vendredi 10 septembre 2010

Serà pussibule !

Cumu si dice in corsu, "Île de Beauté" ?
O in talianu, in inglese ?
Serà solamentu francese issa spressione ?
O quanti libri chì ci parlanu di "Île de Beauté" !
Ma perchè isse quistione nant'à issu bloggu literariu ?
Chì ne pinsate ?

La raison de toutes ces questions, c'est l'envoi d'un commentaire par Monsieur Micheletti (merci à lui !), voyons si une telle demande peut être l'occasion de voir ce que la littérature (touristique, historique, romanesque, poétique) fait de notre imaginaire. Corse : "île de beauté", "terre ingrate de mon enfance", etc...

Ùn esitate micca, dite a vostra :

Bonjour,
chers tous, peut-être pourriez vous m'aider pour éclaircir ma thèse sur la Corse; sauriez-vous de quand date l'expression "île de beauté". Bien évidemment elle prend racine dans l'expression grecque "kalliste" mais comme jusqu'à Rousseau (à peu près) une montagne était non pas "belle" mais "affreuse" car inquiétante et dangereuse, négation de la fragile "civilisation", je pense que l'expression "île de beauté" est plutôt récente (même époque que la "côte d'Emeraude" ou côte d'Opale) (début XXème siècle?) Il s'agit alors peut-être d'une création?
Cordialement,
Micheletti

19 commentaires:

  1. Pour information :

    - En 1905, publication chez Moullot, à Marseille, d'"Un Voyage à l'Ile de Beauté", d'Henri Haguet.
    - De 1905 à 1914, l'organe de presse officiel de la Fédération des syndicats d'initiative et amicales corses s'intitule "Corsica (L'île de Beauté)". Son président-fondateur étant l'Ajaccien Sylvestre Frasseto.

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  2. Il est vrai, que beaucoup d'ouvrage (carnets de voyage, nouvelles, romans, dictionnaires étymologique)ont évoqué la Corse, et c'est ce qui m'a permis d'avancer dans mes recherches. Toutefois, ma question est de comprendre l'origine de cette expression "île de beauté", en laissant de côté l'origine grecque, savoir tout simplement si ce n'est pas une création au XIXème siècle, siècle qui développe la notion de "tourisme". Je vous pose cette question car j'analyse cette expression en m'appuyant sur la notion d'"Unheimliche", cette inquiétante étrangeté, cette beauté inquiétante, que véhicule la Corse pour le pèlerin de l'époque.
    Voilà, veuillez m'excuser si ma question dérange ou paraît inutile ou que sais-je encore, mais en tant que Corse je tenais à vous poser cette question.
    Ps: Merci Angèle Paoli pour votre réponse.
    Bien cordialement,
    Mlle Micheletti

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  3. Mlle Micheletti,
    merci beaucoup pour ces précisions. Votre question ne me paraît pas dérangeante ni inutile, veuillez m'excuser si je vous ai donné cette impression. Ma présentation de votre question se voulait simplement amusante et interrogative ; de même vous semblez vouloir interroger cette expression et non la "confirmer". Cela me semble très intéressant. Quand pourrons-nous lire le résultat de vos recherches ?

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  4. Un lien hypertextuel de toute beauté
    tracé entre la Corse et Agnès Sorel !

    Sur le site de la ville de Nogent-sur-Marne, on lit : « Au XIVe siècle, les fils de Philippe-le-Bel, Charles IV et Philippe V séjournent au manoir de Plaisance. Le roi Charles V fait construire (ou agrandir) le manoir de Beauté-sur-Marne, où il meurt en 1380. Le site de Nogent était déjà très apprécié : les chroniques de Christine de Pisan évoquent l'air pur et les fêtes données dans l'île de Beauté. Au siècle suivant, Charles VII offre le manoir à sa maîtresse Agnès Sorel, qui deviendra la Dame de Beauté. »

    Fin XIXe. — Nogent-sur-Marne est l’épicentre de la culture guinguette. L’Ile de Beauté est un lieu de détente. On y construit un casino.
    Début XXe. — Création en Corse d’un syndicat d’initiative (Sur quel modèle ?).
    1904. — Publication d’un guide, à l’initiative du syndicat du même nom. « Île de beauté » n’apparaît pas encore dans le titre : c’est le nom de l’officine d’édition (sans doute créé pour la circonstance).
    1905. — Cf supra, comm. Angèle Paoli.

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  5. Pocu tempu fà aghju trovu un libru ollandese "Eiland van Schoonheid" (= "Ile de Beauté!) publicatu in u 1941, ma chì descrive un viaghju in u 1919 (da Amsterdam à Aiacciu). L'autore (Albertine Schelfhout-van der Meulen) hà lettu molti libri di l'epica nant'à a Corsica ma si riferisce soprattuttu à Gregorovius.

    Ùn sarà manc'appena interessante pè a tesa di Mlle Micheletti, ma stu ritrattu di a Corsica di dopu guerra hè assai infurmativu.

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  6. Merci beaucoup pour vos renseignements,
    Cher Xavier, votre commentaire suscite particulièrement mon intérêt. L'expression "dame de beauté" pourrait être un des référant de notre expression. Dans ce cas "la dame", la femme serait encore un des pendants de l'île. On retrouverait donc une comparaison à une expression typiquement féminine, île/femme et île/elle.
    Chère Marilena j'ai parcouru le carnet de voyage de l'Allemand Gregorovius "histoires des corses", j'avais trouvé cela intéressant mais effectivement il n'y avait aucune référence sur l'expression "île de beauté". Je constate dans ton exemple que l'on traduit en 1941 l'expression "île de beauté" en hollandais et cela est très important, l'expression c'est donc identifiée à la Corse, elle s'est popularisée. Reste à savoir depuis quand et comment on en est venu à celle-ci.
    Je vous soumet mon analyse: N'ayant que quelques appuis historiques,j'ai décidé de travailler sur un autre pan de l'expression, en me concentrant sur des notions philosophiques et psychanalytiques. Dans "île de beauté", détachons le terme "de beauté", cplt du nom "île", (la soudure gramaticale et syntaxique est très forte )en philo et psychanalise le terme de "beauté" renvoie à la mort. Contempler la beauté figure l'image de la mort. Par extension, "beauté": charmes, ensorcellement, magie, envoûtement, dangers, attraction "outopophobies". Ralliée au mot"île": cercle, femme, utérus, coque, eden: "topophilies". Déjà dans l'expression m^me le paradoxe l'ambiguité de l'île transparaît, "belle et inquiétante", "attraction"/"répulsion" Mais je dois encore y travailler, car cela est loin d'être terminé.
    Micheletti

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  7. Une anecdote asiatique sur l'aspect "montagne dangereuse, inquiétante" ...
    Je me souviens de l'effroi de mes amis vietnamiens dans les années 90 lorsque mes parents indiquaient qu'ils habitaient dans un "village de montagne" en Corse, car pour eux seuls peuvent vivre en montagne des "sauvages" (les ethnies minoritaires du vietnam vivant sur les hauts plateaux sont souvent qualifiées ainsi). Comme quoi...

    Mais que les Grecs aient surnommé la Corse "Kalliste" ne serait pas une légende??

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  8. c'est bien la question que je me pose, car il n'y a aucune trace écrite (à ma connaissance) qui indiquerait ce cheminement de la pensée...
    Et justement comment explique-t-on cette expression de 'la plus belle" puisque à leur siècle et jusqu'à Rousseau, la montagne était bien, comme vous le soulignez Francesca, un repère de "sauvages" et de "bêtes féroces". En tant que Corse, mon insatisfaction est grande et ma curiosité toute autant, de ne pas parvenir à trouver une date clé, un moment particulier qui aurait pu véhiculer et expliquer cette expression.

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  9. « île de beauté » : occurrences relevées sur le catalogue de la BNF

    [Rien avant :]
    1888. — Corbin, Albert. L’Île de Beauté : barcarole : piano (partition)
    1906-1908. — L’Île de Beauté, organe officiel de la fédération des syndicats d’initiative de la Corse.
    1907. — Marcaggi, Jean-Baptiste. Voyage en Corse. Guide pratique édité par l’ « Île de Beauté », organe officiel de la fédération des syndicats d’initiative de la Corse.
    1924. — F. Costa « La Corse île de beauté ou de lumière ». Récit d’une excursion en Corse à l’occasion de l’assemblée générale de l’association des greffiers des tribunaux de commerce de France et d’Algérie.
    1926-1927. — Salvadori, Jean-Marc. L’âme corse. Contes, légendes et vieux dictons de l’île de beauté.
    1929. — Grangié, Eugène. Quelques aspects de l’Île de Beauté.
    1931. — Quenza, Jean de. À travers l’Île de Beauté : la semaine sainte en Corse.
    1932. — Peumery, Jules. Croisière en Corse : de Nice à l’Île de Beauté.
    1936. — Descaud-Desroches, Ernestine. Dans l’Île de Beauté. Bianca, roman de mœurs corses.
    1939. — Campana, Antoine. La Corse française, île de beauté.
    1943. — Beauté. Poèmes de France. – Beauté des Colonies, par Marius Leblond. – L’île de beauté : Ajaccio, par Jean Vinciguerra. – Beauté de l’Algérie, par Charles René Leclerc. – Etc.
    1945. — Derbene, Maurice Bernard. Île de beauté, île d’amour, roman d’amour.
    [Et ça continue.]

    Mon précédent commentaire est à corriger selon ce relevé, établi à partir d'une table plus fiable que celles que renvoient les moteurs de recherche courants.

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  10. « île de beauté » : commentaires et gloses de ce relevé

    [1] Sur ce relevé, la première occurrence est le titre d'une barcarole, dont la partition a été éditée en 1888. Son thème ? On verra…
    C'est ensuite le titre donné ca 1906 à son bulletin par la fédération des associations des syndicats d'initiative de la Corse. Sous ce même « label », est édité un guide (Marcaggi, 1907). Saluons l'efficacité de ces promoteurs : leur label prend, au fil du temps, valeur de synonyme de Corse, après avoir fonctionné comme cliché juxtaposé. Leurs successeurs on raté le célébration, en 2006, du centenaire du rattachement de l'Île de Beauté à la dénomination de la Corse. Mais, c'est de bonne guerre de laisser penser que l'expression est née dans l'éblouissement des navigateurs grecs de jadis, et traduit leur « Kalistè ».

    [2] Notons le temps qui s'écoule entre l'apparition d'« île de Beauté » comme ornement juxtaposé à « Corse », et ses premiers usages autonomes : j'ai arrêté la liste à ce moment là (1945). Malgré l'ambiguïté : s'agit-il de la Corse ou des îles d'Agnès Sorel ?

    [3] Le moteur de recherche listant indistinctement l'expression et son synonyme, la table générale donne aussi les documents géographiques, qui excluent cette expression, alors qu’elle se diffuse dans la littérature touristique naissante.

    On peut décortiquer l'expression sans tenir compte de sa trajectoire. Mais n'est-ce pas restaurer cette vieille croyance selon laquelle le nom reflète toutes les qualités de ce qu'il désigne ? Je trouve plus drôle d'imaginer qu’elle a été cueillie sur l'ancien domaine d'Agnès Sorel par un croupier de chez nous ayant déployé son art au temps des impressionnistes, sur les tables de jeu du Casino tout neuf de Nogent-sur-Marne. Sans se poser de questions. Ça lui trottait simplement dans la tête, à force d’entendre la chanteuse du cru donner la barcarole du lieu. Serendipity. Coup de génie. Ensuite, le psittacisme éditorial : c'est de bonne guerre avec les trucs qui marchent.

    J'imagine aussi une note adressée au Guide du Routard, sous le titre « Île de Beauté : rendre à Sorel ce qui est à Sorel », en espérant l’ajout dans l’édition 2011 d'un joli paragraphe dans le style « parisien qui sait tout ». Et une flambée d'algarades sur la contestation, in situ et main sur le guide, du droit des corses à disposer du nom. J'imagine tout aussi bien que l'on puisse applaudir directement l'ingéniosité des inventeurs de cette dénomination ad usum pinzuti. Son succès est indéniable. Et elle s'accorde parfaitement à la Kalistè de nos vieux amis les grecs. Dusse en pâlir la beauté d'Agnès !

    Très cordialement.

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  11. @ Xavier. Pour ce qui concerne l'information :

    - De 1905 à 1914, l'organe officiel de la Fédération des syndicats d'initiative et amicales corses s'intitule "Corsica (L'île de Beauté)". Son président-fondateur étant l'Ajaccien Sylvestre Frasseto.

    ma source est le catalogue "La Corse et le tourisme : 1755-1960", édité en 2006 à l'occasion de l'exposition correspondante qui s'est tenue au Musée de la Corse (2006). Nulle part dans ce catalogue l'expression "Ile de Beauté" n'est mentionnée pour une date antérieure à 1905.

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  12. Olivier Jehasse affirme dans un de ses ouvrages "Non les Grecs ne l'ont jamais appelée Kallisté". Il s'agit en fait de Santorin et d'une lecture un peu trop enthousiaste des auteurs classiques, lors de la mode culturelle du XIXe siècle (et XVIIIe aussi). Combien de Télémaque, d'Horace, de Proserpine et autres Achille dans nos vallées... (pas d'Oedipe, de Jocaste ni de Laios à ma connaissance, désolé pour la psychanalyse). Alors Kallisté, bien sûr, puis sa traduction comme un label marketing... et puis ça mange pas de pain puisqu'effectivement elle est belle.
    C'est très prosaique, finalement...
    Il faut regretter l'abandon (relatif, d'accord) de Cyrnos qui lui est bien grec, mais sonne pas aussi bien (et puis que veut-il dire?).
    Au fait, Santorin était bien une belle montagne dans la mer pour les Grecs (mais ils n'avaient pas lu Rousseau). Il y a donc bien une Kalliste en Méditerranée. Mais ce n'est pas la nôtre...
    Doit-on l'avouer aux enfants ?

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  13. Oublié de citer une référence qui m'est chère :

    « O Fraticellu ! Sais-tu à quoi le Raïs tunisien employa son pilote ? À lui dire chaque fois qu’il l’ignorait le nom du mouillage où il jetait l’ancre. Monsieur Cueille avait assez de lettres & de poésie pour tout nommer ; assez de science pour affirmer, au besoin, que l’emploi de tout autre nom par les marins du lieu démontrait à l’évidence la noirceur & l’étendue de leur ignorance ; assez de livres & de cartes pour jurer de sa foi de pilote sur une bibliothèque entière. » CC, t2, p. 97.

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  14. Il vaudrait mieux pour elle aujourd'hui qu'elle soit moins belle...beaucoup moins belle! La beauté est un malheur. C'est comme une femme trop belle, trop convoitée, qu'on ne respecte pas.

    Mais patience, une bonne marée noire dans les Bouches de Bonifacio et c'est réglé?

    Ou l'"île de beauté" se réveillera un beau jour l'"île bétonnée". Quant au "Plan de déménagement durable des Corses" il sera bientôt achevé dans la liesse des Porto Vek festiveaux...

    Oh, ces expressions touristiques sont d'une fadeur et d'une inanité (Côte des nacres, umbè!)...

    C'est comme les slogans, itou : " Corse, la réserve naturelle de vos vacances" hiiiiii ! on le fait exprès ou quoi? Nous mêmes, hein, sans aide extérieure!

    Nous ne sommes plus qu'une "destination", un catalogue à ciel ouvert, nous n'avons plus de "destin".

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  15. Bonjour,
    juste un mot parce qu'il se trouve que j'ai justement sur mon bureau deux exemplaires de la revue du syndic d'initiative de Frassetto. Le n°13 de 1906 s'appelle "L'ile de Beauté", tandis que celui de déc 1910, s'appelle "Corsica" et, chose amusante il est "sloganisé" : "Forti saremo se saremo uniti", qui, les communistes le savent est aussi la devise de "Terre corse"...
    On trouve dans ce numéro une "conférence du sous-préfet de la Corse M.Montigny qui, dès sa première phrase parle de "L'île qu'on a si heureusement et si justement appelée "l'île de beauté"."
    Si ça peut aider...
    Pour anonyme : des Horace il y en a dans le dernier bouquin de Ferrari...
    Bernard

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  16. ATTN : Angèle Paoli

    1904. — Les deux catalogues se recoupent parfaitement, permettant de bien tenir, comme tu le suggérais, la date de création de la Fédération citée comme date de lancement du suzzulacapu (fr. : remue-méninges : angl. : brainstorming) visant à accroître l'attractivité touristique de la Corse, d’où émerge cette expression. Il conduit à lancer un produit d'édition appelé à faire son chemin dans le flux des imprimés touristiques, sous un label qui désigne d'abord l'officine éditoriale. Dans les formules bibliographiques, l’expression migre, passant du champ « éditeur » au champ « titre », où il fonctionne comme un « tag » spécifiant « Corse » dans le catalogue des destinations touristiques. C’est bien le début du phénomène qui conduira l’expression au « top niveau » du catalogage : aujourd’hui, il a valeur de synonyme. C’est ce qu’atteste le fait que, sur une requête « ile de beauté », s’affichent aussi et indistinctement tous les documents de la BNF comportant dans leur titre le mot « Corse », sans son tag.

    1939 et 1943. — Je subodore (ce qui reste à vérifier) des publication teintées de propagande, signalant un élargissement du domaine d’usage, et un glissement sur d’autres enjeux que strictement touristiques. Notamment avec 1943 « Beauté, poèmes de France », dont le titre et son développement a des couleurs de poésie de circonstance et de commande.

    Je ne suis pas allé au-delà de 1945, soit la première moitié du XXe siècle, où, apparemment, naît et se noue le nouveau destin de cette expression. Reste à confirmer ou infirmer – pour la petite histoire, comme on dit – qu’elle reprend bien un toponyme attaché aux lieux d’agrément du domaine d’Agnès Sorel. Ce qui ne change rien à son usage. Pas plus que d’apprendre, par les travaux d’Olivier Jehasse, que Kalistè désignait Santorin. Pour l’une comme pour l’autre de ces dénominations, rien n’interdit de verser dans le légendaire, et de le raconter aux enfants, le fait qu’une légende a longtemps couru, qui liaient ces deux expressions l’une à l’autre, et à Homère soi-même.

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  17. Très intéressant, l’ouverture par Bernard des premiers numéros de la revue citée. Le peu qui en est rapporté peut se lire d’une part comme [1] une tension entre choses qui nous parlent et choses qui leur parlent. In group vs out group. Il peut aussi se lire comme [2] un déplacement du discours fédéral vers les insulaires, pour défendre la construction — qui n’est jamais évidente — d’un organe fédérateur, contre diverses tendances centrifuges. Vers ces destinataires, usage du corse, et « sloganisation » dans le langage de la mobilisation politique et guerrière.
    Il faut bien faire sonner la différence, de manière claire, entre la devise brodée durablement sur le drapeau et son affadissement circonstanciel dans quelques situations mondaines et courtoises. Et le sous-préfet cautionne au plus vite l’expression fade en l’éternisant en formule de toujours, ce qui est toujours le meilleur moyen de faire oublier son arrivée tardive. C’est vrai qu’il y a un réel bonheur, dans sa perspective à voir l’indien troquer son nom tribal pour un prénom puisé dans le calendrier des saints : une conversion est toujours émouvante !
    Le [1] rapporte la nécessité d’une maîtrise profonde des langues et des cultures. Avantage aux bilingues et biculturels.
    Le [2] rapporte la nécessité de conserver un langage propre pour la résolution des questions internes, et de maintenir un espace public où il conserve sa place. Attention au glissement de la langue dans l’espace domestique : c’est la manière la plus douce de réussir ou d’accepter sa domestication. Dès lors que les regroupements dans l’action collective ne peuvent plus s’opérer que dans la langue de l’autre, sur les rationalités de l’autre, et dans les règles du jeu de l’autre, c’est que ma propre culture n’a plus aucune prise sur le fait collectif. Et je deviens ainsi un étranger dès que je sors de la bulle : alcôve, domicile ou ghjetto. Nonobstant l’ouverture de lieux de tolérance…

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  18. J'ai vérifié dans Léonard de st Germain (Itinéraire de la Corse) publié en 1869 s'il utilisait l'expression. Pas de cela, malgré un mini chapitre (une dizaine de pages très documentées) sur l'origine du mot "Corse" (Kalliste, Cyrnos, Corsica, Thera, et d'autres). On peut à mon avis en conclure que l'expression lui est postérieure, car il ne se serait pas privé de l'utiliser. L'ouvrage est en effet très enthousiaste et l'auteur - à juste titre à mon avis - se vit manifestement comme un pionnier du tourisme intelligent (le parfait oxymore !).
    Voilà, si ça peut aider.

    BB

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  19. De tout ceci, je préconise cela : prendre l'habitude, après avoir dit ou entendu dire « ile de beauté », d'ajouter « Dieu la bénisse ! »
    Ça, ça peut aider.

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