dimanche 25 janvier 2009

Un morceau (le premier ici) de littérature corse

Lu l'été dernier (en Auvergne, entre Brioude et La Chaise Dieu, à Isseuges) pour la première fois, deux romans de José Giovanni, "Le deuxième souffle" et "L'excommunié".
Voici un passage du "Deuxième souffle" que j'aime (au moment même où j'écris ces mots sur ce blog, sur France Culture, une création radiophonique fait entendre des poèmes de Ghjacumu Biancarelli issus de "A tempara lli ghjorna" !...) :

Dès que Gu avait ordonné à Jo de reculer, Antoine avait deviné que Gu allait tirer. Quand Gu tira, il saisit son flingue et ouvrit le feu sur lui en se laissant tomber sous la table. En un éclair, Gu ne put réaliser et il abattit Pascal qui n'avait pas bougé. Antoine tira de sous la table et Gu, touché aux jambes, tomba dans le couloir. Là, il poussa un gémissement et jeta son Colt sur le sol. Antoine bondit dans le couloir et Gu le cribla par en dessous avec le parabellum. Antoine sentit la mort le percer de bas en haut; il eut l'impression d'être soulevé de terre et il tomba en arrière d'un bloc.
Gu essaya de se redresser en s'appuyant au mur. Ses jambes étaient brisées et il commençait à souffrir énormément. Il prit son Colt et rampa jusqu'à la porte en s'aidant des avant-bras.
Les locataires du même palier virent apparaître une figure de cauchemar et deux pistolets. Ils remontèrent chez eux en criant. Tous les autres locataires étaient dehors. Gu pensa que la police ne tarderait plus.

Voilà pour commencer. Cela a été publié en 1958, chez Gallimard, collection "Série Noire", sous la direction de Marcel Duhamel comme le dit la couverture du livre que j'ai en main, et qui date lui aussi de 1958.
Dans les deux romans cités ici de José Giovanni, un personnage d'Italien entouré de Corses. Des comportements nobles. De la violence. Des fins tragiques.

En l'occurrence, ce qui me convient ici est la rencontre imprévue d'une "figure de cauchemar avec deux pistolets" - les jambes brisées - avec des voisins de palier "criant". Rencontre accidentelle qui peut paraître classique dans ce genre d'intrigue mais qui, marquée ainsi par l'auteur, me touche, je ne sais trop pourquoi. Au milieu d'un passage dramatique, dans lequel les phrases sont simples et sèchement descriptives, une image émerge (ce cauchemar) qui me fait rêver : de quel cauchemar s'agit-il dans le regard de ces voisins qui hurlent ?

Peut-être avez-vous une autre expérience de lecture de ce roman, différente de celle-ci ?

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