Il est apparu que le billet "Cinémas corses : en discussion ?" pouvait porter tort en ce moment aux différentes personnes et institutions mentionnées.
Puisque l'objet de ce blog est d'engager à des discussions qui fassent plus de bien que de mal, il me semble plus judicieux de retirer momentanément ce billet. Cette discussion - que j'ai trouvée par ailleurs intéressante, avec un vrai échange d'informations et d'arguments - reprendra plus tard.
Ah qu'il est difficile de participer à la constitution d'espaces publics où chacun puisse discuter sincèrement, courtoisement !
Pour les prochaines discussions, je demande aux participants dont les oeuvres ou propos sont critiqués ou bien qui prononcent ces critiques de le faire sans excès.
Je reprends ici les mots de Virginia Woolf, déjà cités (et je place en gras ou en rouge les paroles qui me semblent pouvoir servir de principes) :
Nous aurons beau insister sur l'importance d'une neutralité bienveillante ; nous aurons beau nous efforcer de mettre de côté notre identité pendant notre lecture ; nous savons cependant que nous ne pouvons pas nous confondre pleinement avec l'auteur, ni nous absorber pleinement dans ce que nous lisons ; il y a toujours un démon en nous pour chuchoter : "J'aime, je déteste", et nous ne pouvons pas le réduire au silence. C'est même précisément parce que nous avons cette tendance à aimer et à détester que notre relation avec les poètes et les romanciers est si intime, au point de rendre intolérable la présence d'un tiers. Et même si les conséquences sont préjudiciables et que nos jugements sont faux, il reste que notre goût, le nerf sensitif qui nous envoie les chocs, est ce qui nous éclaire le plus ; nous apprenons en ressentant ; nous ne pouvons pas supprimer nos particularités sans déboucher sur un appauvrissement. Mais avec le temps, peut-être pouvons-nous façonner notre goût ; peut-être pouvons-nous le soumettre à une forme de contrôle.
et aussi :
Nous devons rester de simples lecteurs ; nous ne nous donnerons pas cette gloire supplémentaire propre à ces êtres rares qui sont aussi critiques. Mais il reste qu'en tant que lecteurs, nous avons nos responsabilités, et même notre importance. Les normes que nous érigeons et les jugements que nous formons partent dans les airs et se diffusent dans l'atmosphère que respirent les écrivains quand ils travaillent. Une influence se crée qui s'exerce sur eux, même si aucun texte imprimé n'en rend compte. Et cette influence, si elle est avisée, énergique, personnelle et sincère, peut prendre beaucoup de valeur à une époque où la critique ne peut plus s'exercer normalement, où les livres sont passés en revue comme un cortège d'animaux dans un stand de tir, où le critique n'a qu'une seconde pour charger son arme, viser et tirer, et où l'on peut bien l'excuser s'il prend des lapins pour des tigres, des aigles pour des volailles de basse-cour, ou s'il manque complètement sa cible et laisse son coup se perdre sur une vache qui broutait paisiblement dans un champ voisin. Si, derrière la fusillade fantasque de la presse, l'auteur sentait qu'il existe une autre sorte de critique, l'opinion de gens qui lisent par amour de la lecture, lentement et pour le plaisir, et font preuve dans leur jugement d'une grande compréhension mais aussi d'une grande sévérité, cela ne pourrait-il pas améliorer la qualité de son travail ? Et si grâce à nous les livres pouvaient devenir plus forts, plus riches et plus variés, cela vaudrait le coup d'atteindre pareil but.
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