mardi 8 novembre 2011

Norbert Paganelli évoque la qualité de certaines discussions littéraires corses sur le Net : qu'en pensez-vous ?

Je n'interviendrai que dans les commentaires pour participer à la discussion, si elle a lieu.

Je relaie, avec l'accord de l'auteur, les propos de Norbert Paganelli publiés sur son site Invistita à propos des "échanges littéraire sur Internet" (billet du 4 novembre 2011).

Forse, vulerete discutà un pocu di issu sughjettu ? :

Je l’avoue, la réalité est parfois décevante. Non pas la lointaine réalité d’horizons qui ne sont pas les nôtres, non….la réalité d’ici, la nôtre, celle que nous parcourons tous les jours, que nous côtoyons à notre insu ou de manière délibérée…
Comme beaucoup (pas assez il est vrai), je m’intéresse à la littérature et en particulier à la création poétique en langue corse. Je l’ai dit, écrit, répété maintes et maintes fois, ce n’est pas une volonté d’enfermement de ma part mais bien plutôt la conviction que le combat en faveur des langues minoritaires est un combat légitime dont nous avons tout à gagner.
Il va de soi que, dans mon esprit, la frontière séparant la production en langue corse et les écrits portant sur la Corse n’est pas d’une netteté absolue. En fait, un ouvrage sur la Corse ou mettant en scène des Corses va m’intéresser car il m’apparaît évident qu’il convient de mieux se connaître si l’on veut avoir une chance de comprendre le Monde. Comprendre le Monde…Venons-en au fait justement !
Des sites passionnants, des échanges incertains…..

Allant de temps à autres sur la toile, j’y fréquente un certain nombre de sites et de blogs ayant pour thème la littérature. Ce que j’espère y trouver, ce sont des échanges, des points de vue différents du mien, des découvertes…Concernant le monde insulaire, je me dois d’avouer que si je suis heureux de constater le nombre important de blogs et de sites, je suis sidéré d’observer l’énergie négative qui y est dépensée.

Certes, cela n’affecte pas la totalité de ces espaces dont certains, il faut bien le dire, demeurent d’excellente qualité : je pense à Gattivi Ochja de Stefanu Cesari (http://gattivi-ochja.blogspot.com/) qui nous distille avec parcimonie son remarquable savoir faire de traducteur, je pense aussi à Emmilia Gitana (http://emmila.canalblog.com/) de Caroline Ortoli qui présente un vaste panorama de la poésie contemporaine sans oublier l’Invitu de Jean Claude Casanova (http://www.l-invitu.net/) qui est toujours un précieux « road-book » pour parcourir les sentiers culturels de l’île ou encore Puesia in negra è biancu d’Angélique Bazziconi (http://puesie.blogspot.com/), laquelle nous présente les multiples facettes d’une passionnée de langue corse…J’en oublie, bien entendu, et on ne m’en voudra pas de ne point citer tout le monde….
Non, il ne s’agit pas de ces blogs et sites qui bien souvent ne font que nous offrir une production ou une sélection de textes, il s’agit bien plutôt des blogs ouverts à la discussion fonctionnant donc un peu comme des « forums » qui m’attristent dans leur mode de fonctionnement.
Disons-le tout net, je n’incrimine nullement leurs animateurs, ils ont eu la bonne idée de créer ces espaces et il convient de les en remercier, non, ce serait plutôt l’usage qui en est fait qui me pose un problème.

Loin de moi l’idée de penser qu’il soit nécessaire de se prendre au sérieux car il me semble évident que ceux qui sont trop sérieux sont d’une irrémédiable tristesse mais….lorsque la quasi-totalité des discussions est complètement dénaturée par des plaisanteries, des allusions (pas toujours compréhensibles par le commun des mortels),on est en droit de se demander si la juste cause de la création est véritablement honorée.
La création littéraire mérite mieux
Les personnes que je connais et qui font œuvre littéraire en Corse (cela doit être vrai partout ailleurs) sont passionnées par leur démarche, elles ne recherchent ni la notoriété facile, ni l’approbation unanime. Elles font leur travail de créateur dans l’indépendance la plus totale et souvent l’incompréhension du plus grand nombre. Ces gens là méritent, me semble-t-il un certain respect même si l’on ignore, la plupart du temps, ce qu’il faut de travail et de peine pour mettra au monde un modeste ouvrage.

Qu’on me comprenne bien, je ne souhaite pas que les auteurs soient encensés, ils ne le voudraient pas eux-mêmes, mais, simplement, qu’ils soient respectés pour le travail accompli dans la pénombre de leur cabinet, hors des feux de l’actualité.
Or, les dérisions, les plaisanteries un peu lourdes dès qu’on souhaite aborder leurs travaux me semblent ne rien apporter, en termes de valeur ajoutée, à leur entreprise, bien au contraire…Je dirais même que si l’on voulait purement et simplement fusiller la création locale, on ne s’y prendrait pas autrement…
Il ne suffit donc pas qu’il y ait autant de difficultés à éditer un ouvrage, à trouver un lectorat qui se dérobe chaque jour un peu plus, à affronter les sourires amusés des touristes devant les rares librairies présentant des ouvrages en langue corse, il faut aussi que nous assistions, en direct, à cet auto sabotage au nom de je ne sais sens de la « macagne » ?
Mais au fond pourquoi ? Pourquoi cette pratique qui apparaît comme purement et simplement suicidaire ?
Parce que nous sommes des vaincus….
En relisant l’ouvrage de Marc Biancarelli (Vae victis), j’ai eu le sentiment d’y trouver un début d’explication : parce que nous sommes des vaincus et utilisons mille et un subterfuges pour ne pas nous donner les clefs de la réussite. Dévaluer un écrit ou une personne, même sur le mode pseudo comique c’est, de facto, s’interdire de les prendre au sérieux tout en positionnant son discours dans un no mans land aux contours mal définis mais où personne n’est responsable et donc n’encourt aucun risque.

Or ceux qui font acte de création, quels qu’ils soient, prennent un certain nombre de risques : celui de se faire critiquer en tout premier lieu ou de se voir oublier ou encore de se voir taxer de je ne sais quelle complicité avec je ne sais quel réseau.
Ceux qui créent disent, d’emblée, d’où ils parlent, en se dévoilant, en s’exposant et ils ne rencontrent en face d’eux que ces snippers aux discours faciles dont la seule fonction semble d’être d’ amuser un public au demeurant exsangue et médusé.

La création mérite mieux, beaucoup mieux que cela. On ne peut reprocher à ceux qui ne s’y intéressent pas de ne pas participer aux débats. On peut par contre en vouloir à ceux qui font profession de s’y intéresser et qui ne font que ravaler l’acte de créer à un simple hochet destiné à leur faire passer un court et agréable moment.

J’appelle de mes vœux l’émergence d’un espace virtuel pluriel où les échanges et les réflexions, éléments indispensables à la vie culturelle, puissent se multiplier et s’enrichir dans un esprit d’ouverture et de respect, lequel nous fait, aujourd’hui, cruellement défaut.



Norbert Paganelli.

25 commentaires:

  1. nous réussissons pourtant bien ...dans les ECHECS! -)) merci Leo.

    bon Pagà, des noms, des noms!

    Je ne partage guère les désenchantements, mais bien plutôt les révoltes, et préfère me tourner vers les énergies qui bouillonnent ça et là.

    Tu n'as pas cité le blog "Tarrori è Fantasia" de MB, qui a fait une double démonstration : celle de la créativité débridée de la Toile, hors de toute contrainte , et celle de l'existence d'un lectorat en langue corse, qui plus est dans un genre inédit : plus de 40 000 pages lues en un an, voilà ce que j'aime comme démonstrations, loin des lamenti et des regrets éternels,

    Lascemu corre e "disfatte" è viaghjemu.

    Puis chacun peut bien s'exprimer comme il l'entend, l'ironie, le pastiche, la caricature, le canular, ont toujours été présents dans la vie littéraire, partout! Justement, en Corse, peut-être pas assez, par le passé...?

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  2. Bien, la discussion s'est engagé aussi sur Facebook (http://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=287661911256357&id=731168989&notif_t=share_comment) mais je préfère la poursuivre ici (l'archivage et la fonction recherche des blogs permet de conserver la possibilité de retrouver les discussions, sur Facebook, les choses disparaissent très vite).

    Personnellement, je n'ai pas été choqué par l'arrivée de propos (ceux de Tancrède Paoletti et consorts : Francescu Paoletti, Titi Rocchesani, Moreschi-Defonds, etc. ; mais encore ceux de quelques intervenants du forum de Musanostra, comme Richman, Poussin, Corseetzen, etc.).

    Bien sûr je fais une différence entre les deux groupes. Au premier j'accorde une volonté d'utiliser la caricature et la mauvaise foi au service d'une critique (pas assez explicite parfois) de la vie littéraire corse. Cela me fait souvent rire, c'est vrai. Est-ce que cela fait vraiment avancer la littérature corse, cela est moins sûr. Se pose alors la question de l'équilibre : s'il n'y a que ce genre d'interventions, cela perd de son intérêt. En tout cas, la nature ayant horreur du vide, ceux qui veulent bien prendre la parole occupent le terrain, et si les analyses plus sérieuses et fines se font rares sur le Web ce n'est pas à cause des Paoletti's boys ang girls. Je suis donc d'accord avec l'appel final de Norbert, tout en précisant que l'esprit "d'ouverture et de respect" nous conduit à accepter avec respect, et plaisir pour certains, les élucubrations hilarantes de Paoletti, etc...

    Pour le second groupe d'interventions problématiques (de quelques participants de Musanostra), je les trouve tristes et souvent consternantes. Mais cela doit aussi faire partie du jeu...

    Et d'un point de vue plus global, je trouve, comme Francesca, qu'il y a beaucoup d'énergie positive dans les propos publiés sur le Net. Je reste optimiste.

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  3. Francesca, les révoltes naissent la plupart du temps de désenchantements... et moi aussi je les aime.

    Le problème n'est pas, me semble-t-il de nier qu'il puisse exister une littérature de la dérision , de la fantaisie, du canular puisque des pans entiers de la création contemporaine y ont recours, il s'agit même là , pourrait-on dire, d'une véritable constante depuis le dadaïsme..Le problème est de ne pas pouvoir avoir une discussion qui se tienne ! C'est tout à fait différent !
    Comme beaucoup, je me dis en lisant certaines interventions: "Mais où en sommes nous pour ne pas parvenir à échanger plus ou moins sereinement ?". Je comprends que l'on puisse avoir des échanges animés qui parfois débordent mais nous n'en sommes pas là: il n'y a plus d'échange du tout, les écrits un véritable pré- texte qui n'a plus rien à voir avec le texte lui-même ! On doit devenir trop sérieux en prenant de l'âge...

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  4. Sur les conseils de Monsieur Renucci je réitère ici mes demandes (faites hier sur facebook) : il aurait été souhaitable que la critique aille plus loin en citant de façon explicite les "macagnes" et les sites incriminés. Cela a été le cas pour les pages jugées louables. Sans quoi l'article est inutile et s'arrête à un simple billet d'humeur. La critique (dans son sens premier d'acte constructif) ne se conçoit pas sans arguments il me semble...

    Quand on s'intéresse au monde virtuel corse on est amené à parcourir des forums où une certaine légèreté et l'irrévérence sont de mise. J'espère que ce ne sont pas ces lieux que l'on juge ici, car ils apportent bien plus à l'écriture corse que tous les blogs littéraires qui pullulent sur la toile. "Ils parlent vrai", sont bien plus sains, créatifs et respectueux que la majorité des sites où de pseudo-esprits éclairés distillent leur science un balai maladroitement coincé dans...pardonnez moi je m'égare...
    Je reprends ici la liste publiée dans un commentaire sur le site de Monsieur Paganelli: "Pour une littérature corse", "Passions cyrnéennes", les pages Facebook de Tancrède Paoletti (Francescu Paoletti, Titi Rocchesani, Moreschi-D...efonds), le forum de Musanostra, le forum de la Gazetta di Mirvella". Je pose la question au principal intéressé: est-ce bien ces sites qui sont visés (bien que monsieur Renucci m'ait apporté un début de réponse)? Si oui un minimum d'arguments ferait plaisir. "La création mérite mieux que cela"...que mérite-t-elle de plus que ces sites ne lui offrent déjà?

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  5. Ces sites canulars se contentaient d'exploiter le répertoire le plus convenu (l'homosexualité notamment) sans la moindre touche d'invention, quant à certains commentaires ( Bronsky le rat et consorts) ils jouaient de manière très malsaine , à mon sens, sur le second degré.
    La « littérature » comique mérite mieux, même dans le genre potache!
    Mais le plus déplaisant, notamment sur « Pour une littérature corse » , ce sont la virulence des anonymes qui ne prennent aucun risque , ne dévoilant pas même leur lecture des textes et préférant les attaques ad hominem, les allusions qui ne sont comprises que des initiés, les procès d'intention non fondés : on ne sait qui est qui, qui vise qui, qui pense quoi et il est vraiment déprimant, vu de l'extérieur , d'observer toute cette énergie gâchée à tourner en rond dans une petit monde clos et masqué ...
    Et ce climat délétère finit par contaminer tout le monde, on nage en pleine incohérence, en plein délire :
    Que penser de la récente intervention de JF qui se sentant visé par un article d'Isularama laisse un certain François Paoletti répondre sur le site incriminé et préfère y répondre - sans même mentionner ce dernier - sur le blog de FXR dans un commentaire sans lien apparent avec le billet auquel il fait suite ? Et XC de se voir obligé de venir se justifier sur « Pour une littérature corse » !

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  6. Petra alta je vous l'ai dit, mais je crois que c'était sur FB, ce ne sont en aucune manière les supports que je visais mais bel et bien certaines discussion sur le présent site et sur le forum de Musanostra. La littérature a de multiples facettes et il est parfaitement normal qu'il y ait des sites "spécialisés" sur le fantastique, l'humour, le pamphlet etc....J'ai ai bien un qui s'intéresse plutôt à la poésie. Ce n'est pas là que se situe le hic ...C'est sur les discussions engagées qui s'enlisent suite à des interventions parasites qui se veulent comiques et qui , à mon sens, sont tragiques,car elles fusillent toute discussion possible qui serait grandement bénéfique. C'est tout mais c'est déjà beaucoup...

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  7. Qui parle de littérature comique ou d'écrits potaches? Pourquoi vouloir systématiquement classer chaque intervention, chaque discours dans une catégorie? il s'agit d'EXPRESSION: d'une humeur, d'une envie, d'une vérité, d'une macagne, d'une opinion, d'une volonté, d'un état d'esprit. Mais s'exprimer avec liberté, s'écarter des grands discours, des carcans moraux,des paroles insipides ou des cirages de pompes cela dérange. Je vois pour ma part en Bronsky, Tancrède, Faustin et compagnie une attitude plus que saine, une droiture qui fait défaut à plus d'un. Leur répertoire est convenu? S'il l'était tant il y aurait bien plus de lecteurs blasés et moins de réactions stupides. Pas la moindre touche d'invention? Ah bon? Il est que la démarche est récurrente. On en trouve de ce type tous les matins au petit dej...sans parler du style (ironie...je précise on ne sait jamais). Et oui... il y en a qui trouve cela fort bien tourné. Quant à l'anonymat il ne change rien à l'affaire. Que l'on se nomme Bronsky, Tancrède, Petra (puisque j'utilise un pseudo), Françoise Stefani, Louis Pasqualini, Camille Andreani ou Pauline Albertini où est la différence? Un état civil vous parle-t-il plus qu'un pseudo? Vous permet-il de mieux connaître la personne, ses compétences, sa réflexion,son honneteté? Non. Par contre il est bien plus pratique pour s'épancher auprès des uns et des autres (c'est vrai que ça la fiche mal quand même de débuter ses plaintes larmoyantes par "un rat m'a dit que...")et consulter les pages jaunes voire les archives du net (pour trouver une image et juger selon le faciès?). C'est aussi l'occasion de réfréner sa hargne s'il s'avère que l'on ne s'adresse pas à un sinistre couillon On peut alors retirer ses propos et revendiquer son goût pour la macagne.N'oublions pas qu'il n'y a jamais eu d'insultes proférées, de propos racistes tenus ou avilissants.
    Le problème de ces personnages virtuels c'est qu'ils appuient là où ça fait mal et qu'ils mettent bon nombre de lecteurs face à ce qu'ils sont, leur prétention ou à leur médiocrité. Sans parler de ceux qui jalousent une telle liberté de ton et une telle aisance. A qui voudrait leur sens de la provocation, de la réplique, du débat, de l'analyse, de l'écriture. Personnellement je me voudrais aussi saine d'esprit qu'ils le sont.

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  8. Jérôme Ferrari9 novembre 2011 à 14:01

    1 - Je ne me suis pas senti visé : j'étais visé. A moins que quelqu'un ait la bonté de m'expliquer quelle peut être l'interprétation correcte de la référence à Arles et me convainque ainsi de paranoïa.
    2 - Je n'ai laissé personne répondre à ma place et je n'étais pas au courant que quelqu'un avait répondu.
    3 - Je considère le site de François-Xavier comme un point de rendez-vous, celui qui est fréquenté par tout le monde, et c'est ici que je m'exprime. Xavier Casanova fréquente régulièrement ce site et ma réponse ne pouvait lui échapper.
    4 - J'ai eu tort de répondre. J'ai dérogé à un principe. Répondre ne sert à rien. Jamais. Chaque discussion de 10 lignes est envahie d'une forêt de présupposés qu'on tient pour évidents et qui sont placés, par principe, en deçà du discutable. Dans ces conditions, une "discussion" n'est rien d'autre qu'une perte de temps qui ne fait rien avancer du tout.

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  9. Aïe aïe aïe... la guerre est partout. Plus personne ne se comprend, ne veut se comprendre, ne pense pouvoir se comprendre... Fin de la démocratie, des petits pois et des rigolades... Un grand coup d'eau sur cette terre dévastée, un petit boum, un murmure et chacun retournera à son sillon... Et pourquoi pas ?

    Petra Alta, il me semble que vous devriez identifier précisément les propos médiocres et prétentieux qui vous lassent, ce serait plus clair pour la suite, éventuelle, de cette inutile discussion.

    De même, lorsque Francescu Paoletti répète jusqu'à plus soif (j'ai eu une discussion avec lui sur ce sujet sur Facebook), qu'il est absolument consternant de s'occuper de choses qui n'existent pas (langue et littérature corses), j'apprécie la force critique du propos mais je ne le trouve pas très convaincant au bout du compte, il demande à être précisé.

    Jérôme, je pense sincèrement qu'une discussion ne sert à rien que lorsqu'elle ne permet pas de préciser les présupposés qui l'ont faite démarrer... Je sais c'est long, et pas forcément utile au bout du compte, encore qu'à long et même moyen terme, je trouve que cela puisse être très instructif.

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  10. Jérôme Ferrari9 novembre 2011 à 14:26

    A la place de "présupposés", il fallait lire "fantasmes"

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  11. "Fantasmes", pourquoi pas : oh ouiiiii !!! précisons nos fantasmes !!! (Pour cela il faut aller sur la Gazetta di Mirvella, dont on peut lire une très émouvante description manifeste dans une discussion en cours sur Facdebook... : par Simonetti Dolovici Marie-Paule).

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  12. Monsieur Paganelli, l'acte de création, dans ces endroits jetables, ce sont bien ces saillies (que mes propos ne soient pas mal interprétés.)
    En ce sens, je comprends parfaitement Petra Alba dont la partie du message concernant les "anonymes" (titre d'un projet de film sur les assasins du Prefet Erignac)est un vrai morceau de bravoure.
    Il n'y a pas de Littérature Corse. Juste des écrivains qui parlent de ce qu'ils connaissent le mieux pour le faire entendre à la plupart,ici et ailleurs, dans la langue de leur choix.

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  13. @ Jérôme

    Je ne suis pas sûre, Jérôme, que traiter par le mépris soit une solution . Contrairement à vous, répondre me semble nécessaire .
    Je dois être trop simple et directe mais cela me semble quand même plus clair et plus sain de répondre directement à l'auteur d'une attaque suite à l'article qui vous met en cause , ou du moins d'y faire référence . Vous vous exprimez bien sûr où vous voulez pour répondre à XC mais utiliser le blog de FXR de cette manière c'est ne pas prendre en considération ses lecteurs potentiels.
    J'ai beau être une habituée de « Pour une littérature corse », mon ignorance de l'article incriminé rendait votre commentaire incohérent suite au billet de FXR, ce qui nest pas dans vos habitudes ... Découvrant par la suite cet article et le commentaire d'un certain François Paoletti dont vous repreniez le fond – et l'orthographe hasardeuse ! - j'ai cru un temps , climat délétère délirant aidant , qu'il s'agissait d'un canular et que quelqu'un avait emprunté votre identité !

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  14. J'ai écrit (Isularama, lien ci-dessus) :

    « Ce n’est jamais sa singularité qui interdit à un catalogue insulaire de franchir la mer, mais sa provincialisation, dans un jeu littéraire où les seuls jugements décisifs qui vaillent se tranchent à Paris, rive gauche. Même pour qui serait édité à Arles. »

    L'allusion à Actes-Sud, et partant à Jérôme Ferrari est évidente. J'assume.

    S'entend bien que j'assume ce que j'ai écrit.
    Pas la transformation de « pour qui serait édité à Arles » en mine antipersonnel.

    Au demeurant, c'est vrai que je peux moduler, notamment si on me signale des exemples attestant que la géographie éditoriale de la France a récemment évolué au point de rendre obsolète le schéma sur lequel je prends appui. Mais je ne bougerai pas d'un iota sur ces très étonnantes suspicions d'attaques ad hominem. À qui les a fabriquées de sortir l'arnica, la bande velpeau et le mot d'excuse.

    Je n'en suis pas moins désolé de la réaction de Jérôme Ferrari.

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  15. M. Heidkamp: où avez-vous lu que je défends je principe d'une littérature corse ? Ce concept m'a toujours dérangé car , dans mon esprit la création n'a pas de frontière ni de passeport...Ce qui ne veut pas dire qu'elle doive s'interdire d'utiliser certains véhicules...C'est curieux comme le net peut travestir complètement les choses...Je me trouve désormais dans la position d'un intégriste obtus alors que je n'ai d'autre ambition que de défendre une pratique minoritaire qui a sa légitimité.

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  16. Bon, puisque j'ai commencé à répondre, je continue.
    Xavier, je ne vois pas ce que l'allusion à Arles ajoute à votre raisonnement. Je viens de relire soigneusement l'article. Et si je sais lire, il me semble qu'on y oppose très clairement les vaillants éditeurs insulaires aux méchants éditeurs parisiens dont les Arlésiens ne sont que des satellites. L'honnêteté à la compromission. Et ça ne me plaît pas. D'autant que ce n'est pas la première fois que je lis ça (pas de votre part, Xavier, mais j'explique ma réaction).
    De plus, je trouve qu'il est réducteur d'aborder constamment la question littéraire sous l'angle des rapports de force - dont je ne songe pas à nier l'existence. Les milieux et les institutions peuvent être aussi pourris qu'on le fantasme (et il faut bien qu'ils le soient un peu pour que Justine Lévy ou Foenkinos se retrouvent sur la liste du Goncourt), les textes publiés restent ce qu'ils sont et c'est la seule chose qui m'importe. Il y a une sociologie de l'art mais elle ne remplace pas les oeuvres et ne saurait tenir lieu d'exégèse.
    Il se trouve que je connais un peu le travail de Schaeffer : dans le texte que vous citer, il ne parle pas de littérature mais des études littéraires, ce qui n'est pas la même chose. Schaeffer est le premier à déplorer que les méthodes d'interprétation post-modernes (pour le dire vite) aient presque totalement supplanté le travail de jugement critique sur ce que sont les oeuvres (et pas sur ce qu'elles veulent dire, ou contester, ou déconstruire).
    Ça suffira pour ce soir.

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  17. Norbert, ne donnons pas trop d'importance à ces interventions. La trinité des Paoletti/Faustin/Bronsky provoque, s'amuse? Il n'y a rien qui empêche la discussion par ailleurs et cela permet de nous rappeler de ne pas nous prendre trop au sérieux, de ne pas pontifier (ce qui arrive dans les discussions et les parasite tout autant). De là à en faire des héros comme le fait petra alta, c'est peut-être beaucoup, ils s'amusent à nos dépens (ou avec nous), mais ne portent pas spécialement de message, me semble-t-il. Le poussin fait cui cui? je saute...quelle importance?

    Je suis plus gênée par les attaques personnelles gratuites. Par exemple sur le forum de Musanostra je m'étais indignée une fois, il y a deux ou trois ans, des propos agressifs de certains habitués à l'égard de FXR et c'est à moi qu'on en a voulu...il y a des musanostristes un peu limites dans leurs propos, mais comme Norbert je n'incrimine pas les animateurs (je me demande parfois si la modération ne devrait pas intervenir, mais je sais que la volonté est de ne pas censurer)

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  18. prsi sur Isularama, un discours non corse sur la production corse, revigorant, non? :

    http://isularama.canalblog.com/archives/2011/10/19/22398743.html

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  19. Jérôme,
    Rien à redire à ce que vous dites.
    Nous tomberions immédiatement d'accord en renvoyant chacun à son job et son domaine d'action, de compétence et de responsabilité.
    — Aux créateurs d'avancer leurs compositions.
    — Aux éditeurs de définir leur champ, et, au besoin, à travailler à son extension.
    — Aux universitaires de ne pas effacer l'étude du texte sous l'étude des contextes.
    Trois lieux spécifiques travaillant de manière spécifique trois dimensions distinctes de la valeur symbolique.

    J'assume parfaitement les difficultés à passer outre les routines de l'action et de la pensée : rien de neuf qui ne soit d'abord interprété en plaquant dessus des schémas anciens. Le réflexe installé tire toujours plus vite que la réflexion en train d'essayer d'avancer.

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  20. Xavier,
    Loin de moi l'idée d'interdire à qui que ce soit d'aborder les oeuvres comme bon lui semble. Je voulais simplement dire qu'aucune démarche ne peut être exclusive et aussi, ce qui est l'expression d'un penchant subjectif, qu'en ce qui me concerne, je préfère qu'on parle du texte lui-même. Ce pourquoi je préfère Deleuze à Bourdieu - quoique la pertinence des analyses de Bourdieu ne fasse pour moi aucun doute.
    En ce qui concerne le milieu de l'édition, les choses sont compliquées. Quand vous parlez de "jugements décisifs", ça peut renvoyer à des choses très différentes - de même que chaque attribution du Goncourt renvoie à des choses très différentes (personne ne peut nier que Marie N'Diaye est un immense écrivain). Pour caricaturer un peu, je dirais qu'il y a deux préoccupations renvoyant à deux temporalités distinctes : la temporalité courte du commerce et celle, plus longue, de la littérature. Beaucoup d'éditeurs ne se préoccupent certes que de la première mais ce n'est pas vrai de tous les éditeurs et précisément pas de ce qu'on appelle les grandes maisons.
    Si tous les éditeurs étaient des rapaces cyniques et cupides, j'aurais publié un livre unique chez Actes Sud, et pas quatre. Jusqu'à l'année dernière, j'ai fait perdre de l'argent à mes éditeurs. Et leur fortune ne dépend toujours pas de moi, loin de là. Je suppose même que, s'ils ne sont pas fous à lier, ils ne croient pas une seconde que je sois, fût-ce à très long terme, le prochain Marc Lévy (perspective qui n'est pourtant pas dénuée d'un certain attrait, au moins sur le plan financier, et dont l'improbabilité, par conséquent, me chagrine). Ils me publient quand même. Et la seule explication que je trouve à ce comportement incompréhensible est la suivante : la rentabilité n'est pas leur unique règle de conduite. Et dans cette mesure là, je leur suis très reconnaissant de leur jugement qui est, pour moi, effectivement décisif.

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  21. Une fois de plus, je n'ai rien à redire à ce que vous dites.
    Ce que j'essaye simplement de voir, c'est la complémentarités des démarches, et leurs domaines de pertinence respectives. Ce ne sont pas les mêmes outils qui permettent de décortiquer un texte et d'en apprécier la valeur, ou les stratégies éditoriales permettant de le propulser et d'en apprécier l'efficience.

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  22. Xavier, entièrement d'accord, ce ne sont pas les mêmes outils. Et puisqu'on ne doit pas non plus se priver d'exprimer un accord quand il y en a un, j'en signale un second : la "provincialisation" est un handicap terrible. Et le pire est qu'elle n'est pas un fait, mais un jugement qui, pour le coup, repose entièrement sur des critères n'ayant rien à voir avec la qualité littéraire. Je soupçonne fortement les dits critères de ne valoir qu'en France mais si profondément que je ne vois pas comment on pourrait s'en débarrasser.

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  23. Moi je crois que c'est surtout français ce réflexe, en effet, cela n'exise pas en Italie, à première vue,où il y a une myriade d'éditeurs de tous horizons. En Espagne, où les gouvernements régionaux sont autonomes, cela s'accompagne d'une politique culturelle forte, et la production de Catalogne rivalise sans problème avec celle de Madrid.

    Est-ce que cela peut changer en France? Je pense que oui, cela va venir, mais très, trop lentement.

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  24. Paris et le reste...La province elle-même réagit ainsi envers ses propres productions... Ce n'est pas avalisé par Paris? "Ah... alors...c'est un effort méritoire, certes, mais certainement pas exceptionnel.." Ce n'est pas forcément conscient, d'ailleurs.
    Monsieur Ferrari, vous êtes édité chez Actes Sud. Votre talent vous a ouvert les portes de cette grande maison.Ce n'est pas son lieu d'implantation d'ailleurs qui lui donne sa notoriété mais bien le choix des textes qu'elle publie.
    Comment ne pas comprendre qu'un auteur veuille se faire connaître en dehors de son lieu de vie? Nos maisons d'édition, malgré leurs efforts ne peuvent rivaliser. Et puis ce dédain, venu de Paris, dédain répercuté en Province (corse et ailleurs..) ne fait qu'accentuer les difficultés de diffusion.
    En espérant effectivement qu'un jour, l'esprit français, ne jurant que par Paris, puisse un jour, se rendre compte des trésors actuels qui jonchent son territoire...

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  25. Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud, est décédé samedi 12 novembre à l'âge de 86 ans.

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