mardi 28 juin 2011

Pourquoi il est important de discuter

Je veux dire, de discuter avec des personnes qui aiment aussi discuter vraiment (honnêtement) et avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord...

C'est important, parce que c'est la seule façon de créer un espace public (qui ne soit pas gangrené par le fatalisme, l'égoïsme, les haines privées, les hypocrisies).

Parce que cela permet aussi d'imaginer que tout peut être remis en question, tout peut être discuté (identités, certitudes, valeurs, principes, peurs et désirs).

Qu'on n'est pas obligé, par exemple, de penser que la Corse est soumise au malheur, aux violences, au désespoir.

Que la Corse, bien au contraire, a des ressources (existantes, concrètes, déjà effectives) pour équilibrer tous ces éléments négatifs et qu'il serait bon que ce soient ces ressources qui soient médiatisées.

Deux exemples :

- voir ici une discussion, pas toujours facile, avec un ami brésilien qui a une idée bien à lui de la Corse ; je crois que cette discussion n'est pas inintéressante ni inutile : voir ici l'article avec une première discussion ; et ici une deuxième discussion suite au message qui commence par "Peut-être l'article que j'ai écrit...".

- voir l'article de Jérôme Ferrari dans Libé qui, bien qu'antérieur à l'article d'Ariane Chemin, "La malédiction Colonna", pourrait très bien lui répondre : la force de la littérature (corse) contre les clichés (fabriqués en Corse par les Corses ou hors de l'île).

14 commentaires:

  1. Merci pour cette juste remarque.
    L'article d'Ariane Chemin tire sa grande force comique d'un mélange savant de bêtise et de méchanceté qu'elle n'a plus à prouver depuis qu'elle sévit.

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  2. Anonyme 15:03, merci pour votre intervention.
    Personnellement je préfère discuter les opinions qu'évoquer la supposée personnalité des interlocuteurs. Ce qui me frappe dans cet article d'Ariane Chemin c'est le recours à un imaginaire ancien : les Atrides, Matteo Falcone, la vendetta. Je ne dis pas que ce ne soit pas utile, mais s'il n'y a que cela pour analyser la Corse, cela me paraît réducteur et clore toute discussion. C'est une libraire d'Aix qui m'a donné l'article, qui l'avait enthousiasmé, car éclairant la tragédie corse. Je vais la revoir pour en discuter avec elle. Les choses sont beaucoup plus complexes qu'une simple dramaturgie du destin et du malheur.

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  3. Ariane Chemin ? Qu'elle passe le sien et à la même vitesse que la fusée...
    Encore une spécialiste de "Nous". Mais tu as raison, nul besoin d'évoquer la supposée personnalité de l'auteur, la lecture de son article suffit largement. Il est important de discuter mais de quoi ? Parlons plutôt de littérature, ce truc écrit par des pieds aveugles et sourds ne mérite, selon moi évidemment, aucune discussion ! Les Atrides ? Non mais, sans déconner...

    JYA

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  4. Oh Acquaviva, a sai ciò ch'eddi ti dicini, l'Atridi ?

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  5. Ariane Chemin est le prototype du journaliste dans la veine mériméenne, décidément toujours bien vivante.

    Certes, elle n'invente pas les événements qu'elle cite mais elle les traite dans la couleur qu'il faut pour faire frissonner dans les HLM du continent, les bureaux mornes,le métro, ...Une vocation ratée de romancière?
    Ah, la Corse ne change donc pas, se dira le lecteur, rassuré dans ses certitudes puisées dans le Lagarde et Michard : Colomba, Matteo Falcone (cité évidemment dans l'article, au cas où l'on ne comprendrait pas l'imaginaire de référence de l'auteur.
    la phrase-clé : "La Corse se complaît dans le malheur" rappelle Mérimée : "le Corse est naturellement sombre et taciturne" (dans un pays où le rire et la macagna sont si importants...): tout est en place, pas de questions à se poser, surtout. Il y en a pourtant tellement d'intéressantes...Le rôle,en principe, d'un journaliste.
    Est-ce la Corse qui se complaît dans le malheur ou les "observateurs" en mal de sensations à peu de frais qui se vautrent complaisamment dans nos malheurs?

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  6. Innò o Agagamemnon ùn a socu micca, ma socu ciò ch'o li dicu eiu. È varda chì, casu mai, chjamu à Egisthe per calmà ti...

    JYA

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  7. Personnellement, je n'ai rien contre le fait de convoquer les Atrides, ou Mérimée pour essayer de "lire" la Corse aujourd'hui. Mais j'aimerais que ce soit équilibré par d'autres lectures ou discuter dans le même organe de presse qu'est le Monde.

    Ariane Chemin tient aussi une chronique dans Corsica me semble-t-il, ou dans 24 ore. Où ses propos entrent en contraste avec ceux de JG Poletti, de JM Arrighi, de MJ Vinciguerra, d'E Milleliri ou de bien d'autres.

    Je me demande pourquoi Philippe-Jean Catinchi n'écrit plus d'articles sur les publications corses dans le Monde des Livres (il l'avait fait il y a quelques années à propos des ouvrages de Marcu Biancarelli).

    Dans tous les cas, il faut absolument que les artistes s'emparent de ces années 1990 et en fasse quelque chose (plusieurs textes et films déjà les évoquent). Il paraît qu'un film sur Colonna (Par Zonka avec Canal +) et un autre sur les événements d'Aleria (par Pierre Leccia) sont en projets.

    Bon, par ailleurs j'ai pu voir un moyen métrage d'un cinéaste corse, et je le trouve vraiment très beau, très fort, prenant, sans orgueil ni timidité, le réel insulaire à bras-le-corps. J'ai envie de le mettre en lien avec le Vir Nemoris (oeuvre matrice qu'il faudra bien retravailler un jour...), dans un prochain billet. Bon je n'en dis pas plus pour laisser le suspense. E po cusì diventu u spezialistu di e prumesse mai tenute...

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  8. O Acquaviva, leghi puri à Paolo Coelho chì ti stà bè laca u me tintu frateddu in paci ! Un t'avemu paura nè di tè nè di quiddu inculatu d'Egisthe nè di issa burdana di Chemin ! Un beddu palu vi faria prò à tutti i trè !

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  9. Ce n'est pas seulement le fait de convoquer les clichés éculés de Mérimée qui me gêne, le problème, c'est l'esprit et le point de vue de l'observateur, le traitement dramatique et sensationnaliste. Même et surtout s'il y a matière, nous avons besoin d'un regard objectif, investigateur et non pas d'un mauvais romantisme noir qui alimente les fantasmes (corses et non corses) sur la Corse ...

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  10. je voudrais signaler aussi la prochaine parution d'une bande dessinée "Libera me" sur le FLNC et L'IRA, par Bertocchini et O'Griafa pour le scenario et Spinosa pour les dessins. Donc, voyez, Monsieur Renucci, les artistes s'emparent aussi de cette période...

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  11. Je ne voulais pas parler de la personnalité supposée de A. Chemin, car je m'en fiche, mais du mélange de bêtise et de méchanceté de ses articles. Dans le registre de la bêtise, elle applique très bien la règle du journaliste décrit par quelqu'un comme la faculté de "cette canaille d'époque qui consiste à nier ce qui est pour expliquer ce qui n'est pas".
    Ici ça consiste à traiter une affaire politique comme si c'était un mélange de mazzerisme et de Dark Vador. Alors c'est vrai que beaucoup de gens n'y comprennent rien, mais les journalistes ne les y aident pas non plus.

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  12. Agamemnon, Ménélas... ils sont tous là, même les rois grecs lisent ce blog, génial.

    Des usages de la mythologie grecque pour parler de la Corse...

    Cela me fait penser que j'aimerais bien qu'un étudiant fasse un mémoire de maîtrise sur cette récupération mythologique dans les oeuvres théâtrales de Ghjacumu Thiers : "E Sirene", "Troilu è Cressida" (via Shakespeare aussi), "A l'antigona", etc.

    Autre exemple : le fameux passage de l'Odyssée avec les Lestrygons... voir la réécriture de Marcu Biancarelli et l'analyse historique par Olivier Jehasse dans l'ouvrage historique co-écrit avec JM Arrighi : ils se servent d'un "texte" "douteux" pour regarder autrement la Corse. Car il est fort possible que les Lestrygons soient totalement imaginaires... voire même sardes !! - je plaisante...

    Donc, tout cela pour dire que, si je faisais allusion à l'article d'Ariane Chemin, c'était aussi pour nous engager à regarder aussi les productions insulaires qui disent autre chose, qui travaillent cette matière insulaire de façon plus subtile, complexe.

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  13. MP, merci pour la référence à la prochaine parution de la BD de Bertocchini sur le FLNC et l'IRA : n'hésitons pas ensuite à dire ici ou là ce que nous en pensons.

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  14. Et moi je vois dans le dernier Casta un Ulysse corse, empêché de rentrer chez lui après la guerre pendant de longues années... Quant aux sirènes, à la nymphe Calypso, à Pénélope, lisez :)...

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