jeudi 9 décembre 2010

Jérôme Ferrari, figure de l'écrivain


Car c'est en tant qu'écrivain (de romans) que Jérôme Ferrari est en ce moment invité dans de nombreuses librairies et émissions de radio ou de télévision. Ou bien qu'il est interviewé, par exemple, dans le dernier numéro de Corsica (ici l'entretien par Gilles Millet, ici le portrait par Elisabeth Milelliri). On y apprend des choses personnelles, des moments de la vie de l'écrivain, son point de vue sur le monde qui l'entoure, c'est toujours intéressant. Mais pas grand chose sur l'oeuvre. Finalement la figure de l'auteur recouvrira-t-elle celle de l'oeuvre ?

Je me dis : ce serait le pire qui puisse nous arriver. Que le bruit des propos de l'écrivain recouvre la profondeur des voix de ses livres. Alors, n'hésitons pas : pour bien terminer 2010 et bien commencer 2011, lisons et relisons les livres de Ferrari (dans l'ordre chronologique, ils ont tellement liés entre eux) !

Pourquoi ces propos ? Pour introduire l'échange intervenu entre Fabien Vellutini et moi-même, plus un Anonyme, sur ce blog, à la suite du billet "Bonne nouvelle..." Attention : ces propos sont critiques, parfois virulents (de façon acceptable et discutable, je trouve), je demande donc qu'on ne se méprenne pas sur mes intentions. Il s'agit toujours pour moi de discuter des oeuvres littéraires corses et des conditions optimales de leur diffusion.

(Personnellement, je considère que l'artiste est libre, absolument. Il n'est pas tenu d'être le porte parole d'une communauté, d'un groupe, d'un pays, d'une littérature. Il peut le faire, bien sûr. De leurs côtés, les lecteurs sont libres, absolument. Ils ne sont pas tenus de lire les livres selon les propos des auteurs. Ils peuvent le faire, bien sûr. Il me semble que c'est de l'interaction entre tous ces "discours" et "lectures" que naît une littérature. Vivace. Je ne vois pas la littérature comme une scène de spectacle, avec gloires et chutes, cultes muets et psychodrames : l'important, c'est la lecture des textes, encore et encore. Vous n'êtes pas obligés d'être d'accord.)

Bonne lecture et bonne discussion :

Anonyme a dit…

http://desmotsdeminuit.france2.fr/, (émission du 01 décembre)

"-est-ce qu'il y a une écriture régionale ?demande Philippe Lefait. -Je ne sais pas du tout ce que cela peut vouloir dire ! dit Jérome Ferrari, Je voulais surtout ne pas faire de littérature régionale, je sais que cela existe, c'est un genre... dénégation, tête dégoutée -Mais ce n'est pas le vôtre!!!! Vous traduisez du corse? demande encore l'animateur. -Oui,( sec, ) ( Hé non, MB ne sera pas cité, pourtant c'était l'instant parfait !)(mais il ne sera donc qu'un pauvre écrivain régional, de ceux qui n'existent pas si on suit le fil du discours) enfin, " Dire que vous avez un style, n'est pas ce qu'on a envie de dire vous concernant, enfonce l'animateur; qui répète, ce n'est pas ce qu'on a envie de dire, et tous les gens du prix ne parlaient pas d'admiration pour l'écriture, mais par rapport à la possibilité d'un ressenti, par pour le style. " Faut il faire un commentaire? L'image et le son suffisent. V

Clément Renucci (pour le blog sur le Petit Nicolas) et François-Xavier Renucci (pour le blog sur la littérature corse). a dit…

V, merci pour ce commentaire. Je vais essayer de voir cette émission (je n'arrive pas à installer le "plugin" utile !!). Oui, je trouve aussi bien dommage que la question du travail de traduction de J Ferrari n'ait pas été développée : il me semble que c'est d'une certaine façon une extension du travail d'écriture de cet auteur et cela aurait permis de porter un peu l'attention sur un auteur de langue corse. Une autre fois ? Par contre, je n'ai pas compris les propos concernant le style : Philippe Lefait veut-il dire que J Ferrari n'a pas de style particulier ? Si c'est le cas, cela paraît étonnant, non ?

Anonyme a dit…

Je n'ai pas de réponse à votre question, mais par contre, si on part du principe que ayant reçu le prix France Té, et que donc Philippe Lefait n'ait eu d'autre choix que de recevoir J.F,puisqu'il est actant de la chaine publique, le fait qu'il passe plus d'une heure après le début de l'émission, (soit donc presque le matin ou en tout cas au moment où tout le monde a fermé le poste), et que l'animateur ait cloué l'auteur avec cette phrase tout de même très violente, insistant de surcroit, puisqu'il dit deux fois "ce n'est pas ce qu'on a envie de dire", pour rajouter que les lecteurs sont unanimes sur ce point, je dirais que tant mieux que tout cela se soit déroulé si tard, mais bon, mon avis et rien...

Anonyme a dit…

Pardon, mon nom c'est Fabien Vellutini.

Clément Renucci (pour le blog sur le Petit Nicolas) et François-Xavier Renucci (pour le blog sur la littérature corse). a dit…

Fabien, votre avis est utile, autant qu'un autre. Merci d'ailleurs, de relancer ici une discussion utile sur la réception des oeuvres qui traitent la matière corse. Je vais transposer cet échange dans un billet. Cela permettra peut-être à d'autres de revenir sur cette émission (ou sur d'autres).

Anonyme a dit…

(Commentaire désobligeant, censuré.)

Anonyme a dit…

(Commentaire désobligeant, censuré.)


(la photo)

22 commentaires:

  1. Bonjour à tous,
    je n'arrive toujours pas à voir cette émission du 1er décembre 2010 des "Mots de minuit". Quelqu'un pourrait-il proposer une transcription du dialogue entre Philippe Lefait et Jérôme Ferrari ?
    Merci d'avance.

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  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  3. Je n'ai pas vu l'émission et je suis comme Renucci, quand le premier lien sur internet fonctionne pas j'abandonne. Mais j'interviens quand même, surtout pour couper court à tout départ inutile de polémique.

    Je connais trop bien Jérôme pour comprendre que son silence n'est pas un déni, mais plutôt l’aveu d’un malaise. Si l’animateur de l’émission l’aborde par l’angle des « écrivains régionalistes », je comprends qu’il n’ait pas très envie de s’étendre dans un échange qui aurait été stérile, de toute façon. Le côté sec et définitif de Jérôme je le connais un peu, c’est une manière de mettre un terme au débat sur des mauvaises pistes. Dans un autre contexte, et avec plus de bienveillance de la part de son interlocuteur, il aurait échangé avec plus de chaleur et de passion, et cité les auteurs qu’il n’hésite pas à mettre en avant comme il l’a déjà prouvé en d’autres occasions.

    Je comprends que les téléspectateurs qui connaissent bien la littérature corse n’y aient pas trouvé leur compte, et soient restés un peu sur leur fin face à un tel échange (en tout cas s’il est bien tel que retranscrit ici). Je les remercie d’ailleurs de restituer d’autres dimensions de la littérature corse, à laquelle j’appartiens avec d’autres. Je les remercie aussi de leurs attentions chaleureuses me concernant. Mais cependant, et en toute bonne amitié, je crois qu’il y a maldonne et erreur d’interprétation. Et surtout je pense qu’il n’y a pas à opposer ce qui n’est pas à opposer. Que Jérôme ne soit pas mon agent littéraire et qu’il a bien le droit de dire – ou pas – ce qu’il veut dans une émission, c’est une évidence. Mais surtout il faut tenir compte de l’ambiance parfois de ce genre de « spectacles », de l’atmosphère sur un plateau, de la perpétuelle lourdeur ou maladresse des questions sur la Corse, la littérature corse, l’identité, etc. Bref, écrire des livres, c’est une chose, communiquer à leur propos s’en est une autre, et les positions sont parfois difficiles à défendre objectivement, ainsi que les nerfs à maîtriser, surtout quand on est face à certains interlocuteurs. Et alors le silence peut avoir des vertus bénéfiques.

    Donc pour moi, pas de problème. Et aucun malaise par rapport à cette émission. Et donc désolé mais on ne transformera pas cette fois ce site en Gazetta di Mirvella ! Mettons plutôt en avant, justement et sereinement, tout le travail de Jérôme en matière de traductions, toute son implication aux côtés des acteurs littéraires ou culturels corses. Et n’oublions surtout pas que c’est bien le même homme lorsqu’on le voit faire ce qu’il peut pour abréger un supplice télévisuel.

    Quoique, un petit duel dans la montagne, pourquoi pas ?

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  4. O FXR, tu te rappelles ? La table ronde que tu animais en mai dernier à Bastia ? J’ai dit que l’œuvre, c’était l’auteur lui-même. C’est alors pris comme l’expression d’une croyance personnelle, et non pas la description d'un état des choses. Hérésie ? Perversité ? Mais réagir ainsi n’est-ce pas faire vivre, sans rien en sentir, cette confusion entre l’œuvre et l’auteur ? N’est-ce pas à nouveau rapporter les propos aux profondeurs psychologique de celui qui les émet plutôt qu’au lien entre son énoncé et le monde qu’il évoque ? Et le monde où est-il accessible si ce n’est dans les représentations que nous nous en faisons ? N’est-ce pas une des propriétés fondamentale de l’écrit que de façonner ces représentations en objet extérieur, en œuvre, que l’on peut alors examiner en la soumettant à toutes les manières d’interroger les objets du monde ? C’est quoi cette exégèse où l’examen du texte est remplacé par un interrogatoire ? C’est quoi cet interrogatoire où il faut avant tout répondre du lieu d’où on parle ? Et qui est prêt à se poursuivre jusqu’à ce que l’auteur craque et réponde enfin à la seule question qui agite et structure les obsessions du moment ?

    JF écrit : « En tout homme se perpétue la mémoire de l’humanité entière. Et l’immensité de tout ce qu’il y a à savoir, chacun le sait déjà. » (…mon âme, 146) Et j’ajoute : qui en révèle des bribes réveille et réactive l’inlassable travail de dissimulation. Mais l’œuvre est là, seule antidote à toutes les falsifications opérées en son nom. Cristallisation singulière rendant un instant lisible ce que nous savons mais ne voulons pas entendre : « En tout homme… »

    XC

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  5. Ceci dit, François, toi qui évoques toujours un désir de partager ici des pages lues, je me demande ce qui te pousse à faire ce post. Je vois pas bien en quoi le blog y gagne en matière de littérature. Pour moi cette relance est plus que maladroite.

    Sans compter le malaise que ça peut éventuellement créer entre des gens qui sont tenus par une amitié forte.

    Voilà, on aura eu la pleinitude de mon sentiment. Rien d'autre à ajouter.

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  6. A tous,
    merci pour vos réactions diverses.
    Je conçois très bien que certaines des critiques que j'ai relayées soient considérées comme blessantes, inutiles, contre-productives.
    Je peux même penser que ce billet n'était pas une bonne idée.
    Mon démon est connu désormais : le débat, même houleux, blessant, plutôt que le silence. Le silence me terrorise tellement que je préfère publier un commentaire qui me parait faux et insultant, et ce afin de pouvoir le contrer, le discuter. Car, ces commentaires existent, ils circulent d'une façon ou d'une autre : et ce que j'aime, c'est comprendre ce qui les motive, essayer de les nuancer, au moins ne pas les laisser seuls faire leur office dans l'espace public.

    Donc : je ne suis pas d'accord avec Fabien Vellutini et Jeanne Castelli. Je trouve qu'un auteur n'a absolument pas à se muer en promoteur de ses maisons d'édition. De même, il me semble que Jérôme Ferrari ne doit qu'à son talent d'être publié chez Actes Sud. Enfin, les relais médiatiques de la littérature sont souvent décevants et je conçois qu'on n'ait pas envie de prêcher devant un Philippe Lefait qui ne voit pas de "style" dans les romans de J. Ferrari.

    Et enfin, encore, il me semble que les prix littéraires sont des occasions de publicité mais que nous n'avons pas à attendre ces prix pour nous faire une opinion sur un livre. J'aime énormément les livres de J. Ferrari (au point que je suis même prêt à aimer leurs défauts, ou du moins ce que moi je regarde comme des défauts) !

    Alors, pourquoi ce billet ? Eh bien, pour rappeler que nous sommes traversés de jugements péremptoires, et qu'il nous faut les exprimer pour nous en libérer et passer à nouveau à la lecture réelle des livres réels.

    Je suis désolé pour les conséquences de cette maladresse. A bientôt.

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  7. Ma ragazzi quando innalzeremo un po’ i nostri discorsi ? Dobbiamo per forza emettere giudizi, discutere del come e perché un autore ha risposto o no alle domande stupide e tendenziose di un giornalista, ignorante. Ecco, proprio così giornalista IGNORANTE. Dai, ragazzi, io non sono corsa, ma se avessi tempo cercherei di tradurre un bel po’ della vostra letteratura, non tutto cio’ che viene pubblicato, ma certi tesori che voi avete, e che gente ignorante e intellualmente limitata qualifica di regionalista, nell’accezione peggiorativa di sottogenere folkloristico. Sono assassini. Mascalzoni se vogliamo essere indulgenti di fronte all’ignoranza. Avete letto ‘ Vae Victis’ ? Avete letto la bellissima dichiarazione d’amore di Biancarelli verso la propria lingua? Avete letto le sue riflessioni sul Riacquistu? Siete andati a cercare i gioielli sul sito di Marceddu, solo il titolo del suo libro merita un premio ‘ Caotidianu’, conoscendo un po’ le sue prese di posizione, non vedo l’ora di scoprirne il contenuto. Ma non sono solo i contenuti a piacermi in Biancarelli, o nei primi Ferrari, o in Jureczek, o in Predali,o De Santi o Di Meglio o Coti... ( scusate se non li cito tutti ce ne sono diversi e pure molto diversi nella loro espressione) ma la lingua, corsa o francese che sia, la loro creatività, lo spirito e lo STILE sovversivo, anti-accademico, sinceramente anticonformista inopportunista, disinteressato, desacralizzante... Intellettuali artisti scrittori poeti sono!CAVOLO ma DOBBIAMO ASPETTARE UN SECOLO PER RICONOSCERLO? Dovete proprio aspettare il teleconsenso nazionale per convincervene? Unico punto di dispiacere, la mia personale ignoranza sule donne scrittrici apprezzo tantissimo la poesia e la canzone di Patrizia Gattaceca, ma avete nomi da farmi nella prosa contemporanea non femminile ma scritta da donne, non so se mi spiego?

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  8. Anonima 10:23,
    vi ringraziu pè issu cumentu.
    Je suis d'accord avec vous sur bien des points. C'est bien pourquoi, ce blog, comme d'autres lieux numériques, voudrait permettre de "compléter" utilement des médias parfois très intéressants et parfois très décevants en donnant la parole aux lecteurs.
    Bien sûr, ce blog accueillera avec un grand plaisir un propos de votre part, en italien si vous le désirez, sur vos lectures de littérature corse.
    Concernant les écrivains corses féminins en prose, je vous recommande personnellement les écrits d'Eliane Aubert-Colombani, Marie Ferranti, Marie-Gracieuse Martin-Gistucci. Mais aussi "Les carnets de marche" d'Angèle Paoli. Mais ce n'est qu'un avis personnel, il y a bien d'autres écrivains femmes dans ce domaine. Et il faudrait que j'y pense plus précisément. Votre question portait peut-être sur la prose de langue corse par des écrivains femmes ? Là, je sèche. D'autres pourront répondre, peut-être.

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  9. Un dernier écho,
    je suis pour la discussion, la plus courtoise possible. Il m'arrive de laisser passer des commentaires blessants et qui blessent. Mais bien évidemment, c'est parce que j'estime que la discussion s'en trouve enrichie et que les premiers avis blessants seront nuancés voire entièrement revus par leurs auteurs.
    Donc : même si les interventions des anonymes ou des nommés Fabien Vellutini et Jeanne Castelli se trouvent ici critiqués, il ne faut pas que ces intervenants abandonnent la discussion.
    Je trouve inutile et effectivement très rude de prêter à Jérôme Ferrari des intentions qu'il n'a sûrement pas eues. Mais ces assertions me semblaient montrer combien la littérature corse se nourrit aussi de ce qui fait parfois le fond sonore de toute littérature : le discours sur l'auteur, ou sur les discours de l'auteur (est-ce qu'il a dit ce qu'on attendait de lui ? etc.).
    Evidemment, si la discussion devait encore être agressive, il vaut mieux le silence (et pourtant, c'est une chose terrible que ce silence) ou mieux encore, faire retour aux textes et en parler (ici ou là).
    Non ?

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  10. Les auteurs c'est des êtres humains François. On a tous envie du débat. Mais faut faire gaffe quand même à pas laisser passer n'importe quoi. Surtout que ton blog nous tient à coeur et tu le sais.

    Moi je trouve très bien que des lecteurs soient dans l'attente qu'on parle des auteurs qu'ils apprécient. Moi et Fusina dans les interventions mises en avant. Mais je répète : Jérôme n'a pas à porter un chapeau qu'il ne mérite pas de porter. Et surtout il ne correspond en rien aux descriptions qui sont faites ici de lui. C'est ça qui va pas. Quand les jugements débordent et ne parlent plus de l'oeuvre, mais salissent l'homme, le blessent, et malheureusement c'est le cas ici.

    J'ai pas à défendre Jérôme qui est grand et qui sait ce qu'il a à dire. Mais j'ai aussi envie de dire aux lecteurs qui mettent ici mon nom en avant qu'ils ne servent pas ma cause, ni celle d'aucun autre auteur, en flingant quelqu'un qui n'est pas qu'un grand écrivain, mais aussi un homme bien et un ami.

    Voilà, moi j'en ai plus que marre de ce truc, et je ne reprendrai la parole sur le blog que lorsqu'on se centrera sur la littérature, et pas sur des conneries. C'est vraiment ma dernière intervention concernant ce thème !

    MB

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  11. Marcu,
    d'accord avec toi, les commentaires que j'ai laissé passer étaient peut-être malveillants, signalant de possibles rancoeurs ou des jalousies ; mais je pense qu'ils se rapportent à un sujet intéressant : la figure de l'auteur, ce qu'on en attend dans l'espace public (ta préface à "Vae Victis" évoque ce thème à travers les figures de l'intellectuel en Corse). Il me semble que ce débat a été très fort à un moment de l'histoire de Canta U Populu Corsu (le rapport entre un collectif chantant pour la collectivité et des chanteurs s'imaginant de plus en plus comme des artistes indépendants de toute charge collective).
    Je vais faire un effort pour que ce blog conserve son intérêt sans tomber dans les critiques déplacées.
    Mais comme c'est difficile : régulièrement je me rends compte que nombre de points de vue critiques sur des ouvrages (critiques intéressantes) ne sont pas faites dans le champ public pour diverses raisons qui m'apparaissent toujours non convaincantes. La possibilité du débat apaisé et critique est encore à venir.
    Encore désolé pour les blessures infligées.

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  12. Un commentaire pour signaler :

    - je n'ai toujours pas pu voir l'émission "Des mots de minuit"
    - mais j'ai reçu des informations précises sur comment cela s'était déroulé et j'en fais part ici avec toutes les autorisations nécessaires. Elles permettent de répondre aux assertions erronées et aux commentaires désobligeants (j'ai supprimé les commentaires par trop blessants et inutiles d'un point de vue littéraire).

    Donc voici ces informations, j'espère qu'elles permettront aux différents participants soit de réviser leur jugement soit de comprendre combien il est difficile d'organiser des discussions.

    1. Jérôme Ferrari n'a jamais été invité par François Busnel.
    2. Recevoir le prix du roman France Télévisions n'implique pas forcément d'être invité à toutes les émissions culturelles et littéraires des chaînes de France Télévisions : ce sont les animateurs et les maisons de production qui décident d'inviter ou pas tel ou tel auteur.
    3. Les propos des animateurs ne sont pas des copier-coller des dossier de presse préparés par les éditeurs.
    4. Philippe Lefait a apprécié "Où j'ai laissé mon âme" de Jérôme Ferrari. Il l'a défendu dans le jury et c'est la raison pour laquelle il a invité l'auteur dans son émission du 1er décembre.
    5. Sa remarque sur le style du livre insistait sur le fait que les jurés téléspectateurs avaient mis l'accent sur le fait qu'ils étaient touchés par l'histoire et pas sur le style. Il n'a absolument pas dit qu'il n'appréciait pas le style du livre.
    6. Les points de vue de Jérôme Ferrari sur la notion de "littérature régionale", la littérature corse et les oeuvres de Marcu Biancarelli ont déjà été énoncés bien des fois, l'émission de Lefait ne portait pas sur ces sujets.

    Voilà, j'espère que cela permettra d'y voir plus clair. Je garde la conviction (je sais que beaucoup ne sont pas d'accord avec moi, certains avec intelligence et bonne foi, d'autres avec une malveillante et insultante hypocrisie) que la littérature corse a besoin de débats, amateurs ou professionnels, tranquilles ou animés, voire polémiques. Je concède que celui ouvert par ce billet était mal posé et a laissé passer des propos malveillants. Or, je ne vois pas très bien où ces débats intelligents sur la littérature corse - débats amateurs ou professionnels - ont lieu (mais je ne demande qu'à en être informé, bien sûr).

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  13. Bonjour,
    Je découvre maintenant ce commentaire.
    N'étant aucun des anonymes incriminés pour leurs propos désobligeants, je voudrais faire les commentaires-des commentaires- suivants:
    -les comms supprimés-que j'avais lus- n'étaient pas désobligeants: ils étaient critiques et polémiques mais vous devriez aller voir sur d'autres blogs ce que sont vraiment des comms désobligeants...
    -la polémique qui a suivi, ici et surtout "ailleurs", était totalement exagérée.
    -"L'absence de dimension critique étouffe les choses qui mériteraient d'être connues."(en Corse) est une phrase de Jérôme Ferrari. Il a raison: la preuve.
    -Je n'approuvais pas du tout le terrain sur lequel s'étaient placés les deux intervenants censurés, mais ils avaient le mérite d'ouvrir un débat en restant polis. Il aurait été possible de rebondir sur ce débat au lieu de réclamer la censure, ce qui est éclairant sur les raisons de "l'absence de dimension critique". Rien que pour ça ce billet aura été très utile: merci.
    -Finalement vous vous serez vous mêmes censurés dans cette histoire et c'est bien dommage.

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  14. Anonyme 16:26, bonjour.
    Merci pour votre prise de parole. J'y réponds point par point :

    - les commentaires que j'ai censurés ont été perçus comme blessants, et c'est pour cette raison que je les ai enlevés. Evidemment c'est un jugement subjectif que vous avez le droit de ne pas partager. Bien sûr, on peut toujours trouver des commentaires plus désobligeants ou blessants, la malveillance n'a pas de limites. Vous avez compris qu'il ne m'intéressait pas de faire sur ce blog des polémiques inutiles ou de collectionner des commentaires désobligeants. Là encore, chacun se fait son idée sur l'utilité ou non de telle ou telle polémique qui va trop loin ou non, etc.

    - vous parlez de "polémique" qui a suivi ces "propos désobligeants" ; bien au contraire, j'ai trouvé le point de vue de Marc Biancarelli extrêmement clair, non polémiques, intéressants, apportant beaucoup d'éléments permettant de comprendre ce qui a pu être mal compris dans les propos de Jérôme Ferrari. Vous évoquez le fait que cette polémique a eu lieu aussi "ailleurs", je suppose que vous faites allusion au forum de Musa Nostra : laissons chaque lieu numérique développer et éteindre ses incendies ; le temps fera son office et la raison bienveillante reprendra le dessus.

    - vous reprenez une phrase de J. Ferrari qui pointe l'absence de "dimension critique" concernant la production littéraire corse. Pour ma part, je ne comprends pas cela comme un appel à des critiques désobligeantes sur les écrivains, mais plutôt comme un appel à une critique littéraire professionnelle qui accepterait de faire des choix, de désigner ce qui lui paraît très bon, bon, moyen, médiocre et franchement mauvais. Concernant cette absence de "dimension critique", je peux vous signaler un point de vue de Joël Jégouzo sur "Où j'ai laissé mon âme" qui est à la fois très virulent et très négatifs, et avec lequel je ne suis absolument pas d'accord ; à ma connaissance cet article n'a pas suscité de polémique, peut-être parce qu'il porte essentiellement sur le livre. Mais je peux comprendre qu'il soit considéré comme blessant.

    - vous dites ne pas approuver du tout les interventions censurées, mais en quoi ?

    - vous évoquez la possibilité de rebondir sur ce débat mal posé : il me semble que les rebonds ont été faits et qu'un certain nombre d'informations vérifiées ont finalement été offertes aux lecteurs, mais si elles vous paraissent insuffisantes, je vous engage à proposer ici une discussion bienveillante et plus pertinente.

    - est-ce que cette censure est si dommageable que ça ? Je ne sais pas. Ce n'est pas la première fois, ce ne sera peut-être pas la dernière. Car mon intention n'est pas de laisser paraître des propos qui pourraient blesser (en permanence, pensons au fait que tout peut se lire tout le temps sur le Net) des auteurs qui ne demandent par ailleurs que d'être critiqués de façon honnête et non agressive.

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  15. Suite du commentaire précédent :

    Résultat des courses :

    - je me permets de vous demander de proposer ici un récit de lecture ou bien un point de vue qui puisse ouvrir à discussion

    - je vous rappelle qu'il s'agit de proposer un regard sur des livres et non sur des personnes ou sur leurs intentions (car les commentaires censurés, clairement, remettait en cause des attitudes faussement imputées à Jérôme Ferrari

    - je vous rappelle que la forme doit être le plus possible courtoise et que cela n'interdit aucunement de faire une critique négative ; je me suis permis d'avoir un point de vue négatif sur quelques aspects des ouvrages de Jean-Claude Rogliano ("Mal'Concilio") et Jacques Fusina ("Ecrire en corse"), c'est donc possible. Et souhaitable. Je crois toujours dur comme fer qu'il est absolument nécessaire de construire cet espace public où l'on pourra se dire tranquillement que l'on n'est pas d'accord : ce n'est pas facile, vous le voyez bien. C'est aussi pour cela que j'aurais bien aimé que les commentateurs critiqués poursuivent la discussion ; ils ne l'ont pas fait, je me suis donc permis de censurer certaines de leurs paroles. J'espère qu'ils comprendront mon point de vue et ma décision.

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  16. Merci de vos réponses convaincantes et de votre proposition de récit de lecture et de point de vue, c'est intéressant (mais ça demande du temps, et le temps...)


    Il y a bien eu une polémique démesurée qui a conduit à censurer le billet initial, et j'ai trouvé dommage d'avoir cédé.


    Je ne me serais pas placé sur le terrain des intervenants censurés parce qu'il y avait entre autres l'utilisation d'éléments biographiques et des pensées supposées de Lefait sur le style ou pas de l'auteur. Alors que ces deux aspects (la bio et les pensées supposées) m'intéressent moins que peu.


    Néanmoins, en allant au delà de cet auteur et de ce livre-ci, il aurait été possible de rebondir à partir de là sur les questions suivantes parce qu'elles illustrent (entre autres) le blocage de la "dimension critique":


    - la question du style d'un écrivain (y en a-t-il, en quoi consiste-t-il etc..) ne peut pas être escamotée. En général elle l'est.


    - à partir du moment où les auteurs eux(elles)-mêmes utilisent toutes les interviews pour raconter leurs vies, et ne parlent que très peu de littérature, cela signifie que les lecteur(trice)s sont invités à s'intéresser à des livres pour des raisons qui ne sont pas littéraires (médiatiques, biographiques...) Pourrait on demander à des critiques de lecteur(trice)s d'avoir des scrupules que les auteurs n'auraient pas, en leur demandant de se cantonner à la pure littérature?


    - les arguments sur le nombre de ventes d'un livre ou la notoriété de l'éditeur ou la visibilité médiatique de l'auteur sont bloquants et sans intérêt pour la critique. Ils sont pourtant systématiquement mis en avant.


    -Si un écrivain a au départ choisi, par ses thèmes, son éditeur, etc.. de se placer dans la littérature Corse puis a changé d'option (ou même s'en est détourné) il ne faut pas éluder cette question qui est importante dans un blog sur la littérature Corse.


    - Les arguments lus sur l'autre forum que vous citez sont très éclairants sur l'absence de dimension critique. C'est une édifiante preuve par l'exemple.


    Ce sont quelques éléments, en souhaitant à ce blog une bonne année 2011 dans son utile et difficile travail.


    Bien cordialement

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  17. Anonyme 20:16,
    - je persiste à penser que votre temps de lecture et de commentaire de ce blog pourrait être, sans trop de difficulté, complété par un temps d'écriture sur une de vos lectures de livres corses...
    - ok, vous trouvez la polémique disproportionnée, je veux bien comprendre votre point de vue mais je trouve qu'elle contient des informations intéressantes.
    - concernant le "blocage de la dimension critique" : je suis d'accord avec le fait que bien des éléments non littéraires empêchent de discuter des livres comme objets littéraires (style, thématique, construction, portée).
    - toutefois, il y a des entretiens très intéressants avec des auteurs, voir les interviews de Jérôme Ferrari, par exemple, sur le blog d'Emmanuelle Caminade, par exemple ("L'or des livres")
    - concernant le fait de passer d'un éditeur corse à un éditeur continental (Jérôme Ferrari n'est pas le seul) et sur la notion de littérature corse, cette discussion a déjà eu lieu plusieurs fois sur ce blog, suffisamment pour que Jérôme Ferrari ait explicité son point de vue. Et donc, je peux dire mon sentiment : JF ne s'était pas "placé dans la littérature corse" et ne s'en est donc pas "détourné" ; il a écrit de la littérature (nourrie par la matière corse, publiée en Corse) puis il a décidé de la proposer à un éditeur qui lui permettrait une meilleure diffusion. J'espère seulement que cela engagera les lecteurs à aller voir ses deux premiers livres publiés par Albiana, et notamment Aleph zéro, car ils permettent de mieux comprendre les suivants.

    En espérant vous voir proposer un billet en 2011 (quelques dizaines de minutes de ce temps qui nous est précieux à tous !...)

    Cordialement

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  18. N'étant pas comme vous ce que mon petit fils appelle je crois un "Geek", je ne m'imaginais pas qu'il y avait eu un tel débat depuis ma dernière intervention. j'ai tout lu, et je voudrais dire la chose suivante : J'avais été choqué par l'émission que j'avais vu, j'ai cherché sur le net où en parler, je suis tombé sur l'intitulé 'Pour une littérature corse" et j'ai pensé que c'était bien. Bon, ceci posé, vous êtes drôles ! On censure des critiques, on en garde d'autres, sur quels critères? je ne sais pas, mais ce qui est sûr c'est que sans vous, je n'aurais pas su que monsieur Jegouzo avait descendu le livre en flammes. Donc si je suis bien vos propos ( et ce n'est pas si simple avec tous ces repentirs, ces censures etc) vous n'avez émis aucun propos personnel sur le livre (l'avez vous lu au moins ?) vous avez donné de la publicité à la critique la plus virulente (et la plus argumentée, c'est vrai) qu'on doit trouver sur le net. Donc clairement, monsieur Renucci, je ne vous comprends pas. Moi je suis un lecteur, d'un certain âge, certes. je crois que j'ai un peu de culture. j'ai lu par exemple "le Maitre et Marguerite" et je l'ai repris après avoir terminé celui de monsieur Ferrari. Il y a des parallèles interessants, et cela aurait surement fait une bien meilleure conversation. Enfin, si moi je suis parvenue à voir l'émission, alors que c'est mon petit fils qui m'installe les logiciels, vous auriez pu faire mieux qu'un "on m'a dit", qui a mon sens n'est que très partiel ( et partial). Enfin ! comme disez Voltaire, parlez de moi, en bien ou mal, mais parlez de moi... Monsieur Ferrari doit être content... Ceci dit je persiste, si voix du bon sens il y a ici, c'est bien celle de monsieur Biancarelli, que je salue, car il m'a dédicacé un livre à Porto-Vecchio

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  19. Monsieur Vellutini, merci pour votre commentaire, qui va me permettre de clarifier encore un peu les choses :
    - je ne suis pas un "geek" (je ne suis pas du tout expert dans l'utilisation des dernières innovations informatiques et numériques), mais j'aime la littérature corse, la littérature en général et en discuter via ces outils fabuleux que sont les blogs (que j'utilise donc assez pauvrement)
    - concernant la censure des critiques : le critère est lorsque le message vise une personne et non une oeuvre ; alors pourquoi ai-je laissé passer ces commentaires ? eh bien, parce que mon désir de discussion était trop puissant et parce qu'il me semblait qu'ils pouvaient engager à une discussion sur la "figure de l'auteur" (titre du billet) dans la littérature corse contemporaine, et plus précisément sur ce qu'on (nous tous) attend (consciemment ou inconsciemment) d'un auteur corse qui rencontre un succès national et bientôt international (puisque des traductions de "Où j'ai laissé mon âme" sont prévues en anglais, en allemand, etc.) ; donc, finalement, j'ai censuré les commentaires qui me paraissaient vraiment blessants (voilà, et je sais que je ne ferai jamais l'unanimité sur aucun de mes choix, c'est comme cela).

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  20. (suite du message précédent)

    - oui, j'ai lu "Où j'ai laissé mon âme" ; j'ai à peine évoqué ce roman dans deux billets précédents : "Lecture en cours : "Où j'ai laissé mon âme" (http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com/2010/08/lecture-en-cours-la-ou-jai-laisse-mon.html) et "Alors, vous êtes au courant de la bonne nouvelle ?" (http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com/2010/11/vous-etes-au-courant-de-la-bonne.html)

    - vous émettez l'hypothèse que la discussion aurait pu être plus intéressante avec un parallèle entre le livre de JFerrari et celui de Boulgakov : mais je vous en prie, ce blog est fait pour cela : accueillir les points de vue de lecteurs de livres corses. Personnellement, je n'ai pas lu "Le maître et Marguerite". Par ailleurs, je vous signale un autre blog qui a fait ce rapprochement de façon très pertinente : celui d'Emmanuelle Caminade (voir ici : http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/article-ou-j-ai-laisse-mon-ame-de-jerome-ferrari-51694809.html)

    - j'espère que mes réponses vous satisferont ; j'espère que les réponses concernant votre vision de l'émission vous auront permis de nuancer votre jugement.

    Cordialement.

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  21. Je pense que tu as eu raison, FXR, de supprimer les commentaires blessants, et je sais combien tu répugnes à "censurer", mais parfois c'est nécessaire, c'est tout. Certes un écrivain qui a de la notoriété doit s'attendre, comme toute personne exposée dans l'espace public, à toutes sortes d'attaques, il a intérêt à être blindé. Mais bon, c'est un "être humain" comme dit Marcu... Au moins ici, c'est ton Blog et tu peux intervenir quand les propos dépassent les bornes. C'est vrai, l'insinuation sur les attitudes ou les intentions personnelles n'a rien à voir avec une critique littéraire.
    Il vaut mieux lire les livres et lire les interviews où Jérôme Ferrari explique bien son approche de la littérature, le rapport de son écriture à la Corse, à l'Algérie où il a enseigné, ... Il le fait avec sérénité et même une certaine humilité. On peut discuter de certains de ses arguments, cela c'est intéressant. J'avais beaucoup aimé par exemple son interview dans "A Pian d'Avretu" en septembre 2007, à propos de son roman : "dans le secret" (que je n'ai pas encore lu, damned!!)
    Marcu Biancarelli est un grand écrivain et il s'imposera d'une façon ou d'une autre. Il est déjà pas mal reconnu en Corse, le reste suivra, j'en suis convaincue. Ferrari n'a pas à endosser à lui seul la promotion de la littérature corse, cela doit se passer à d'autres niveaux.

    Merci pour toutes les mises au point, de Marcu, de FXR.

    Et retournons aux livres.

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  22. Francesca,
    merci pour l'intervention. C'est vrai que je préfère de loin les interventions non agressives et centrées sur la lecture effective de tel livre, telle page, telle expression, tel caractéristique d'un style, d'un thème, de la construction d'un ouvrage... Mais c'est très rare, même quand je relance très concrètement les visiteurs de ce blog. Cela viendra, j'en suis sûr. Nos plaisirs se fondent sur ces lectures réelles et ils seront décuplés, affinés grâce à des échanges, des discussions.

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