J'ai eu bien du mal avant de pouvoir rentrer dans ce livre. Un roman, le deuxième, de Jean-Baptiste Predali (journaliste politique et écrivain ; pour une évocation sur ce blog de son premier roman, "Une affaire insulaire", voir ici).
Ce roman a donc été publié chez Actes Sud, en 2007. Et je viens de le lire (octobre 2011, depuis combien de temps dormait-il ainsi dans la bibliothèque de l'amicale corse d'Aix !...).
Pourquoi ai-je eu du mal à m'y plonger ? Peut-être à cause de l'image de couverture, peu avenante je trouve (l'intérieur d'une pièce abandonnée, un bouquet de vieilles plantes renversé au sol, à peine éclairées par la lumière du soleil filtrant d'une fenêtre visiblement condamnée). Peut-être à cause du titre : "Autrefois Diana". Ce vieux mot, "autrefois", ne m'attirait pas du tout, comme s'il devait me conduire dans un vieux bloc de passé mort, qui ne m'intéresse pas a priori : l'occupation de la Corse par l'armée italienne pendant la seconde Guerre Mondiale. Mais pourquoi cela ne m'intéresse-t-il pas a priori ? (A cause du blackout dans la transmission collective ? à cause de hontes qui sont attachées à cette époque ? à cause de violences ignobles et impardonnables ?)
Et puis peut-être à cause du style de Jean-Baptiste Predali. Les phrases se diluent en listes de groupes nominaux, égarant l'attention du lecteur, le perdant dans un chaos d'éléments en suspension, impossibles à relier entre eux. Plus ils s'accumulent (ces groupes nominaux), plus la recherche d'une expression précise se fait jour et plus l'histoire, l'intrigue, le temps, piétinent. Le sentiment d'immobilité. La paralysie. Les mots, les on-dit, des échos, évanescents.
Bon, j'ai fini par accepter ce style comme le moyen choisi explicitement par l'auteur pour donner un accès singulier à ce qu'il appelle plusieurs fois dans le roman le "ressouvenir". Non pas les faits passés, ni même le souvenir de ces faits et encore moins les articles de presse et autres documents gardant une trace de ces mêmes faits, non, mais le "ressouvenir", c'est-à-dire le "souvenir de ce qu'on avait oublié". Et qu'on retrouve donc.
Car le roman est écrit à la première personne, c'est un jeune homme de 22 ans qui parle, étudiant en droit, il vit chez sa mère à Ajaccio (nommé Borgu-Serenu dans le roman), son père est mort. Le père conseiller municipal d'un de ses amis lui a confié un travail d'été apparemment sans grand intérêt : classe une bibliothèque conservée par la ville dans une cave sous le grand musée abritant les peintures primitives italiennes (on aura reconnu le musée Fesch, mais peu importe). Cette bibliothèque est celle des De Petri, et notamment de la soeur, Diana (le frère s'appelle Don Charles Ulysse, sénateur, figure typique du sgiò que l'on craint et sollicite en même temps). Or, ces De Petri ont tout perdu, fortune, considération, pouvoir, terres du fait de leur collaboration active avec les fascistes italiens en 1943. Et c'est ce "fait" - et bien d'autres (je vous laisse découvrir) - que le jeune étudiant va peu à peu découvrir, en prenant soin à la fois de donner le change auprès de toutes les personnes subitement très intéressées par son travail tout en développant une obstination sans pareille pour essayer de mieux comprendre qui étaient les protagonistes de cette époque et quelles étaient leurs motivations.
Mais, comme je l'ai dit au début de ce billet, toute la valeur (beaucoup de la valeur pour moi) de ce livre tient dans son style : la voix du narrateur va mêler, même visuellement (pas de marque spécifique pour le début et la fin des paroles rapportées directement) toutes ses sensations, pensées, paroles ainsi que les paroles des autres. Et cela très souvent grâce à des phrases dont les verbes seront les parties faibles, car il n'y a pas d'action dans le ressouvenir, mais des évocations impalpables, incertaines. Les verbes se dilueront dans du participe présent, de l'infinitif, les passés composés diront que tout aura déjà eu lieu, avant même que nous déchiffrions la phrase, ou ils disparaîtront totalement pour voir les groupes nominaux proliférer sans être articulés. Un exemple :
"La pièce, la pelade de ses murs, son odeur aigre de passé, déjà cette ombre de catacombe, la voûte du silence sur les livres en tas. A même le sol, un massacre de reliures, dos écorchés et cuirs en copeaux. Autour, débordant de cageots et de cartons, les couvertures aux coins brunis par l'humidité. Dans une valise, comme des furoncles ou des coquilles d'insectes, les noeuds de la ficelle qui retient des papiers en lambeaux, et moi, le premier jour, au centre de cette pièce, secouant les serrures et la poignée de la valise, étourdi, me demandant par où commencer puis, saisi d'une panique sans gloire, décidant de remonter les escaliers, d'implorer du secours, et encore me ravisant, me raccrochant à des bruits espacés au plafond - les visites aux tableaux, là-haut, les saluts du matin à des Vierges cinq fois centenaires, aux Cènes primitives et aux anges qui emplissent les salles, ces peintures en pagaille elles aussi mais que des touristes viennent révérer, alors que de la bibliothèque de Diana Petri, de ma chambre de découvertes et d'effarement, personne ne se soucie." (page 13)
Vous voyez ? J'aime beaucoup ce style, finalement. Le lecteur ne sait plus ce qui se passe, vraiment. L'action a disparu. Et même lorsqu'il y aura de l'action, celle-ci sera comme ouatée, comme si ce n'était pas elle qui faisait avancer le roman, mais bien la musique du style, ou bien encore l'esprit confus du jeune homme attirant à lui tous les papillons de nuit du ressouvenir. Ces papillons ont des noms, sont des personnages : Laurent Vero (tiens, pourquoi avoir pris le vrai nom d'un vrai poète ajaccien du XIXème siècle, un autre jeune écrivain de talent mort trop tôt ? - voir Charles-Timoléon Pasqualini à peu près à la même époque), l'artiste raté, poli par le regard de Diana, porteur de nombreux secrets (les procès expéditifs menés contre les résistants corses, certains sacrifiés par leur propre parti), Niculina Tata, Kossyguine... et surtout Donpiedroni, le notaire, toujours aux commandes.
Il me semble que l'histoire se déroule dans les années 1970. Cela a son importance, car il n'est jamais fait mention d'un quelconque mouvement nationaliste (sauf dans le dernier chapitre qui se déroule plus tard).
Je reviens à Donpiedroni car je voudrais citer la page qui le voit arriver dans la pièce où officie le jeune homme, ce sera un bon dernier exemple du style de Jean-Baptiste Predali, qui grâce à ce style évite tout à fait le bébête roman historique, ou de quête de secret, trop platement réaliste, lent, lourd, prévisible. L'annulation des actions et le travail du ressouvenir étaient nécessaires pour donner à la fois la sensation véritable d'événements passés et le sentiment de leur totale disparition, qu'on le veuille ou non (ce qui est terrible à écrire et plus encore à penser et sentir dans son coeur).
Voici le passage (observons aussi la volonté satirique, toujours présente chez Predali). Peut-être voudrez-vous donner votre propre avis sur ce livre ? Ou pointer une autre page ?
"A peine annoncé par le martèlement d'une canne à l'étage, par sa descente claudicante vers moi, un visiteur m'a surpris en début d'après-midi tandis qu'un livre à la main je titubais, hésitant devant la tâche, incapable d'imaginer un classement - le C de Charmes, pour le titre, le V de Valéry, selon l'auteur, ou le A de Alain, à cause du commentaire en regard ? Sur quel rayonnage à venir, poésie ou philosophie ? Antoine Donpiedroni m'a toisé avant de déposer ses phrases sèches dans un recoin de la pièce : alors, tu t'en sors, ça te change un peu du droit, si tu étudies toujours le droit, au fait où en es-tu, tu as passé ta licence, tu envisages déjà ton avenir, le barreau, très bien, mais surtout ne reviens pas t'enterrer à Borgu-Serenu. Aix, à la rigueur, Paris si tu peux, mais explique-moi, qui t'a chargé de ce bric-à-brac ? Au notaire Donpiedroni, on doit tout avouer. Chaque famille lui a confié un héritage, des bouts de terrain, les plus chanceux des lingots à enfouir dans la discrétion de son coffre, avec les titres d'emprunts qu'il paraît seul à savoir lire chez nous. Malgré son âge, il conserve son étude, un appartement au rez-de-chaussée dans un immeuble du Cours central et entre deux transactions il trône au Cercle, le café qui borde la place du Diamant. Il se tenait donc devant moi, Donpiedroni, dans le combat sans fin de la prétention et de la prudence, depuis toujours l'homme le mieux habillé de la ville, depuis toujours les cheveux teints, immuablement vêtu d'un costume sur mesure. Il arborait sa tenue d'été, une flanelle de quasi-colonial, il s'éventait avec un panama d'administrateur descendu d'un pousse-pousse ou retour d'outre-tombe, tâtonnant à l'entrée d'un souterrain pour rallier l'Annam et la Cochinchine. Je le regardais, ébahi de le voir si proche, mon étonnement l'indifférait. Ses yeux en m'évitant survolaient les livres entassés, une moue d'ennui dispersait ses remarques, à sa façon il poursuivait son interrogatoire : quel courage de s'enfermer ici, on a dû te forcer, et bien sûr personne ne t'aide, au fait si tu veux j'en parle au maire, on te trouvera autre chose. Je me demande qui a eu la riche idée de garder tout ça, encore des frais pour les contribuables, du gaspillage, et on ne saura même pas où fourrer ce fourbi. Je me suis surpris à acquiescer en sourdine, oui, tout ce gaspillage, ces Petri qui ne disent trop rien à un gamin comme moi, oui ils ont conservé un certain prestige pendant longtemps, bien sûr leur nom vient d'Altacorti, dans la vallée de la Maragna, ils en sortaient, la famille Donpiedroni aussi, et au fait je connais Casasoprana, c'est là que se trouvait leur maison... Donpiedroni a paru accrocher son regard quelque part entre l'écoulement des années et la valise à peine entrouverte : ah, c'est toute une époque, que de souvenirs, que de souvenirs, allez, je file, j'ai du travail, passe me voir au bureau un de ces jours, si tu as besoin. Le vétéran des hypothèques, le maître des titres de propriété et des prêts à taux usuraires, l'oracle irréfutable du Cercle de Borgu-Serenu m'a abandonné. Son chauffeur et factotum devait l'attendre dans la Bentley qui obstruait la cour du musée. Depuis qu'il a assuré sa fortune, le notaire s'économise, il compte ses pas et ses déplacements en ville." (pages 16-17)
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Je suis très heureux de lire un article sur l'oeuvre de Jean-Baptiste Predali. Voilà un auteur dont, pour le coup, on ne parle jamais. Et j'espère que les deux passages cités par François-Xavier constitueront la preuve que ce silence est pour le moins injustifié.
RépondreSupprimerJe voudrais faire deux - non, trois ! - remarques.
J'aime beaucoup qu'une lecture commence par des réticences. Il me semble que c'est le signe qu'il se passe quelque chose avec un livre, qu'on entre sur un terrain qui ne nous est pas familier, qui n'a rien pour nous plaire, qui ne correspond pas à nos attentes et à nos goûts, et qui finit quant même par imposer ses règles. En gros, ce genre d'expérience me paraît être un critère acceptable de la densité objective d'un texte que le lecteur reconnaît comme malgré lui, comme si la puissance d'assentiment n'était pas en lui mais venait du texte. Ma plus récente expérience de ce genre date de ma lecture de Laurent Mauvignier.
Borgu-Serenu n'est pas Ajaccio. J'avais rencontré Jean-Baptiste Predali pour un entretien paru dans A Pian d'Avretu et je lui avais posé la question : pourquoi ne pas appeler Ajaccio par son nom. Il avait répondu : parce que ce n'est pas Ajaccio. Et je le crois. Il y a en jeu quelque chose d'essentiel, un décalage avec la réalité qui fait entrer en littérature et indique qu'on parle d'un monde possible et pas du monde réel. Il ne s'agit pas d'instaurer un code qui ne trompe personne mais de créer ce décalage. (Peut-être est-ce la raison pour laquelle Marco Biancarelli ne nomme presque jamais Porto-Vecchio).
Ma dernière remarque n'est pas littéraire. Je veux juste prendre les devants. Jean-Baptiste Predali et moi-même sommes publiés par la même maison d'édition, pire encore, nous avons la même éditrice. Il n'est donc pas interdit de voir dans mon commentaire l'expression d'une espèce de solidarité de classe, évidemment insidieuse et argumentée. Ceux qui ont la chance de voir leur travail validé par les hautes sphères parisiennes se serrent les coudes. Il est possible de le croire. Mais - oh, quel bonheur de pouvoir faire mon FXR ! - si on parlait plutôt du texte ?
Toute la valeur du roman 'autrefois Diana'ne tient pas que dans son style. L'invention de la mémoire-bibliothèque, du passé qu'un jeune fait resurgir, bref le sens du texte est fort, le style le porte, le questionnement y est parfois douloureux. 'une affaire insulaire' est également un beau roman. J'AIME ce qu'écrit Predali, dommage qu'il se révèle un peu paresseux...A quand son prochain titre??
RépondreSupprimerJe lis en ce moment les textes de Paulu Desanti et Filippu Guerrini, dans les quaterni teatrini ' Sciaccati à Shakespeare' ' Sangue tripette ed identità... Très très bien. Parfois, me semble-t-il un peu lourd dans l'explicitation du message, mais globalement quel bonheur d'intelligence et d'auto-dérision.Faudrait monter ces pièces ici et on the continent, bougre dieu! La dernière tirade du metteur en scène dans 'Sciaccati à...' donne quelques frissons d'émotion. Non, je ne la recopie pas, héhé
Anonyme 16:38,
RépondreSupprimerd'accord avec vous, le fond de l'histoire est beau ; c'est vrai que cette recherche dans une bibliothèque en ruines est très belle (je vais d'ailleurs faire la liste des livres cités, intéressant pour y voir le travail des modes et de l'oubli, le jeune homme étant aveugle à certains livres).
Son prochain livre doit, je crois, paraître bientôt. Il est annoncé qu'il se déroulera au XVIIIème siècle, en Corse de nouveau. De ce point de vue, on peut rapprocher ses livres de ceux de Jérôme Ferrari, de Ghjacumu Thiers, de Marie Ferranti et de Marcu Biancarelli, qui eux aussi naviguent dans les fils embrouillés de l'Histoire corse (du 18ème siècle à aujourd'hui). Je veux dire qu'ils y naviguent de façon originale (pas avec de "simples" romans historiques ; et cela passe souvent par une position originale du narrateur, en lien - plus ou moins ténu, bizarre - avec d'autres personnages qui donnent accès à différentes facettes du réel).
Bon je vais remettre la main sur mon exemplaire des pièces de Desanti et Guerrini (dont je n'ai pas lu une ligne !), et compléter vos quelques mots pour en faire un billet, et lancer ainsi la possibilité d'un échange à propos de ces textes. Avec votre autorisation, bien sûr. Je recopierai la dernière tirade du metteur en scène.
Une tirade émouvante... je me souviens d'une tirade émouvante : celle d'un personnage d'une pièce de Noël Casale (personnage nommé ironiquement Ulysse, je crois), dans laquelle il raconte un voyage absolument délirant, les valises à la main. Un moment incroyable, génial. Mais quel est le nom de cette pièce de théâtre ? Ah oui, "Reprise d'un triomphe".
Et quant au fait de rejouer les pièces de Desanti et Guerrini, je ne sais pas à qui il faut adresser cette demande en Corse.
RépondreSupprimerSur le continent, je sais que le théâtre Toursky a accueilli plusieurs pièces corses (d'Aïqui, du Teatrinu). Et je rappelle que le nouveau Théâtre Liberté, à Toulon, sous la direction des frères Berling se déclare ouvert à toutes les influences méditerranéennes et notamment "corses" ! Voilà donc un interlocuteur naturel.
Jérôme,
RépondreSupprimerje veux bien croire aussi que Borgu-Serenu n'est pas Ajaccio, je pense qu e le décalage entre le réel et la fiction est inévitable, si l'auteur a besoin pour cela de changer le nom, pourquoi pas. Le "Paris" de Balzac est aussi une création mythique. Je n'ai pas lu le roman de Predali comme une description de l'Ajaccio réel, mais cela me fait plaisir de savoir que cette ville donne lieu à des fictions, que sa singularité soit métamorphosée dans l'esprit de quelques écrivains.
Et si toit, Jérôme, tu pouvais savoir quand est-ce que sera publié le prochain roman de JB Predali, ce serait génial. En 2012, les prochains Marie Ferranti, Marcu Biancarelli (traduction de "Murtoriu"), JB Predali, Ghjacumu Thiers, Paulu Desanti, Philippe Stima, Marceddu Jureczek ?...
RépondreSupprimerEn fait, je ne sais pas du tout !
RépondreSupprimerAlors, si Jean-Baptiste Predali lit cet échange, peut-être voudra-t-il bien nous renseigner ? Rien vu sur le site d'Actes Sud aujourd'hui.
RépondreSupprimerCliquant de manière automatique et désabusée sur "Pour une littérature corse" en rentrant de voyage, me voilà revigorée par un petit vent d'espoir. Heureuse d'apprendre la disparition de ces affligeants sites/canulars - même si nous ne sommes pas à l'abri de quelques avatars - et de voir enfin cette énergie dépensée pour la littérature ! Tes extraits sont bien choisis, François, puisqu'ils donnent envie d'aller voir Diana de plus près...
RépondreSupprimerEmmanuelle, merci pour ce commentaire. Heureux de voir que ce blog suscite des sentiments contrastés, et parfois négatifs (essentiellemen : sentiment de le voir tourner en rond, avec les mêmes noms d'auteur, avec des jugements superficiels, ou se perdant en réflexions inutiles sur autre chose que de vrais textes). Je ne suis pas toujours d'accord avec ces jugements, mais je sais ce qui a pu les susciter, je les accueille donc avec gratitude (je préfère de loin cela au silence qui n'en pense pas moins).
RépondreSupprimerBref, j'espère voir se multiplier les avis autour des romans de Jean-Baptiste Predali...
le desanti nouveau est sorti c'est fait...
RépondreSupprimerFrancesca, plus d'infos ! Titre, maison d'édition, lien : le nouveau Paulu Desanti ? Génial !
RépondreSupprimerJ'ai hésité avant de poster ce commentaire et de reprendre le fil d'une discussion après plusieurs mois de silence, mais pourquoi ne pas tenter l'impossible ?
RépondreSupprimerJe remercie d'abord François qui a su par des extraits bien choisis m'inciter à lire "Autrefois Diana", un livre tout à fait passionnant et à de nombreux titres.
Un style efficace, très signifiant, une construction narrative habile alternant des voix parfois contradictoires et riche de nombreux blancs permettant d'échafauder divers scénarios possibles, ce qui permet de tourner autour de Diana sans jamais réussir à la cerner véritablement.
Mais je crois que ce qui m'a le plus séduite ce sont toutes ces références mythiques et symboliques mises en branle par la fiction : la mère du héros se dressant telle une Erinye menaçante, gardienne de l'ordre social, de l'ordre établi, qui me semble incarner la Mère Patrie.
Et puis toute la symbolique impériale permettant de développer ce qui est pour moi la thématique centrale du livre : élévation /trahison/libération, en mettant en résonance la geste imaginaire des Petri et l'épopée impériale.
Une thématique qu'on ne peut à mon sens saisir totalement sans se référer à Ajaccio, première ville libérée par les Corses en 1943, ville consacrée à la Vierge et, surtout, à Napoléon qui y est né un 15 août...
Et là je ne suis pas d'accord avec Jérôme Ferrari – ni avec l'auteur ! Borgu Serenu est Ajaccio, mais dans sa dimension symbolique. C'est la ville-symbole du destin d'un peuple dont J-B. Predali éclaire la face cachée.
Le destin d'un peuple particulier étant peut-être lui même symbolique du destin universel du peuple...