On va me dire, encore un billet polémique, ou, vous êtes fort pour relayer, mais c'est tout, ou encore, vous rabâchez, vous rabâchez, soyez plus constructif !
Donc, sont à venir des billets évoquant des œuvres : "Coupez !", le court-métrage de Laurent Simonpoli ; un poème de Ghjacumu Fusina ; "Trois balles perdues", un roman de Sylvana Perigot. Ceci pour signaler que ce blog est d'abord un lieu de discussion autour d'oeuvres concrètes.
Il se trouve que Jérôme Ferrari ("l'écrivain corse le plus en vue" selon le tout nouveau "magazine-livre" "Exceptions corses", de Jean-Christophe Attard ; objet original dont on attendra maintenant chaque parution annuelle ! oh ce sera long !) est interrogé dans cette revue par Vannina Bernard-Leoni (que l'on connaît bien pour ses activités au sein de la Fondation de l'Université de Corse et de la revue Fora!).
Il est interrogé sur sa vie d'écrivain, son évolution, sa façon d'écrire, mais aussi, in fine, sur le fait de vouloir participer à la mise en valeur au niveau national du travail de Marcu Biancarelli.
Je ne pouvais pas laisser passer une telle occasion de vous convier à discuter les propos - en l'occurrence, je trouve, pertinents et en même temps incomplets - d'un auteur insulaire bien au fait de la situation de la création corse. Les questions essentielles sont, une nouvelle fois, posées :
1. Quelles sont les conditions nécessaires à l'édification d'un champ artistique et littéraire vraiment efficace ?
2. Est-il vraiment nécessaire de distinguer publiquement les meilleures créations des moins bonnes voire des pires ?
Pour expliquer ces deux questions, je cite ici les deux dernières réponses de Jérôme Ferrari, et je place en caractères gras ce qui me paraît être les expressions les plus perturbantes et enthousiasmantes :
Question : Vous parles de Marcu Biancarelli aussi dans l'article paru dans "Libération". Cela faisait partie du projet ?
Réponse : Je voulais que le nom de Marco soit dans Libé. En plus, ça restait dans le sujet. Ce que j'espère, c'est que la traduction de "Murtoriu" soit éditée dans une maison d'édition nationale, pour que le livre ait ses chances. Les livres de Marco n'arrivent pas à avoir une vraie réception. Ils souffrent d'abord d'être diffusés à une échelle trop régionale ; puis il y a un problème sociologique qui fait que personne n'imagine qu'un bouquin traduit du corse puisse être une traduction d'une langue étrangère. C'est épuisant de faire un livre et de savoir par avance qu'il aura maximum vingt lecteurs. C'est dur de continuer à écrire dans ces conditions-là.
Heureusement, les lignes peuvent bouger. Pour le moment, je trouve que le pourcentage d'activités culturelles de qualité est énorme en Corse, mais que ça ne débouche jamais sur rien. Qu'il y ait deux écrivains de talent en Corse du Sud, c'est énorme. Et c'est pareil en musique, avec Pierre Gambini et A Filetta.
Question : Qu'est-ce qui rapproche ces noms ?
Réponse : Ce pourrait être le fait de ne pas se plier à un schéma préétabli, un côté post-idéologique. A Filetta fait de la polyphonie, mais s'accorde énormément de créativité... Légèrement plus que la montagne de nullités qui sort et qui ne peut survivre que sur une montagne d'inculture crasse. Attention, ce n'est pas la daube qui me gêne. Il y en a partout dans le monde et il y a toujours eu plus de daubes que de choses biens.
Mais il faut tout au moins essayer de les distinguer. Cela c'est une responsabilité.
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
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A propos du rabâchage, je signale que ces propos de Jérôme Ferrari ne sont pas nouveaux, et qu'un précédent billet, en 2010, s'était fait l'écho d'un premier constat pessimiste quant à l'absence d'instance critique dans l'île. Cela avait suscité un débat intéressant, mais qui avait fini par sortir du sujet (pour aller vers l'existence d'une littérature corse et sa ou ses fonctions).
RépondreSupprimerAlors, après lecture du précédent débat, peut-être un nouveau pourra-t-il éviter une simple répétition ou de changer de sujet ?
Voici le lien :http://pourunelitteraturecorse.blogspot.fr/2010/07/tout-le-monde-se-fout-de-la-litterature.html
Est-ce que ce sont les propos de Jérôme Ferrari tels quels ou une transcription approximative du journal? Cela me paraît un peu trop à l'emporte-pièce, schématique,contradictoire aussi, cela m'étonne un peu.
RépondreSupprimerNoyer tout ce qui se fait en musique par le terme "montagne de nullités" en n'en extrayant qu'un seul groupe et un seul artiste c'est aller trop vite en besogne, c'est blessant pour beaucoup de gens qui font vivre la culture en Corse, à différents niveaux. Je ne citerai que "Barbara Furtuna", qui se produit dans les plus grandes salles du monde,qui réunit des milliers d'auditeurs dans plusieurs dizaines de pays, et s'associe avec des genres aussi différents que la danse, la musique baroque et le rock "métal" : un très bon ambassadeur de la culture corse.
Je pense aussi à la poésie de nos poètes, loin d'être toujurs "nulle", chantée avec talent par des groupes, qui permettent qu'elle soit connue par les jeunes, fait culturel plus qu'intéressant.
Je suis fan des deux écrivains en question, mais je suis étonnée, connaissant l'humilité de Jérôme Ferrari d'habitude, de le voir prétendre qu'il n'y ait que deux écrivains de talent en Corse du Sud?
Et si moi je vous disais que le livre de Casta : "l'acelli di u sarriseu" , s'il était traduit en français, montrerait largement la dimension de cet auteur? J'attends aussi un roman de Desanti, et ma foi, je pense qu'il ne ferait pas pâle figure au niveau "national" si on le traduit en français.
C'est pour ça que je doute qu'il l'ait formulé ainsi...
La question de BVL me parle : accroître l’efficacité de champ littéraire local.
RépondreSupprimerDe même que son incidente : distinguer le pire du meilleur.
De même que son illustration par le cas MB : sa citation dans un article de Libé.
Tout ce que JF convoque dans sa réponse participe à la description et à la transformation du champ littéraire local : hégémonie des médias et des éditeurs nationaux, rapport de la langue d’origine à la langue de destination, faiblesse des retours sur investissement dans l’édition en vase clos, grande déperdition de l’énergie culturelle déployée dans la création locale. À cet égard, les noms qu’il évoque ou qu’il cite, rapportées aux propriétés du champ sont bien des exemples de réussites. Plus les exemples sont typiques, moins il est nécessaire d’en allonger la liste. En quoi sont-ils typiques ? Dans leur capacité commune à dépasser et à déplacer les frontières du type.
Déplacer les frontières du type ? C’est autant une affaire de création de formes que de déploiement des réseaux assurant leur circulation, comme des discours accompagnant leur mise en valeur.
Il me semble que, depuis sa création, le Blog de FXR, n’a jamais cessé d’apporter toutes sortes de briques utiles à la construction de ce discours. Ce billet ajoute son lot.
Certains d’entre nous s’emparent d’une brique. D’autres tentent d’en assembler plusieurs. Et c’est ainsi que la montagne de nullités prend de plus en plus de relief. Même maladroits, ceux qui bougent les briques en savent davantage — et risquent infiniment plus — que ceux qui bras croisés regardent goguenards grossir le tas.
ce qui m'importe ce sont les écrits des auteurs et non ce qu'ils peuvent penser de telle ou telle chose ou de telle ou telle oeuvre. les propos de Jérome Ferrari, tels qu'ils me rapportés ne m'interpellent en aucune manière, je dirais même qu'ils m'en touchent une sans faire bouger l'autre. J'ai toujours considéré que des gens que je pouvais estimer pour leurs diverses oeuvres avaient aussi le droit d'émettre des jugements que je ne partageais pas et que je ne pouvais pas partager. reste à savoir, comme le dit Francesca si J.F. a réellement écrit cela.
RépondreSupprimerJe crois qu'il vaut mieux se consacrer à la production littéraire qu'à ce que les auteurs peuvent bien dire des uns et des autres et qui ne sont jamais que des opinions, ni plus ni moins importantes que ce que l'on peut entendre ici ou là. La production littéraire seule vaut la peine qu'on s'y attarde et même que l'on se batte pour elle. Le reste ne sera jamais que.....littérature.
Xavier, Norbert, merci pour vos commentaires.
RépondreSupprimerJe suis globalement d'accord avec toi, Xavier ; mais il y a peut-être plus et mieux à faire que de simplement poursuivre comme nous faisons tous.
Norbert, je ne suis pas d'accord avec toi : je ne vois pas en quoi évaluer une œuvre, en discuter, faire évoluer nos opinions sur elle, enrichir notre perception de celle-ci est autre chose que "se consacrer à la production littéraire", "se battre pour elle". Comment exprimer l'importance des "écrits des auteurs" sans en parler, et comment en parler sans échanger des opinions ? Ou alors, il faut tous répéter les quatrième de couverture et ne faire que de la promo/propagande ?
Excuse moi mon cher FXR mais écrire qu'une oeuvre est nulle sans fournir la moindre justification ne me semble pas faire avancer le schmilblic. tu as parfaitement le droit de penser que cela est un acte en faveur de la création mais je crains fort de ne pas t'accompagner dans ton raisonnement. Encore une fois chacun à le droit d'aimer ou de ne pas aimer mais il faut un minimum d'arguments sinon le débat est planté d'office...C'est d'ailleurs ce qui se passe la plupart du temps.
RépondreSupprimerMais Norbert, ton commentaire évoquait le fait de donner un avis et non de proposer un avis non argumenté. Je suis persuadé que le caractère exagéré des propos de Jérôme Ferrari est volontaire : il n'y a pas de travail de distinction des oeuvres (suivant leur réussite, leurs qualités, leurs ambitions) et donc les meilleures oeuvres sont noyées dans une masse indistincte. Si nous ne sommes pas d'accord sur ce constat, parlons-en. Si oui, comment avancer ?
RépondreSupprimerQuelqu'un peut-il me citer un vrai débat faisant se dialoguer des avis différents à propos de livres corses ?
je suis abasourdi! quelle prétention, messieurs! écoutez monsieur Paganelli et revenez à un peu d'humilité!
SupprimerAnonyme 00:14,
Supprimerje suivrais volontiers votre injonction, mais comment ?
J'ai l'impression de proposer ici humblement des opinions que je présente toujours comme discutables, susceptibles d'évoluer. Peut-être avez-vous des propositions pour permettre la mise en valeur des meilleures œuvres corses ?
Excuse moi mais je ne vois pas où pourrait bien être l'incohérence de mon propos...
RépondreSupprimerNorbert, peut-être ton premier n'était-il pas assez explicite, ou l'ai-je mal compris. Je suis d'accord pour penser que les propos de Ferrari sont exagérés, mais ils pointent du doigt un manque préjudiciable à l'évolution de la littérature corse. Sans discussions autour des distinctions que chacun de nous opère dans ses lectures, comment permettre aux œuvres les plus fortes d'émerger ?
RépondreSupprimerComment
(suite du commentaire)
RépondreSupprimerComment peut-on imaginer le "quelque chose" qui viendrait remplacer le "rien" dans la phrase de Ferrari ?
J'ai pu lire de très beaux papiers sur les oeuvres contemporaines, je pense en tout premier lieu aux billets d'Emmanuelle Caminade qui apportent véritablement une valeur ajoutée au champ littéraire.
RépondreSupprimerPourquoi cela ? Parce qu'ils présentent une oeuvre avec le respect qui se doit, parce qu'ils pointent un certain nombre d'éléments qui auraient pu échapper et qu'ils donnent une appréciation personnelle. Dans ce cas, celui qui a lu l'ouvrage découvre une autre lecture possible du texte et celui qui ne l'a pas lu a envie d'en savoir plus. A mon sens c'est ce travail qui sert la littérature et plus largement la création car elle encourage un débat constructif. Par contre si le billet demeure dans la louange dithyrambique ou la négation stérile, il n'y a pas de débat possible car on ne peut discuter ne appréciation personnelle uniquement fondée sur le "je n'aime/Je n'aime pas".
Malheureusement c'est un peu ce qui se passe la plupart du temps...et en cela c'est largement inutile quelle que soit la qualité ou la notoriété de celui qui émet le jugement. Voilà ce que je voulais dire en pensant l'avoir déjà dit mais le net nous joue parfois des tours.
Oui, Norbert, tu l'avais déjà dit, mais il est bon de le répéter sur le Net ou ailleurs. Je suis d'accord avec toi sur les critères qui rendent une lecture intéressante, et j'apprécie, avec toi et bien d'autres, les billets d'Emmanuelle Caminade.
RépondreSupprimerAlors comment comprendre la critique radicale de Jérôme Ferrari, auteur extrêmement apprécié par Emmanuelle Caminade ? Je rappelle que sa critique, elle aussi, n'est pas nouvelle, comme je l'ai signalé dans le billet. N'a-t-elle aucune pertinence ?
L"exemple en Corse doit-il toujours venir d'ailleurs? E Caminade peut ce que les autres ne doivent . Je vois d'excellents billets sur le net , moins consensuels que vous ne le dites mais vous comptez les puces .Je comprends pourquoi certains s'intéressent aux auteurs lointains et pourquoi le lecteur comme les auteurs livre si peu son ressenti sur ce qui paraît en Corse . On parle d'Angèle Paoli et de ses avis : sa critique de 3 balles perdues , comment vous parait-elle ? Consensuelle ? Elle n'apporte rien ? Elle apporte quelque chose ? Fallait-il s'en dispenser ? Vaut-il mieux taire et attendre que d'autres disent , ailleurs ? C'est vrai que l'herbe y est plus verte
RépondreSupprimerAnonyme 08:48,
RépondreSupprimermerci pour intervention. Je veux bien que vous signaliez plus précisément les billets non consensuels dont vous parlez, pour nourrir les discussions.
Je crois que l'herbe est verte partout, et que chacun ici et là fonctionne avec autant de subjectivité et de préjugés qu'ailleurs.
J'ai lu la critique de "Trois balles de perdues", le roman de Sylvana Perigot, par Angèle Paoli sur Terres de femmes ; je l'ai lue avant et après ma lecture de ce roman ; je comptais y faire référence dans mon propre billet, histoire de dialoguer. J'ai trouvé cette critique assez juste, mais je mettrai l'accent sur un aspect du livre que n'a pas pointé Angèle. Bien sûr qu'il fallait faire cette recension, mais bien sûr aussi qu'il serait passionnant de discuter avec des médias extra insulaires, qu'on apprécie pour leur qualité éditoriale.
Bon, si maintenant je cite l'article de Robert Colonna d'Istria dans le hors-série du magazine Corsica intitulé "L'île magique", je sens que cela ne va pas faire plaisir...
S'ill y a mieux à faire ?
RépondreSupprimerC'est évident qu'il y a mieux à faire. Dans le domaine de la musique, par exemple, il me semble préférable de parler d’une « école corse » — Elle alimente en profondeur toutes sortes de pratiques musicales locales aussi bien typées que métissées. — plutôt que de réserver sa vénération à une petite poignée de vénérables, et à honnir tout le reste en hurlant à la nullité.
Blessures inutiles. Nuisibles, même. Elles encouragent les maladroits à se taire ou se terrer comme des malheureux. Elles braquent le projecteur sur le sommet, laissent dans l’ombre le long chemin commun qui y conduit, plongent dans l’obscurité ceux qui s’y affrontent en actes, maintiennent dans les ténèbres ceux qui s’y engagent en rêves, effacent les repères marquant la direction et la progression, brouillent les jugements jusqu’à la honte de soi. Renforcée par le glas qui bat à la volée la mort de tout.
Sauf « exception ». Quelle exception ? Exception collective d’une culture vivante et partagée, envers et contre tous les enfermements programmés ? Où exceptions individuelles servie sous les espèces — Agréable surprise ! — d’une extraction de la fange ?
Comme certains s'écoutentparler d'autres se regardent lire
RépondreSupprimerAnonyme 19:12, de qui et de quoi voulez-vous parler ? Et dans quel sens ?
RépondreSupprimerXavier, ok avec toi pour prendre en compte l'ensemble d'une production, y voir les perspectives, mais même dans ce cas, il y a nécessairement un travail de distinction à faire, qui est souvent réclamé par les artistes eux-mêmes. Il y a des livres que j'affectionne, et trouve très intéressant, et que je ne place pas pourtant au "sommet". Et encore une fois, il me semble que le croisement de chacune de nos préférences, toutes subjectives bien sûr, et discutables, sont un des éléments qui font une littérature.
Bien évidemment, le travail de distinction est aussi nécessaire que les rapprochements.
RépondreSupprimerQuant au subjectif, il ne travaille jamais tout seul et sans rien ; et ne travaille jamais si bien que quand une littérature l'alimente.
Sommets, hit parades, classements, hiérarchie....galons, décorations, fanfreluches... Nous n'en sortirons donc jamais ! On peut fort bien parler d'une oeuvre sans avoir recours à cette vision verticale des choses. Combien d'auteurs connus et reconnus il y a quelques années sont aujourd'hui tombé dans l'oubli le plus total ! Combien d'exemplaires des Illuminations ont été vendus ?
RépondreSupprimerTout cela devrait nous inviter à plus de modestie.....et de patience car le temps de l'oeuvre n'est pas le court temps des hommes surtout dans le contexte actuel où un ouvrage nait et meurt en quelques mois .
Rimbaud est dans tous les manuels scolaires, à des milliers et des milliers d'exemplaires, il était dans un des sujets du bac français cette année. Les manuels scolaires font des choix. Quels ouvrages de quels auteurs voudrions-nous voir dans des manuels scolaires de littérature corse (entendue bien sûr dans ses expressions linguistiques italienne, française et corse, voire latine) ?
RépondreSupprimerVoilà une question concrète.
Que les choix et préférences des uns et des autres évoluent dans le temps, c'est évident. Personnellement je ne crois pas aux hiérarchies définitives et uniques ; ce que je voudrais, ce sont des discussions entre différentes préférences, discussions précise, argumentées, et donc forcément au service de la réalité des textes et de ce qu'ils font en nous.
Je ne sacralise pas les différentes formes de jugement et d'évaluation, non je ne les dénigre pas non plus à priori : un prix littéraire, c'est toujours l'occasion de discuter d'un livre, allons-y. Marie Ferranti a reçu deux prix ( Livre corse et Prix du Mémorial) pour "Une haine de Corse", discutons-en ; qui l'a lu ?
Le temps de l'œuvre est de chaque instant, et même à 150 ans de distance, la "postérité" n'émet jamais qu'un jugement partiel, fragile, incertain, non, ? J'ai proposé un billet sur ce livre où je dis à la fois mon intérêt et ma déception, mais il n'a donné encore lieu à aucune discussion.
Sous l’invitation à la modestie, une invitation au silence.
RépondreSupprimerSous le rappel de la fragilité des jugements, une confusion entre analyse et opinion.
Sous le rejet des distinctions, une confusion entre taxinomie et hiérarchie.
Sous l’invitation à la patience, une assignation à l’immobilité.
Contradictions.
Heureusement qu’il y en a encore qui osent la parole contre les invitations au silence.
Heureusement qu’il y en a encore qui osent l’analyse contre le poids visqueux des opinions et le pouvoir vicieux de ceux qui les manipulent.
Heureusement qu’il y en a encore qui piaffent d’impatience devant la répétition inlassable des mêmes dénégations.
Heureusement qu’il y en a encore qui se bougent le QI quand tant d’autres s’efforcent de le congeler.
Que ceux qui rejettent tout se rassurent.
On les suivra car c’est ainsi que l’on rassure ceux qui se contentent du peu.
Qu’ils continuent donc à donner ce peu pour certain et le plus pour folie.
Ils savent plaire.
Sans le joug d'intelligence de modestie et de décence
RépondreSupprimerVile vanité rampante libérée se dévoile
Frustration des élus croit enfin se venger
Le "pilutu" de Calvi
Pilutu, j'avoue ne pas bien saisir le sens de votre message, voulez-vous le préciser, ou mieux encore, parlons de vos lectures. Non ?
RépondreSupprimerC’est dommage que l’anonyme n’explicite pas lui-même le sens de son message, comme FXR l’invite à le faire. Pour ma part, de cela, je comprends ceci : ce que je dis plus haut est bête, immodeste et indécent. Ce n’est que vanité, frustration et vengeance.
RépondreSupprimerLe message délivre cette condamnation sous les espèces d’un flash de visionnaire inspiré, et se pare d’effets de style rappelant les Centuries de Nostradamus. À cet égard, nous suggèrerions d’ajouter une ligne pour former un quatrain, et de mettre le tout entre guillemet. Ce court texte aurait alors l’allure d’une citation empruntée aux lucidités intemporelles des grands textes consacrés, sinon sacrés. La plus forte expression du non-dit qui pèse sur nous tous.
Au demeurant, qu’est-ce qui est condamné ? Un contenu accessible au débat ? Pas vraiment, puisque rien n’est débattu. En fait, est plutôt condamné un défaut d’adéquation entre attitude psychologique (vanité) et altitude sociale (élu). Dans un champ où la valeur des énoncés, si logiques soient-ils, dépend avant tout de ces variables d’attitude et d’altitude. C’est-à-dire d’intention et de position. Ce schéma est général. Il impose que l’énoncé soit validé par une signature marquant autant que faire se peut l’intention et la position de l’auteur. Ce qui s’esquisse dans « U Pilutu de Calvi ». Double affirmation d’identité et d'autorité, par la langue et par le lieu.
« Sans le joug », dit l’incipit, mettant ainsi en tête de son propre discours ce dispositif technique permettant d’engager dans des œuvres utiles la docilité du bœuf, par ailleurs acquise par un acte initial de petite chirurgie. Cet acte, sur ce blog, renvoie au billet que FXR consacre au « Coupez ! » de Laurent Simonpoli (cf supra, 11/08/12) et à sa manière de développer la double assignation, d’intention (l’image de la Corse) et de position (l’usage de la virilité). Court métrage autoréférent qui, prenant pour thème la création du film lui-même, met en lumière le poids de cette double assignation, rendue visible, problématique et analysable. Le rôle prescrit par le non-dit ordinaire se dévoile, contre le rôle prescrit par le scénario. Joug contre joug.