mardi 29 janvier 2013

Un compte rendu ? Non, un écho...

Donc, Jacques Fusina (on sait l'importance de son travail comme militant culturel, enseignant, poète, chroniqueur) était à Marseille à l'invitation de la Fédération des groupements corses de Marseille et des Bouches-du-Rhône pour prononcer une conférence intitulée "Littérature corse".

N'ayant pas pris de notes, ce billet évoquera ce qui s'est dit ce jour-là, sans chercher l'exhaustivité.

Tout d'abord une impression : une trentaine de personnes pour venir écouter une conférence sur ce sujet, un dimanche en début d'après-midi, je trouve ça honorable, et même très bien. Et le conférencier a eu la gentillesse d'appeler rapidement l'auditoire à poser des questions et faire des remarques, afin que ce moment devienne un moment d'échange. Ce fut le cas, il y eut plusieurs interventions (au moins 9 personnes différentes, selon mon souvenir).

1. De l'impossibilité de parler de littérature corse !
Mais, mais... le problème fut que très vite les questions ont tourné autour d'un autre sujet : la langue corse (avec de vieilles lunes et de vrais soucis qui taraudent encore les esprits : la non-compréhension entre différentes variantes du corse, les causes de son déclin dans l'usage social et familial, les remèdes à employer, l'espoir et le désespoir). Et quand on entre dans cette discussion, il est très très difficile de revenir au premier sujet : les textes, ce qu'ils disent, si nous les lisons, qui a envie de les lire, sont-ils disponibles, comment échanger à leur sujet.

Et cette dérive est intervenue dès la première intervention, celle de Sixte Ugolini me semble-t-il, qui a posé la question qui fâche (et qui me semble inutile, personnellement) : "Que peut-on appeler de la littérature corse ? Uniquement les textes écrits en langue corse  ? (Ce qui est la position de Sixte Ugolini) ou les textes écrits par les Corses, dans quelque langue que ce soit ? Ou bien encore tous les textes traitant de la Corse ?"

A partir de là, Jacques Fusina a bien montré que les deux positions (restrictive et maximaliste) avaient leurs défauts, et que l'on devait considérer chaque texte susceptible d'être inclus dans la littérature corse en tenant compte de bien d'autres paramètres que ceux de la langue ou de l'origine de l'auteur. J'ai proposé que l'on considère ces étiquettes pour ce qu'elles sont : des qualificatifs non exclusifs et non éternels. Ainsi on peut tout à fait considérer que les romans de Jérôme Ferrari écrits en français sont de la littérature française et corse (c'est d'ailleurs la position de l'auteur lui-même, me semble-t-il, la seule condition qu'il énonce étant qu'il ne veut pas considérer la littérature corse comme une littérature régionale ou régionaliste).

En fait, je profite de ce billet pour répéter ici ma position : est littérature corse le texte qui est lu et fait de l'effet sur l'imaginaire corse. Je sais, cela ne règle pas le problème mais cela permet d'inclure la position du lecteur.

Jacques Fusina a alors prononcé une phrase de Fernand Ettori qui, évoquant la possibilité de considérer le corse comme une langue (avec toutes ses variantes), parlait de la "dialectique de l'un et du multiple qui est celle de la vie". Très belle phrase, je trouve, que je proposais de reprendre pour regarder la littérature corse comme un ensemble où cette dialectique vitale comprend la multiplicité des langues et des formes.

2. De l'impossibilité (ou de la grande difficulté) de lire de la littérature corse !
Puis le conférencier a fait la liste des auteurs d'expression corse qui depuis le 17ème siècle ont publié des textes dans cette langue, et il a insisté sur ce qu'il aimait (Gulgielmo Guglielmi, Savatore Viale, Santu Casanova, Antone Leonardu Massiani, Anton Francescu Filippini, Ghjuvan Petru Lucciardi, Sebastianu Dalzeto). Mais régulièrement, je lui ai demandé où l'on pouvait se procurer la plupart de ces ouvrages et souvent la réponse était négative : de nombreux textes ne sont plus disponibles, et certains qui ont été réédités sont difficilement trouvables.

Voilà des questions qui me paraissent d'une importance considérable :
- quand aurons-nous une bibliothèque (papier ou numérique) exhaustive de la littérature corse accessible à tous, tout le temps ?
- qui lit vraiment quels ouvrages de cette bibliothèque, comment ?

Angèle Paoli vient de coordonner (bravo ! et quel immense plaisir de voir ainsi voyager l'expression littéraire corse !) une grande anthologie de poésie corse (en corse et en français) pour une revue québécoise, et elle explique ceci dans l'introduction :  

D’autres, érudits raffinés, pourraient nommer spontanément Salvatore Viale, auteur de la Dionomachia, petit poème héroï-comique et premier texte à avoir été publié en langue corse (1817). Mais qui pourrait aujourd’hui, mis à part les historiens de la littérature insulaire, réciter de mémoire des vers du «plus grand poète corse » ?

Mais justement, il se trouve que ce texte est disponible, lui, et dans les trois langues en plus : en italien (Salvatore Viale écrivait en italien, non en corse, mais quelques vers du poème sont en langue corse), avec des traductions en corse et en français. Le Centre culturel et la Bibliothèque de l'université de Corse l'ont publié sous le titre "E guerre sumerine" et "Une guerre pour rien" ("Une guerre pour rien", en 1998, en Corse, cela a du sens, non ?). Le livre est donc publié mais il est presque impossible de l'obtenir !

La question est donc : qui peut avoir envie de lire ces livres, puisqu'ils ne sont ni sur le marché, ni sur la place publique ni dans les rêves des lecteurs potentiels ?

Or, ce texte est fabuleux, d'une richesse incroyable (je pense au début du chant 8 par exemple, qui n'est pas du tout héroï-comique, mais tragique), je ne crois pas que ce soit seulement un "petit poème héroï-comique" réservé à des êtres raffinés, il faut le promouvoir comme un texte pour tous, qui doit être accessible à tous. Je fais un lien vers un précédent billet concernant cet ouvrage sur ce blog.

Oui, la question est la suivante : la littérature corse passée et présente doit-elle être évoquée d'abord comme un problème linguistique ou bien encore comme un objet dépassé ou bien encore comme une réalité contemporaine ?

Je dirais que la question est la suivante : qui a envie de quelle littérature corse aujourd'hui ? Pour nous aujourd'hui ? Quelle est la valeur actuelle des livres corses passés ?

Je reprends les catégories reprises à d'autres auteurs : il faudrait faire en sorte que les textes soient non des "documents" (historiques), non des "monuments" (glacés) mais des "événements" (qui nous remuent, ici et maintenant, et nous fassent rêver, parler, nous émouvoir, encore).

3. De l'absence de désir de littérature corse !
La conférence de Jacques Fusina fut donc, à mes yeux, d'un très grand intérêt parce que le conférencier connaît extrêmement bien cette littérature, mais l'objet de la conférence n'est pas devenu un objet vivant ce jour-là. La compétence et le désir du conférencier ne sont pas en causes.

Disons-le tout net : je crois qu'il n'y avait pas de désir d'évoquer des textes de littérature ce jour-là dans notre assistance. Nous nous sommes encore laissés engluer dans des questions insolubles et secondaires.

Ce n'est que partie remise !! Le combat continue !

20 commentaires:

  1. Bien , cela nous permet d'avoir un aperçu...Merci à toi François. ceci étant dit, je m'aperçois depuis un certain temps qu'il existe un décalage énorme, colossal entre le grand public et le petit cercle des passionnés de littérature corse (je parle de celle écrite en langue corse). En effet, la notion de polynomie qui maintenant est acquise pour tous ceux qui écrivent pose encore de sérieux problèmes aux autres qui en sont restés aux vieilles querelles improductives. Admettre qu'une langue puisse être une et multiple heurte le sens commun et nous n'y pouvons pas grand chose. Pour la plupart des personnes la langue corse c'est la variante qu'ils parlent et ils n'hésitent pas à considérer les autres variantes comme des sortes de "sous-produits". je me souviens qu'en sortant du spectacle organisé par Stefanu Cesari à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage, un spectateur m'a glissé à l'oreille (pensant que j'étais de Bastia)que ce n'était pas du corse puisqu'il n'y comprenait rien...Il a fallu que je lui dise que je n'étais pas tout à fait du même coin que Stefanu mais que pour moi son parler m'étais tout à fait accessible. Il m'a regardé d'un air vraiment incrédule en me disant; "Mais vous parlez vraiment de cette manière ?..." La Co-officialité va avoir du pain sur la planche...

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    1. Norbert, la réaction dont tu parles est-elle unique ou bien partagée par tout le public ?

      Je crois aussi avec toi qu'il y a encore beaucoup de travail pour qu'une notion problématique comme la "littérature corse", elle-même alourdie par la notion normalement moins problématique aujourd'hui de "langue corse" fasse l'objet d'échanges qui en piétinent pas.

      Personnellement je ne vois pas le problème. Mais je comprends que certains voient cela comme un problème. Je crois que c'est parce que l'on s'attache à une vision "identitaire" de la littérature et de la langue, et donc en désirant une certaine fixité de la chose, une certaine homogénéité. Les variantes font peur, les nouveautés font peur, les formes inédites font peur, on ne s'y retrouve pas tout de suite, et comme le fond général est celui de l'angoisse, c'est encore plus angoissant.

      Mais bon, il faudra le répéter : diversità face/i richezza, et ça évite de tourner en rond et de dégrader le plaisir que peut contenir une tradition en rabâchage sans saveur.

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    2. Oui Norbert, du coup quand on habite autre part en corse que sa propre région et que la langue corse vous passionne depuis toujours, vous vous entendez dire que l'on ne vous comprend pas, donc on vous ferme la porte à la poésie orale, à l'enseignement etc... Je pense que le problème est issu de l'université et le complexe du colonisé. Le délire d'alors une langue corse unique d'ou l'acharnement de Matalena Rotili Forcioli à ecrire "varietà faci ricchezza". Certains là dedans y ont construit et assis leur pouvoir, mais ont dégoûté un grand nombre au plaisir de cette langue orale et musicale." Désunir pour mieux régner" c'est bien connu...Plus grand monde ne s'y retrouve. Mais j'ai encore bon espoir...il me semble qu'actuellement une plus grande liberté d'expression de cette langue multiple soit en cours...cu u tempu si viddarà

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    3. Anonyme 14:26, merci pour votre commentaire.
      Mais je crains de ne pas le comprendre tout à fait. Il me semble que l'université de Corse a fait sienne la notion de langue polynomique (acceptant donc les variations d'accent, d'orthographe, de prononciation et de lexique). L'atlas linguistique de l'université donne les différentes versions d'un mot en indiquant la localité d'origine de la version : http://bdlc.univ-corse.fr/index.php?lang=fr

      Mais peut-être vouliez-vous dire autre chose ?

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  2. Merci pour cette analyse de cet après-midi avec Jacques Fusina. Je partage entièrement le point de vue exprimé par François et je tiens à souligner "l'art et la manière" dont a fait preuve le conférencier pour répondre, sans heurter quiconque, aux sempiternelles questions qui n'ont, pour moi, qu'un intérêt secondaire. Je fais allusion à ces questions récurrentes, et de ce fait parfois lancinantes, pour lesquelles certains aiment s'affronter et où il est demandé de préciser ce qui est vraiment corse ou pas, de s'interroger sur la valeur littéraire "corse" d' écrits rédigés dans une autre langue que le corse, etc...
    Mais ne faut-il pas faire preuve de moins de rigidité et s'interroger surtout sur la valeur littéraire d'un texte, quel qu'il soit et quelle que soit la langue d'expression retenue, et voir dans quelle mesure il peut être rattaché à la Corse, ne serait ce que pour mieux la mettre en valeur et permettre à chacun d'être fier de son auteur ? Le point le plus important, au delà de ces querelles de "puristes" ( je me suis toujours méfié des puristes et des purs esprits!) , me semble être en effet de voir dans quelle mesure cette littérature est vraiment l'un des témoins des richesses que la Corse, et les corses, peuvent apporter à autrui c'est à dire à l'imaginaire comme à la connaissance de chacun, qu'il soit corse ou non et, tout autant, en quoi elle est capable d'interpeller l'esprit qui habite et anime tous ceux et celles qui sont attachés d'une façon quasi charnelle à la Corse, soit par des liens établis dans le passé, soit par le biais de liens tissés plus récemment ou encore du fait simplement de leur volonté sincère et profonde d'y vivre et de de partager le même avenir. Ce sont ces liens qu'il est impératif, me semble-t-il, de renforcer dans le présent comme demain, car il convient de veiller à ce qu'ils puissent être encore opérants au fil des années...
    C'est dire l'importance de soutenir toutes les initiatives qui vont dans ce sens et sur ce point, François-Xavier Renucci et Jacques Fusina, comme tous les animateurs d'autres groupes littéraires et d'autres tribunes "corses" partagent sans doute les mêmes ambitions: militer pour mieux faire connaître cette "littérature", qu'elle soit ou non d'expression strictement corse, afin de partager son contenu avec le plus grand nombre et ce quel que soient le degré de maîtrise de la langue corse et le degré d'attachement à la Corse de chacun.
    Quant aux problèmes que pose la persistante médiocrité de la diffusion de la langue corse, en terme de nombre de véritables locuteurs, malgré certains progrès observés ces dernières années, langue dont nous apprécions tous la richesse et l'importance ne serait ce que pour la transmission du patrimoine culturel de la Corse, il s'agit là d'un autre sujet bien plus complexe, que Jacques Fusina connaît bien, mais qui est différent de celui qui a fait l'objet de sa conférence sur la "littérature corse" , dont il a bien dit que, selon lui, il était difficile, voire impossible, d'exclure tous les écrits rédigés en italien, en latin, en français, voire en anglais et peut-être même en japonais! Qui sait?
    C'est ce que j'en ai retenu...
    Joseph Pollini

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  3. En plus, il n'y avait rien à manger.

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    1. Monsieur Marchioni, vous semblez être venu à ce salon, parlons-en d'un point de vue littéraire ? Ou allons-nous rester dans le petit jeu des menus propos insignifiants ? Ah, mais pour faire naître un sourire, que ne serions-nous pas prêt à sacrifier ?!

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  4. Léone, c'est une dame, non ? Pensez-vous réellement que le but de ce message était de faire sourire ?

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    1. Eclairez-moi, Monsieur Viviani, j'apprécie les dialogues clairs et fructueux.

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  5. Vous êtes vraiment bien aimable, Monsieur Renucci. Il est si rare de rencontrer des gens polis. Plus personne ne tient la porte aux personnes âgées de nos jours, par exemple. Je suis sûr que vous le faites à chaque fois. Un discours clair et fructueux ? Mais sur quel sujet ? Pour tromper l'ennui, je suis capable de parler de tout et de rien. Etes-vous parent avec madame Henriette Renucci ?

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    1. Mais Monsieur Viviani sur le sujet qui nous occupe : le salon du livre corse de Marseille et plus particulièrement la conférence de Jacques Fusina.
      Non je ne suis pas parent avec Henriette Renucci.

      Me permettez-vous de vous demander qu'est-ce qui vous pousse à fréquenter ce blog ?

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  6. Ma nièce m'a parlé de votre blog. Elle ne l'aime pas trop, d'ailleurs, parce que je crois qu'elle fait partie d'une équipe d'un autre blog, enfin je ne sais plus. Mais moi comme j'aime pas ma nièce, je suis allé voir votre blog, et il est bien, agréable, courtois. J'ai découvert qu'on écrivait en corse par exemple. Certainement pour la famille.

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    1. Ah, tout cela est intéressant, mais j'aimerais des précisions, j'ai l'impression que votre désinvolture cache quelque chose... Non ?

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    2. Tout d abord je tiens à vous remercier pour l existence de votre blog et des débats extremement ( impossible de trouver les barbares circonflexes sur le clavier de l ordi que j utilise en ce moment, désolée!) intéressants que l on y trouve. Peu importe si l on glisse sur quelques peaaux de banane ( espèce de peau de banane...pas méchant comme injure...)Oui avoir besoin de féfinir, quel que soit l objet de la définition reflète tant de choses, peut-etre aussi une forme de vertige ou de phobie des espaces trop vastes...une infinité possible d etre et d exister en dehors des schémas classiques traditionnels cela s apprend tout doucement: détendre nos crispations identitaires...n y a-t-il point une petite maladresse en intitulant une conférence "Littérature corse"...il manquait plus que le point d interrogation.
      La littèrature corse n attend pas sa dèfinition pour exister, grace aux dieux! Protéiforme ( merveilleuse citation de M Fusina que vous relevez et soulignez à juste titre), partageant l espace de la créativité avec d autres modes d expressions et d autres territoires et d autres langues elle existe et le panorama historique brossé par M Fusina et par quelques ouvrages publiés et en vente en librairie ( en attendant la publication de la thése de M. Talamoni) le racontent très bien. Iceberg sans doute il y a sur une scéne nationale et internationale: le Goncourt n'en est que la pointe. Ce Goncourt a d ailleurs suscité bien des réactions intéressantes sur votre blog, ce qui pourrait faire réfléchir sur le double sens de la reconnaissance: avoir besoin d etre reconnu ne veut pas dire devoir etre reconnaissant envers celui qui nous reconnait...et encore: la rteconnaissance sent parfois mauvais, un peu comme si l on avait vendu son ame au diable...d où peut-etre ce désir de niche dans laquelle une grande partie de ce qui est écrit s attache à exister...dommage. Dans mes recherches sur la littérature sarde, je n arrete pas de trouver les memes grincements de dents, les memes interrogations...Ce que je trouve passionnant n est pas la réduction à des problèmes existentiels d espaces insulaires qui sont projetés dans une modernité violemment débarquée, et de multinliguisme fruit d une histoire tourmentée mais plutot la capacité- de la part de ces territoires pseudo-périphériques à interroger le monde, et notre devenir. De beaux et forts et parfois violents récits de part et d autre des bouches de Bonifacio...il faudrait juste stimuler un peu plus l écriture chez les jeunes: ils savent très bien chanter, bien qu ils écrivent à présent!

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    3. "Capacité à interroger le monde et notre devenir", absolument d'accord.

      Merci pour votre appréciation. N'hésitez pas à évoquer vos lectures corses, ou sardes. (Je viens d'acquérir "Padre padrone", il faut que je lise vite, on m'en parle depuis si longtemps, ah encore une lacune...).

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  7. Alexandra, aïe aïe aïe....Vous mettez le doigt où il ne faut pas....Je sens que vous allez relancer le débat qui se poursuit sur Facebook et qui génère des prises de position tranchée...Mais sur le fond vous avez mille fois raisons, on pourrait paraphraser Valéry et dire: "Définitions, définitions, que me voulez vous ? Vous savez bien que j'ai mangé du fruit de l'inconscient..."

    Nous ne parvenons pas à définir clairement ce que serait ou ce qu'est la littérature corse mais pouvons-nous définir véritablement ce qu'est la poésie ? Ce qu'est un peuple ? Une nation ? Une ethnie ? Cherchez bien et vous verrez que bien des termes courants sont dépourvus d'une définition qui fasse l'unanimité. Le réel est polisson, il nous joue des tours...Au fond c'est bien mieux ainsi.





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    1. D'accord avec toi Norbert, les définitions sont toujours problématiques. La question pour moi est : telle définition est-elle utile pour lire tel livre ? Et je trouve qu'en qualifiant un roman de Jérôme Ferrari, l'épopée en latin de Nobili-Savelli (ou certains poèmes en latin de Rinatu Coti chantés par Manât, ou d'autres de De La Foata), ou les textes en italien de Salvatore Viale, Santu Casanova, Anton Francescu Filippini de "corse", c'est nous permettre de mieux les lire, d'enrichir nos lectures.

      Je ne cherche pas à dire qu'ils disent exactement la même chose qu'un texte en langue corse, ni qu'ils ne peuvent pas être considérés comme de la littérature italienne, néo-latine tardive ou française (ils le sont aussi, et ces qualificatifs, aussi évidents soient-ils - encore que... - sont pertinents parce qu'utiles pour mettre en évidence des aspects de ces livres.

      Beaucoup trouveront que ces discussions sont oiseuses. Je pense tout le contraire. Il se joue là la possibilité de sortir de schémas d'identification figés et restrictifs. Comme dirait l'autre : a pratica vince a grammatica.

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  8. Définir d'abord et enfin ce qu'est sa propre personne.
    Pas un terme courant, juste un homme qui avance.
    Le reste n'est que littérature.

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  9. Entièrement d’accord avec toi, François-Xavier, la « Dionomachia » est un ouvrage grand public et n’est absolument pas réservée à des êtres raffinés. Je regrette seulement que seuls des « historiens de la littérature insulaire » soient à même d’en réciter de mémoire quelques vers ? N’est-ce pas ce que j’ai écrit ?

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    1. Très bien, alors parlons-en, avec tous les lecteurs lambdas qui fréquentent la Toile. L'inaccessibilité des classiques corses est un gros problème. Le net peut faire quelque chose, non ?

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