchez, soyez plus constructif !

Donc, sont à venir des billets évoquant des œuvres : "Coupez !", le court-métrage de Laurent Simonpoli ; un poème de Ghjacumu Fusina ; "Trois balles perdues", un roman de Sylvana Perigot. Ceci pour signaler que ce blog est d'abord un lieu de discussion autour d'oeuvres concrètes.

Il se trouve que Jérôme Ferrari ("l'écrivain corse le plus en vue" selon le tout nouveau "magazine-livre" "Exceptions corses", de Jean-Christophe Attard ; objet original dont on attendra maintenant chaque parution annuelle ! oh ce sera long !) est interrogé dans cette revue par Vannina Bernard-Leoni (que l'on connaît bien pour ses activités au sein de la Fondation de l'Université de Corse et de la revue Fora!).

Il est interrogé sur sa vie d'écrivain, son évolution, sa façon d'écrire, mais aussi, in fine, sur le fait de vouloir participer à la mise en valeur au niveau national du travail de Marcu Biancarelli.

Je ne pouvais pas laisser passer une telle occasion de vous convier à discuter les propos - en l'occurrence, je trouve, pertinents et en même temps incomplets - d'un auteur insulaire bien au fait de la situation de la création corse. Les questions essentielles sont, une nouvelle fois, posées :

1. Quelles sont les conditions nécessaires à l'édification d'un champ artistique et littéraire vraiment efficace ?

2. Est-il vraiment nécessaire de distinguer publiquement les meilleures créations des moins bonnes voire des pires ?

Pour expliquer ces deux questions, je cite ici les deux dernières réponses de Jérôme Ferrari, et je place en caractères gras ce qui me paraît être les expressions les plus perturbantes et enthousiasmantes :

Question : Vous parles de Marcu Biancarelli aussi dans l'article paru dans "Libération". Cela faisait partie du projet ?

Réponse : Je voulais que le nom de Marco soit dans Libé. En plus, ça restait dans le sujet. Ce que j'espère, c'est que la traduction  de "Murtoriu" soit éditée dans une maison d'édition  nationale, pour que le livre ait ses chances. Les livres de Marco n'arrivent pas à avoir une vraie réception. Ils souffrent d'abord d'être diffusés à une échelle trop régionale ; puis il y a un problème sociologique qui fait que personne n'imagine qu'un bouquin traduit du corse puisse être une traduction d'une langue étrangère. C'est épuisant de faire un livre et de savoir par avance qu'il aura maximum vingt lecteurs. C'est dur de continuer à écrire dans ces conditions-là.
Heureusement, les lignes peuvent bouger. Pour le moment, je trouve que le pourcentage d'activités culturelles de qualité est énorme en Corse, mais que ça ne débouche jamais sur rien. Qu'il y ait deux écrivains de talent en Corse du Sud, c'est énorme. Et c'est pareil en musique, avec Pierre Gambini et A Filetta.

Question : Qu'est-ce qui rapproche ces noms ?

Réponse : Ce pourrait être le fait de ne pas se plier à un schéma préétabli, un côté post-idéologique. A Filetta fait de la polyphonie, mais s'accorde énormément de créativité... Légèrement plus que la montagne de nullités qui sort et qui ne peut survivre que sur une montagne d'inculture crasse. Attention, ce n'est pas la daube qui me gêne. Il y en a partout dans le monde et il y a toujours eu plus de daubes que de choses biens.
Mais il faut tout au moins essayer de les distinguer. Cela c'est une responsabilité.