lundi 6 juin 2011

Brésil/Corse, via le cinéma


Comme prévu, voici donc deux nouveaux billets de Luiz Fernando Gaffrée Thompson, transférés de son blog, Papagena, pour trouver ici une nouvelle occasion de susciter échos et éventuelles discussions.

Deux billets consacrés à la description de deux films portant sur la Corse. Deux billets dévoilant non seulement ce que ces films disent mais encore comment ce regard brésilien se porte sur eux. C'est étonnant.

Bonne lecture et encore merci à l'auteur.


Billet 1 :

terça-feira, 22 de março de 2011

"L`Enquête Corse": la Corse vue élégamment par une comédie continentale.

Je la connais assez et je l´adore: la Corse. Un ami, Jean-François Marzocchi, m´a offert une cassette avec un CD dedans: le film "L´Enquête Corse". Je me permet, alors, de lancer un regard brésilien sur cette production. Je commence par le début: la version sous-titrées en français, de ce film d´Alain Berbérian, est adressées aux "sourds et malentendants" et le "making off " devient "U making ofu" Parmi les acteurs, excellents - qui le plus souvent rappellent la beauté, véhiculée par la tradition, des habitants de l`Ile de Beauté - il y a la magnifique Caterina Murino, espèce de Sophia Loren insulaire; Pierre Salasca, l´acteur qui fait Matéo, un grand gars à la tête rasée, très athlétique; et Jean Reno, le charmeur. Les autres personnages montrent des méditerranéens très typés qui parfois tombent dans le ridicule, mais sans offenser, comme Figoli (Pido). Les acteurs qui représentent les Continentaux ont le physique du rôle aussi, comme Christian Clavier, le titi parisien à l´âge mûre; Alain Saratrat, l´acteur qui fait De Vlaminck, le flic du Nord de la France, un roux, il se doit pour un Flamand; ou celui qui a le rôle du propriétaire continental d´une maison secondaire sur la mer, "qui adore la Corse , à tous points vue", pointu comme son accent. L`action se passe dans une Corse de carte postale...beauté authentique pourtant. Léa-Caterina Murino, est la femme corse qui mène les hommes par le bout du nez, y compris, le maffieux de sont frère Ange Léoni-Jean Reno, ainsi que: le soi-disant détective parisien, Jack Palmer/Rémi François-Christian Clavier; son ex-mari Mattéo-Pierre Salasca, tous un peu bêta, naïfs et à l´allure macho. Le scénario se déroule entremêlant: les chimères d´un terrorisme bon-enfant, conduit par la police, les gendarmes et les "patriotes", tous en bonne entente - d´ailleurs, je ne dirais pas "très bonne entente" parce que les deux polices se ne comprennent pas tout à fait comme il faut -; les amours de Jack Palmer (Clavier)- de son mon de guerre - ou Rémi François - de son vrai nom - avec Léa (Murino); et les blagues concernant la fierté et la sensibilité aiguë corse pour tout ce qui touche les traditions locales. C´est amusant, agile, sympathique et cela nous apprend beaucoup de choses sur le pays de Napoléon de ce début de vingt-et-unième siècle.


Billet 2 :

terça-feira, 31 de maio de 2011

La lecture et la mise en scène de Colomba, faites par Couzinet et par Casta.

Emile Couzinet et Ange Casta, se sont inspirés sur la nouvelle de Mérimée, "Colomba et son frère", pour la mettre en scène au cinéma. Il n´ont pas été les seuls, il y a bien une dizaine d´artiste qui ont pris cette oeuvre comme sujet de film, mais je n´ai réussi qu´à avoir en bon état ces deux travaux. Ceci à la Cinémathèque Corse de Porto-Vecchio, qui m´a été indiquée par M. Jacques Fusina et où j´ai réalisé ma recherche avec l´aimable concours de Mme. Renée Genot. Elle m´a offert un livre qui s´appelle "Le cinéma en Corse, le muet", de Jean-Piere Mattei, Editions Alain Piazzola, 1996, qui m´aide beaucoup.
Couzinet a produit son film en 1947, Casta 20 après, 1967. L´esthétique et l´idéologie de l´époque de chaque film sont nettes. Couzinet a probablement été influencé par les films américains de Hollywood, faits pour divertir, truffés de chansons. Depuis la générale, on voit l´esthétique que le film a adoptée : un Orso grassouillet, chanteur lyrique, chante devant une vison idyllique d´un golfe corse. C´est un mélodrame dont le but est de brosser un roman à l´eau de rose entre Miss Nevil et Orso. Casta, par contre, a mis en scène son film au moment du Néo-Réalisme italien, de la Nouvelle Vague française ou du Cinema Novo brésilien, où les oeuvres voulaient dénoncer, par leurs éléments tragiques et leurs noir et blancs profonds, la force des sentiments humains, surtout par rapport à la domination des élites (idéologie de mai 68). La générale de Casta montre des oiseaux rapaces qui volent au dessus de la Corse, menaçants, tandis qu´une femme hurle: les Bariccini ont été tués ! Le film nous impressionne par ses airs de tragédie grecque, par l´action d´une Colomba, une héroïne à l´antique, une réédition d´Electre, qui mène toute l´action du film. La lecture que fait le réalisateur continental, Couzinet, est tout autre: les personnages importants deviennent le militaire français et Miss Nevill, Colomba n´étant qu´un personnage secondaire qui sert à faire ressortir les péripéties par lesquelles les deux amoureux, des gens raffinés, doivent passent, dans le maquis, pour réussir à réaliser leurs amours, bénies par Dieu et par Mr. Nevil. Le metteur en scène corse, centre son film sur le personnage de Colomba, grande fille brune, forte et typée qui manipule un Orso, mal à l´aise dans cette intrigue de vendetta. Chez Casta Miss et Mister Nevill n´apparaissent guère, seulement à la fin, quand ils partent tous en Italie. Pour le film de 47 le troisième personnage est une Corse de carte postale (on se demande même si ce n´est pas un organisme d´encouragement au tourisme qui a sponsorisé le film... je plaisante!)L´action du film d´Emile Couzinet se complaît à montrer, le voyage languissant et tendre que font les amoureux entre le Continent et Ajaccio, ponctué de chansons romantiques. Ensuite, il y a le séjour à Ajaccio et enfin le dandy et la donzelle vont mette à l´épreuve leur amour, par l´aventure dans ce maquis où Miss Lydia et son père sauvent Orso de se faire incriminer de l´assassinat des frères Bariccini. Ils témoignent en sa faveur, prouvent qu´il a agi en légitime défense. Et Cette bougresse de Colomba, vieillie et trop maquillée (moins qu´Orso quand même!), à son insu, a réussi à rendre plus intense les roucoulements du gentilhomme et de la lady. La Corse de Casta est moyenâgeuse, aux chemins sales de boue, aux maisons décrépies et aux personnages frustres et méchants: des badboys et des badgirls, à commencer par la protagoniste, espèce de sorcière ou de cassandre grecque, maligne, rusée et inspirée. L´île de Couzinet est aseptisée, proprette et très belle pour voir défiler une pin-up et un métrosexuel de l´Après-guerre.

(l'image)

4 commentaires:

  1. "élégamment" s'appliquant à l'"Enquête corse" : inattendu!

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  2. Vous n'avez peut-être pas tort...Mais je pense que notre ami voulait dire que ce film arrivait à nous faire rire sans nous choquer, sans nous vexer. Les clichés qui nous sont renvoyés par cette œuvre sont tellement déformés qu'ils se retournent contre ceux qui en sont la source (je ne sais si vous me suivez là?) les Corses ont cette capacité à rire d'eux même, à l'autodérision, (encore un cliché?) mêlé de fatalisme, qui nous permet de garder la tête haute face à l'adversité. Mais si, nous savons rire! Nous ne sommes pas toujours désespérés, la tête entre les mains et nous lamentant. Et puis quand bien même, quand nous sommes désespéré nous pouvons rire de notre désespoir...Cela me rappelle ce que j'ai pu lire sur le peuple Égyptien...

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  3. Etant donné les caractéristiques de l´humour à la française : bougon, basé sur la taquinerie et le "tout tourner en dérision", enfin méchant par définition, la lecture des clichés sur la Corse (dans "L'Enquête corse") est élégante. Elle l´est aussi parce que l´oeuvre fait réhausser les clichés positifs sur l´île, tandis qu´on montre aussi des stéréotypes négatifs sur le Continent et le gouvernement central. Les Français ne sont pas "bonzinhos" (comme on dit en portugais, ce qui veut dire "bons, compréhensifs, par laxisme") d´habitude!



    de Luiz Fernando Gaffrée Thompson

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  4. c'est quand même une grosse farce. Clichés positifs je vois pas. Les clichés sont toujours des clichés. Pas méchant, d'accord, pas trop, puisque tout le monde en prend pour son grade. Mais élégant ne paraît vraiment pas le mot juste. Niveau zéro, tout simplement une comédie à la française; Imaginons une comédie italienne de la grande époque sur le même sujet ou bien Monthy Python!

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