Eccu ciò chè no lighjemu ind’è u capitulu 12, traduzzione di
Jérôme Ferrari, Marc-Olivier Ferrari è Jean-François Rosecchi (mi face pinsà à
un filmu cortu di Larry Clark, « Elephant », ghjè una sorta di
custatazione fredda di u fattu criminale, una discrizzione pricisa è terrìbile)
:
Il s’est étendu sur le lit, nu, tenant toujours sa tête
entre ses mains. Il a éteint la lumière pour se trouver dans une obscurité
complète, pour ne plus être agressé par une lumière artificielle. Peine perdue,
c’est du fond de sa tête que vient l’agression. Il a toujours l’impression d’un
nœud dans sa poitrine et se sent oppressé par une force maligne mais il
s’endort enfin, plus assommé que véritablement libéré de la douleur. Une heure
plus tard environ, il a entendu qu’on frappait à la porte. Il s’est levé comme
un spectre et est allé ouvrir. Andria est entré. C’est l’heure, a-t-il dit. Don
Pierre s’est glissé sous la douche, froide, il a laissé couler l’eau un bon
moment puis, quand il s’en est senti capable, en est sorti pour se préparer. Il
a ensuite ouvert une armoire et farfouillé quelques instants à l’intérieur. Il
a sorti une boîte de cartouches et un fusil de chasse, et aussi un revolver
qu’il a donné à Andria. « Comme je t’ai appris, tu es en couverture au cas
où les choses se passeraient mal. » Ils ont descendu les quatre étages par
la cage d’escalier pour déboucher dans la ruelle. Le fusil était caché dans le
sac de sport que portait Don Pierre. Ils ont traversé deux ou trois rues puis
ont grimpé dans le 4x4. Ils ont roulé et sont sortis de la ville. Ils ont
rejoint en pleine campagne une piste de terre où attendait une autre voiture
qu’ils avaient volée deux soirs plus tôt. Cette fois, c’est Andria qui s’est
mis au volant puis ils sont retournés vers la ville. Ils ont suivi la route du
bord de mer, tous feux éteints, et ont longé le mur d’une résidence. Là, ils se
sont garés, dissimulés derrière une haie de lauriers, la voiture positionnée
dans le sens du départ. Ils ont tiré deux cagoules du sac pour les enfiler. Ils
sont sortis de la voiture et ont longé le mur de la résidence à pied jusqu’à
atteindre le portail d’entrée. Il y avait un parking où étaient garées une
dizaine de voitures. Ils se sont mis en quête de la plus isolée pour bénéficier
d’une plus grande obscurité et se sont postés derrière. De là, ils pouvaient
nettement voir en face d’eux la porte d’entrée d’un immeuble récent mais comme
ils en étaient trop loin, Don Pierre a dit à Andria de rester où il était, que
c’était un bon poste de couverture. Quant à lui, il a trouvé à se cacher
derrière une autre voiture plus proche de l’entrée du bâtiment. Il a chargé le
fusil avec des chevrotines, cinq cartouches, puis s’est accroupi en position
d’attente. Le mal de tête était toujours là mais il s’efforçait comme il
pouvait de résister à la douleur. Il se concentrait pour surveiller l’entrée de
la résidence, bien caché, même au cas où une voiture surviendrait. Tout était
tranquille, on pouvait entendre les vagues qui venaient mourir sur la plage,
derrière les bâtiments. Vers les cinq heures, une brise s’est levée et s’est
mise à souffler dans les platanes et les lauriers de la résidence. C’était
exactement ce qu’il fallait pour couvrir les bruits suspects qu’ils pourraient
faire. Vers les cinq heures et demie, le jour s’est montré, timidement, mais le
ciel s’éclaircissait. Trop, a pensé Don Pierre. D’instinct il s’est recroquevillé
un peu plus derrière la voiture. Ce n’était pas le moment de se faire voir.
Enfin à six heures, comme prévu, le hall de l’immeuble s’est éclairé. Ils ont
entendu une porte s’ouvrir et un homme est apparu dans la lumière. Marc-Ange a
franchi le portail du bâtiment et s’est retrouvé à l’extérieur. Vêtu d’une
chemise d’été sans manches, légère et bigarrée, et d’un pantalon-short, il
jouait paisiblement avec ses clefs tout en avançant en direction des véhicules.
Il a mécaniquement levé la main pour appuyer sur la clef automatique afin de
déverrouiller sa voiture à distance, comme il le faisait chaque matin à la même
heure avant de partir rejoindre le snack qu’il tenait sur la marine. Don Pierre
s’est dégagé de derrière la voiture qui le cachait, s’exposant à son regard
tout en épaulant brusquement son fusil. Marc-Ange s’est arrêté net, saisi,
comme un animal, et n’a pu qu’écarquiller les yeux d’effroi et pousser un cri
strident et pathétique. L’homme cagoulé ne lui a pas laissé le temps de meugler
davantage, il a appuyé sur la gâchette et le premier coup est parti. La moitié
de la tête de Marc-Ange a éclaté, comme si sa boîte crânienne s’était ouverte
d’elle-même afin de révéler les éléments d’une monstrueuse anatomie. Le corps
s’est écroulé de tout son poids sur le bitume, dans un mouvement grotesque. Le
sang jaillissant de la blessure a commencé à glisser sur le sol comme une
rivière. Il était déjà mort, bien entendu, mais les muscles étaient agités d’un
tremblement étrange, les mains et les jambes surtout remuaient de manière
démente. Don Pierre s’est approché à deux mètres du corps convulsé, il a tiré
un second coup dans ce qui restait de la tête et il n’en est resté presque plus
rien, une misérable bouillie de viande et d’os hachés. Il a tiré un troisième coup
dans la poitrine de Marc-Ange ; le corps ne remuait plus du tout.
Aucune lumière ne s’était allumée dans l’immeuble. Don
Pierre, prêt à tirer, vérifia que personne ne s’était mis à la fenêtre. Mais,
malgré les volées de plomb, nul ne semblait vouloir montrer sa gueule. Andria
s’était rapproché et visait Marc-Ange avec son revolver, sans s’être le moins
du monde rendu compte qu’aucun danger ne viendrait plus de cet amas de matière
inutile. « On y va, on y va tout de suite », dit Don Pierre, mais,
après quelque pas, Andria, soudain, revint près du cadavre pour, sans raison,
lui tirer trois coups supplémentaires dans la poitrine avant de se tourner vers
Don Pierre comme s’il ne comprenait plus ce qu’il devait faire. « On y va,
je t’ai dit, suis-moi. » Ils sortirent de la résidence et se mirent à
courir en direction de la voiture. Les clefs étaient sur le contact. Don Pierre
n’attendit pas qu’Andria retrouve ses esprits pour se mettre au volant et
démarrer. La voiture déboula à toute vitesse sur la route nationale et prit la
direction de la campagne. Arrivés à l’endroit où se trouvait le 4x4, ils
s’assurèrent que personne ne les guettait. L’isolement était parfait. Ils
ôtèrent enfin leurs cagoules et replacèrent les armes dans le sac de sport. Ils
éloignèrent le 4x4, déversèrent deux bidons d’essence sur la voiture volée et
mirent le feu au véhicule. Tandis qu’ils regagnaient la ville, Don Pierre
remarqua que ses maux de tête avaient étrangement cessé.
Quì u testu uriginale, publicatu ind’è Albiana, in 2009 (mi
pare più forte, per esempiu mi piace u fattu di mischià a narrazione ed e
parolle di i persunaghji, ma ùn l’anu micca ripigliatu issu mischiu i
traduttori) :
S’hè stesu annantu à u lettu, nudu ch’iddu era, è sempri si
tinia u capu. Avia spintu u lumu, par essa in u bughju cumplettu, par ùn essa
micca agrissatu da a luci artificiali, ma era agrissatu listessi in fundu di u
so capu. T’avia l’imprissioni chì calcosa u nudaia in pettu, dinò, si sintia
upprissatu da una putenza maligna, è po’ infini s’hè addurmintatu, più
acciaccatu chè libaratu da veru da u dulori. Mancu un’ora dopu, hà intesu
pichjà à a porta. S’hè arrizzatu com’è un fandoniu ed hè andatu à apra. Andria
hè intrutu. Hè ora, hà dittu. Don Petru s’hè lampatu suttu à a duscia, frisca,
hà lacatu curra l’acqua un beddu momentu, po’ quandu s’hè intesu capaci hè
surtitu è s’hè appruntatu. Dopu hà apartu un armadiu è hà bulicatu calcosa dui
minuti in fundu di l’armadiu. N’hà sciutu una scàtula di cartucci è un fucil’di
caccia, è dinò un rivòlvaru ch’iddu hà datu à Andria. Com’è t’aghju imparatu,
se in cupartura in casu chì i cosi andessini di mali. Ani falatu i quattru
piana pà u curridori è sò sbuccatu in carrughju. U fucili era piattu in un
saccu di sport ch’iddu purtaia Don Petru. Ani varcatu du’ o trè carrughja è sò
cuddati in u 4x4. Dopu ani viaghjatu è sò sciuti da a cità. Ani righjuntu una
pista in tarra in campagna è quì aspittaia un’ altra vittura, l’aviani
arrubbata dui seri nanzi. Sta volta hè Andria chì si hè missu à cunducia, è sò
vultati versu a cità. Ani suvitatu a strada di u cantu ‘llu mari è, i fara
spinti, sò passati longu à u muru d’una risidenza. Quì si sò ingarati, piatti
da una sepi d’addoru, a vittura in u sensu di a partenza. Da u saccu ani
cacciatu dui caguli è l’ani missi. Sò surtiti da a vittura è ani ripresu à
lungà u muru di a risidenza, à pedi, sinu à ghjunghja à u purtonu d’intrata.
C’era un parking cù una dicina di vitturi, ani circu a vittura a più scantata,
dund’iddu ci era u più scurità, è si sò impustati quì daretu. Da quì vidiani bè
a surtita di un casamentu guasgi novu, faccia ad iddi, ma erani un pocu à
longa. Don Petru hà dittu à Andria di firmà quì, era una posta bona per essa in
cupartura, è iddu s’hè trovu un piattatoghju daretu à un’ altra vittura, ma più
vicinu à l’intrata di u casamentu. Hà carcu u fucili à chevrotines, cinqui cartuccia, è s’hè missu quì à aspittà,
inculipìppuli. U dulori in u so capu era sempri prisenti, ma circaia di risista
com’iddu pudia, si cuncintraia è survigliaia l’intrata di a risidenza, ma ancu
s’idda ghjunghjia una vittura paria abbastanza piattu. Tuttu era tranquillu, ùn
si sintiani chè i cavaddati ‘llu mari chì viniani à mora annatu à una spiaghja
daretu à a risidenza. Versu cinqu’ori, un vintuleddu s’hè pisatu è hà
cumminciatu à suffià in i platani è l’addori di a risidenza. Era ciò chì ci
vulia pà attuffà un trostu disgrazièvuli ch’iddi pudariani sempri fà iddu o
Andria. Versu cinqui ori è mezu u ghjornu hà cumminciatu à spuntà, dèbbuli, ma
u celi si facia chjaru, troppu, pinseti Don Petru. Di stintu sh’è ingrunchjatu
di più daretu à a vittura. Ùn era micca u momentu di fassi veda. Infini à sevi
ori, com’è privista, u lumu s’hè accesu in u curridori di u casamentu, ani
intesu bucà una porta, po’un omu hè cumparsu in u lumu. Marcànghjulu hà bucatu
a porta di l’intrata di u bastimentu è s’hè ritrovu fora. Era in tinuta
d’istati, cù una camisgia lebbia è frisgiata senza mànichi è un pantalonu
curtu, è ghjucaia cù i so chjavi, tranquillu. Avanzaia versu i vitturi è pisò a
mani in un riflessu pà appughjà annantu à a chjavi automàtica, pà apra a so
vittura da luntanu, com’iddu facia tutti i matini à a stessa ora nanzi d’andà à
ritruvà u snack ch’iddu tinia annantu à a marina. Don Petru s’hè arrizzatu da
daretu à a vittura chì u piattaia, muscèndusi à a vista di l’altru è fèndusi
cuddà sùbitu u fucili, Marcànghjulu hè firmatu in arrestu, assinturitu com’è un
signari, ùn hà pussutu chè sgriddà l’ochja di paura è cummincià à lintà unu
stridu patèticu. L’omu in cagula ùn l’hà micca lacatu u tempu di mughjà di più,
hà appughjatu annantu à u chjodu di u fucili è u primu colpu hè partitu. A mità
di u capu di Marcànghjulu hè schiattata in middi pezzi, paria chì a so
chjèccula s’era aparta da par idda lachendu veda pà a prima volta u parti d’un’anatumia
mustruosa. U corpu hè cascatu di manera zòttica, greva, annantu à u catramu, u
sangu s’hè missu à sucliscà in tarra com’è un fiumu da a ferita. Era forsa ghjà
mortu, ma i mùsculi erani sutrinnati da un trimuleddu bizarru, i mani è
l’anchi, subrattutu, trimulaiani scimiti. Don Petru s’hè avanzatu à dui metra
da u corpu spasimatu, hà lintatu un sicondu colpu in ciò chì firmaia di u capu,
è da tandu ùn hè guasgi firmatu più nudda, una pappiglia ridìcula di carri è
d’ossa minuzzati. Hà tiratu un terzu colpu in u pettu di Marcànghjulu, è infini
u corpu ùn bruddicaia più di u tuttu.
In u casamentu ùn s’era accesu nisciun lumu. Don Petru hà
fighjulatu par veda sì nimu s’era missu à u blaconu, prontu à lintà una
fucilata in casu mai. Ma malgradu i pluttunati nimu paria di vulè muscià u so
grugnu. Infini s’hè vultatu versu Andria, chì s’era avvicinatu da iddu è chì
visaia Marcànghjulu cù u so rivòlvaru, senza nisciun arrivamentu vistu chì u
prìculu ùn vinaria più da ‘ssa mora di materia inùtuli. Partimu, dissi Don
Petru, partimu sùbitu. Fecini dui o trè passa, ma d’un colpu Andria vultò versu
u catàveru, è senza nisciuna raghjoni li sparò dinò trè colpa in pettu. Po’ si
ghjirò versu Don Petru, com’è ch’iddu ùn capissi più ciò ch’iddu duvia fà.
Partimu sùbitu t’aghju dittu, suvètami. Surtistini da a risidenza è si missini
à curra versu a vittura. I chjavi erani annatu à u cuntattu, è Don Petru ùn
aspittò micca chì Andria avissi ritrovu i so spìriti par mèttasi à u chjirchju
è dimarrà. A vittura sbuccò in furia annantu à a strada naziunali, è missi
versu a campagna. Ghjunti à u 4x4, s’assicuroni chì nimu i vattaia, ma erani bè
scantati. Caccetini tandu i so caguli, è rimissini l’armi in u saccu di sport.
Alluntanetini u 4x4 è svachetini dui bidoni d’essenza annantu à a vittura
arrubbata, po’ li zinghetini u focu. Mentri ch’iddi ripartiani versu a cità,
Don Petru rimarcheti chì, stranamenti, ùn ni sintia più in capu.
description glaçante, parfaitement efficace.
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