lundi 25 octobre 2010

De la beauté du geste de traduire


Per esempiu, in francese, e parolle "meurt" è "bouger" sò sfarente assai, no ? Ma in corsu o in talianu, s'assumiglianu di più : "more" è "movesi" ("muore" è "muoversi")... Mi pare chì a traduzzione taliana di issu puema francese ghjustifica tutte e traduzzione : ùn ponu micca rimpiazzà u testu "uriginale", ma pruponenu un scambiu di forma chì ci porghje sensi novi. Eccu issu puema, traduttu da Luana Leonini :

LA CAMPANA INCRINATA

Durante le notti invernali, è dolce e amaro
ascoltare accanto al fuco che scoppietta e fuma,
i ricordi lontani che lentamente si sollevano
al suono dei carilon che cantano nella nebbia.

Beata la campana con l'ugola possente
che, malgrado la vecchiaia, sana e vigile,
lancia fedelmente il suo grido religioso,
così come un soldato che veglia sotto la tenda !

Ma la mia anima è incrinata, e quando è in pena
e vuole popolare con i suoi canti l'aria fredda delle notti,
succede spesso che la sua voce affievolita

sembri il rantolo sordo di un ferito che è stato dimenticato
al bordo di un lago di sangue, sotto un bel mucchio di morti,
e senza muoversi, muore tra immensi sforzi.


(La photo)

8 commentaires:

  1. Il me semble que tu as fait une erreur en copiant la traduction " come un soldato CHE VEGLIO che veglia" ( VECCHIO ?)

    Et il faut donner le texte original pour que l'on puisse comparer!

    "II est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,
    D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
    Les souvenirs lointains lentement s'élever
    Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.

    Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
    Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
    Jette fidèlement son cri religieux,
    Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente!

    Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
    Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
    II arrive souvent que sa voix affaiblie

    Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie
    Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts
    Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts."

    RépondreSupprimer
  2. Emmanuelle,
    oui j'ai fait une belle erreur de copie, en écrivant "che veglio che veglia"... Merci pour la correction que je reporte dans le billet !
    Oui, le texte original pour pouvoir comparer, tu as raison, c'était aussi histoire de laisser chacun partir en quête de "l'origine"...

    J'aime vraiment beaucoup ce poème de Baudelaire. Je me suis servi d'un passage dans "Un lieu de quatre vents". Pour moi, il y a mon grand-père sous ce "grand tas de morts" (je parle des tranchées de 14-18, enterré vivant qu'il fut après l'explosion d'un obus ; il survécut mais en fut traumatisé, comme de juste).

    Et dans la version italienne, il y a ce "mucchio", ce "mucchiu"(ou "muchju") en corse, ce "tas" qui indique le lieu d'une mort violente (signe utilisé dans la pièce de théâtre de Aïqui, "Les frères corses").
    Enfin, cette sorte de fascination pour le lieu du meurtre, ce saisissement du regard face à un lieu qui unit tous les temps, scelle un destin, fascination en lutte avec le désir de se rapprocher du mourant, de sa solitude, de sa souffrance ; ce "blessé" qu'on oublie, finalement.

    Et puis l'effort du chant, "peupler" avec des chants, faire un peuple avec des chants, le poète se rêvant peuple, multitude ; par la fêlure de l'âme, le monde entier transpire, geint, ou montre sa vigueur. Car enfin, le poème est écrit, et magnifique tout en étant l'évocation d'un échec.

    RépondreSupprimer
  3. Les sonorités des 2 langues sont bien différentes en effet et le texte italien me semble plus fort car plus contrasté :

    la nostalgie y est plus douce qu'amère ("nella nebbia" sonne plus doux que le râpeux "dans la brume"...) et la peur de la mort plus marquée ( "sembri il rantolo sordo di un ferito" résonne bien plus durement que "semble le râle épais d'un blessé...)

    RépondreSupprimer
  4. Oui, j'aime aussi beaucoup la force du chant dans ce poème , la communion par le chant qui exprime à la fois la solidarité universelle de l' homme et son rapport solitaire au mystère de la mort ...

    RépondreSupprimer
  5. Cummentà o induvinà ?

    In due quartine, ridendu di i vivi, e campane cantanu da luntanu a morta tranquiluccia.
    « Saremu sempre un piu bellu pezzu d’eternu che tutti i vostri supraviventi scampanati, piculi suldati anemiati è annebbiati di vecchie febre è fede ! »

    In due terzine, rataleghje u suspiru poeticu.
    « Simu l’ultimu pezzu di vita in s’ta catamalza.
    Affacinate che vo site pè u mucchiu, site bel’accioncati è fort’accecati. Un sapete piu sente rispiru sensa ciambastru ne vedde mossa sensa trambustu. »

    Cio che sentu cù Baudelaire e chi si squassa assai cù a taduzzione.

    RépondreSupprimer
  6. Ciambastru è trambustu, trouble et tumulte dirait-on, oui, finalement une humanité bien affaiblie (mourante ou convalescente ?) se montre ici, Xavier.

    Voilà une belle description de la littérature corse aujourd'hui : après les hymnes retentissants, quelques filets de voix (dents serrées par l'émotion, la colère ou l'agonie)... admirables.

    RépondreSupprimer
  7. Madonna...Aveti intesu à Casanova ? S'hè missu à manghjà u casgiu merzu mi pari. eddu ch'ùn facia sempri chè sfrancisà ecculu scrivendu....è scivendu bè u falzu !

    Surprenante traduction qui nous incite à nous interroger sur ce qu'est le poésie, à qui elle appartient et ce qu'elle peut devenir....L'excellent ouvrage "Baratti" dont le présent site a rendu compte peut nous inciter à poursuivre nos interrogations...La traduction est-elle, comme on le dit souvent une trahison ou une redécouverte...La mystère de Babel sans doute. En tout cas bravo Madame Calinade pour votre perspicacité dont je n'a jamais douté.

    RépondreSupprimer
  8. Xavier Casanova :

    Cui, sicondu Baudelaire, a puesia è u rataleghiu di quellu chi agunizeghja.

    À a moda lacanina (sicondu Lacan), si puria scrive « rata-leghie » : da à leghie à u ratachjone. Squassà l’angoscia di l’agunia sbordendu di parole viote. Eccu u misteriu di Babel ! Nimu si sprime da veru : a torre, tra a so cunstruzzione o destruzzione, parla da par ella, pè tutti i mutti. Petra a petra. Petre di silenziu. Rumore pè cimentu.

    RépondreSupprimer