samedi 9 mars 2013

"Plaisirs de la parole"... : un tour sur l'internet culturel et littéraire corse

Bien, bien, bien...

Les choses ne sont pas faciles, nous le savons, mais ça n'empêche pas de gambader.

Quoi dire ? Ceci, par exemple :

1. Quand est-ce que je vais enfin lire "L'ultimu" de Jean-Pierre Santini ? Depuis le temps qu'il est chez moi, gros ouvrage, il faut avoir un peu de temps pour se lancer dedans. J'en ai bien envie, et cela viendra. Il faut dire que je suis arrêté par la lecture des premières pages, je trouve que ça manque d'allant (les premières pages), et je crains que le tout ne soit indigeste. Pourtant l'oeuvre se présente avec une ambition extraordinaire, c'est une somme, et cette ambition-là me plaît beaucoup. Allez, je me le promets, j'aurai lu "L'ultimu" avant cet automne. Je dis cela parce que j'admire la constance avec laquelle Xavier Casanova évoque cet ouvrage (et le suivant, "Commando FLNC") sur son blog "Isularama". Sa façon de faire me passionne, et l'envie qu'il manifeste de regarder l'oeuvre entière de Santini comme une des plus importantes produites dans l'île. Voir son dernier billet, qui fait un rapprochement entre JPSantini et Romain Gary (rapprochement trop allusif, j'aimerai qu'il développe).

2. Quand est-ce que je vais faire ce billet sur un petit ouvrage peut-être totalement inconnu de Jérôme Ferrari ? Le titre de l'ouvrage est : "L'art dans Le monde comme volonté et comme représentation d'Arthur Schopenhauer", édité en juillet 2011 (bientôt 2 ans !) au CNDP-CRDP. Pourquoi un billet sur ce livre ? Mais parce qu'en fait nous pourrions le lire comme un "art poétique" de Jérôme Ferrari : "Que l'art opère le dévoilement du vrai et en reçoive en retour sa puissance nous semble précisément constituer une de ces possibilités fondamentales ou suffisamment importantes, en tout cas, pour justifier que Schopenhauer soit lu avec attention", écrit-il page 12. L'essai pédagogique sur un philosophe et l'écriture romanesque seraient donc liés. D'autant que l'auteur ne se contente pas d'analyser une oeuvre de Schopenhauer, il fait aussi de nombreuses références à d'autres auteurs et artistes, postérieurs, comme Thomas Bernhard, Vassili Grossman ou Cormac McCarthy.

3. Quand est-ce que je prendrai le temps de relire "Murtoriu" (voir ici et ) ? Plus je pense à ce livre, plus je me dit que sa force souveraine vient du montage des différentes scènes, de leur agencement dans les chapitres ou d'un chapitre à l'autre. Voyons... hier je me suis souvenu que le personnage du libraire, à un moment donné, va chez le médecin... car il a une mauvaise odeur dans la bouche, on pourrait même dire que sa bouche est pourrie. Cette pourriture dans la bouche, voilà ce dont je me suis souvenu. Hier. Je trouvais cela très beau. Evidemment, on peut y voir un élément symbolique, et c'est possible, voire nécessaire. Mais c'est d'abord un élément parmi d'autres. Sa bouche est pourrie, il en souffre. Qu'est-ce qui peut sortir d'une bouche pourrie ? De la littérature.

4. Y a-t-il un étudiant qui travaille sur l'internet littéraire et culturel corse ? Oh comme j'aimerais... Quel monde passionnant à regarder vivre ! A compléter bien sûr avec une analyse du monde littéraire et culturel en général (éditeurs, librairies, manifestations, prix, signatures, académie littéraire, associations, cafés littéraires, etc.). Via Facebook (qui malgré le nombre important d'infos inutiles reste un bon moyen de recevoir celles que l'on attend), je suis au courant des nouveaux textes publiés sur "Praxis Negra" et ses livraisons du mardi et du jeudi, "Anima cappiata" (je lis toujours les textes de Sylvestre Rossi, j'aime ce ton de confidence, d'un esprit qui semble revenu de tout, et pourtant vit - et écrit - avec une certaine intensité), "Invistita", "Isularama". Pour ce qui est des textes sur "Interromania", il faut penser à aller sur le site (où l'on trouve textes, et vidéos : exemple, trois vidéos de Jean-Guy Talamoni sur la "littérature corse"). Ayant appris récemment, grâce à Xavier Casanova, l'existence du site "Blog'in giru", j'y vais maintenant régulièrement : le premier blog consacré à la recension et au commentaire des concerts, pièces de théâtre, expositions, rencontres qui ont lieu en Corse ! Billets précis et développés, personnels et souvent enthousiastes, la lecture est très agréable.

5. Bientôt, des occasions d'évoquer la littérature corse :

- le 15 mars, à la télé, sur Via Stella, une émission spéciale de "Par un dettu" de Petru Leca pour évoquer la poésie corse : avec Marcu Biancarelli, Stefanu Cesari, Petur Gambini, le saxophoniste Paul Mancini, le peintre Bernard Filippi, avec notamment présentation d'un nouveau projet alliant la poésie de M. Biancarelli et les peintures de Jérôme Luciani.

- le 19 mars, à Bastia, l'association Musanostra organise un café littéraire en corse ("literatura in caffè", induve si parla in corsu di libri scritti in corsu o micca), voir les précisions à venir sur leur forum.

- du 22 au 25 mars, c'est le Salon du livre de Paris, la Corse est présente grâce au stand financé par la CTC. Pour la première fois cette année, à ma connaissance, il y aura des débats ! Excellent ! Je n'ai pas trouvé l'info sur le site du Salon (quelqu'un a-t-il réussi ?), mais via Facebook, le site de la CTC et le site Ile Noire, voici quelques informations : samedi 24 mars, "La Corse en toutes lettres" avec Jérôme Ferrari, Jacques Fusina, Jacques Thiers, Jean-Guy Talamoni et Eugène Gherardi ; il y aura deux autres rencontres mais je ne sais pas quel jour, voir ici le lien sur le blog "Ile Noire".

- les 26, 27 et 28 avril, à Santu Petru di Tenda, l'associu Scrive in Corsu organise les Secondes journées de Littérature corse. Le thème sera Bastia dans la vie littéraire et la littérature corse.

- le 18 mai, à la bibliothèque de Bastia, Arte Mare organise la manifestation "Histoire(s) en mai", et ce sera le retour de la table ronde des blogs corses (que j'ai animée en 2010 et 2011 et que j'animerai encore cette année ; précisions sur le thème et les invités très bientôt).

- début septembre, la 5ème édition du festival littéraire "Racines de ciel" ; j'animerai pour la deuxième fois la table ronde sur "Comment fabrique-t-on une littérature (notamment corse) ?" avec quatre invités : Eugène Gherardi, Jean-Marie Klinkenberg, Constant Sbraggia et Marie-Jean Vinciguerra. La question sera : Avons-nous besoin d'"institutions littéraires" (académies, prix, etc.) pour construire une littérature ?

8 commentaires:

  1. S'agissant de l’Ultimu, c'est dommage de le soupeser en se demandant quand on aura le temps de lire tout ça, du premier signe de la première ligne au dernier signe de la dernière ligne. Sa construction très particulière permet d'entrer n'importe où, en limitant ses objectifs de lecture à quelques passages en accord avec le temps, même ténu, dont on dispose. Bien évidemment, ça incite irrésistiblement à aller voir en tête d'ouvrage sur quels prémices repose cette construction. Mais ce n'est pas plus impératif que de recevoir des nouvelles des quatre coins de la Corse dans l'ordre strict de leur chronologie. Si tu as quelques familiarités avec ce petit monde, la seule chose qui importe c'est que tous les fragments qui le rapportent s'y rapportent et te parlent. Vas-y ! Tu ne peux pas perdre le fil : le fil, c'est toi, c'est nous, notre histoire et sa confiscation, nos espérances et notre désespoir, nos illusions et nos désillusions, nos succès et nos échecs, notre réalité et notre imaginaire. Alors, plonge ! Tu verras que le « dévoilement du vrai », dans l'art poétique de Jean-Pierre Santini, procède par petites touches délivrées par une multitude d'énonciateurs.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Xavier de relancer ainsi le désir, c'est fort de ton commentaire que je repartirai à l'attaque de ce sacré morceau. À bientôt.

      Supprimer
  2. Ha ha ,, Là vous nous intriguez!!que signifient vos premières remarques,qu'est-ce qui n'est pas facile?

    RépondreSupprimer
  3. Ha, ha, cher anonyme, mais je vois qu'il n'y a que ça qui vous intéresse... Vous m'intriguez : dites-nous pourquoi cette question ?

    RépondreSupprimer
  4. c'est difficile de savoir tout ce qui se passe?manque de tuyaux?manque de visibilité?absence d'un agenda?j'aime quand on explique ce qu'on dit

    RépondreSupprimer
  5. Moi aussi j'aime quand on explique, c'est vrai quoi, c'est quoi ces allusions à la limite de la private joke pourtant peu prisée sur ce blog ?!

    Non, anonyme, rien de tout ce que vous imaginez, c'était un simple soupir devant la difficulté à trouver un lieu commun où de vraies discussions collectives aient lieu. Mais ce n'était qu'un soupir, histoire de reprendre son souffle.

    Par contre les autres points du billet son expliqués, et là, ce sera un vrai grand plaisir de discuter avec vous.

    RépondreSupprimer
  6. vous faites allusion à la crise qui empêche d'avoir de l'intérèt pour la culture?je pense avoir tout exploré.vous dites des choses,vous pouvez préciser?

    RépondreSupprimer
  7. Non, pas du tout. Je parlais de ce dont je parlais dans mon précédent commentaire, mais je le répète ce n'était que l'explication, encore trop allusive je sais, mais c'est comme ça, d'un petit soupir.

    L'aventure continue : celle à laquelle participe ce blog, je veux dire l'aventure des lectures de la littérature corse. C'est sur ce terrain-là que je vous attends, avec plaisir.

    RépondreSupprimer