J'ai reçu aujourd'hui quelques ouvrages des éditions A Fior di Carta, que j'avais commandés.
J'ai lu, pour commencer un des ouvrages de Jean-Claude Loueilh : "X-Making". Pour deux raisons : il est très court, même s'il y a de quoi renouveler sa lecture, en tout cas en ce qui me concerne et aussi parce qu'il porte un regard sur le premier long-métrage de cinéma de Gérard Guerrieri, justement intitulé "X-Making", film qui m'a beaucoup fait rire et que j'aime.
J'ai aimé lire ce texte de Jean-Claude Loueilh, décrivant le film, proposant une analyse très fine, très sombre, tout en notant que c'est un film "qui va s'amuser et faire rire à gorge déployée, directement - incù amicizia diretta -."
Et je cite maintenant dans ce billet les passages qui désignent explicitement des scènes, des plans ; pour le fond de l'analyse, il faut aller voir le livre. Pourquoi faire ça ? Pour prolonger encore une trace du film (hors discours d'analyse et de commentaire), pour signifier encore une fois qu'il faut se replonger dans les oeuvres (comme Francis Ponge dans l'eau de la Loire). Rappelons que le film de Guerrieri raconte comment un producteur de film corse (Marco) cherche à tourner la premier film pornographique insulaire en langue corse grâce à la présence de son ancien ami d'enfance (Polo) devenu star du X aux "States" (sous le pseudo de Mister Mojo) et d'Apollonia, hardeuse professionnelle...
Voici donc quelques morceaux d'imaginaire corse contemporain... (Peut-être n'appréciez-vous ni le film ni le livre évoqués ici ? Parlons-en !)
Page 12 :
Marco et Polo déjeunent en conversant dans un restaurant ; plan moyen sur les deux convives à une table qui porte une bouteille d'huile d'olive au col sophistiqué. Que peut-il y avoir de culturel dans le cul ? Et de sentimental dans le sexe ? Le restaurant, dont la salle ne sera jamais montrée, semble chic. Au-delà de l'huile d'olive une baie panoramique. Il suffit que la caméra s'élève un peu pour découvrir, en légère plongée en deçà des compaings, de la bouteille prétentieuse et de la baie, la zone. La zone "industrielle" de bric et de broc d'abord ; avec ses hangars, remises et ateliers de carrosserie d'abord ; mais aussi la zone de campement gitan avec ses caravanes et son linge qui sèche ; entre les deux une route défoncée où passe une circulation chiche de banlieue pavillonnaire...
Page 15 :
Marco ira donc mendier mais "en ami" auprès d'un "entrepreneur" - qui s'entraîne au golf devant les immeubles de Paese Novu ! - en l'appâtant. Qu'il intervienne dans le bouclage financier du film et dans une scène il pourra substituer son organe à celui de Mojo, se payer Apollonia ! Scène sombrement drolatique du démarchage, sous le soleil des bâtiments, au-dessus d'un paillasson de plastique vert pour green, quand, club à la main, notre commerçant se fait tirer la manche, radine, excipe de son épouse, de sa famille, de la fidélité jurée, de ses 20 années de mariage - quand en voix off il salive et savoure à l'avance le bon coup à venir, car elle doit "être bonne", en escomptant comment s'en tirer à moindre coût -.
Page 16 :
Le producteur de Mojo à L.A. se trouve campé dans un décor d'acier - verre - cadillac, cigare à la Welles vissé aux lèvres quand il écoute avec commisération les plaintes de son étalon éperdu dans le désastre final. Mais se retrouve enfin réimplanté oncle de la diaspora retrouvant l'accent pour découvrir des "arrangements".
Page 17 :
Mr Mojo gesticule le kung-fu en kimono de soie. Marco, sous les strobos, d'abord retenu par des amis, repart comme pantin au baston dont il vient d'être soustrait. Anto, jaloux et ressentimental, poursuit Mojo sur les parkings herbeux et sableux de l'Arinella. Sur la plage, près de la Madrague, dialogue de sparadraps - sur la pommette, sur le nez - entre Marco et Mojo. Scène d'étreinte à improviser en décor squatté : paysage d'aïeule, d'emprunt et toute empreinte, avec les moyens du bord d'une bande son mirlitaire sur le Teppaz, sous le crucifix et auprès du portrait d'un défunt mari (scène, pour le cas, proprement sacrilège, obscène au-delà de tout X). Interrompue, avec le coït, par le retour impromptu de la propriétaire. Débandade des pieds nickelés, perchman en perdition...
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
ùn l'aghju micca vistu ma sò sicura ch'aghju da esse morta di risa...! A lingua corsa pò fà tuttu, nè?
RépondreSupprimerEuh...quale ghjè 'su Marco? lol
Ind'è issu filmu si parla francese, u corsu th'à una piazza minima.
RépondreSupprimerU persunagiu di Marco, u pruduttore, hè ghjucatu da Pierre Salasca.
E issu filmu ùn hà micca piaciutu à tutti : hè vera ch'ellu hè discutevule.
Discutemu ci ne.
(T'aghju un esemplariu di a video ind'è mè, in Ecchisi ; sè tù passi pè isse sponde...)