dimanche 27 février 2011

Un rapide commentaire sur le livre de Dumenicu Tognotti


Reçu dernièrement cet avis sur la lecture de "Par-delà le théâtre. Culture et politique (1972-1991)" (livre de Dumenicu Tognotti évoqué dans un précédent billet).

Cela suscitera peut-être d'autres échos ?

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J'ai terminé la lecture de Dumenicu Tognotti. Je suis partagé. J'aurais aimé
assister à une représentation pour me rendre compte de son travail.

Son expérience est très riche mais je trouve le livre trop allusif sur le
fond de son travail. Je n'ai pas été très sensible à son travail sur le mythe
bien que ce soit un axe central de son travail. Par exemple la relation entre
Nunzia et Antigone à la fin de l'ouvrage est frustrante. Qu'apporte Antigone à
la Corse ? Et réciproquement ? Comment s'incarne t'elle ?

Je ne le rejoins pas dans l'opposition qu'il fait entre le corps et le texte et
le "rejet" du théâtre comme littérature. Rejet relatif et surtout nuancé par le
travail remarquable de Rinatu Coti dans A Rimigna.

Au sujet du lien entre littérature et mythe, est-ce que tu connais le texte
d'Henri Bauchau, Les vallées du bonheur profond ?
Dans la dernière nouvelle du livre, il décrit la rencontre entre Antigone,
Oedipe et Sophocle.
"Sophocle cherche sa voie et sa voix sans trop savoir où ses pas et ses vers le
mènent. Il cherche jusqu’au jour où il rencontre ces personnages, ces
personnages qui vont l’habiter et faire de lui cet immense poète".

Ce que je ne comprends pas, c'est sa relation avec la Corse. Je suis certain que
son travail aurait été beaucoup plus connu s'il ne l'avait pas mené
exclusivement en Corse mais en Algérie par exemple. La notoriété n'est ici
qu'un exemple. Le récit des 10 années entre 1972 et 1983 est passionnant mais là
encore c'est le récit du mythe de la résistance armée avec laquelle il prend ses
distances qui est intéressant mais à quel prix, celui de l'enfermement dans un
discours jusqu'à l'abandon de son travail. A t-il de nouveaux projets ?
Ce mythe est à rapprocher des récits de Pierre Goldmann dans un tout autre
contexte.
J'ai trouvé déconcertant sa/la fascination de la cagoule ! Moi je trouve cela
juste effrayant... surtout pour être déçu par le visage des hommes qui se
décagoulent les premiers. No comment.

8 commentaires:

  1. Intéressant, mais c'est de qui ?

    MB

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  2. MB,
    ce n'est pas de moi, c'est ce que je peux dire. Et conformément aux usages en vigueur ici, je ne dévoilerai pas le nom du lecteur qui désire rester anonyme. Car l'essentiel est l'avis, et le fait qu'il nous permette d'enrichir notre façon d'appréhender le livre lu.

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  3. J'ai bien compris.

    Mais là, un propos qui se dresse contre le mythe de la cagoule en restant anonyme, moi ça me semble incohérent.

    Mais bon...

    MB

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  4. Oui, je n'avais pas fait attention à cette contradiction apparente. Enfin, dans les deux cas, l'anonymat a favorisé une prise de parole...

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  5. ... sans forcément faciliter le dialogue. Bon, suite au prochain commentaire !

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  6. Peut-être tenons-nous là la solution ? Une organisation bicéphale de la critique : une vitrine légale lisse et transparente comme toutes les vitrines et un bras armé, une branche clandestine qui frappe là où ça fait mal. Louanges diurnes et diatribes nocturnes, éloges à visage découvert et éreintage encagoulé.

    Exemple : communiqué de la Ligue Ethnocentrée Contre la Critique Acerbe et pour les Caresses Uniformes à la Littérature Insulaire (je vous laisse associer les initiales) : "Murtoriu", un chef-d’œuvre ! Le digne enfant de McCarthy et de Faulkner, rehaussé par les mots exquis de Biancarelli Le Grand, Le roman que la littérature corse doit élever au pinacle, célébrer avec la ferveur digne de la Bible qu'il est et sera éternellement.

    Communiqué du Front Auto-proclamé des Lecteurs Anonymes pour la Négation Unilatérale des Salamalecs Ehontés de Cuistres Cacochymes Horribles Encenseurs : "Murtoriu" : salmigondis malodorant d'impostures régionales, promis au bûcher de l'indifférence. Jamais ce "truc" n'atteindra les 5000 exemplaires !

    YAJ (porte-parole du FAL… Et puis non, débrouillez-vous !)

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  7. Police des Moeurs de la Blogosphère28 février 2011 à 10:41

    « l'essentiel est l'avis », « Enfin, dans les deux cas, l'anonymat a favorisé une prise de parole... »

    Je me suis interdit d'intervenir dans les discussions et ne souhaite pas lancer une polémique mais il est difficile de me taire devant ces paroles terrifiantes !

    Un avis critique obtenu au prix de l'anonymat ne peut être enrichissant. Même si cela peut sembler anodin appliqué à la littérature , cautionner ce genre de pratique c'est mettre un doigt dans l'engrenage...
    Où est « l'essentiel » ?

    EC

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  8. D'effroi en terreur, nous allons finir par croire que ce blog fait courir un vrai danger !...

    EC, je répète encore une fois (car nous avons déjà eu ici cette discussion), l'avis exprimé sur le livre de Tognotti me paraît intéressant, enrichir le livre, notre vision de la littérature, du théâtre, etc... Qu'il soit signé FXR, Tartempion ou Mouamar Khadafi importe peu. (Bien que "Tartempion" puisse cacher un authentique criminel). Chaque participant est libre ici de signer de son vrai nom, de signer avec un pseudo, de changer de pseudo, de ne pas signer du tout. Car l'essentiel, oui, pour moi, est la discussion.

    Cela fait deux ans que des anonymes (que je ne connais pas pour la plupart, je le certifie) envoient des messages. Tous ces messages ne sont pas discourtois, inconvenants, insultants. Je ne vois pas où est l'engrenage. Par contre j'expérimente depuis des années un système où au silence public (ou occupé par des sous-entendus) répondent des apartés privés qui ne laissent pas de traces.

    Alors que faire ?

    Mais bon ce débat me semble dépassé (personnellement, car je publierai quiconque voudra le prolonger) et il sera plus fructueux de discuter les avis sur le livre de Tognotti.

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