mercredi 1 juin 2011

Lettera/Guerra/Festa...


Oghje si parla à spessu di guerra, o si scrive... Pensu à issu testu magnificu, "Guerra civili" di Marcu Biancarelli (in "Vae Victis", edizione Materia Scritta), o à issa misteriosa lettera chì (ci) dice u so desideriu di "guerra"... (videte quì u bigliettu scrittu nant'à u blog di A Piazzetta).

Ma si po ancu parlà è scrive di festa, a festa di a vita (è micca sola quella di e serate di statina).


Oghje ci manda MP SImonetti a versione francese di una famosa lettera, quella ch'à scritta (in talianu, sicuru) Pasquale Paoli à u so babbu. Era in 1754, mi pare. A ringraziu quì.


Bona lettura... mandate puru i vostri cumenti, e vostre rimarche...


Voici la lettre de Pasquale Paoli à son père, dont nous avions déjà discuté... Une petite idée (une idée d'enseignante, certainement...) : pourquoi ne pas s'amuser à écrire non pas la réponse de Giacinto Paoli mais la lettre qui la précède ? Voilà un petit exercice de style qui pourrait amuser nos blogueurs... Par ailleurs, j'en ai deux autres qui sont tout aussi passionnantes...

MP Simonetti.

D'après la lettre que je reçois de vous par ce courrier, je m'aperçois que vous êtes tout empli de terreurs paniques. Comme nous sommes dans des dispositions contraires ! Je regarde mon passage (en Corse) comme l'invitation à une fête, et vous le regardez comme un pas vers la mort et vers le malheur. Je vous ai écrit, dans mes lettres précédentes, que je prendrais des précautions telles qu'il en découlera avec certitude que vos rêves sont clairement enfantés par l'imagination alarmée d'un père, qui loin du danger, le considère imminent et proche, quand il ne devrait pas avoir même sujet de le craindre. Quelle différence faites-vous, que je sois ici (ile d'Elbe) ou à la maison? La distance est la même et, avec la même facilité, on peut aller et venir.
A la maison, je puis faire le bien aux autres et à moi même ; ici, je ne fais autre chose que le paresseux. Me parleriez-vous de songes et de craintes si je devais marcher avec mon régiment à l'ennemi ? Non certainement ; et pourtant, il y aurait un danger plus évident, moins de dignité, moins de gloire et moins de profit.

Elevez votre âme et reprenez l'ancienne fierté qui vous a fait plus d'honneur que la vie de langueur que vous menez aujourd'hui. Quel plaisir ressentiriez-vous dans les derniers jours de votre vie, en me voyant au chevet de votre lit, si vous ne pouviez imaginer quoi que ce soit qui vous fît honneur ? N'éprouveriez-vous pas un remords, en considérant la gloire que s'est acquise mon frère, et en pensant que j'aurais pu en acquérir une identique moi même, si je n'étais pas resté comme un poltron sur votre conseil ? Oh ! Ecartez ces mouvements que la nature fait naître en vous, et écoutez plutôt la voix de la raison.

Si on m'accordait un régiment en Espagne, vous me conseillerez immédiatement de partir sur-le-champ ; et pourtant à la tête d'un régiment, que pourrais-je faire qui pût me faire survivre à la tombe ?

Pour des avancements qui m'offriraient l'occasion de vivre dans les plaisirs et le luxe, vous consentiriez que je m'éloigne de vous, et pour secourir notre patrie, pour gagner de l'honneur, et me placer dans une situation où l'on peut se signaler par la vertu, le courage, la constance et la tempérance, vous me défendriez, au nom de l'autorité paternelle de partir. Je ne vous connais plus. L'air de Naples est trop pestilentiel, son poison est trop subtil, puisqu'il parvient à efféminer les caractères les mieux trempés. Dites-moi avec de pareilles dispositions, auriez-vous jamais pu prendre ces résolutions hardies que vous avez prises tant de fois en Corse ? Avec de pareilles craintes, auriez-vous fait obstacle, même du fond des prisons, aux cabales qui se créaient contre la patrie ; auriez-vous désarmé le parti ennemi à la Mazza, à Sant'Antonio, à Venzolasca, à Corte, en Balagne ? Non, certainement pas. Et comment pouvez-vous m'insinuer à moi ces craintes, en les accompagnant du conseil et de l'ordre d'un père ? Ressouvenez-vous de vous même et songez que le jour où vous avez quitté la Corse a été le dernier jour de votre gloire. La Providence l'a peut-être permis pour laisser la place à celle de Clemente qui, à force de rares vertus a vaincu tant d'obstacle.
Giacinto Paoli, avant de devenir Colonel, était maître des colonels ; et depuis qu'il est devenu colonel, il n'a pu faire de son fils un lieutenant. Allons, changez de pensée et souvenez-vous que je ne suis plus un enfant, que je suis en âge de penser à ce que je fais et que je ne vais pas en Corse pour chasser, pour me divertir. En partant je fais une croix sur tous les divertissements, mais j'espère aller dans un lieu où je pourrais donner la mesure de mes talents , et faire connaître si je suis capable de vertu.
Après avoir lu vos lettres édifiantes, lisez et faites-vous lire les histoires romaines; et contemplez à nouveau ces modèles auxquels vous cherchiez autrefois à vous conformez. Après cette lecture, vous me donnerez, j'en suis sûr, des conseils plus hardis. Et si vous ne voulez pas vous donner du courage en lisant l'histoire romaine, lisez celle des Macchabées, et n'oubliez pas le passage que vous aviez mis à la fin de votre manifeste :
Melius est mori, quam videre mala gentis nostrae.
Don Cesare a pacifié les grandes inimitiés qui divisaient le Delà des Monts. Si j'étais parti avec lui, l'honneur de cette opération m'aurait appartenu, sinon en entier, du moins en partie. Pardonnez-moi si, avec ma peine, je vous écris avec un peu trop d'humeur. Je vous joins une lettre de Clemente, qui m'est arrivée hier par Livourne. Ce matin, je lui envoie Savelli, et je lui joins votre lettre.

Monsieur, cessez de douter parce que si j'étais présent, je vous ferais connaître que je n'agis pas comme un enfant. Cela suffit. Si je me rends en Corse, vous auriez un si grand plaisir que cela vous fera vivre dix ans de plus.

Ne vous démunissez pas de votre argent parce que, dès que Savelli sera de retour, j'espère avoir une quarantaine de sequins, et ils me suffisent pour ce que j'ai à faire. Cessez de vous affliger, parce que je pense à tout.

Bénissez-moi.


Cette lettre se trouve notamment dans la monumentale édition en cours de la correspondance de Pasquale Paoli, par Antoine-Marie Graziani et Carlo Bitossi : voir ici.

(l'image)

2 commentaires:

  1. Chose promise chose due...Monsieur Renucci m'a aussi demandé la version italienne. Étant peu familiarisée avec cette langue,il me faudrait un temps infini pour en venir à bout. Mon oeil devant faire un va et vient incessant entre livre, clavier écran,livre clavier écran...Alors , pleine d'espoir, je me suis proposée pour la scanner...Mais peine perdue! Je suis aussi peu à l'aise en informatique, qu'en italien...Il va me falloir le concours de ma fille de 14 ans. Honte à moi. Sinon j'ai quelques autres lettres tout aussi passionnantes. une pour son ami de Naples, Ferdinando de Leon, dans laquelle il raconte un de ses premiers combats contre Matra, une autre encore à son père antérieure à celle-ci dans laquelle il refuse de manière catégorique la carrière d’ecclésiastique.

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  2. Je me rends compte que je n'ai pas expliqué pourquoi j'aime ces lettres...Tout d'abord parce qu'elles ont été écrites par Paoli. Et que cet homme est fascinant. Nous savons si peu de choses sur lui! Bien sûr, nous connaissons son action, ses combats, son acharnement à faire de la Corse une nation libre, cherchant à subvenir à ses besoins par elle même , dotée d'une constitution, d'une université, d'un monnaie, d'une marine... Mais que sait-on de lui? Si peu...
    Jamais je n'aurais imaginé que cette correspondance puisse me passionner autant. Mais à peine ai-je mis le nez dedans que j'ai été prise dans un tourbillon. L'histoire...Nous touchons l'histoire! Et nous découvrons à travers de minuscules détails (car il ne se livre pas facilement et c'est le moins que l'on puisse dire...)) les facettes de sa personnalité. Il peut être drôle, plein d'humour , adepte de l’auto dérision, et parfois acerbe avec ses correspondants. (voyez la phrase suivante:"Giacinto Paoli, avant de devenir Colonel, était maître des colonels ; et depuis qu'il est devenu colonel, il n'a pu faire de son fils un lieutenant." Je n'ose imaginer la tête de Giacinto en lisant ce passage...ou bien " ces conventions que voulait passer Zerbi étaient tellement stupides, qu'elles m'en faisaient ronger les viscères, quand je pensais que ma pauvre patrie mettait sa confiance dans de pareils ânes".A propos d'un projet farfelu de mettre la Corse sous la domination de l'île de Malte...) il peut montrer sa fragilité aussi, alors qu'on pourrait le croire indestructible..Non c'était un être humain. Il souffrait et rarement très rarement (trop rarement) il le montrait. Ses doutes ,ses angoisses , sa peur d'être seul et mal aimé sont des sentiments que l'on retrouve parfois au détour d'une phrase. "j'écris plein d'une angoisse dont je ne connais pas la cause.;" "je suis à bout de force" "à dire vrai le peuple m'aime"..."Aimez moi ami, puisque je le mérite", parfois on apprend qu'il vit dans des conditions drastiques, qu'il peut dormir sur une table, "je n'ai le temps ni pour dormir ni pour manger " Il souffrait aussi dans son corps, de vertiges, de maux de têtes, de problèmes oculaires.."je ne suis pas dans mon assiette" "dans ce moment mon indisposition me laisse quelques jours de trêve.." "ami je n'ai personne sur qui me reposer, je fais tout par moi même: avec cette indisposition je vois arriver ma fin..." Et ce ne sont que quelques exemples! Et quelle plume! Encore pris au hasard, une lettre à son ami Ferdinando de Leon, "ce peuple , au cours d'une assemblée générale, unie juridiquement, a décidé de m'obliger à abandonner mon service pour que je gouverne , et m'a concédé plus d'autorité que n'en aurait voulu avoir aucun roi de Corse parce que le décret n'a aucune limitation. Ami, je suis Polichinelle jouant le Prince..."toujours au même, dans une autre, "j'ai couru quelques périls, j'ai entendu comment sifflent les balles [...] et après avoir été cette idole de la nation, celui vers qui tous se tournaient , je me suis vu dans la plus horrible guerre civile que l'on puisse imaginer."
    Parfois des détails amusants sautent au yeux, pris dans le feu de ses pensées ses phrases ne connaissent plus de limites et deviennent d'une longueur peu ordinaire, parfois il saute du coq à l'âne, et il lui arrive de tutoyer et de vouvoyer son interlocuteur dans une même missive... Allons l'homme prend forme, il garde ses contours flous mais on sent enfin qu'il a vraiment vécu, qu'il ne s'agit pas juste d'une statue de marbre trônant sur quelque place de village, suscitant un vague intérêt des touristes et une ombre bienfaisante pour un chat qui aspire au repos...

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