samedi 31 janvier 2009

Littérature corse sur Internet (1)

Quelques mots, rapides, ce soir.

La littérature corse se trouve dans beaucoup d'endroits : les livres (cachés dans les maisons, les librairies, les bibliothèques plus ou moins publiques), les esprits (et les rêves), les chants, les discussions au comptoir ou à table...

Elle est aussi présente sur Internet, c'est pourquoi ce billet veut simplement signaler que j'ai commencé à placer dans la colonne de gauche de ce blog des "sites et blogs littéraires corses". La liste est encore incomplète mais je veux simplement insister sur deux ou trois éléments qui me semblent apporter de l'eau au moulin :

- les blogs d'écrivains sont passionnants : voyez celui de Marcu Biancarelli offrant des textes inédits (et ouvert à d'autres auteurs, notamment Marceddu Jurreczek), celui de Stefanu Cesari qui accueille et traduit en corse une quantité impressionnante de poésies venues du monde entier, celui d'Angèle Paoli associant la Corse à un amour illimité de toutes les littératures du monde (voyez aussi le travail visuel de Guidu Antonietti avec ses aquatintes)...

- les blogs d'éditeurs sont plus ou moins riches, en tout cas ils permettent de constituer une librairie numérique bien plus importante en quantité que toute librairie réelle. Voyez particulièrement les interviews d'auteurs sur le site des éditions Albiana, souvent longues, pertinentes, détaillées : c'est un véritable plus et le début d'un espace public où s'organiserait une conversation vivante, critique, enthousiaste à propos de la littérature corse.

Il y a bien d'autres auteurs, éditeurs, institutions présentes sur le web, nous en reparlerons.

Un dernier mot à propos d'une autre île, à peine croyable (j'évoquerai plus tard mon séjour là-bas en 2006), où officient des fous de littérature : c'est Ouessant, île-phare, où se déroule tous les ans depuis 1999 le Salon internationale du livre insulaire ; encore une occasion de marier la Corse avec le monde.

Et enfin, surtout n'hésitez pas à vous abonner à la revue Fora (je parlerai plus tard de toutes les autres revues corses) : c'est déjà le quatrième numéro ; la Corse y est auscultée au moyen de rapprochements culturels (Japon pour l'insularité, Maghreb pour la méditerranéité ; Mexique pour la latinité et maintenant Juifs pour la diaspora - oui, nous évoquerons aussi ce mot "diaspora" qui ne convient pas à tout le monde...). La revue est très belle, extrêmement riche et variée, souvent surprenante.

Bonne lecture à vous !

Mais vous avez peut-être un avis à faire partager sur ces questions ? N'hésitez pas.

jeudi 29 janvier 2009

Puesia

En achetant le tout premier ouvrage de Marcu Biancarelli, "Viaghju in Vivaldia è altri scritti" (éditions le Signet, à Corti, en 1999), j'ai été très attiré par deux textes de ce recueil de poèmes (agrémenté de quelques proses) :

- ce poème épique - "Viaghju in Vivaldia" - qui évoque le voyage des frères Vivaldi, navigateurs génois, partis vers les Indes quelques années avant Colomb ; et plus particulièrement le passage où la fameuse légende du Musconu d'Avretu est évoqué (nous en reparlerons, elle a connu bien des métamorphoses et supporté bien des significations depuis le XVème siècle jusqu'à nous). Ce qui me plaisait c'était cette très tranquille ambition d'investir toutes les formes littéraires (car comment réinvestir la poésie épique sans anachronisme ?)

- ce poème "Com'è quì l'omini..." avec ces mots dans une autre langue que le corse (ou le français et l'anglais, qui sont les langues présentes dans ce recueil) : "mèch fahèm". C'est-à-dire enfin la porte grande ouverte à tous les mots du monde, à toutes les histoires du monde ; la littérature corse explicitement présente sur la scène ouverte du monde, avec les citations de Césaire, Shakespeare, Nietzsche.

Tout ne me plaît pas dans ce recueil, et si je devais conseiller un seul texte de Marcu Biancarelli, ce serait d'abord "51 Pegasi, astru virtuali" (et si vous ne lisez pas le corse, voyez la traduction française, toujours aux éditions Albiana).

Tout ne me plaît pas dans ce recueil mais à la relecture il me semble qu'il s'y dit quelque chose de profond d'une oeuvre en cours :

l'amour de la vie (qui est tout de même le dernier mot du poème que je vais citer),

une volonté d'intelligence,

une lucidité adolescente douloureuse (après les années 90 en Corse, si remplies de meurtres fratricides : j'ai en mémoire - comme vous - le dessin rouge des corps sur le bitume, durant l'été 95),

une persévérance particulièrement généreuse,

une confiance dans la capacité du langage humain à nommer le monde, à toucher le coeur, le corps, l'esprit et à les lier.

(Je conçois que ses ouvrages heurtent certaines personnes - est-ce votre cas ? -, et il y a certainement un effet générationnel dans mon penchant inconditionnel pour les livres de Biancarelli et de Jérôme Ferrari ; nos lectures futures mettront peut-être nos affections d'aujourd'hui à rude épreuve, mais qu'importe : ce blog est aussi là pour signifier ce que sont nos désirs aujourd'hui :"Semu ghjustu à cummenciu"...).

Je le feuillette encore ce soir, je cherche quelque chose pour ce billet. Voici un des poèmes.

Prufissori di nienti

Mi piaci u catramu di i cità di l'altrù
Battelli arradicati senza veli nè rema
Mi piacini i scontri à tardi in i caffè
É l'odori di i fuma suttu à i luci artificiali
Mi piacini l'amori senza cunnoscia
L'anchi dulci è scunnisciuti
L'ortu trosciu
É mi piaciaria di veda passà
Un metrò suttu à Cagna.

L'ora ùn hè più à i studii, à a ricirca
Socu in istrada, in circa
U carrughju hè u me lettu
É i fiumi maistosi mi carriighjani
À u pe' di l'Andi maiori
Vultatu à zeru.

Una musica americana
Sentu, una lingua strana
Canta
É ùn sapiu mancu
Ch'iddi esistiani issi strumenti...

T'aghju in a me balisgia
Un libru da scriva
T'aghju l'essari à riceva
É à lampà
Semu ghjustu à cummenciu
É mi piaci à imparà
À ugni cruciatura.
So di ritornu à i me primi scoli.

In piazza di Pò
Si hè postu un ughjettu
Straurdinariu !
Trè donni di tutti i culora ni sò falati.

À sei or' di mani mi so chjinatu
È m'era piaciutu ancu u muddizzu
Ancu accoltu.
Chì baddu !
Comu mi vuleti ?
Diti a diplumazia ch'aspitteti da mè.
Intantu fermu un prufissori di nienti
O più si tù voli
Un prufissori di vita.

mercredi 28 janvier 2009

Est-ce bien de la littérature corse ?

Vous le savez, ma conviction est faite, et pourtant j'estime qu'elle est absolument discutable.

Oui, la page que je vais citer me semble tout à fait abonder l'ensemble mouvant et très hétéroclite que j'appelle ici "littérature corse". Puisque cette page joue un rôle dans l'imaginaire corse (à discuter là aussi).

Certes, on a beaucoup parlé du miroir déformant de la littérature romantique française, miroir dans lequel la Corse aurait été figée, mais d'une façon ou d'une autre nous avons participé à la fabrication de ce miroir (voir les analyses éclairantes d'Eugène Gherardi sur les sources du "Colomba" de Mérimée, autre livre corse d'importance, dans son étude publiée chez Albiana, "Esprit corse et Romantisme" (2004), particulièrement les pages 248 à 261).

Il va sans dire qu'une telle page joue aussi, bien évidemment, un rôle dans l'oeuvre complète de l'auteur, dans l'histoire littéraire du roman européen et dans la littérature française du XIXème siècle.

Je n'ai pas encore lu ce livre en entier, je ne suis pas allé plus loin que les vingt premières pages, et pourtant, je ne me lasse pas de relire les premières lignes : elles sont occupées par une famille corse, dont le père - qualifié par l'auteur "d'étranger" - cherche à rencontrer Bonaparte, afin de lui demander de l'aide.

Voici les mots de Balzac :

En 1800, vers la fin du mois d'octobre, un étranger, accompagné d'une femme et d'une petite fille, arriva devant les Tuileries à Paris, et se tint assez longtemps auprès des décombres d'une maison récemment démolie, à l'endroit où s'élève aujourdh'ui l'aile commencée qui devait unir le château de Catherine de Médicis au Louvre des Valois. Il resta là, debout, les bras croisés, la tête inclinée et la relevait parfois pour regarder alternativement le palais consulaire et sa femme assise auprès de lui sur une pierre. Quoique l'inconnue parût ne s'occuper que de la petite fille âgée de neuf à dix ans dont les longs cheveux noirs étaient comme un amusement entre ses mains, elle ne perdait aucun des regards que lui adressait son compagnon. Un même sentiment, autre que l'amour, unissait ces deux êtres, et animait d'une même inquiétude leurs mouvements et leurs pensées. La misère est peut-être le plus puissant de tous les liens. L'étranger avait une de ces têtes abondantes en cheveux, larges et graves, qui se sont souvent offertes au pinceau des Carraches. Ces cheveux si noirs étaient mélangés d'une grande quantité de cheveux blancs. Quoique nobles et fiers, ses traits avaient un ton de dureté qui les gâtait. Malgré sa force et sa taille droite, il semblait avoir plus de soixante ans. Ses vêtements délabrés annonçaient qu'il venait d'un pays étranger. Quoique la figure jadis belle et alors flétrie de la femme trahît une tristesse profonde, quand son mari la regardait, elle s'efforçait de sourire en affectant une contenance calme. La petite fille restait debout, malgré la fatigue dont les marques frappaient son jeune visage hâlé par le soleil. Elle avait une tournure italienne, de grands yeux noirs sous des sourcils bien arqués, une noblesse native, une grâce vraie. Plus d'un passant se sentait ému au seul aspect de ce groupe dont les personnages ne faisaient aucun effort pour cacher un désespoir aussi profond que l'expression en était simple; mais la source de cette fugitive obligeance qui distingue les Parisiens se tarissait promptement. Aussitôt que l'inconnu se croyait l'objet de l'attention de quelque oisif, il le regardait d'un air si farouche, que le flâneur le plus intrépide hâtait le pas comme s'il eût marché sur un serpent. Après être demeuré longtemps indécis, tout à coup le grand étranger passa la main sur son front, il en chassa, pour ainsi dire, les pensées qui l'avaient sillonné de rides, et prit sans doute un parti désespéré. Après avoir jeté un regard perçant sur sa femme et sur sa fille, il tira de sa veste un long poignard, le tendit à sa compagne, et lui dit en italien : - Je vais voir si les Bonaparte se souviennent de nous.

Cela a été écrit en 1830, le texte s'intitule "La vendetta" et même si j'ai parfois l'impression de lire "Astérix en Corse" en moins drôle (l'"air farouche" sera repésenté chez Goscinny et Uderzo par des éclairs jaillissant des yeux), je me dis qu'il est bien vu - puisque notre peuple a notamment le génie de la fabrication des ruines - de placer cette famille "auprès des décombres d'une maison récemment démolie".

Cette famille, cette maison. Elles forment ensemble une figure. Et si je la complète avec la présence encore invisible de Bonaparte qui se trouve à l'intérieur des Tuileries, alors Destruction et Construction se trouvent intimement liées : à cette époque Napoléon est consul et remet en chantier l'aile nord du Louvre, mais la famille corse qui vient se rappeler à son souvenir apporte avec elle une histoire pleine de dévastation et de meurtre.

Dans une petite littérature comme la littérature corse (dont les conditions de naissance et de vie sont difficiles), il est peut-être intéressant de suivre les métamorphoses de ce thème ambivalent de la "maison récemment démolie"...

Qu'en pensez-vous ?

mardi 27 janvier 2009

Un appel, un !

L'avete lettu issu libru di Ghjacumu Thiers, "A funtana d'Altea" (1990) ?
V'arricurdate di issu incendiu di Bastia ? ("A valle si ne stà accumpulata sotta à a serra cheta ma sempre minacciosa, ecc. ecc.")
Ditemi ciò chì n'avete pensatu : v'hà piaciutu o no ? è perchè ?
Aspettu e vostre risposte...

Avez-vous lu le livre de Jacques Thiers, "A funtana d'Altea" ("Les glycines d'Altea" dans sa version française en 1992, toujours aux éditions Albiana) ?
Vous souvenez-vous de l'incendie de Bastia ?
Dites-moi ce que vous en avez pensé : il vous a plu, ou pas ? et pourquoi ?
J'attends vos réponses.

Je renouvellerai ce genre de chjam'è rispondi régulièrement en commençant par les livres que j'adore (mais encore une fois vous pouvez détailler les raisons pour lesquelles vous n'aimez vraiment pas du tout ces livres-là !). Enfin, vous pouvez aussi lancer vous-même de tels appels.

A prestu.

lundi 26 janvier 2009

VIR NEMORIS (1)

Très rapidement (trop), vous dire que j'ai lu et que je relis (par petits bouts), très régulièrement, un ouvrage incroyable à bien des égards : le "Vir Nemoris" (écrit entre 1770 et 1771 ?) de Giuseppe Ottaviano Nobili-Savelli.

Allez voir l'ouvrage sur le site de l'éditeur, Albiana, et d'une façon ou d'une autre découvrez l'histoire de ce manuscrit, de ses traductions mais aussi des récupérations de son "message" par le Risorgimento au XIXème siècle et par le Fascisme au XXème, jusqu'à cette édition enfin intégrale, aujourd'hui.
Il s'agit d'une épopée inachevée (deux chants), écrite en latin. Il s'y exprime la lamentation et la colère de Circinellu, le prêtre rebelle, figure historique réelle à la légende bien connue, devant "l'anéantissement" du jeune Etat corse indépendant après la défaite de Ponte Novu.
Nous reviendrons longuement sur ce texte. Nous devons l'établissement du texte latin et sa traduction en français à François-Michel Durazzo : qu'il soit longuement remercié pour avoir redonné vie (bien longue j'en suis sûr) à cet incroyable ouvrage, à la fois document historique, monument littéraire et événement pour notre imaginaire.

Qu'un texte en latin (une langue "morte") puisse à ce point avoir de l'importance pour notre imaginaire corse actuel me laisse rêveur ; j'en suis positivement enchanté.

Une question : y a-t-il d'autres textes latins qui aient cette valeur pour notre littérature ?
Je crois me souvenir que Monseigneur de la Foata a aussi publié des oeuvres en latin mais je ne les connais pas ; que certaines chroniques historiques (le premier genre littéraire de notre littérature) ont été écrites en latin (le "De rebus Corsicis" de Petrus Cyrnaeus, mais je ne le connais pas et existe-t-il une traduction en français ?). Autre signe : deux chansons dans l'album du groupe Manât ont été écrites en latin par Rinatu Coti ("Petrae sicut" notamment) !

Question subsidiaire : y a-t-il d'autres littératures qui mettent à l'honneur et présentent comme susceptibles d'une lecture actuelle des textes écrits en latins ?

Donc, voici les premiers mots latins (dans ce blog) de la littérature corse :

Astrorum terraeque decus, soror incluta Phoebi,
tu, dea, quae ualles crispato lumine adumbras :
grandia corda uirum tu tollis ad ardua, tentant
perficiuntque tuo sublimia numine coepta.
Tu, dea, tu praesens (quoniam nimus aurea fratris
Lux inimica mihi, patrios ubi fraude penates
Gallia subripuit), nostro sucurre labori.
Te duce, magna peto, duce te quoque magna canendo,
nec prius ausa tegam nectenda murmure conchae.

Que M. Durazzo redit ici avec ses mots :

Honneur des astres et de la Terre, illustre soeur de Phébus,
toi, déesse, qui plonges les vallées dans l'ombre de ta lumière ondoyante,
toi qui portes les grands coeurs à de rudes entreprises,
sous ta protection ils tentent et accomplissent des exploits.
Toi, déesse, qui m'assistes, - puisque la lumière trop dorée
de ton frère m'est hostile, depuis que la France s'est sournoisement emparée
des pénates de ma Patrie -, secours-moi dans cette tâche.
Sous ta conduite, je veux évoquer des faits importants, sous ta conduite aussi, je veux le faire en vers,
et je ne cacherai pas les crimes accomplis, qui ont fait résonner le cor marin.

Plus tard, avec l'autorisation du traducteur, je vous raconterai l'histoire de la traduction des vers 8 et 9 ; elle est superbe et me soulève d'un contentement ultramarin (je ne sais plus qui utilisait cette expression...).

Plus tard encore, j'offrirai à votre regard la lecture par un ami de ce même texte, avec sa permission.

Cela fait beaucoup de promesses, mais je me demande s'il n'est pas dans la nature des blogs d'être d'abord les réceptacles de toutes les velléités, propositions, souhaits et promesses.

A 19:08 il n'y a plus, dans le ciel qui m'environne, que le noir de la nuit et quelques lumières de la ville (Aix), mais c'est tout de même avec cette imaginaire "crispato lumine" ("ondoyante lumière") de la Lune que je termine ce texte.

Quelles sont vos lectures de ce texte ?

dimanche 25 janvier 2009

Un morceau (le premier ici) de littérature corse

Lu l'été dernier (en Auvergne, entre Brioude et La Chaise Dieu, à Isseuges) pour la première fois, deux romans de José Giovanni, "Le deuxième souffle" et "L'excommunié".
Voici un passage du "Deuxième souffle" que j'aime (au moment même où j'écris ces mots sur ce blog, sur France Culture, une création radiophonique fait entendre des poèmes de Ghjacumu Biancarelli issus de "A tempara lli ghjorna" !...) :

Dès que Gu avait ordonné à Jo de reculer, Antoine avait deviné que Gu allait tirer. Quand Gu tira, il saisit son flingue et ouvrit le feu sur lui en se laissant tomber sous la table. En un éclair, Gu ne put réaliser et il abattit Pascal qui n'avait pas bougé. Antoine tira de sous la table et Gu, touché aux jambes, tomba dans le couloir. Là, il poussa un gémissement et jeta son Colt sur le sol. Antoine bondit dans le couloir et Gu le cribla par en dessous avec le parabellum. Antoine sentit la mort le percer de bas en haut; il eut l'impression d'être soulevé de terre et il tomba en arrière d'un bloc.
Gu essaya de se redresser en s'appuyant au mur. Ses jambes étaient brisées et il commençait à souffrir énormément. Il prit son Colt et rampa jusqu'à la porte en s'aidant des avant-bras.
Les locataires du même palier virent apparaître une figure de cauchemar et deux pistolets. Ils remontèrent chez eux en criant. Tous les autres locataires étaient dehors. Gu pensa que la police ne tarderait plus.

Voilà pour commencer. Cela a été publié en 1958, chez Gallimard, collection "Série Noire", sous la direction de Marcel Duhamel comme le dit la couverture du livre que j'ai en main, et qui date lui aussi de 1958.
Dans les deux romans cités ici de José Giovanni, un personnage d'Italien entouré de Corses. Des comportements nobles. De la violence. Des fins tragiques.

En l'occurrence, ce qui me convient ici est la rencontre imprévue d'une "figure de cauchemar avec deux pistolets" - les jambes brisées - avec des voisins de palier "criant". Rencontre accidentelle qui peut paraître classique dans ce genre d'intrigue mais qui, marquée ainsi par l'auteur, me touche, je ne sais trop pourquoi. Au milieu d'un passage dramatique, dans lequel les phrases sont simples et sèchement descriptives, une image émerge (ce cauchemar) qui me fait rêver : de quel cauchemar s'agit-il dans le regard de ces voisins qui hurlent ?

Peut-être avez-vous une autre expérience de lecture de ce roman, différente de celle-ci ?

samedi 24 janvier 2009

Take 1

Je n'ai pas eu le temps de dire "ouf", que ce blog - le mien, mais j'espère bientôt le vôtre - était créé... Que dire ?

Ces premiers mots sous le signe du jazz, art improvisant, pour signaler très brièvement les deux propositions (à discuter, vous n'êtes pas obligés d'être d'accord) que j'offrirai à votre sagacité tout au long de l'existence de ce blog :

1. La littérature corse est la somme des textes qui nourrissent l'imaginaire corse. Cette littérature est écrite et orale, multilingue (latin, italien, corse, français - bien d'autres encore ?), produite par des auteurs corses ou non (Rinatu Coti et Honoré de Balzac, pour en citer deux que j'aime).

2. En même temps qu'il est absolument nécessaire de constituer une bibliothèque de littérature corse complète et accessible, il me tient à coeur de participer à une autre activité : aborder et découvrir cette terra incognita qu'est la lecture de cette littérature. Quels livres sont lus ? comment ? Quels textes, quelles histoires, quels personnages hantent nos esprits et nos imaginaires ?

Vous l'avez compris, ce blog accueillera des récits personnels de lecture (et pas seulement des présentations impersonnelles de livre). Je vous engage à me faire part de vos lectures littéraires corses, dans la forme et le ton qui vous conviendront. Je donnerai dès demain mon premier récit de lecture.

Nous faisons le pari que la vie de notre imaginaire est une part essentielle de notre vie tout court.

Vous pouvez écrire des commentaires aux billets présents sur le blog mais si vous avez envie de proposer un article à part entière sur une oeuvre de littérature corse, dites-le moi en me l'envoyant (f.renucci@free.fr) et je le ferai apparaître comme un billet du blog (signé par vous, avec ou sans pseudonyme) et ce, dans la langue de votre choix.
(Personnellement, le français est ma langue maternelle, j'ai appris à lire et écrire le corse à l'école, j'ai quelques souvenirs maladroits d'anglais, d'espagnol et de latin et je ne connais pas l'italien - mais dans l'ensemble je pense pouvoir être en mesure de me débrouiller dans ces différentes langues).

Ce blog littéraire corse n'est pas le seul à s'intéresser à ce sujet : je pense aux blogs de Marcu Biancarelli (qui accueille lui aussi des textes d'autres contributeurs), d'Angèle Paoli, de Stefanu Cesari ; je pense au site des éditions Albiana ; il y en a d'autres et je les salue tous avec gratitude. Nous en reparlerons.

A bientôt.