mercredi 6 avril 2011

Emmanuelle Caminade nous parle du "Sentier lumineux" de Jean-Pierre Santini


Donc, un immense merci à elle pour l'envoi de cette lecture d'un des romans de Jean-Pierre Santini.

Signalons à cette occasion que "Le sentier lumineux" a aussi été chroniqué par :
- Okuba Kentaro
- Jean-Claude Loueilh
sur le site de Jean-Pierre Santini.

Voici les propos :

Le sentier lumineux (Albiana, juin 2008) est un roman très noir empli d'une dérision sans espoir.

Jean-Pierre Santini, le pourfendeur de masques, y écrit sous le pseudonyme d'Andria Costa - qui n'a pas dû dérouter grand monde - comme pour bien souligner le ridicule de la clandestinité en Corse. Et il choisit avec malice un titre mettant d'emblée en parallèle la logique du système amoureux exposée par Roland Barthes en exergue du livre et celle du militantisme politique. Un titre et une épigraphe qui résument bien l'idée centrale de ce roman, une idée intéressante - quoique pas vraiment neuve chez un l'auteur qui semble cette fois vouloir donner de manière plus ostensible la clé de son écriture.

Une écriture née d'une double faillite, mêlant l'histoire du peuple corse à l'histoire individuelle...

La première moitié du livre, très fonctionnelle, ne m'a pas vraiment accrochée. Dans un style assez impersonnel - alourdi par de nombreuses traductions de dialogues du corse au français – l'auteur relate les activités dérisoires ou grotesques et les comportements hypocrites et convenus des pantins qui peuplent le petit monde clandestin - politique et même amoureux - qu'il nous décrit. Un monde de « faux-semblants » qui s'agite encore mais semble déjà mort.


Sans doute est-ce pour cela que je m'y suis ennuyée, d'autant plus que Santini s'y répète beaucoup : la rengaine stéréotypée sur les couples commence à relever de la méthode Coué et on connaît déjà par coeur le couplet sur les nationalistes, quant aux personnages ce sont toujours les mêmes, avec les mêmes obsessions. On a l'impression de tourner en rond, ce qui est sans doute en partie voulu par l' auteur.


Et il faut dépasser largement la moitié du roman pour retrouver, avec la trace de la source, la belle écriture sensible et poétique de l'auteur et voir deux de ses personnages, deux facettes du même, prendre un peu d'épaisseur.


Pour Jean-Pierre Santini, les espérances révolutionnaires ou amoureuses semblent conduire inéluctablement à l'échec sans que l'on puisse pour autant sortir de la logique de ces deux systèmes politique ou amoureux. Car le sentier lumineux est le seul qui permet de rêver, de vivre.
Rêver pour ne pas mourir de froid, écrire une femme pour faire son deuil de l'amour, jusqu'à l'aube d'un nouveau monde qui ne peut être que retour à la source. Profession de foi plutôt déprimante d'un auteur qui semble s'acharner à s'enfermer dans son monde clos...

Venant d'achever mon sixième roman de cet auteur, ce qui m'autorise à émettre un jugement subjectif sur son oeuvre, je vous en livre - puisque la mode est aux listes - un classement « amoureux » qui ne prétend nullement faire autorité :
Loin devant : L'exil en soi, suivi d'Isula blues
Nimu
C'est toujours la même histoire, Le sentier lumineux
Corsica clandestina


(l'image)

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