jeudi 8 novembre 2012

"Le sermon sur la chute de Rome", de Jérôme Ferrari obtient le prix Goncourt 2012 !

Que vient-il de se passer, très concrètement ?

Le mercredi 7 novembre 2012, à 12 h 45, le secrétaire général de l'Académie Goncourt, Didier Decoin, a annoncé publiquement que le prix Goncourt (le prix littéraire français le plus prestigieux, qui récompense depuis 1903 le "meilleur ouvrage d'imagination en prose, paru dans l'année") était attribué au roman de Jérôme Ferrari, "Le sermon sur la montagne de Rome"... Oui "sur la montagne"... Lapsus très amusant qui fait sourdre une critique sur un livre qu'effectivement Didier Decoin n'a pas eu l'air d'aimer. Cette année le jury comptait neuf membres, me semble-t-il, et au deuxième tour, le roman de Ferrari a obtenu 5 voix contre 4 au "Peste et choléra" (Seuil) de Patrick Deville (qui avait obtenu précédemment les prix Roman Fnac et Femina). C'est la deuxième fois que les éditions Actes Sud obtiennent ce prix (après "Le soleil des Scorta", de Laurent Gaudé, en 2004). Dans le journal Le Monde du 6 novembre on lit un article sur le jury Goncourt, justement, qui insiste sur le fait qu'il serait maintenant à l'abri des pressions commerciales, éditoriales, des conflits d'intérêt et que le choix des membres de l'Académie ne porte que sur des textes, et peu importe les éditeurs. Lorsque j'interviewai Pierre Assouline, à Ajaccio en septembre dernier, dans le cadre du festival Racines de ciel, c'est ce qu'il énonça très clairement : le jury Goncourt est indépendant et ne pense qu'à la littérature.

C'est pourquoi, je suis très heureux qu'un tel roman, qu'un tel auteur, qu'un tel éditeur aient obtenu un prix qui assure une reconnaissance, une médiatisation et de très nombreuses lectures !

Ce prix Goncourt au "Sermon sur la chute de Rome" est-il un "acte fondateur pour la Corse" au même titre que l'épopée du Sporting en 1978 ? Cette opinion est celle de Sébastien Bonifay, libraire de la Librairie des Deux Mondes à Bastia, chroniqueur littéraire à l'émission Via Cultura sur France 3 Corse Via Stella.

Ce n'est pas la première fois qu'un auteur corse reçoit un prix prestigieux :
- Angelo Rinaldi, "La Maison des Atlantes" (éditions Denoël), prix Femina en 1971
- Jean-Noël Pancrazi, "Les Quartiers d'hiver" (éditions Gallimard), prix Médicis en 1990
- Marie Ferranti, "La Princesse de Mantoue" (éditions Gallimard), Grand prix du roman de l'Académie française en 2002
- Jean-Noël Pancrazi, "Tout est passé si vite" (éditions Gallimard), Grand prix du roman de l'Académie française en 2003

Il y a d'autres livres et auteurs corses qui ont reçu des prix littéraires, je me contente ici de citer les plus connus parmi ces prix.

Mais il est vrai que c'est la première fois qu'un auteur corse obtient le prix Goncourt. Qui plus est pour un roman dont le sujet est profondément insulaire (vie et mort d'un bar de village en Corse) tout en liant cette matière à celle du monde entier (notamment via Saint-Augustin, la guerre de 14-18, l'histoire coloniale française, la société médiatique d'aujourd'hui, etc.). En ce sens, je suis d'accord pour voir dans cet événement un moment très important de la vie de la littérature corse.

Avec quelles conséquences ?

1. Faire lire et relire ce roman en particulier, "Le sermon sur la chute de Rome" (qui n'est pas mon préféré dans l'oeuvre de Ferrari, nous y reviendrons), en voir les beautés et les caractéristiques.

2. Faire lire et relire l'ensemble des livres de Jérôme Ferrari qui, c'est d'autant plus clair avec ce dernier opus, forme une oeuvre cohérente présentant les différentes facettes d'un monde romanesque magnifique. Donc relire "Variétés de la mort" (Albiana, 2001), "Aleph zéro" (Albiana, 2002), "Dans le secret" (Actes Sud, 2007), "Balco Atlantico" (Actes Sud, 2008), "Un dieu un animal" (Actes Sud, 2009), "Où j'ai laissé mon âme" (Actes Sud, 2010) et maintenant "Le sermon sur la chute de Rome" (Actes Sud, 2012).

3. Lire et discuter les points de vue des différents lecteurs de cette oeuvre : non seulement les critiques journalistiques (et bientôt les critiques de la recherche universitaire, à moins qu'elle n'ait déjà commencé) de la presse littéraire (ou pas), mais aussi les avis des "simples" lecteurs, bénévoles, qui s'expriment sur les réseaux sociaux, dans les cafés littéraires, sur les sites et forums, sur les blogs personnels ou collectifs. J'engage donc les lecteurs à fureter notamment sur les sites "L'or des livres", "Terres de femmes", "Invistita", "Musanostra", "Isularama", "The Old Pievan Chronicle", "Corsicapolar", "Pour une littérature corse", et je vais encore en oublier, vous pouvez compléter la liste en commentaires.

4. Faire connaître la vitalité et la diversité de l'expression littéraire corse, donner envie de découvrir avec bienveillance et regard critique la "littérature corse". Oui, bien sûr le jury Goncourt a primé le meilleur roman francophone de l'année et rien d'autre. Mais ce choix est subjectif, bien sûr, et surtout la force d'une oeuvre se mesure aussi à la variété des lectures qu'elle permet, et clairement (je rappelle que Jérôme Ferrari a répété publiquement qu'il avait notamment pour dessein de faire accéder la Corse à la dignité littéraire), l'oeuvre ainsi primée médiatise indirectement toute la littérature corse. Rappelons enfin que Jérôme Ferrari est aussi partie prenante de la littérature corse de langue corse, puisqu'il a traduit en français nombre des textes de Marcu Biancarelli ("Prighjuneri/Prisonnier", 2000, Albiana ; ou encore le sublime "Murtoriu", traduction française publiée chez Actes Sud en 2012, avec le concours de deux autres traducteurs, Marc-Olivier Ferrari et Jean-François Rosecchi).

Je voulais faire un billet avec une tonalité beaucoup plus détendue et joyeuse, voire délirante et affranchie de toute bienséance, mais l'heure est grave : Jérôme Ferrari vient d'obtenir le prix Goncourt !!!!!!!!!!!! Yiiiiiiiiiipiiiiiiiiii !

21 commentaires:

  1. J aime votre yiiiiiiiiiiiiiipiiiiiiiiiii

    RépondreSupprimer
  2. Tu as raison d'embrayer sur l'analyse de Sébastien : acte fondateur, à rapporter à l'entrée en légende d'un club de foot. La métaphore sportive est très parlante : un réseau de passions, une compétition prestigieuse, la coupe au vainqueur, l'émotion à tous.
    Tu as raison, aussi, d'explorer immédiatement les conséquences : c'est effectivement un tournant.

    RépondreSupprimer
  3. Dites-moi mais à quel prix aurait pu prétendre Murtoriu? Le prix Médicis étranger? Je trouve surprenant que l'on ne parle pas plus de cette publication. Savez-vous combien d'auteurs issus de minorités linguistiques appartenant au territoire français ont été publiés en traduction dans une grosse maison d'édition nationale? J'avoue ne pas le savoir et si quelqu'un peut me renseigner, je l'en remercie d'avance!
    Ceci dit, je félicite Actes Sud et je me réjouis pour Jérôme Ferrari: Bravo!

    RépondreSupprimer
  4. Pourriez-vous republier les positions de J.Ferrari à propos de cette notion de "littérature corse"? Elles étaient, me semble-t-il, bien différentes de celles de M.Biancarelli.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Anonyme 13:11,
      est-ce que vous faites allusion exprimées dans le billet "Tout le monde se fout de la littérature corse" ? Voulez-vous préciser, de votre point de vue, la différence de conception entre ces deux auteurs, et expliquer par la même occasion pourquoi vous voulez évoquer ce sujet ? C'est-à-dire voulez-vous expliciter une opinion (la vôtre) qu'on ne peut qu'essayer de deviner, avec quelque peine, je dois dire. Merci.

      Supprimer
    2. Je n'ai plus le texte de Ferrari sous les yeux, mais autant que je me souvienne, il ne trouvait du tout pertinente cette notion de "littérature corse" alors que Biancarelli, tout récemment, en défendait ici même la validité. Je partage tout fait son analyse. Il serait intéressant de relire la position argumentée de Ferrari.

      Supprimer
    3. Je ne sais pas si nous pourrons retrouver une position argumentée et développée de Jérôme Ferrari sur la question de la littérature corse en soi. Je me souviens avoir lu souvent, sur ce blog ou ailleurs, qu'il refusait absolument (comme Marcu Biancarelli d'ailleurs) le qualificatif de littérature régionale. Et qu'il estimait que ce qui manquait cruellement en Corse c'est une critique argumentée qui permette de distinguer les meilleures oeuvres.

      Mais encore une fois, je trouve que ce qui serait vraiment passionnant ce serait d'avoir votre avis sur cette question. Vous partagez de l'analyse de qui ? Merci de poursuivre le dialogue.

      Supprimer
  5. Pour complément d'information Christian Giudicelli a reçu le prix Renaudot en 1986 pour Station balnéaire.

    Bravo à Jérôme Ferrari qui mérite, pour l'ensemble de son oeuvre et notamment pour " Où j'ai laissé mon âme", ce prix.

    M.N

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour l'information. Je n'ai personnellement jamais rien lu de Christian Giudicelli. Il faut que j'aille voir !

      Supprimer
  6. Alessandra: il m'en vient deux à l'esprit: Le cheval d'orgueil de Pierre Jakez Elias qui fut un énooooorme succèq de librairie et qui fut à l'origine écrit en breton et Pesciu Anguilla de Dalzetto traduit par F.M. Durazzo dont il faut beaucoup question sur ce site...Mais je pense qu'il y en a d'autres.....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Norbert pour cette réponse.

      On peut ajouter, sans porter préjudice aux éditeurs, passionnés et pertinents, que Fédérop n'est pas un "grosse maison d'édition nationale". Donc, Pesciu Anguilla, grâce à cette traduction en français, peut vivre dans le tout le domaine francophone mais reste encore à en faire une promotion et une diffusion qui ne sont pas faciles pour les petites maisons d'édition.

      Alessandra, normalement, en tant que roman traduit en français, "Murtoriu" peut prétendre à concourir dans tous les prix littéraires qui consacrent des ouvrages traduits de langues autres que le français. Il faudrait faire la liste de ces prix, ou plutôt demander à Actes Sud s'ils ont envoyé l'ouvrage aux jurés de tel ou tel prix et s'il y a eu un écho.

      Bon, disons qu'il existe un Prix, non un Grand grand prix du Roman traduit du corse en français et dont l'objet est de "récompenser le meilleur ouvrage de fiction en prose écrit en corse et traduit en français" ; disons que les jurés de ce prix sont ceux qui veulent bien en faire partie aujourd'hui et autant de temps qu'ils le souhaitent ; disons que le jury s'est réuni hier au café des Palmiers sur la place Saint-Nicolas à Bastia ainsi que sur un forum secret sur Internet ; disons que les discussions furent âpres, animées mais toujours courtoises et d'une grande pertinence ; disons que malgré ces discussions préalables le jury a décidé de remettre son Grand grand prix à l'unanimité et au premier tour à "Murtoriu" de Marc Biancarelli, traduit par Jérôme Ferrari, Marc-Olivier Ferrari et Jean-François Rosecchi ; disons que le prix est un chèque de 12 euros (puisque le Goncourt c'est 10 et le prix Virilo 11) ; disons que le bruit médiatique de ce prix est tel (seul peuvent lui être comparés, le Goncourt, le Strega, le Pulitzer, etc) qu'environ 687 254 exemplaires de "Murtoriu" vont s'écouler d'ici au Nouvel an chinois !!

      Cela fait du bien, non ?

      Supprimer
    2. votre réponse est un vrai régal, merci! que l'on m'avertisse la prochaine fois, je rejoindrai avec bonheur le jury au café des palmiers!!!
      merci Norbert également.

      Supprimer
  7. Notons aussi que la plupart des articles consacrés au Sermon mentionnent Murtoriu : « Et il vient de traduire du corse le roman Murtoriu , de Marc Biancarelli (Actes Sud). ”, dit Sabine Audrevie dans La Croix, par exemple. Même si ce n'est que la reprise d'éléments puisés dans le dossier de presse, la propagation de cette simple référence ne peut que produire des bienfaits collatéraux. Elle permet de pousser Murtoriu très exactement comme on pousse les anciens titres derrière le livre primé, si les bons vieux réflexes d'exploitation du succès valent encore.
    Reste à rappeler qu'il y a bien de multiples passerelles du Sermon à Murtoriu : on peut sauter de l'un à l'autre sans dévisser, ce que peuvent au moins attester les bons lecteurs de chez nous, qui en on fait l'expérience, sans aucun regret, et sans quitter la portée universelle au changement de titre.

    RépondreSupprimer
  8. http://www.dailymotion.com/video/xuxsn4_goncourt-ferrari-effare-par-la-brutalite-d-ecriture-de-marco-biancarelli_news#from=embediframe


    Joli soutien , non?

    RépondreSupprimer

  9. Oui, soudain une fenêtre est grande ouverte et le continent (que dis-je, l'Europe, le monde!) n'est plus isolé de la "littérature corse" eheh -)) Vive Ferrari !

    RépondreSupprimer
  10. M. Ferrari n'est pas le premier auteur corse à obtenir un "prix prestigieux", mais la liste dressée par FXR comporte un oubli important.
    En 1905 Claude Farrère eut le prix Goncourt pour son œuvre Les Civilisés. Claude Farrère né à Lyon de son vrai nom Frédéric-Charles Bargone est issu d'une famille bastiaise donc Corse. De Farrère à Ferrari il n'y qu'un pas, et 107 ans de différence.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, Monsieur Zerlini, Yann Monti dans le Corse-Matin d'aujourd'hui écrit une pleine page pour raconter la vie de Claude Farrère. D'ailleurs ce serait intéressant de mettre son oeuvre (que je ne connais pas) en regard avec celle de Ferrari (notamment dans le traitement des Colonies).

      Pour compléter cette liste des Goncourt en rapport avec la Corse, Ariane Chemin dans Le Monde d'aujourd'hui cite John-Antoine Nau (Goncourt 1903, le tout premier !) qui écrivit ensuite un "Thérèse Donati, moeurs corses" (1921, réédité par La Marge en 2003) et Jean Rouaud (Goncourt 1990 pour "Les champs d'honneur") et décrit comme "un simple ajaccien d'adoption".

      Mais enfin, tous ces rapprochements montrent à l'évidence le caractère unique de ce que nous sommes en train de vivre : le prix le plus prestigieux de France récompense une oeuvre d'un auteur corse, impliqué dans la littérature corse (pas seulement via les traductions de Marcu Biancarelli) et dont tous les ouvrages traitent de la matière corse pour construire son monde imaginaire (tout comme Faulkner travailla son "timbre-poste" du Mississippi, puisque l'auteur américain est cité par Dominique Bucchini dans le Corse-Matin d'aujourd'hui pour faire l'éloge de Jérôme Ferrari).

      Je ne sache pas que le Goncourt 1905 pour "Les Civilisés" de Claude Farrère ait eu une importance quelconque sur la vie littéraire corse. Par contre, je trouve tout à fait intéressant qu'on inscrive Claude Farrère, comme le fait Yann Monti, dans "l'histoire de ces Corses partis au début du siècle dernier sur toutes les mers du monde et dans la Coloniale pour y trouver un avenir meilleur."

      Supprimer
  11. Bonjour à tous, je pense que Bonifay blaguait car la littérature corse se fera contre et malgré la société corse, cela n’est donc aucunement comparable avec l’épopée de 78 surtout qu’à ma connaissance l’auteur n’est pas connu pour prendre des produits dopants, mis à part des Camel filtre. Toutefois cela n’empêche pas, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, un sentiment de fierté collective – que le prix Goncourt 2012, si j’en crois une vidéo de l’Obs, ne récuse pas, au contraire.

    Enfin que Jérôme sache que ceux qui, comme moi, apprécient et l’homme et son œuvre littéraire ont été remués comme des pucelles à l’annonce de l’obtention du prix.

    PS : depuis le 07/11 12H45 GMT +1 Assouline est un mec formidable.

    J.-F Rosecchi

    RépondreSupprimer
  12. Monsieur Rosecchi, signalons à tous ceux qui ne le sauraient pas encore que vous êtes le principal traducteur (avec Jérôme Ferrari et Marc-Olivier Ferrari) du très grand roman de Marcu Biancarelli, "Murtoriu" (publié en langue corse en 2009 chez Albiana, et en français chez Actes Sud, en 2012).

    J'engage donc les lecteurs à aller vers les liens suivants :
    - votre participation à l'émission Via Vultura pour évoquer votre traduction de "Murtoriu" : http://corse.france3.fr/info/via-cultura-le-magazine-70440709.html?onglet=videos&id-video=000401809_CAPP_ViaCulturadu31mars2012_020420122041_F3#.T370XrhVpaM.facebook
    - un billet de ce blog où vous aviez participé à une discussion à propos de la traduction du titre de "Mrutoriu" : http://pourunelitteraturecorse.blogspot.fr/2011/11/emmanuelle-caminade-ou-comment-traduire.html

    1. Pour faire écho à votre point de vue sur le jugement de Sébastien Bonifay, je ne l'avais pas compris comme une blague. Je pense comme lui que c'est un moment très important pour la littérature corse, mais pour quelle raison ? Il est sûr que le jury du Goncourt n'a pas voulu saluer la "littérature corse" en remettant son prix au roman de Jérôme Ferrari. Mais en même temps ils saluent un ouvrage qui, clairement, travaille la matière corse pour regarder le monde et la condition humaine en général (comme le font tous les livres de vraie littérature). Donc, il y a un effet de "médiatisation" positive et massive inédit qui explique la fierté de l'auteur et des amoureux de la littérature corse. A nous tous, maintenant, de profiter de ce moment pour braquer le projecteur sur la "littérature corse", sa diversité et le désir que nous voulons alimenter d'une grande et belle littérature.

    2. Et là, je vous rejoins, un art est d'une belle et grande qualité très souvent parce qu'il s'oppose à la société qui lui donne naissance. Très souvent mais pas toujours. On voit aussi comment des livres très critiques sont ensuite "récupérés" (pas forcément de façon hypocrite) par la société critiquée (voir Joyce, Céline). L'important est peut-être de renouveler nos lectures, suivant les générations qui se succèdent et de ne pas transformer les livres et auteurs en icônes intouchables ou aux significations figées et immuables. Comment lirons-nous Ferrari et Biancarelli en 2042 ? Comment les liront les enfants qui naissent aujourd'hui ?

    3. Concernant Pierre Assouline, j'ai pu apprécier sa franchise et sa cohérence lors de son séjour à Ajaccio. Je peux dire ici, entre nous, que c'est lors du Festival Racines de ciel qu'il a lu "Murtoriu" et que nous en avons un peu parlé ensemble, dans la cour du lycée Fesch. Je ne sais pas s'il a voté pour Ferrari ou pour Deville, il ne le dit pas lui-même dans son dernier billet, et peu importe. Par ses deux billets il a (comme le Goncourt) élargi un peu plus le cercle des lecteurs de littérature corse. Oui, c'est formidable !

    RépondreSupprimer
  13. Je tiens à féliciter M. Ferrari mais je regrette que l'enthousiasme pour la prose l'emporte sur l'amour de la poésie. Personne n'a signalé que je viens de remporter le prix "Romarin", décerné par la municipalité de Manosque pour un sonnet intitulé "Mistral blasphématoire". L'oeuvre du poète croit dans le silence de la nuit.

    RépondreSupprimer
  14. Monsieur monsieur Paoletti, vous me voyez navré d'une telle dissymétrie dans la médiatisation des prix qui disent la valeur d'une littérature. Laissez-moi vous féliciter. Puis-je m'étonner de ne pas voir votre blog s'orner d'un billet revenant sur cet événement et présentant le poème qui fut objet de louanges ?

    RépondreSupprimer