samedi 17 mars 2012

"Eloge de la littérature corse", lu par Annie Drimaracci

Merci donc infiniment à Annie Drimaracci (dont il fut question ici et ici sur ce blog) pour cette lecture, si précise et personnelle du livre de ce blog, "Eloge de la littérature corse". A discuter, bien sûr.

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J'ai enfin lu votre Eloge de la Littérature Corse, pardonnez-moi d'avoir mis si longtemps à vous faire signe ; je vous avais promis que je vous donnerais mon avis avec la même sincérité que vous m'aviez donné le vôtre, donc le voici à bâtons rompus.

- "E-Li-Co"...ou Eloge de la Littérature Corse...chemin faisant dans ma lecture, j'ai rencontré tellement de pistes à suivre, de références de livres et de réflexions autour de ces livres, que le mot "Oulipo" m'est venu...Oui, ce blog, lu de façon linéaire, m'ouvre tellement de possibles, fait naître tellement d'envies de lectures, que je me suis dit qu'il était pour moi, en tant que lectrice, un véritable "ouvroir de littérature potentielle", d'où par glissement, l'envolée de "l'E-Li-Co" !

- Ce blog devenu livre m'a tout de même fait sonder la profondeur de mon ignorance - je l'avais déjà évoquée devant vous- en matière de littérature corse. Mais une fois la honte de cette méconnaissance surmontée, j'ai éprouvé une vraie joie à l'idée de tout ce que j'avais à découvrir. Cette perspective est très stimulante et réconfortante. C'est Sénèque je crois qui disait que toute chose a deux poignées, aussi faut-il savoir saisir la bonne. J'ai lu récemment La Lettre Ecarlate... Rien à voir bien sûr avec la littérature Corse, mais après m'être demandé comment j'avais pu si longtemps passer à côté de ce texte, je me suis réjouie de cette rencontre tardive.

- En lisant rétrospectivement le livre-blog, je trouve que l'on a aussi l'impression d'arriver après la bataille, on ne peut s'empêcher de regretter de ne pas avoir suivi vos traces de lecture au moment où vous les donniez, on suit avec intérêt les échanges qui ont eu lieu, mais un peu hors-champ, et l'on se dit qu'à tel ou tel moment, on aurait bien aimé ajouter un peu son grain de sel ! Autre sentiment pour moi, la "pinzuta" d'être toujours "à côté", incapable que je suis d'écrire, parler, comprendre la langue corse. Mais -saisissons la bonne poignée ! - j'ai lu de nombreux échanges et commentaires en Corse, et j'ai adoré cette langue écrite, je l'ai apprivoisée, et curieusement mieux comprise que lorsque je l'entends parler. Premiers pas donc, peut-être, vers une exploration plus approfondie et une vraie rencontre. Un jour je l'espère, je prendrai, j'aurai le temps de cet apprentissage.

- J'ai aimé les échanges avec Marcu Biancarelli, à côté de qui je m'étais trouvée l'été dernier lors d'une journée du livre corse à Lévie. Et j'ai trouvé beaucoup d'humanité et de simplicité dans ce qu'il écrit dans le blog.

- La postface de M-J Vinciguerra est superbe. Quel homme brillant et érudit !

- J'ai aimé la liberté de ton et la qualité de votre réflexion. On entre de plain pied dans une pensée profondément littéraire mais limpide, accessible, sans aucune ostentation, sans le moindre "intellectualisme", votre approche est fraîche, vivifiante, accueillante. Je me suis dit que vous apportiez quelque chose de vraiment particulier. Ne seriez-vous à la littérature corse et au blog littéraire ce que Philippe Lejeune est à l'autobiographie ? J'ai perçu des points communs dans le ton, la bienveillance, l'ouverture d'esprit, l'écriture.

- J'ai été particulièrement intéressée par le questionnement qui revient souvent autour de la définition de la littérature corse. Vous aviez d'ailleurs abordé cette question en janvier à Aix. J'apprécie beaucoup votre vision très humaniste et généreuse de ce qu'est cette littérature. Le contraire du repli sur soi, et dans le même temps, une compréhension et un respect profonds à la fois pour sa singularité et sa diversité.

- J'avais je crois d'autres choses à dire mais elles m'ont pour le moment échappé ! A suivre, donc !

Merci pour ce beau voyage et pour les désirs qu'il me donne d'aller plus loin.

Ah oui, l'autre chose que je voulais dire m'est revenue à l'instant...
Cette façon que vous avez d'interroger en profondeur, de creuser cette question de ce qu'est la littérature corse, fait écho à une question qui est au centre de mes préoccupations et interrogations du moment : quels sont, de façon plus générale, les rapports entre l'écriture et la notion d'insularité ? Je veux dire -pardonnez-moi si ce n'est pas très clairement exprimé- toute démarche d'écriture n'est-elle pas insulaire, l'île étant alors la métaphore même de l'écriture ? D'autres bien plus virtuoses que moi ont déjà dû plancher sur le sujet, mais j'avoue que je tourne d'autant plus autour de cette question que j'écris beaucoup plus facilement lorsque je suis en Corse que sur le continent et que ce constat a fait surgir un certain nombre de réflexions à ce sujet...Ce qui ferait ainsi la singularité et l'intensité, ou la densité de la littérature corse en ce qu'elle serait insulaire à double titre, par sa nature même de littérature, et par son identité corse...Qu'en pensez-vous ?

2 commentaires:

  1. Annie Drimaracci pose son bref éloge de l'éloge sur une référence à l'oulipisme. Impossible (pour moi) de ne pas faire immédiatement un lien avec « manifeste pour un oulipisme local de comblement » et sa « Folia di l'elogiu » qui l’illustre. Qu’en pense-t-on, dans la blogosphère, vu d'ELICO ?
    XC / Isularama

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  2. J'en dis que les deux démarches sont à la fois différentes, opposées et convergentes. Sur ce ce blog, nous cherchons à mettre en évidence la littérature corse "à venir", et "l'oulipisme de comblement" invente avec bonheur la littérature corse "à passer". Dans tous les cas nous fantasmons - histoire de respirer un peu - la littérature corse au présent, vivante.

    Le lien : http://isularama.canalblog.com/archives/2012/01/22/23302937.html

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