1. Le prix Goncourt remis à Jérôme Ferrari pour son "Sermon sur la chute de Rome" (Actes Sud, 2012)
2. Les conséquences d'un tel prix sur la "littérature corse".
Cela fait des années que nous sommes tout de même assez nombreux à évoquer de tels sujets, c'est une occasion rêvée pour y revenir, avec le sourire, et un sacré enthousiasme dans le coeur !
Le 7 novembre 2012 est une date importante pour la littérature corse, nous allons ensemble essayer - en partant de cet événement-là - d'égrener d'autres dates importantes, d'autres titres d'ouvrages et de textes, d'autres noms d'auteur qui font toute la "riche diversité" de la littérature corse. Je vous attends !
"Riche diversité" est une citation d'une chronique de Marc Biancarelli, autre écrivain majeur de la littérature corse (je le répète pour ceux qui viendraient sur le blog pour la première fois), chronique publiée dans le Libération daté samedi 17 et dimanche 18 novembre 2012. C'est une parfaite introduction à notre prochaine discussion du 1er décembre. Je voudrais en citer plusieurs passages, comme apéritif. (Ah, et si certains d'entre vous ne peuvent pas venir, n'hésitez pas à me faire parvenir vos questions et remarques par Internet : en commentaire de ce billet ou sur mon mail : f.renucci@free.fr)
Avant les citations, une dernière chose, je signale que nous pourrons bientôt voir sur Internet l'émission Via Cultura du vendredi 16 novembre 2012, diffusée sur France 3 Corse Via Stella, avec les animateurs et chroniqueurs Delphine Leoni et Sébastien Bonifay et les invités Marcu Biancarelli et Laure Limongi, écrivaine et éditrice : il y est question du... prix Goncourt remis à Jérôme Ferrari, bien sûr : voir par ici.
Les citations de la chronique de Marc Biancarelli, maintenant, intitulée "Le génie créateur de la Corse" (ça en jette comme titre, non ?) :
"D'évidence quelque chose vient de se jouer là, qui relève d'un besoin légitime d'entendre parler de l'île autrement qu'au travers de la barbarie mafieuse qui l'étrangle au quotidien. Ce prix dit quelque chose qui méritait d'être entendu : il y a en Corse une immense majorité de gens normaux, et aussi des créateurs exceptionnels qui savent porter vers l'universel leur génie spécifique."
"Je finis avec un truc qui me tient à coeur : c'est de littérature corse dont je voulais parler. On parle bien de littérature irlandais, alors je vois pas pourquoi on pourrait pas parler de littérature corse. Pour les ignares, je dirai que c'est une littérature qui s'écrit depuis le Moyen Âge, et qui s'exprime en latin, en italien, en corse, en français, et j'espère un jour en arabe littéraire ou en berbère. Ça donnera sans doute des maux de tête à Chevènement et à divers autres jacobins, mais ça confortera l'idée que la richesse est dans la diversité.
Le cru 2012 a été assez exceptionnel. Je le pense. Les auteurs qui ont publié cette année des textes de grande qualité se nomment entre autres Sylvana Périgot, Laure Limongi, Marie Ferranti, Paul Desanti, Patrizia Gattaceca ou encore Etienne Cesari. Je manque de place pour l'exhaustivité, mais tous, dans des maisons d'édition de différents standings, en Corse, à Paris et même à New-York, témoignent d'une Corse qui s'exprime par les arts et compense parfois une parole politique défaillante. Ça n'est pas une littérature de béni-oui-oui, mais elle raconte des mondes, et un monde en particulier, mieux qu'aucun anthropologue n'en parlera jamais. Un des mérites - et pas le moindre - du prix Goncourt de Jérôme sera aussi de nous permettre de faire entendre, par-delà les tragédies et le sang, les voix qui disent un pays de créativité, d'espoir, et peut-être un jour aussi de paix."
Dite a vostra !
Pour une littérature du risque. Ce qui n'est pas le cas des auteurs cités dans cet article.
RépondreSupprimer"Il pensa que c'en était fini du peuple corse même si personne n'entendait sonner le glas et que les artistes prospéraient sur cette fin de monde.
On mourait en beauté. Et c'était déjà ça."
Merci pour votre commentaire.
RépondreSupprimerPourriez-vous préciser ce que vous entendez par "littérature du risque", pourquoi les auteurs cités ne l'illustrent pas et quels livres corses vous semblent l'illustrer ?
La citation finale est-elle extraite de "L'Ultimu" de Jean-Pierre Santini ?
Une littérature du risque, compte tenu de la dérive mafieuse, serait celle qui dénoncerait véritablement cette dérive. Ce qui n'empêche pas la littérature actuelle d'être talentueuse en soi. Mais comment agit-elle sur la société ? La citation n'est pas extraite de l'Ultimu mais d'un inédit que j'ai pu récemment consulter.
RépondreSupprimerMerci de poursuivre le dialogue.
RépondreSupprimerIl me semble pourtant que vous pourriez développer encore. Vous comprenez que des commentaires elliptiques peuvent être mal reçus. Et je suis pour que les critiques s'expriment librement, sans contrainte mais elles doivent être précisées. Il y a bien des manières pour la littérature d'agir sur la société. Et quels livres corses selon vous le font le mieux ? Et à quel inédit appartient la citation ?
Anonyme
RépondreSupprimer20:04,
ne croyez-vous pas que :
1. La littérature a bien des fonctions et suscite bien des pratiques et des usages, et que celle de "dénoncer" n'est qu'une ? Et que les livres qui ne s'emploient pas à "dénoncer" ont d'autres mérites et intérêts ?
2. Il y a bien d'autres moyens, peut-être plus efficaces que la littérature, pour "dénoncer" des situations réelles (journalisme, essais, intervention concrète via des associations, le système politique, les médias, etc.) ?
3. La littérature agit sur la société de bien des façons (pas seulement en dénonçant), que lire un livre engage toujours ou souvent nos systèmes de valeurs, les remet en cause, en jeu ?
4. Que les auteurs cités par Marc Biancarelli dans l'article ci-dessus produisent une littérature qui d'une façon ou d'un autre agissent sur la société ?
5. Qu'il est bon d'expliciter nos désaccords de la façon la plus précise possible ?
Merci de continuer à dialoguer.