lundi 14 mars 2011

Paulu Miniconi canta "Furtuna fù falsa"


Tranche de vie d'un lecteur/auditeur/spectateur d'oeuvres corses au XXIème siècle...

(C'est bien de cela qu'il s'agit sur ce blog depuis le début... Tiens, c'est la fin de la grève ? Je vous entends déjà : il dit n'importe quoi, il nous ennuie avec ses humeurs, ses emportements et ses revirements ! Mais vous n'avez encore rien vu ! Si vous saviez !! Oui, il fallait s'y attendre, de nouvelles prises de parole de ma part viendront, à leur rythme, comme cela viendra, sans réflexion poussée, sans légitimité aucune, hirsutes, idiotes, bienveillantes et radicales ; ce blog continuera d'accueillir avec un immense plaisir et beaucoup de gratitude vos prises de parole, dans leur plus grande diversité, à propos de toutes les oeuvres artistiques corses dont vous voudrez parler... le seul critère étant d'accepter d'être discuté : les dernières semaines et les dernières discussions que j'ai eues ont fini de me convaincre que la vie littéraire et artistique corse mourra de ne pas être discutée, réellement discutée ; pardonnez ce ton apocalyptique mais il faut bien accepter les conséquences des tremblements mouillés des atomes nippons... ; ah, et puis, vous avez raison, je confonds ma propre finitude avec celle de l'objet qui nous intéresse ici (car moi aussi, en vérité, je mourrai un jour, si si, et je vous quitterai, mais ne soyez pas triste, car vous accéderez, si vous croyez, à la droite de la Littérature corse) ! Allora, strada dritta è core in fronte !

Où en étais-je ?

Bastia, Librairie Le Point de Rencontre, fin de soirée après le débat (sur "la critique") et les petits fours, je récupère, laissé là pour moi (merci infiniment), le disque de Paul Miniconi, "Elisiri di vita" (ce disque est introuvable : oh l'inaccessibilité des oeuvres corses !).

Lucciana, le lendemain. J'écoute le disque. Les trente premières secondes de chaque morceau. Pas la patience (pas tout de suite) de laisser défiler le disque en entier (plus tard oui). Dix chansons : "Lamentu di l'essari soli", "Acquisognu", "Elisiri", "Sò mossu", "L'ultimu viaghju", "Futurna fù falsa", "Ossessioni", "U scambiu", "Rè di fiore", "O fratè".

Je me disais, feuilletant le livret : voyons, ils sont tous là, ceux des Cantelli - Petru Gambini, F. Antonpietri, P. Cesari - et aussi un texte de Marcu Biancarelli... ce sera une variation sur "Cunniscenza di u corpu umanu" (le deuxième album des Cantelli) ?

J'écoute, oui certaines chansons dans le style de l'ancien groupe. Ils font tous de la musique en solo maintenant (il faut que j'écoute les disques d'Antonpietri et de Cesari, enfin, il faut que je les cherche d'abord).

A la première écoute, je trouve la voix belle mais parfois mal assurée, cela me gêne. Le son n'est pas très chaud, très rond. Je fais effort. Et je m'arrête sur trois chansons (car les autres ne m'accrochent pas vraiment, à part peut-être "U rè di fiore"), mes préférées, celles que j'écoute en boucle : ""Sò mossu" (drôle et noire vision d'une vie vide, entre village désert et milieu culturel oppressant, emplie d'une violence vaine et autodestructrice), "L'ultimu viaghju" (le texte de M. Biancarelli qui fait parler un personnage en perdition de Dostoïevski, Stepan Trofimovitch, des fameux "Démons" - le grand livre russe de la littérature corse...) et surtout, surtout,

"Furtuna fù falsa"... (c'est fou les trois chansons sont les unes à côté des autres ; il faut que je vérifie si je n'aime pas systématiquement les chansons 4, 5 et 6 de tous les albums que je connais, moi...)

J'adore cette chanson triste. La voix, à la fin du deuxième vers me fait penser à celle de Dominique A. Bon évidemment il faudrait que vous l'écoutiez, cela ressemble à un lamentu contemporain, un lamentu froid, terriblement égoïste. J'adore l'arrêt de la voix et de la musique après les vers esseulés "Li to bracci ingiru à lu me coddu" et "Dicendu isiè ùn t'inchietà". J'aime énormément la guitare sèche, seule à accompagner la voix, et ses doux arpèges (encore que, à la réécoute - mais en ce moment je ne peux pas mettre la musique trop trop fort, bébé dort - il me semble qu'il doit y avoir une autre guitare, discrète, électrique avec un jeu de bottleneck, non ?). Et aussi la voix chevrotante, je l'aime (et pourtant je connais quelqu'un qui ne la supporte pas ! Mais bon, il faut dire aussi que j'aime beaucoup Véronique Sanson, on ne se refait pas). Et enfin le premier couplet m'a fait penser à une chanson de Philippe Léotard (je vous laisse trouver laquelle) qui dit :

"On pense à oublier sa veste
On oublie de penser au reste"

"Furtuna fù falsa", c'est une chanson d'amour raté, refusé, tranquillement refusé (la présence métaphorique du cheval vous parlera peut-être plus qu'à moi ; je me souviens pourtant de ce cheval sellé dans le jardin de l'avenue Jules Ferry, à Aix, et ma fille me disant : "Papa, viens voir, un zèbre !"... le jeune homme corse comme exemple de zèbre, un sacré zèbre, mais jusqu'à quand ? ; stérilité, stérilité... un thème important dans la création corse et dans la vie créative corse, aussi, non ? Enfin, sur tout ce que je viens de dire (je vous avais prévenu, c'est presque toujours n'importe quoi) vous avez peut-être un avis différent ?

Voici le texte (de Paul Miniconi, ainsi que la musique) (pendant ce temps-là, j'appuie à nouveau sur le bouton avec le triangle, et je tape sur "repeat") :

Ùn si sminteca
Ùn si sminteca mai nudda

Ùn si ramenta

Ùn si ramenta mai tuttu


Ne lu to visu

Chì l'aghju scuntratu un ghjornu

Chì era la to prumessa
A to prumessa incavalcata


Li to bracci ingiru à lu me coddu


Funi lampati

À l'usu di una pastoghja

Ai pruvatu

Di fammi sottumissioni


To pastoghja l'aghju sfatta

A pena ch'idda hè ghjunta l'alba

Senza avè nissun paura

Di fammi ripiglià


Dicendu isiè ùn t'inchietà


Aghju da vultà

Aghju da vultà

(Nous sommes loin du "Anu da vultà "des Muvrini, il faut bien un jour évoquer les sentiments humains quotidiens...)

(l'image)

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