Ce billet ne sera pas très riant mais il est tout de même question de littérature, et de ses enjeux.
LA journaliste du Monde, Ariane Chemin, qui écrit depuis longtemps sur la Corse, publie aujourd'hui un article intitulé "En Corse, on assassine en silence".
Avec un regard faussement distant, qui cherche à exprimer à la fois l'horreur et la résignation, elle insiste sur le fait qu'un lourd silence se doit de recouvrir tous ces meurtres qui eurent lieu et continuent d'avoir lieu entre nationalistes et entre criminels dans l'île. Pas de stèles, pas de discussions publiques, et aussi de pas de romans qui se chargent de cette réalité.
Citation : "Les figures des morts ne doivent jamais rôder aux carrefours. "Ce n'est pas de la lâcheté, c'est une protection, un mode de vie et de survie. Comment faire sinon, lorque vous embrassez dans un bar un mec qui a fait dix-huit ans de prison ?", interroge un journaliste local. La société corse, dit-il, est une société du mensonge sur soi. "L'île n'a fonction que de décor, comme dans la littérature française du XIXème siècle. Nous sommes les derniers à penser que la Corse est un endroit préservé. Nous vivons dans une sorte de Cineccità sans figures humaines." De ce murder tour, aucune trace dans la littérature, même détournée dans les polars locaux. Pas davantage dans les guides."
J'aimerais beaucoup savoir si Ariane Chemin a raison et poser plusieurs questions : n'y a-t-il aucune fiction corse qui évoque de près ou de loin la réalité de ces meurtres et de ce qu'ils disent sur la Corse ?
(Je pense pourtant à "Balco Atlantico" de Jérôme Ferrari ou à "Une affaire insulaire" de Jean-Baptiste Predali, essayons de compléter cette liste.)
Quels livres parmi tous ceux qui évoquent pourtant cette réalité le fait de façon pertinente selon vous ? Je pense aussi aux ouvrages de Jean-Pierre Santini.
Que peut la littérature face à cette réalité ?
Dernière question (pour moi, maintenant), connaissez-vous un ouvrage (de fiction ou pas) qui donne la parole aux meurtriers, je veux dire une parole vraie, sincère (pas une officielle ou idéologique) et qui exprime totalement la vision du monde, de la société, de l'être humain et de la vie qui anime les meurtriers. Considèrent-ils que "les gens sont des rats", comme cela est dit dans "Gomorra" de Robert Saviano ? Ou quoi d'autre ? Les deux truands décrits dans "Murtoriu" de Marcu Biancarelli ressemblent-ils aux meurtriers qui officient en ce moment ? Quelle vision des gens les anime ? Pourrait-on la dire publiquement ?
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
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Erratum : une faute de frappe me fait écrire "LA journaliste...", il faut lire "La journaliste". La première version laisserait entendre un ton railleur. Mon intention est simplement de discuter une opinion d'une journaliste. Je ne connais pas Ariane Chemin.
RépondreSupprimerPour tenter de répondre à la dernière question...Hors littérature corse, je pense à L'adversaire, d'Emmanuel Carrère. Il ne donne pas vraiment la parole au meurtrier, mais on sent quel "voyage" a pu faire l'auteur pour comprendre la personnalité de cet homme, se trouver au plus près de ce qu'il a vécu.
RépondreSupprimerMerci FXR de relever encore une fois les interrogations qui surgissent lorsque l’on fait se croiser plusieurs types de narration : la narration journalistique, la littéraire, l’anthropologique, la sociologique, et pourquoi pas la psychanalytique. Chacune voulant rendre compte de la complexité du monde, incluant une trop rarement explicite démarcation entre vision/appréciation subjective et une objective, enfin soi-disant objective. La narration journalistique, et celles ‘scientifiques’ sociologique, anthropologique...se voulant synthèse de recherches et d’analyses désintéressées ( mais la dimension temporelle, sociétale, politique rentrent forcément en jeu !). La narration littéraire, elle, sans verser dans l’art pour l’art, étant fictionnelle, peut témoigner du monde, d’un monde, des mondes mais elle est création et son témoignage peut prendre des chemins de traverse...Témoigner de la tension mortelle du contemporain mais TOUS –ou presque- le font! Les auteurs, créateurs corses, AUCUN n’évitent le sujet, mais chacun le fait à sa manière. Des heures de discussion passionnante pourraient naître de cette problématique. Pour éviter frustration et simplification, ne faudrait-il point organiser un débat sur ‘littérature corse et société’( pour une sociologie de la littérature corse?), débat qui permettrait de reprendre l’échange passionnant- et si ‘sanguin’ !- qui a suivi la lecture croisée de Mme Drimaracci ? Nous pourrions inviter Mme LA journaliste (petit clin d’œil à une amusante erreur typographique...) et compatir avec elle de la difficulté de devoir rendre compte de la Corse en quelques lignes...
RépondreSupprimerLe moment littéraire est-il venu? Serait-il en adéquation avec les problématiques actuelles? Ou s'agit-il d'en appeler à une expression immédiate des intellectuels corses (encore que ce soit peut-être restrictif de n'inclure que des intellectuels corses?) dans un appel à un sursaut collectif de la société corse?
RépondreSupprimerVoir à propos de Santini
RépondreSupprimer- Corsica Clandestina 2004 Albiana : premier assassinat d'un militant nationaliste et début de la guerre entre nationalistes.
- Nimu 2006 Albiana : l'emprise mafieuse et la porosité entre le milieu et le mouvement nationaliste, la question de l'identité corse.
- L'exil en soi, Clémentine 2009 ( nouvelle édition d'un ouvrage paru en 2002) : L'emprise mafieuse dans la cadre d'une Corse devenue autonome.
- L'Ultimu, 2012, A Fior di Carta. Entre autre : bilan de 40 années de luttes fourvoyées.
Le dit de Carul'Andria:
RépondreSupprimerDans L'Ultimu de Santini, extrait de la page 269, intégralement reprise en 4e de couverture:
"[...]. On voit partout, depuis toujours, s'agiter dans la fureur les foules mugissantes, les héros d'opérette et les maitres cyniques. De tout temps, les peuples s'exaltent et s'illusionnent.
Et nous, sur cette île, qu'avons-nous fait d'autre que fantasmer une histoire incertaine? Parures de gloire, les mots habillaient des actes insignifiants...
Gloria à tè! lisait-on sur les routes, les parapets, les façades, les ponts...
C'est au nom de ces méprises qu'on s'est livré aux rites sacrificiels comme s'il fallait, pour justification, ajouter le sacre de la mort à nos littératures.
Des hommes de chair et de sang, on a fait des statues de pierre au regard aveugle. On les a réduits au silence sourd des matières. Ils étaient la vérité, ils ne sont plus que la mort. [...]"
Merci, Anonyme, pour toutes ces références précises aux ouvrages de Jean-Pierre Santini.
RépondreSupprimerMonsieur Blanchemanche, il me semble qu'il n'est jamais trop tôt pour que la littérature et les arts s'emparent d'une réalité et ce billet ne voulait pas appeler à un sursaut de qui que ce soit, il s'agit simplement de voir ce que la littérature corse fait très concrètement avec cette réalité, dans cette situation.
Alessandra, j'espère que des étudiants de l'université de Corse travaillent ou travailleront sur "littérature corse et société". Sur ce blog intervient qui veut, ce serait un plaisir qu'Ariane Chemin participe à cette discussion, je vais essayer de lui faire parvenir le lien.
Je crois qu'il y a très longtemps qu'il n'y a plus d'intellectuels corses. Y en a-t-il déjà eu ? Parlons de l'intellectuel comme homme de pensée engagé dans une lecture et un implication dans la société,la praxis, pas seulement dans la création: Sartre en France, Pasolini en Italie...
RépondreSupprimerIci bon nombre d’écrivains sont passés par la lutte nationaliste (Santini) mais aucun depuis vingt ans (depuis le "début" des assassinats) n'a joué un rôle d'intellectuel, aucun n'a prit la parole sur la "dérive". C'est plutôt cette question que nous devons poser, celle de la non existence d'intellectuels.
Bonnes questions Monsieur Zerlini, auxquelles je ne saurais répondre.
RépondreSupprimer1. Suivant votre définition de l'intellectuel, j'aimerais savoir si les noms suivants peuvent être considérés comme des intellectuels :
- Salvatore Viale
- Santu Casanova
- Rinatu Coti
- Jean-François Bernardini
- Les femmes du Manifeste pour la vie
- Gabrile-Xavier Culioli
- Marcu Biancarelli
2. Marcu Biancarelli n'a-t-il pas pris la parole, avec d'autres dans la revue A Pian d'Avretu, sur les dérives de la société corse ? Et dans son recueil "Va victis" ?
3. Avons-nous besoin d'intellectuels comme Sartre et Pasolini, ou Orwell ? N'est-ce pas plutôt la construction d'un espace public où la parole ait de la valeur qui serait nécessaire ? Est-ce que tout le monde n'est pas d'accord sur l'horreur d'une société qui fonctionne systématiquement avec la violence (menace, attentats, meurtres) et la défense d'intérêts privés ?
Pour Monsieur Zerlini,
RépondreSupprimerVoir les ouvrages suivants de JP Santini
- "FLNC, de l'ombre à la lumière" (2000 - L'Harmattan)
- "Pour une Assemblée Nationale Provisoire" (2002 - Lacour)
- "Indipendenza, une Corse libre, démocratique et sociale" (2003 - Lacour)
- Dialogues Unione Naziunale (2004 - A Fior di Carta)
A ma connaissance, Santini n'est pas "passé" par la lutte nationaliste pour écrire ensuite des livres, mais continue d'animer A Cunsulta Naziunale (la praxis...)
Il ne faut pas faire un mauvais procès aux écrivains corses,ils ont largement mis en relief l'état de notre société<. Ils l'ont fait avec talent, courage et persévérance.Le cas de J.P. Santini est un excellent exemple mais il na pas été le seul. De ce côté ci il n'y a pas de doute à avoir.
RépondreSupprimerMaintenant, faut-il que ces écrivains publient une sorte de manifeste pour dénoncer la dérive mafieuse de la Corse et condamner les assassinats ? Peut-être mais à quoi bon ? Ce ne sont pas tous les insulaires qui sont responsables mais une infime partie d'entre eux et ils n'ont visiblement que faire des indignations publiques...Malheureusement nous en sommes là: une minorité s'est affranchie des principes qui régissent toute civilisation et les mots ne serviront pas à grand chose hélas...!
Monsieur Zerlini évoque, semble-t-il, des intellectuels "organiques", c'est à dire engagés par la pensée ET par les actes politiques aux côtés de militants politiques. Aucune des personnes citées par Monsieur Renucci ne répond à ces critères sauf de considérer aussi l'engagement associatif ou culturel, mais cela n'est pas du même ordre.
RépondreSupprimerM. Zerlini, vous choisissez mal vos exemples ! Sartre, collabo des Allemands durant la guerre. Pasolini, expulsé du Maroc pour faits de pédophilie...Parlez-nous plutôt du grand Camus !!
RépondreSupprimerEn Corse, Marie-Jean Vinciguerra me paraît incarner la figure la plus accomplie de l'"honnête homme", au sens des Lumières, donc de l'intellectuel.
Salvador, vos critiques concernant Sartre et Pasolini sont bien connues, elles n'enlèvent rien à la pertinence par ailleurs de leurs analyses et interventions (qui doivent être discutées en tant que telles). Camus n'est pas exempt de défauts et on peut critiquer sa personnes ou ses prises de position. Je voudrais vous rappeler que cette discussion porte sur la "réponse" que les artistes et intellectuels corses apportent face à une société insulaire violente et meurtrière.
RépondreSupprimerVotre point de vue sur Marie-Jean Vinciguerra me semble intéressant, voudriez-vous préciser comment selon vous cet auteur est la "figure la plus accomplie de l'"honnête homme" ? Merci.
M. Vinciguerra, qui honore de sa présence la moindre manifestation culturelle, fait ainsi profiter le plus grand nombre de son immense érudition. C'est cela, pour moi, un intellectuel. Un éveilleur. Le logos plutôt que la praxis.
SupprimerJe place une autre discussion commencée sur Facebook :
RépondreSupprimerFrancesca Graziani
Dans la littérature incluons les chansons et certaines en parlent.
François-Xavier Renucci
Francesca, tu pourrais donner les références de ces chansons ? Merci.
Maia Simoni
Je ne sais à qui se réfère Francesca mais me semble-t-il l'anticorps de la violence de ce pays ce sont des chanteurs, prônant directement la non violence : je pense à A Filetta, à ce que j'ai entendu d'introduction à leur concert, je pense aux Muvrini directement engagés dans la non violence… il se trouve que ce sont les ambassadeurs de la corse dans le monde et de cela, de cette dimension non violente qui existe ici les médias ne font pas référence… évidemment la complexité ce n'est pas médiatisable.
Francesca Graziani
D'accord avec Maia, les chanteurs portent le plus souvent ce message de non violence, au moins depuis la guerre fratricide des années 90
Francesca Graziani
La chanson qui a gagne l'eurovision des langues minoritaires, chantée per Jacques Culioli. Je rappelle les paroles de "Hosanna in excelsis"
Hosanna in excelsis…
Pà issi cori chi sunniavanu
Di pace è sponde calme
Cù le so speranze appese
A isse tozze assuliate,
Pà issi venti chi scatinavanu
E mente di l’umani
Di lé so idee armate
Par un’antru lindumani
Senti cum’eo pregu,
cum’eo pregu.
Hosanna, in excelsis
Oghje un’anima hà u fretu
Vedi un’anima hà u fretu
Pà isse vite accugliate
A e porte di u supranu
E Ie so quattru staghjoni
Di ricordi a e nostre labbre
Pà e stonde di a storia
Chi scrivianu isse mane
E tanti suspiri offerti
A lu sognu chi s’alluntana
Vedi ind’ù ni so li nostri tempi,
Duri so li nostri tempi
Hosanna, in excelsis
In unitate
Spiritus sanctis
Senti cum’eo pregu
Cum’eo pregu…
Bruno Susini
Francesca Graziani
RépondreSupprimerEt cette poésie, d Olivier Ancey, je crois ?
Fratelli
Vi paria d’esse l’anelli
Di una listessa catena
È vi cridiate fratelli,
Essendumi tutti figlioli.
L’avvene tolse i maglioli,
Tamanta pena…
L’aria splindia di giuvelli
Ma oghje lacrime sumena
È i mio sonnii sò fulena
Chì l’alba pietosa rimena
Cù i pienti di l’urfanelli.
Quantu morsenu da ribelli,
Quantu paconu di so schiena,
Quantu sò partuti zitelli,
Mucata sò da troppu doli,
Ghjorni funesti, caracoli,
Tamanta pena…
L’aria splindia di giuvelli
Ma oghje lacrime sumena
È i mio sonnii sò fulena
Chì l’alba pietosa rimena
Cù i pienti di l’urfanelli.
Tamanta pena,
O chì macelli.
Francesca Graziani
Ce sont peut être les écrivains, poètes et artistes qui en parlent le plus... Mais que peut-on faire avec des mots pour arrêter la main des assassins sans foi ni loi? les meilleures armes sont dans les mains de la police et de la justice : font-elles bien leur travail? Pire, ne jouent elles pas un jeu pervers? Cela s’est déjà vu...
Francesca Graziani
Pour répondre a une question de FXR sur son Blog, il me semble que les deux pieds nickelés de « Murtoriu », brutes épaisses, effrayants de bêtise, mais aussi d’avidité et de froideur insensible et sans scrupules sont bien representatifs d une certaine race d’hommes de main exécuteurs de basses oeuvres, ces derniers temps
Battesti Pierre-Paul
Je vous conseille de lire « A Paci » d'Annick Peigné-giuly
Une femme, la narratrice, enquête sur son passé qui est le passé de sa famille, de son village, de son peuple corse ". Le livre est l'histoire de cette quête, racontée en dix scènes qui furent des moments clefs dans ce travail de mémoire. Elle remonte la piste. Un jour, en 1958, son grand-père, Napoléon, est assassiné dans son petit village, au sud de la Corse. Une " vendetta sanglante ", titrent les journaux. Un mort, cinq blessés. Les meurtriers ont pris le maquis. L'histoire de cette vendetta avait débuté quatre ans plus tôt, en 1954, avec l'assassinat du boucher du village par le frère de Napoléon. La narratrice avait alors neuf ans. Reprenant l'enquête, trente-cinq ans plus tard, elle tente d'y voir clair dans les questions de vie, de mort, d'honneur qui ont provoqué le drame. Le livre expose le point de vue d'une femme qui, dans cette société antique, est décalée parce que femme et étrangère aux traditions du pays : elle a grandi ailleurs. De fil en aiguille, la narratrice remonte la chaîne implacable de la fatalité. Petit à petit, elle se rapproche de cet univers, comprend mieux et découvre notamment le drame de Rose, sa grand-tante. Elle finit par revenir dans son village y rechercher son mystérieux héritage. Traditionnellement en Corse, une vendetta pouvait se conclure par un acte de paix, un " paci ". Ce livre clôt la vendetta en la portant au jour."
Ce qui m effraie c est que de plus en plus la liberte de parole parait menacee en Corse, et très gravement meme : Corse Matin mitraillè par exemple; Quoique l on puisse penser de ce journal, c est une chose rèvoltante et abjecte, sans que l'on puisse savoir d'où cela vient; encore que les rumeurs vont bon train comme toujours...
RépondreSupprimerLa confèrence d'Hèlène Constanty, auteur de "Razzia sur la Corse" a eu lieu malgrè les menaces et sous la protection de la police ...Or ce qu'elle dénonce de la spèculation immobilière est probablement une des causes d'une partie des meurtres de ces dernières annèes. Je constate que l 'affluence a été en tout cas nombreuse, en réponse aux menaces, en tant qu'acte de solidaritè, autant que parce que la soif de comprendre ce qui se passe est forte; que dire alors qu on ne sait pas très bien ce qui se cache derrière ce qui se déroule sous nos yeux?
Dans ce contexte on ne peut que constater ègalement le courage réel de ceux qui osent s'exprimer et dénoncer les scandales, comme les associations de défense de l'environnement, car elles touchent de près de gros intérets et que, comme on l'a dit, comme l a dit Hélène Constanty dans son livre, ce ne sont pas des gens qui rigolent.
pqrdon pour mes nombreuses fautes de frappe je ne suis pas encore habituée au clavier italien et j'ai peu de temps
RépondreSupprimerj' espère que cela ne vous rend pas la lecture trop pénible
RépondreSupprimerOui effectivement je m'étais fait la reflexion en lisant l'article. Je trouve que l'exemple est mal choisi mais que la journaliste touche juste. Le problème ce n'est pas l'expression de la littérature, ni de la politique, ni de telle ou telle partie de la société. Le problème c'est le débat public dans sa globalité, ce que les gens disent dans l'espace public.
De plus, lorque la parole publique est cadenassé dans les société c'est bien souvent par le truchement des arts que l'expression se fait et qu'elle porte une avant garde.
Très bien votre site. Vous devriez quand même essayer de mieux organiser les articles
Anonyme 16:15, merci pour votre appréciation ; vous avez raison, je devrais transformer le blog en vrai site, mais cela me demande déjà assez de temps comme cela (trop à vrai dire). Je dois donc m'excuser, et demander aux lecteurs intéressés d'utiliser la fonction Recherche ou les éléments de la rubrique "De quoi et de qui nous parlons" pour trouver leur bonheur. En tout cas, le mien est fait dès l'arrivée d'un commentaire et d'une volonté de discussion.
RépondreSupprimerJe crois aussi que la parole publique n'est jamais facile (dans les sociétés "cadenassées" ou pas d'ailleurs), soit elle est réduite au silence ou à des contorsions qui réclament de faire le tri entre le vrai, le sérieux, le frivole, le faux, soit elle est dévaluée, réduite à du bavardage qui n'a plus de prise ni sur le réel ni sur un interlocuteur.
Oui, alors, les façons particulières d'utiliser le langage verbal (ou d'autres langages pour d'autres arts) est une façon de faire de la littérature le lieu d'une "vraie" parole, qui dit plus, plus fort, de façon plus dense, ce qui circule par des murmures dans la société.
Voulez-vous citer un exemple d'oeuvre qui pour vous "porte une avant-garde" en Corse ?
RépondreSupprimerCe qui est affreux aussi c'est la hiérarchie que l'on semble faire parmi les morts : certains seraient plus choquants que d'autres, comme si derrière tout mort il n'y avait pas le même cortège de vies brisées... Les efforts relativement vains du "manifeste des femmes pour la vie" dans les années 90 pendant les meurtres entre nationalistes (elles étaient bien en avant-garde, dénonçant la "loi des armes" sans qu'on les prenne bien au sérieux, quand on ne les insultait pas publiquement!) contrastent avec la descente massive dans la rue, à leur appel, pour l'assassinat du préfet (et j'en étais aussi, je trouve cela normal)
Par ailleurs, le silence de la société, des media, revient très vite, même après les grands "chocs" comme l'assassinat d'une femme, ancienne élue, ou dernièrement celui d'un avocat. Ne pas s'habituer, ne pas s'engourdir, tel est le défi.
La commission violence de l'Assemblée de Corse, c'est nécessaire, mais il faut reconnaître qu'elle n'a rien en main pour trouver des solutions.
Que signifient par ailleurs les attentats contre de nombreux maires ou élus municipaux, si ce n'est que des pouvoirs occultes veulent prendre le contrôle, non seulement sur la parole, mais surtout sur tous les lieux de décision pouvant empêcher de faire des profits au mépris des lois?
Je ne crois pas qu'Ariane Chemin dise qu'il n'y a pas d'évocation des meurtres ou de la voyoucratie dans la littérature corse. Elle dit que la littérature ne parle pas de la géographie de ces faits, pourtant bien pesante sur un univers sociétal restreint. C'est le thème du "murder tour" qui est selon elle absent des livres, pas les assassinats, c'est différent. Et c'est à travers l'impact géographique qu'elle aborde la question de tous ces drames. Je pense que son approche est loin d'être inintéressante. Dans les rues de Dublin, on voit par exemple des plaques évoquant des assassinats, j'en ai vu une concernant trois personnes tuées en 1975. J'ai alors pensé à ce "murder tour" qu'elle évoque dans son article, et mieux perçu encore ce dont elle parlait. Les lieux disent la mémoire des peuples, quand parfois il est difficile d'exprimer une parole intelligible.
RépondreSupprimerMB
MB, effectivement, l'article parle du "murder tour" dont il n'y aurait pas trace dans la littérature. J'avais compris l'expression au sens plus général (et non strictement géographique), et il se trouve que le dernier reportage de "Complément d'enquête" sur France 2 commence justement par ce tour d'Ajaccio (dans la voiture d'un policier ajaccien qui désigne les lieux des meurtres et expliquent ce qui s'y est passé).
SupprimerMais je trouve que la formulation pouvait tout de même laisser penser que le silence était plus général (voir le titre de l'article).
Est-ce qu'en Irlande, les stèles de commémoration d'assassinats sont des actes privés ? Sont-ils acceptés ? La littérature irlandaise fait-elle une place à ses propres "murder tours" ?