Je publie ici avec plaisir (merci à elle) les réflexions que nous envoie Emmanuelle Caminade à propos des titres de romans et de la traduction en général ; et en particulier de la traduction du titre du dernier roman de Marcu Biancarelli, "Murtoriu" (Albiana).
Bonne discussion, si jamais le coeur vous en dit :
Un livre, c'est d'abord un titre...
Le titre, c'est le résumé le plus concis ou du moins ce qui, à mon sens, doit indiquer la tonalité essentielle du livre.
Personnellement, je passe beaucoup de temps à méditer sur le titre avant de commencer ma lecture et ces rêveries m'emportent souvent très loin. Mais beaucoup abordent surtout un livre par l'illustration en couverture et je déplore qu'il en soit ainsi car ces illustrations *- notamment chez Actes Sud - , bien que rarement révélatrices du contenu , ont néanmoins un pouvoir attractif ou répulsif, même lorsque l'on s'en défend (un peu vieillotte et déprimante en effet celle de Autrefois Diana !) Aussi préféré-je largement un titre sobrement mis en valeur par un fond clair uni.
* Elles sont le plus souvent proposées par l'éditeur qui, au pire, n'impose à l'auteur que d'en choisir une , mais les bonnes couvertures illustrées sont en général celles que l'auteur choisit de sa propre initiative et réussit à imposer .
Le choix du titre s'avère donc pour moi primordial et j'aime à penser que le meilleur est celui qui vient à l'écrivain d'emblée, naturellement, chargé de toutes les connotations plus ou moins conscientes que porte le livre. Et, même si le titre appartient, paraît-il, selon la loi à l'éditeur, j'ose espérer que l'auteur réussit en général à en conserver la maîtrise...
Plus que du choix du titre c'est de sa traduction que je voudrais parler. Je viens en effet de découvrir la surprenante traduction de celui de Murtoriu et ma réaction ne cherche qu'à souligner les difficultés de traduction particulièrement flagrantes lorsqu'il s'agit d'un titre et d'un titre se résumant à un seul mot.
Je précise tout de suite ( il vaut mieux jouer les démineurs avant de s'exprimer sur ce site ! ) que critiquer la traduction d'un titre ce n'est ni agresser les traducteurs – ni l'auteur qui a peut-être approuvé ou même initié ce choix - , ni me mêler de ce qui ne me regarde pas : ayant lu le livre en langue originale, il ne me semble pas abuser de mes droits de lectrice ! Et, surtout, j'aimerais bien que tous ceux qui ont lu Murtoriu puissent donner aussi leur avis sur cette traduction.
La traduction est un exercice difficile et traduire littéralement Murtoriu par Le glas , 2 syllabes à la consonnance peu heureuse, ne rendait pas toutes les connotations du titre corse originel , un titre m' évoquant le « morituri » latin (« ceux qui vont mourir »). Cette sonnerie du glas qui résonne sur les champs de bataille annonce en effet, bien au-delà des morts de la guerre de 1914, la tragique répercussion à venir d'un conflit rendant les campagnes exsangues : la mort de toute une société rurale traditionnelle , la disparition d'un monde...
Ballade des innocents retient , certes, un élément essentiel du roman: l'hommage aux innocents , aux humbles , à ces coeurs nobles et pur non pervertis par l'individualisme , sans complaisance pour le mal dont Mansuetu est le dernier représentant , un personnage s'affirmant comme le symbole de cette société rurale disparue et un peu idéalisée . Face au matérialisme qui envahit le monde moderne, le terme évoque aussi l'innocent russe, dostoïevskien, qui dans sa simplicité semble plus proche de Dieu, ou du moins d'une certaine spiritualité.
Mais ce titre français évacue la violence de la mort , d'autant plus que la ballade , poème ou forme musicale, se caractérise plutôt par une certaine douceur faisant appel à la compassion ou à la nostalgie. Et je ne peux m'empêcher de voir également dans cette traduction une touche d'autocensure anticipant les désirs de l'éditeur : la mort n'est pas très vendeuse ... Sans compter que j'ai vu sur Google que La ballade des innocents était le titre d'une chanson d'Enrico Macias !
Et puisqu'il est facile de critiquer sans rien proposer, il me semble que l'on aurait pu peut-être atténuer la sécheresse de la traduction littérale et garder la référence à la mort tout en intégrant le terme « innocents » qui s'avère assez judicieux : « Le glas des innocents » m'aurait personnellement mieux convenu.
Ballade des innocents, traduit du corse par Jean-François Rosecchi, Marc-Olivier Ferrari et Jérôme Ferrari, est actuellement en attente d'édition.
Emmanuelle Caminade.
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
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Belle illustration des difficultés de la traduction et beau texte de réflexion. Il est sûr que Murtoriu est un titre qui cogne, et que sa transcription dans une autre langue n'est pas chose aisée. Personnellement je crois que la proposition des trois traducteurs n'est pas mauvaise : car elle joue sur deux thèmes qui sont à l'évidence présents dans le livre de MB.
RépondreSupprimerLa ballade, me fait penser à Villon et à sa ballade du pendu, ce grand texte sur la liberté et la mort, la mort de la liberté et la liberté de la mort.
Quant aux innocents j'y vois le Massacre des Innocents, et il est sûr qu'un des aspects de Murtoriu touche à l'innocence.
C'est pourquoi ce titre ne me déplaît point parce en langue française il appelle l'attention et suscite une curiosité.
Moi j'aurais traduit par "Pour qui sonne le glas", mais je crois que le titre était déjà pris... quoique dans le domaine public me semble-t-il, mais il faudrait vérifier.
Ce qui serait formidable c'est que chacun choisisse un titre et que les 5 premiers soient retenus - par les habitués du blog - et ensuite tirés au sort.
RépondreSupprimerLe gagnant se verra offrir un voyage à Verdun par exemple ou un bon cadeau à la FNAC.
Ce serait vraiment génial !!! En tout cas on a hâte de lire tout ça...
La question du titre devrait être posée à partir d’un diagramme de Venn. Un premier patatoïde représenterait la connaissance experte du livre détenue, texte à l’appui, par le collectif assurant son édition. Un second, une nébuleuse de connaissances permettant à un lectorat diffus d’affecter un nouvel ouvrage aux catégories plus ou moins floues de sa bibliothèque mentale. Pour schématiser, dans le premier patatoïde, on subsume, sous une expression aussi concise que possible, un contenu étendu. Dans le second, on subodore des parentés entre le titre nouveau et des choses connues, en soupesant des « airs de famille », comme dirait Wittgenstein. Les préconisations d’EC se situent dans le premier patatoïde ; les remarques d’OJ, lorsqu’il explore des rapprochements possibles, se situent dans le second. Dans le premier, un titre est pertinent ex post (ie après lecture) s’il reflète sincèrement le contenu qu’il subsume. Dans le second, il est pertinent ex ante (ie avant lecture) s’il facilite efficacement le classement de ce contenu dans une catégorie appropriée (ie intelligible et désirable).
RépondreSupprimerJ’ai sous les yeux une page Google où je lis « Bellotta : le site de vente en ligne du vrai jambon ». Ici, la décomposition en titre et sous-titre donne une illustration immédiate de ma théorie des deux patatoïdes. Le premier terme satisfait à la pertinence ex-post, mais il ne peut trouver sa place dans les catégories mentales que grâce au développement qui le complète, assurant une pertinence ex ante. Vertu pédagogique de l’exemple trivial.
Bien évidemment, ce schéma à deux bulles, deux mondes, deux temps et deux pertinences ne fait que poser un référentiel induisant deux ordres de questionnements distincts. Une manière de solliciter une sorte de regard « strabique », comme dirait Vannina Bernard-Leoni, chez le poète assigné d’un côté à subsumer un matériau unique et inédit, ainsi que de l’autre à subodorer une place à prendre dans « la conquête des esprits », comme disait Yves Eudes. Une manière de lancer, dans le collectif assurant l’édition, le « scuzzulacapu », comme on dit ici (fr. « remue-méninges », angl. « brain storming »).
Par ailleurs, la question du titre ne peut plus être abordée indépendamment des conditions actuelles de circulation de cet étiquetage, détaché de tout autre descripteur, notamment sur les moteurs de recherche.
J'avoue que "Ballade des innocents" me désoriente un peu car, comme Olivier, c'est précisément "Pour qui sonne le glas" qui m'était venu immédiatement à l'esprit...
RépondreSupprimerQu'on le veuille ou non un titre associe immédiatement un ensemble de représentations qui donne une première couleur de l'ouvrage. On aura beau m'expliquer que "ballade" renvoie à Villon et "innocents" à massacre...mon cerveau rationnel l'accepte volontiers mais mon cerveau émotionnel s'y refuse...Alors pour proposer quelque chose je dirais: " Le glas des innocents " ou peut-être, en pensant à Emmanuelle: "Morituri"
Bien sûr les titres sollicitent toujours un fond culturel commun et le terme « glas » évoque à tous le célèbre roman d'Hemingway. Quant au mot « ballade », il fait immédiatement resurgir nos souvenirs scolaires, mais les frères humains qui après Mansuetu vivront n'ont aucune raison d'avoir le coeur contre lui endurci et j'ai personnellement plus ressenti dans ce texte un hommage aux innocents qu'un appel – et même une revendication à mon sens chez Villon - à l'absolution de tous les hommes, pauvres pêcheurs égaux devant la mort ...
RépondreSupprimerMorituri, je n'y avais même pas pensé ! Ca aurait fait un beau titre . Tu vas gagner le voyage à Verdun, Norbert !
RépondreSupprimerProposition de Faustin Moreschi-Defonds pour traduire "Murtoriu" (de loin la meilleure proposition) :
RépondreSupprimer"Gla gla, on se gèle les couilles à I Sarcona"
Ça a de la gueule, si j'ose dire ; en plus cela réconcilie les deux patatoïdes ; le redoublement de "gla" et le fait que les couilles aillent souvent par deux : tout cela incite, dès le titre, à bien sentir le caractère dual, duel et double du personnage de Cianfarani.
Je vote pour ce titre !
Ma proposition tout de même : "Murtoriu + sous-titre La ballade des innocents"
Accroître l'efficience du brainstorming en cours
RépondreSupprimerProposition de protocole
• Séparer le groupe en deux : ceux qui ont lu / ceux qui n’ont pas lu.
• Premier temps (par écrit)
Demander à ceux qui ont lu de donner une brève présentation du livre.
Demander à ceux qui n’ont pas lu d’exprimer ce qu’évoque pour eux le mot « murtoriu ».
Mettre en commun.
• Second temps (oralement)
À partir des diverses descriptions, demander à ceux qui n’ont pas lu d’imaginer, très librement et très spontanément, des titres pour la version française.
Après avoir entendu les autres, demander à ceux qui ont lu de proposer, tout aussi librement et spontanément, des titres pour la version française.
Mettre en commun, et classer par ordre de préférence décroissante.
• Transmettre la liste à Marcu Biancarelli et ses complices.
et foutre la paix à MB c'est envisagé ?
RépondreSupprimerAnonyme 08:12, un peu d'humour ne nous fera pas de mal, nous discutons ici sans embêter personne. La poésie devait être faite par tous, non par un, paraît-il...
RépondreSupprimerMarcu Biancarelli et ses traducteurs sentiraient-ils le formol ou la résine de conifères*? Si oui, je salue tous ceux qui se démènent afin de saisir leur démarche et la pertinence de leur choix en matière de lexique. Si non, pourquoi ne pas se fier à ce même choix en se disant, le plus simplement du monde, que l'auteur et ses collabateurs sont encore les mieux placés pour savoir ce qu'ils ont voulu exprimer et ce qu'il y avait à dire. Comment peut-on penser que le titre, de part son rôle évocateur et de "synthèse", n'a pas été mûrement réfléchi? Pourquoi ces propositions? Y aurait-il un concours et un truc super sympa à gagner? dans ce cas-là youpi je me lance...
RépondreSupprimerSi l'auteur provoque la discussion, recherche les réactions de ses lecteurs pourquoi pas. Cela s'inscrit dans une démarche particulière de création et de communication. Si non, ne serait-il pas plus judicieux que chacun reste à sa place: que le lecteur reste un lecteur qui en tant que tel évoque ses perceptions, ses émotions. Quant à l'auteur il reste le maître de ses mots. "La poésie devrait être faite par tous" comme disait l'autre, mais la création restera toujours l'acte personnel d'un seul homme.
Ah ces pratiques douteuses avec les mouches... elles se répandent bien plus qu'on ne saurait le dire... :)
* très répandue lors des momifications de l'Egypte antique...
Petra Alta,
RépondreSupprimervotre message est contradictoire : vous engagez les lecteurs à rester à leur place et à évoquer leurs "perceptions et émotions". C'est ce qu'ils font ici... Comment imaginer que quelqu'un ait réclamé ici de voir le résultat de ces réflexions devenir réalité (en modifiant le titre français de "Murtoriu" ?)...
Vous êtes prompte à brocarder une pratique somme toute inoffenseive, et qu'on peut même trouver intéressante.
Quant à votre point de vue sur la création (qui "restera toujours l'acte personnel d'un seul homme"), elle est discutable : "Qui parle quand je parle ?" (comme disait le duc dans Lorenzaccio).
Personnellement je me fie au choix des auteurs, traducteurs et éditeurs qui produisent les livres et leurs titres ; cela ne m'empêche pas d'aimer discuter leurs choix...
Monsieur Renucci,
RépondreSupprimerMon message est inutile et mal tourné mais contradictoire je ne crois pas. Le lecteur lit, l'auteur écrit (j'aime énoncer des concepts novateurs de ce type...). Le lecteur se nourrit d'une oeuvre dont il tire émotions et apprentissages. Qu'il en vienne à partager son point de vue sur ce que le récit a éveillé en lui, c'est tout à fait justifiable voire louable. Mais qu'il porte atteinte à l'intégrité des mouches en empiétant sur le domaine de l'écrivain est-ce bien utile? Bon nombre de lecteurs ont dans l'idée qu'ils ont leur mot à dire sur la création car ils font vivre l'oeuvre. J'ai dans l'idée qu'on est bien peu de chose face au talent et à l'écriture et qu'avant de dire "il vaudrait mieux que", "c'est mieux si" il faudrait justement voir ce que l'on n'a pas fait soi-même, ce que l'on n'a pas été capable de produire. La discussion sur un sujet dense est un acte tout à fait agréable et profitable. Qu'en est-il du fait de chicaner sur un titre? Que restera-t-il de salive quand il faudra évoquer l'oeuvre entière? Pour citer un grand auteur contemporain: "et foutre la paix à MB c'est envisagé?" :) (oui, j'aime les émoticones, je trouve qu'elles égaient follement les conversations).
Tout ceci pour vous dire que mon message n'avait aucune connotation "littéraire". Il était juste le fruit de mon engagement auprès de certains diptères dont je défends la cause avec passion. :)
NB: votre "qui parle quand je parle" est tout aussi discutable que mon affirmation.^^
Petra Alta,
RépondreSupprimeroui tout est discutable, c'est ce que je voulais dire.
Maintenant, si vous trouvez que c'est couper inutilement les cheveux en quatre (pensons à la défense de nos amis les cheveux), vous n'êtes pas obligée de vous prêter à ce qui ne s'est jamais présenté que comme une proposition de réflexion, un jeu, un sujet de conversation.
Face à un livre, le lecteur réagit, et parmi ses réactions il peut ou non trouver le titre réussi, et en imaginer d'autres (particulièrement lorsqu'il s'agit d'une traduction) ; il n'y a rien de criminel ni d'inintéressant en soi à faire cela.
Je trouve bien plus intéressantes les réflexions sur la difficulté des traductions (Olivier Jehasse, traducteur de Marcu Biancarelli si je ne m'abuse en témoigne), sur les propositions (même sous forme de plaisanterie) de nouveaux titres. Il ne s'agit pas d'un putsch de lecteurs qui se compliquent inutilement la vie.
Vous prenez les choses, en l'occurrence, trop au sérieux.
Pour revenir au sujet, je me demande dans quelle mesure il est possible de combiner un titre dans la langue originale et un sous-titre dans la langue de traduction ; est-ce que quelqu'un connaît des cas de ce genre ?
Je ne m'y prête pas (j'ai déjà bien trop commenté ce sujet à mon goût et au vôtre sans doute)et vous laisse donc le soin d'exprimer vos talents de coiffeur avec qui vous le souhaitez. Pour ce qui est de ma façon de prendre les choses au sérieux, j'avoue que vous m'avez fait largement sourire. En cette époque de crise économique c'est un plaisir gratuit dont je ne me suis pas privée :)
RépondreSupprimerQuelques pistes de réflexion si vous êtes un jour à court de têtes chevelues: que représente le statut de lecteur? Commenter veut-il dire caresser dans le sens du poil? Blogs littéraires: pistes de réflexions ou supports de l'autopromotion? Pizza reine ou quatre fromages?
Oups...je sens que je vais encore vous "fâcher"^^
Me fâcher, comme vous y allez ; rien que le fait de savoir que tout cela vous amuse me comble d'aise, bien sûr.
RépondreSupprimerDonc, je ne suis pas d'accord avec vous, et le problème c'est que vous ne développez pas votre point de vue ; accumuler les jugements rapides sans vouloir les expliciter et préciser de quoi vous parlez vous fait tomber dans un travers que vous dénonciez il y a peu.
Je reprends donc le fil de cette discussion : connaissez-vous des cas où la traduction d'un titre de livre ait donné lieu à se reprise dans la langue originale agrémentée d'un sous-titre dans la langue de traduction ?
bon j'en balance une. Juste une. Pourquoi le traduire? (le titre hein.)
RépondreSupprimerParce que l'on traduit le texte on traduit le titre?
MB fait ce choix. Je n'ai strictement rien à dire en fait. Mais je ne peux pas m'en empêcher.Pardon. Murtoriu, je suis sûre que les non corsophones le comprennent intuitivement. savez-vous pourquoi je l'affirme? Parce que justement (et j'en ai déjà discuté) je ne suis PAS corsophone ( ou si peu) . et ce titre bah, il sonne avec justesse. (c'est le cas de le dire)
Décidément, je ne suis pas un homme de principes. Je réponds donc à MP : il se trouve, pour notre malheur, que la désinence de la plupart des noms masculins corses est en "u" et que, comme chacun sait, cette fatale voyelle ne se prononce pas "ou" en français. Je vous demande donc de faire très sérieusement cette expérience : prononcez "Murtoriu" avec la phonétique française, allez-y. Encore une fois, à voix haute. Ça y est ? Vous avez la réponse : c'est une abomination phonétique sans nom.
RépondreSupprimerChacun à sa place ! Mais qui songe à usurper la place de quiconque ? Qui n'a pas le plus profond respect pour le travail de l'écrivain et celui du traducteur ? Ces derniers auraient-ils des "territoires" à délimiter comme de vulgaires chiens levant la patte ? Toute incursion hors des limites assignées serait-elle une déclaration de guerre ?
RépondreSupprimerLa traduction n'est pas une science exacte mais un art difficile. Serait-il sacrilège pour un lecteur lisant un livre dans les deux langues d'avoir un ressenti, une opinion , sur les choix retenus à la traduction ?
Confronter ce qu'évoquent un simple titre et ses diverses traductions possibles dans les imaginaires des lecteurs me semble un exercice riche et des plus pacifique .
François, ton blog n'avait pourtant pas une vocation guerrière mais je crois que son déminage est devenu impossible.
Lis et tais-toi et le monde continuera de tourner !
Mais non, Emmanuelle, continuons à discuter. Tout cela est très bien. C'est là notre monde, comme disait l'autre.
RépondreSupprimerPour répondre à Jérôme sur le fait de ne pas pouvoir prononcer le titre "Murtoriu" : c'est vrai qu'un gosier uniquement francophone risque de ne pas y prendre beaucoup de plaisir, ni d'avoir beaucoup de succès auprès d'une personne à séduire...
Je propose donc, en toute amitié et sans vouloir laisser penser que je voudrais imposer cette proposition amicale, un néologisme très beau : "Mourtoir"... Qu'en pensez-vous ?
Ah Monsieur Ferrari, vous avez raison. je savais que j'écrivais une bêtise mais j'ai eu envie de l'écrire quand même. Ce U, absent des autres langues latines, provoque une belle dissonance. ( on n'a qu'à l'écrire "mourtoriou", non? Je plaisante.) Cependant certains titres de film en Anglo-saxon sont restés tel quel. (Shinning...Star Wars..Qui penserait traduire star wars par guerre des étoiles hein? Ah si. Ils l'ont fait.)
RépondreSupprimerVotre proposition Monsieur Renucci me fait penser à heurtoir...
MP, ma proposition ("Mourtoir") n'a pour but que de faire rire un peu...
RépondreSupprimerOui, le roman de Stephen King, "The Shining" s'est vu traduit en France par "Shining" avec un sous-titre moins clair qu'il n'y paraît, "L'enfant lumière".
Entre parenthèse,Monsieur Ferrari, vous trouvez que chiningue c'est joli?
RépondreSupprimerChère MP, je crains que les bases de la phonétique anglaise soient plus connues parmi les locuteurs français que celles de la phonétique corse. C'est regrettable.
RépondreSupprimerEt, si vous me le permettez, vous êtes d'une mauvaise foi stupéfiante !
Quant à François, sa proposition grotesque le déshonore à jamais.
ben non. Moi je lis chiningue. Qu'y puis-je?(je suis encore moins douée en Anglais qu'en Corse)
RépondreSupprimerJérôme,
RépondreSupprimeril n'est pas dit que le corse ne se répande pas dans le monde et n'en vienne à supplanter l'anglais comme langue du commerce, de la science et du cinéma... et alors là l'édition française de "Murtoriu" (en attendant l'anglaise et la chinoise) aura été pionnière.
Non, "Mourtoir" est finalement un sublime néologisme. Et je décrète unilatéralement que telle sera la traduction de ce roman, car en tant que lecteur incompétent et prétentieux j'ai tous les droits !! (Attention, ceci est une plaisanterie, ne répondez pas sérieusement, veuillez parler "sérieusement-sans-vous-prendre au sérieux" du vrai sujet MEGA GENIAL SUPER COOL que j'ai bien voulu relayer sur le meilleur blog littéraire de tout l'univers !!)
Bon, alors, résumons-nous (même si on ne nous a rien demandé, pardon d'avance aux auteur, traducteurs, éditeur) pour être compris du monde entier,donc, seul un titre en anglais conviendrait
RépondreSupprimer"Corsican Blues"
mais il y a déjà un titre approchant (Isula Blues)
Reste le latin, toujours universel, et personne n'ose dire qu'il ne comprend pas.
Quel dommage que "Vae victis" soit déjà utilisé pour un autre livre de MB ...Je trouve que ça allait aussi.
EH, c'était seulement pour participer à ce sympathique tumulte inutile. Tout le monde a le droit de s'amuser, après tout.
Emmanuelle, ce n'est pas la guerre de ne pas être d'accord. C'est seulement ne pas être d'accord. Chacun doit pouvoir s'exprimer pleinement. Même pour dire des bêtises (je parle pour moi, là, je préviens).
Ceci dit, FXR, mourtoir , non mais, pourquoi pas "Foutoir" (quoique...)
Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais j'ai envie de m'aventurer moi aussi dans ce "champ de mines". Ce débat autour du titre en français de "Murtoriu", ne me semble en rien "inoffensif" François, je m'explique. Je partage tout à fait le point de vue de Petra Alta quant à l'acte de création. L'auteur propose et assume, seul. Une fois l'œuvre rendue publique, les lecteurs, chroniqueurs, blogueurs, critiqueurs et autres encenseurs peuvent s'en donner à cœur joie. Mais avant, cela me semble tout à fait inopportun. Car enfin, que savons-nous de l'état de la réflexion de Marco à ce sujet ? Le fait que nous ayons le privilège de savoir qu'il existe une traduction de "Murtoriu", celui d'en avoir lu des extraits, ne nous donne en rien le droit de commenter quelque chose qui, encore une fois, n'est pas public. En faisant des propositions, des plus farfelues aux plus évidentes, à quelqu'un qui n''a rien demandé, nous parasitons un éventuel changement de cap, nous risquons de lui couper l'herbe sous le pied... Je n'en ai pas discuté avec Marco et ne sais pas ce qu'il en pense mais, je crois que moi ça me dérangerait. En attendant, oui, chacun à sa place ! (Comme disait quelqu'un : "ce n'est que mon avis, mais c'est mon avis et je le partage").
RépondreSupprimerJYA
JYA, pour le coup je trouve cette critique tout à fait pertinente. Il se trouve qu'Emmanuelle Caminade m'avait indiqué dans son message qu'elle avait découvert le titre prévu par les traducteurs/auteur sur le blog de Marcu Biancarelli. Je pensais que c'était public. J'aurais du vérifier par moi-meme et je vais demander à Emmanuelle la référence précise.
RépondreSupprimerMaintenant, deux précédents billets ont accueilli des morceaux de la traduction en français de "Murtoriu" : en octobre 2009 (http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com/2009/10/un-recit-de-lecture-jerome-ferrari-et.html) et en janvier 2010 (http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com/2009/10/un-recit-de-lecture-jerome-ferrari-et.html). C'était évidemment avec l'accord des traducteurs/auteur. Et cela a donné lieu à des discussions sur diverses possibilités de traduction. Sans visiblement ennuyer qui que ce soit. Mais bon, dans le doute, il vaut peut-etre mieux stopper cette discussion ? Je trouve aussi que le critère important est celui de l'espace public, ce qui est rendu public peut etre commenté librement (le reste, non, à moins de faire un travail de journaliste d'investigation qui cherche à rendre public des affaires volontairement cachées ; mais cela ne concerne pas la littérature).
ah,JYA, voilà que tu deviens très sérieux, toi aussi.
RépondreSupprimerIl ne faut jamais sous-estimer la tyrannie des fans, c'est la rançon de la gloire, mais ce sont des fans : n'est-ce pas cela le plus important?
En tant que co-traducteur ayant travaillé sur cet ouvrage je souhaiterais - après vous avoir tous salué bien sûr - préciser une chose : à titre personnel, je dis bien "à titre personnel", il me semble que commenter le titre d'un livre qui n'est pas encore édité est positivement symptomatique d'une appropriation de l'oeuvre en question.
RépondreSupprimerJe renvoie aux expériences de lectures de chacun ici quant à ce que signifie "s'approprier un texte". Un bouquin est un bouquin de merde lorsqu'on ne se l'approprie pas. Si vous voulez des développements allez lire Heidegger !
Bref loin de moi l'idée de voir dans ces propositions la volonté malveillante de s'immiscer dans un processus qui ne regarde - pour l'instant ! - que Biancarelli, mes complices, moi-même et les éditeurs.
Vous avez la dalle mes agneaux patientez encore un petit peu !
JF Rosecchi
De la part d'Emmanuelle Caminade (merci à elle), ce message :
RépondreSupprimer1) Cette traduction a été doublement annoncée au public et d'abord par l'auteur lui même dans son autoprésentation sur son blog No Country, ainsi que dans la programmation culturelle de la ville d'Ajaccio (Mardi Cabaret avec Pierre Gambini, Marcu Biancarelli, Christian Ruspini , le 10/04/2012 pour ceux qui ne seraient pas au courant ! )
http://marcubiancarelli.blogspot.com/2010/10/propos-de-lauteur.html
http://www.aghja.com/dates/upcoming/feuille_artiste.php?m_id=42
2) Il ne s'agit pas de critiquer le choix du titre Murtoriu par son auteur , mais d'avoir un avis sur la traduction de ce titre , ce qui est totalement différent.
3) Il ne s'agit que de la traduction du titre , je n'ai pas une connaissance suffisante de la langue corse pour m'aventurer à critiquer la traduction d'un roman . Mais je peux m'étonner de l'écart entre les 2 titres en tant que « résumé le plus concis d'une oeuvre » ou « tonalité essentielle de l'oeuvre ».
J'aurais du préciser que par public, j'entendais : publié...
RépondreSupprimerPardon, j'ai oublié de signer.
RépondreSupprimerJYA.
"JYA" tu appelles cela signer? -))
RépondreSupprimerJYA,
RépondreSupprimerla limite est ténue entre publié (version papier) et rendu public (sur internet) ; d'autant plus qu'il s'agit du blog de l'auteur, des mots de l'auteur. Donc, pourquoi se priver de réagir et de donner son sentiment (non tyrannique, non agressif, comme c'était le cas me semble-t-il) ? La question est toujours la même : construire ensemble un espace public où les désaccords puissent s'exprimer et les discussion s'approfondir, sans tomber dans les invectives et les accusations. Je ne suis pas loin de penser que nous sommes au bord de parvenir à commencer à construire un tel espace... !
Merci à tous !
"Il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre" dit le proverbe... Ne vous privez de rien et surtout pas de dénoncer invectives et accusations...
RépondreSupprimerJYA
PS : pour Francesca, JYA ce sont mes initiales (Jacques Yves Albertini.) C'était juste une nouvelle pierre pour construire l'espace sus nommé...Dans la clarté et le refus de l'anonymat.
JYA, ne prenez pas mal mon dernier commentaire. Je conçois qu'on puisse faire une différence entre ce qui est écrit sur Internet et une publication papier. Bien sûr le titre prévu ("Ballade des innocents") peut changer, et les auteur/traducteurs/éditeurs feront bien comme ils voudront. Maintenant, un titre sur un livre papier peut aussi changer lors d'une édition ultérieure.
RépondreSupprimerJe ne vois pas où je fais preuve de surdité dans cette discussion.
Et il ne me semble pas que les participants à cette discussion se permettent tout et n'importe quoi. Je répète que l'objet de cette discussion était la réaction (inoffensive) de lecteurs à la nouvelle du choix d'un titre rendu public par un auteur par lui-même sur son propre blog. C'est tout.
Ce n'est tout de même pas une intrusion déstabilisante et encore moins une prise de pouvoir des lecteurs (du genre du courrier reçu par Conan Doyle pour réclamer la résurrection de Sherlock Holmes ; anecdote dont nous avons une variation dans le "Misery" de Stephen King).
Mais si cela a vraiment posé problème aux principaux concernés, je veux bien interrompre cette discussion. (En attendant la publication papier de "Ballade des innocents" !)