Merci beaucoup à Joseph Pollini pour nous avoir envoyé les propos suivants, qui évoquent des livres lus et aimés. Vous le savez, ce blog entremêle trois fils (un journal de lectures, une série de citations qui s'apparente à une anthologie et un certain nombre de discussions et débats). Ces trois fils sont collectifs : et je suis toujours heureux lorsque le "journal de lectures" accueille les points de vue de lecteurs autres que moi.
Voici donc le message de Joseph Pollini (bonnes lecture et éventuelle discussion !) :
Parmi
mes récentes lectures et/ou découvertes, un livre magnifique, mais plutôt ancien, que j’ai
acheté au mois de mai dernier chez une vieille libraire très originale, en Bourgogne, à Cluny.
- Son titre est
« Corse », son auteur se nomme Lorenzi De Bradi, dont j’ignorais le
nom (Éditions Alpina - Paris mais imprimé en Italie, en 1936, donc avant la 2ème
guerre mondiale !). Il s’agit d’un livre présentant la Corse, ses
régions, et très partiellement son
histoire, avec de belles photos en noir et blanc, ayant pu faire office de
guide pour l’époque, passionnant malgré son côté un peu vieillot et de
nombreuses insuffisances (160 pages épaisses, format 17/23).
- Il se termine
par un chapitre sur la « femme corse », pas très féministe il est
vrai, car « leur unique folie était celle de la famille » et
« leur pensée avait pour régulateurs : la prière, l’abnégation, le
culte de la famille, l’honneur, le travail » et « bien plus que
l’homme elles créèrent, élevèrent, fortifièrent l’âme corse »… Cela ne me
paraît pas tellement inexact ! Et tout de suite après deux courtes pages sur « histoires de
superstitions corses », où il est fait état de sorcellerie et de mazzeri,
sans même que ce terme y soit rapporté ! L’auteur n’avait pas encore pu lire, en 1936, les études de Dorothy
Carrington sur ces croyances en ces « chasseurs d’âmes », parues 50
ans, environ, après !
- Le texte est
bien sûr en français et le style de l’auteur, que j’ai apprécié, dont certains
passages pourraient cependant paraître à
certains un peu trop emphatiques,
témoigne d’un amour passionné, indéniable, de la Corse.
Ce livre a retenu toute mon attention, et ce malgré les
imperfections signalées (il y en a d’autres) et la forme dithyrambique,
quasi excessive parfois !
- C’est à lire, à mon avis, ne serait-ce que la préface,
surtout dans les périodes où il peut nous arriver de douter de toutes les
vertus dont sont habituellement parés les Corses et la Corse…
- Je le conserve précieusement et envisage de le relier
moi-même.
- Autres exemples tirés du texte de la préface, rédigée par l’auteur :
-en guise d’épigraphe,
« Étranger,
te voici dans le plus délicieux séjour de la terre… », dixit (?)
Sophocle !
- et plus loin « Je ne pense pas qu’il y ait
eu race plus pauvre que la race corse , où il n’y eut jamais de mercanti.
Elle enfantait des héros. Ainsi fut elle une sorte de Prométhée dans son
île. » et encore, « Depuis les premiers âges, elle exerça le
sacerdoce de la Liberté. Les faits de son histoire, avant son annexion à la
France, le prouvent. »
- et enfin (la préface
couvre les 25 premières pages !),
« L’île se dépeuple. La race se disperse,
s’émiette, perd peu à peu sa vitalité puissante, se perd dans les ivresses et
les couleurs fallacieuses des civilisations corrompues. Il est temps encore.
Les circonstances sont graves. Que les Corses ne se dépensent plus en de
vaines discussions. Qu’ils concentrent leur volonté ! Qu’ils ne s’épuisent
plus dans de sombres
susceptibilités ! Qu’ils reprennent l’esprit de sacrifice du Corse
antique ! Qu’ils rejettent l’esprit des clans, qu’ils relisent leur histoire
où certains faits surpassent les plus
beaux de l’Antiquité, qu’ils se souviennent que leurs ancêtres étaient des
hommes d’action qui ne sortaient jamais d’une vie droite, juste,
héroïque. »
- De tels propos vous paraissent-ils tellement
démodés ? Pas pour moi…
Parmi mes
plus anciennes lectures, je n’hésite pas à conseiller la lecture des livres cités dans ce qui suit, en vrac,
et cette liste n’est pas exhaustive et comporte sans doute
des erreurs car je n’ai pas tout vérifié :
-
Pour la cuisine corse :, Marie
Ceccaldi, et La cuisine Corse de
Maria Nunzia Filippini (Édit.Sérena Ajaccio 1978), sans oublier le plus
récent, de la grand-mère de Jean-Claude Rogliano, très beau livre illustré,
-
Pour les polars Orsi Jean- Pierre, avec en particulier « La chèvre
de Coti-Chiavari », " Les croisés du Casone ", « Le retour
de Don Giovanni », parmi ceux que j’ai lu avec plaisir,
-
-Pour les poèmes,
-
Patrizia
Gattacecca, ses chansons et son petit recueil original influencé par le Japon
« Mosaïcu-Haiku »,
-
Les textes et les
chansons de mon ami Jacques Fusina,
-
Pour les
histoires, fictions et romans :
-
Marie-Hélene
Ferrari « Un goût amer et sucré comme le silence »,
-
Marie Ferranti
avec, « La chasse de nuit », « La fuite aux Agriates » et
« la Princesse de Mantoue »…
-
Jacques Thiers,
avec « La vierge à la Barque » et « Le ventre de Bastia »,
qui existent aussi en langue corse…,
-
Jean-Claude Rogliano,
avec surtout « Le berger des morts » l’un de mes premiers livres lus,
de cet auteur, découvert lors de sa première édition. Jean-Claude est un autre ami, et voisin de Felce !, puis « Mille et une vies de Théodore, roi
de Corse », puis « Visa pour un miroir » (paru avant le
précédent), toujours du même auteur…
-
Pour plus sérieux, pour philosopher et pour devenir un peu plus
« savant » !
-
Avant tout ( pour
moi du moins) : José Gil « La Corse : entre la liberté et la
terreur », fondamental.
-
Michel Vergé-Franceschi : toujours très denses et de
gros pavés !
-
"Histoire
de la Corse "
-
« Pascal
Paoli : un Corse des Lumières »
-
« Voyage
en Corse, de l’antiquité à nos jours », plus récent,
-
Avec Antoine
Marie Graziani « Sampiero Corso »
-
Antoine-Marie Graziani « Histoire de Gênes »,
acheté il y a environ un an après a parution, non encore assimilé (très dense, excellent pour les passionnés
d’histoire !
-
Nicolas Giudici « Le crépuscule des corses »,
livre courageux...
-
Jacques
Fusina : « Corsica , une île en chansons »,
« L’enseignement du Corse », « Retour sur images » , et bien
d’autres…
-
Edmond Simeoni , « Corse : la volonté
d’être » et « Lettre aux femmes » plus récemment.
Bonjour
RépondreSupprimerQui est-ce qui m'a dit: "Tu sais, la Corse, c'est fini!" ?
Moi, partout où je regarde je découvre des merveilles, les arts, la poésie, la chanson, l'âme corse inépuisable me désaltère et me guérit de la bêtise de ce monde! Ô Corsica! Merci d'exister! La lumière viendra de toi, mais ils regardent ailleurs...
Madame Sarrazin, merci pour votre commentaire. Personnellement, je serais moins enthousiaste que vous sur les effets de la créativité corse. Je ne suis pas sûr qu'il faille charger une culture x ou y de la mission d'éclairer le monde. Cela n'empêche pas que les arts corses puissent entrer dans des échanges fructueux, à l'intérieur de la culture corse (dans toute sa variété et ses évolutions) et avec les courants artistiques qui traversent le monde.
RépondreSupprimerIl me semble qu'un des meilleurs écrivains actuels : Jérôme Ferrari a été oublié ... (publié chez Actes Sud)
RépondreSupprimerMadame Ashley, chaque lecteur est différent, suivant les goûts, les principes et les circonstances. Je suis d'accord avec vous, l'œuvre de Jérôme Ferrari est très belle et riche... Ce qui me fait dire que votre goût pour celle-ci pourrait vous conduire à en parler ici. Qu'en pensez-vous ? Je l'espère vivement. À bientôt.
RépondreSupprimerOui Françoise,
RépondreSupprimerje pense comme toi que Jérome Ferrai est l'un des meilleurs écrivains actuels.
J'ai en effet lu son livre "Où j'ai laissé mon âme" édité par Acte Sud, magnifique.
J'ai en effet oublié de le noter sur ce blog alors que je l'avais bien noté sur ma liste établie au crayon avant de la transcrire !
J'avais bien précisé cependant qu'il ne s'agissait en aucune façon d'une liste exhaustive, mais d'une série de titres donnés en vrac...
Je recommande aussi la lecture de ce livre, que j'ai lu lors de sa parution ; mis je n'ai pas lu le suivant.
J'en ai oublié bien d'autres dont tous ceux de "GXC", Gabriel Xavier Culioli, chroniqueur du "jounal de la Corse" et dont je recommande au moins le dictionnaire ( je ne dispose que du "u Maiò" Français-Corse et j'attends la version corse-français du "Maiò") et l'un de ses premiers ouvrages , " "La terre des seigneurs"
Amitiés
José Pollini