Allez, rompons une nouvelle fois ce "silence estival" (voir billet précédent), mais avec un plat réchauffé...
Un nouveau billet reprenant les "cummenti" écrits en 2002, présents sur le site Interromania...
Une lecture (parmi d'autres) du début de ce texte majeur pour l'imaginaire corse qu'est la Chronique historique de Giovanni della Grossa (XVème siècle)...
Vous serez surpris de voir que j'y lis une nouvelle allégorie de la littérature corse !
Ouvrir la sépulture, c'est se rendre compte que le tombeau est toujours vide...
Il y aurait tout un dossier à constituer sur la Mouche d'Avretu, depuis tant de siècles qu'elle hante nos mémoires, nos livres, nos images... (Je pense aux analyses de Max Caisson dans "la griffe des légendes", issu d'une exposition au Musée de la Corse et à la revue de bande-dessinée - défunte ? - justement nommée "U Musconu d'Avretu" (ici le numéro 2), etc. : voyez-vous d'autres références ?)
(Et n'hésitez pas à déverser ici ce que votre mémoire conserve encore jalousement de vos lectures corses, vous trouverez bon accueil, soyez sans crainte !)
En 2002, le cummentu disait donc ceci :
La Mouche
de
Giovanni
della Grossa
Giovanni della Grossa est l’auteur d’une chronique historique de la Corse, republiée en 1998 aux éditions La Marge par Mathée Giacomo-Marcellesi et Antoine Casanova. À ce titre il dévoile les visages du Moyen-Âge rural de notre île. Il écrivait au XVème siècle ceci, à propos d’un plus ancien personnage encore, nommé Orsolamano, seigneur vicieux et cruel... même après sa mort :
« Orsolamano mort, comme on l’a dit, le peuple de tous les villages de Freto se rassembla pour décider de la façon dont ils devaient se gouverner dans les choses de justice. Il fut décidé que toute la région devrait se gouverner en peuple et commune et que le nom de seigneur n’existerait plus. Les querelles intestines reprirent de mal en pis ainsi que les vols et crimes de toutes sortes et ces gens n’étaient capables d’aucune bonne action.
Un an après la mort d’Orsolamano, retournant sur ce lieu où il avait été tué et enseveli au hasard, quelques hommes allèrent d’un commun accord ouvrir la sépulture parce qu’on disait qu’il y avait vraiment le démon. Quand elle fut ouverte, ils n’y trouvèrent ni chair ni os, comme s’il n’y avait jamais été enterré. De la sépulture, il sortit seulement un grosse mouche de la taille d’un frelon, et cette mouche volait autour des hommes qui avaient ouvert la sépulture en faisant un bruit semblable à celui des grosses mouches. Ensuite elle s’éloigna dans les environs, et tous les humains, de même que les animaux, mâles et femelles, mouraient aussitôt. Cette mouche grandissait et au bout de dix ans, elle devint de la taille d’un boeuf, de sorte qu’elle ne pouvait plus voler, et de son souffle elle empoisonnait les personnes qui par malheur s’approchaient d’elle et partout où elle se trouvait, il en était de même pour toute chose vivante. À la fin, elle se tenait au milieu de Freto en un lieu qui s’appelait le col de Pruno ; du levant jusqu’au ponant, la région est en pente et ensuite le rivage est plat jusqu’à la mer ; du Nord au Sud, il y a des montagnes dont l’une s’appelle chaîne de Coggio et l’autre, vers Bonifacio, s’appelle Serra di l’oro. La mouche à la fin, se tenait à ce col ; et dans les villages vers lesquels le vent portait l’odeur de la mouche, toute la population mourait, les humains, les animaux ; et même les plantes dépérissaient.
Les villages se dépeuplèrent, beaucoup de gens fuyaient pour se réfugier dans les grottes et ils mouraient là où le vent portait cette odeur. »
Commentaire
Que de malheurs pour les habitants des villages de Freto ! C’est un retour aux grottes de la préhistoire qui leur est imposé. « Orsolamano mort », assassiné par le courageux Piobitto (héros absent de notre extrait), on aurait pu imaginer une période, même brève, de bonheur et de paix. Au contraire, le gouvernement « en peuple et commune » n’apporte que vols et crimes. Si la résignation à l’ignoble seigneur comme le partage du pouvoir ne conduisent qu’au désastre, que reste-t-il à faire ?
Peut-être revenir aux sources du mal : l’auteur nous offre ainsi cette scène étrange et fascinante de l’exhumation du monstre (au sens moral) que fut Orsolamano. Et c’est bien un monstre (au sens physique) qui apparaît : par sa nature (une mouche bien vivante et non un cadavre humain), sa taille (géante) et ses effets (l’odeur exhalée est mortelle), Orsolamano ne rate pas sa rentrée sur la scène des vivants après en avoir été si misérablement sorti. Cette horrible apparition fait écho à ce que fut Orsolamano sous son apparence humaine. En effet Giovanni della Grossa explique plus avant dans sa chronique qu’il avait institué une règle abominable : il devait passer la première nuit avec toute femme nouvellement épousée sur ses terres. Le mari légitime était ainsi redoublé par un autre « mari ». Un des hommes de la région usa d’une ruse pour exterminer Orsolamano et mettre fin à une si intolérable situation.
Mais ce qui se passait alors n’a pas cessé pour autant ! La période qui suivit n’apporta elle-même que des « querelles intestines ». Ainsi, dans un lit ou sur une place publique, pour une femme ou pour le pouvoir, la satisfation sexuelle et le désir de domination construisent des rapports vicieux dans lesquels le désir de chacun est redoublé par celui d’un autre. À défaut d’un dialogue entre des différences, nous voyons une société être désagrégée par une obsession de la ressemblance conduisant à un duel mortel ou humiliant. C’est pourquoi Orsolamano peut apparaître comme une image emblématique du « double » dans notre littérature. Un double négatif, destructeur, et dominateur. Ce thème, très présent dans les textes corses contemporains, semble pouvoir donner un visage aux réalités parfois contradictoires et violentes de notre société.
Mais la figure noire et diabolique d’Orsolamano n’est pas solitaire. La beauté fascinante de sa métamorphose et de sa résurrection en mouche est d’autant plus saisissante que les causes de son apparition sont décrites avec une simplicité elliptique digne des contes de notre enfance ou de l’écriture des Évangiles : « Un an après la mort d’Orsolamano, retournant sur ce lieu où il avait été tué et enseveli au hasard, quelques hommes allèrent d’un commun accord ouvrir la sépulture parce qu’on disait qu’il y avait vraiment le démon. » Qui étaient ces hommes, quand se mirent-ils d’accord, quelle fut la nature précise de leur curiosité ? Pourquoi n’entend-on plus parler de ces hommes une fois que la mouche est libérée ? Si leur présence ne devait être que fonctionnelle (ouvrir une tombe), pourquoi s’inquiéter de leur mobile ? Giovanni della Grossa en dit trop ou trop peu. Et c’est notre très grande chance. Car apparaît ainsi, sous les traits de ces quelques hommes, une figure de la création collective, anonyme, rouvrant les blessures de la commuauté. Le corps monstrueux d’Orsolamano succède à ses actes ignobles parce que la représentation de soi (en l’occurrence, du démon en soi) est une nécessité.
C’est ainsi que, par la magie de l’écriture, une scène originelle terrifiante surgit devant nos yeux : une mouche, aussi grosse qu’un boeuf, s’élève jusqu’au col de Pruno, et déverse son odeur sur nous.
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
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Quand tu prends la mouche dans l'été o FXR, nous respirons un peu...façon de parler!
RépondreSupprimerDéjà je m'interroge sur ce nom "Orsalamanu" : peut-être que le monstre est désigné comme d'origine "germanique" (cela nous ressemblerait bien d'"externaliser" le Mal, non? LOL, je rigole)
En réalité cela semble bien un avatar corse de "Belzébuth" Prince des démons selon les écritures, second après Satan, et vrai chef de l'enfer . Eh oui, Belzébuth veut dire "Prince des mouches"!! Il est dit d'une "taille prodigieuse" et prend le plus souvent la forme d'une mouche géante!!!! Nous n'avons rien inventé (ce qui est normal) mais nous en faisons de "belles" choses, à tel point que nous ne voyons plus nos sources d'inspiration...U muscone hè dunque isciutu diretta da l'Infernu.
L'origine aurait été une divinité Cananéenne, Baal Zebul, divinité du fumeir, à qui on faisait d'énormes sacrifices : cela expliquerait peut-être l'odeur pestilentielle et sans doute une certaine voracité qui faisait "grossir" la "mouche" d'Avretu.
Francesca,
RépondreSupprimeril faut que je revoie les textes mais il me semble aussi que ce seigneur néfaste, Orsalamanu, pouvait symboliser la malaria qui régnait sur les côtes.
Je n'avais pas pensé une seconde au "Seigneur des mouches"... Bien vu.
Mais encore une fois, il faudrait revoir les textes de Max Caisson sur ce sujet (il est dommage qu'il ne vienne pas sur Internet, c'est ce qu'il m'a dit la dernière fois que je l'ai eu au téléphone !)
Nous pourrions dresser la liste des "figures infernales" de la littérature corse : quelles sont celles qui hantent encore nos mémoires ?
Je ne crois ni en Belzébuth, ni en un double je ne sais quoi... je crois qu'il s'agit là de lectures un peu "forcées" avec tout le respect dû à F et FXR (on se demande bien pourquoi G d G aurait tout à coup parlé de Belzébuth - sans le désigner vraiment qui plus est... quel intérêt?).
RépondreSupprimerCe qui frappe dans le texte de Giovanni della Grossa c'est que ce passage est en fait un changement de registre : de la chronique circonstanciée autant que possible, il se tourne tout à coup vers le conte fantastique (nous ne sommes pas loin d'Edgar Poe quelques siècles en avance...!). Doit-on chercher une lecture symbolique, mystique, ésotérique, littéraire, sociologique, proprement historique ou autre? Je ne sais pas quoi préférer... c'est l'avantage des paraboles et autres fariboles que de donner du sens au delà des mots : s'il s'agit bien d'une parabole (et non pas d'une histoire factuelle), restont humbles et disons-nous que sans les éléments contextuels disparus depuis (G.della Grossa écrit pour des érudits de son époque, capables de le lire), il est difficile voire impossible de dire ce qui fut écrit en filigrane... C'est pourquoi Belzébuth peut aussi être évoqué... parmi d'autres.
A noter, l'histoire commence juste après un problème entre les bonifaciens et les gens de fretto... (c'est pas d'hier cette affaire, non?)
Autre chose, vous avez oublié de citer les prévention de G. della Grossa quant à cette histoire : "Le lecteur trouvera sans doute étrange, incroyable et non dépourvue d'imagination l'histoire de cette mouche de Freto. Cependant ceux qui ont vu, entendu et lu les choses merveilleuses qui se sont produites en divers lieux, à diverses éoques, ne trouveront pas incroyables ces histoires qui relatent la naissance d'êtres monstrueux, des personnes avec deux têtes ou des membres en trop ou en moins, et des plaies de sang, ou d'infection de l'air, les animaux qui tuent par leur odeur, leur regard ou leur morsure.[..]Quoi qu'il en soit, il faut croire ce qui est dit et assuré, que cette mouche provoqua un grand dommage en Corse, et cela est resté perpétuellement dans la mémoire".
Je trouve pour ma part, dans ces mots, une tentation évidente chez G. della Grossa de faire de la littérature : il s'agit d'ailleurs presque d'une définition de la littérature ("il faut croire ce qui est dit" exactement :"crede ogniuno quel che gli scrivono").
Je ne crois pas qu'il croit vraiment lui-même...
Avouons que c'est tout de même le meilleur passage de la Chronique (avec peut-être la mort de Arrigo bel Messer et de ses sept fils). Très stimulant parce que justement peu crédible...
Il serait à mon sens très intéressant de répertorier les explications des lecteurs spécialistes (historiens, linguistes, critiques, érudits,) ou non, données à propos de ce passage et aussi des réécritures de cette histoire (une mouche de freto par je sais plus qui, chez acquansù; je crois une aussi chez mme de Genlis (mais je n'en suis plus sûr)).
Je suis sûr par contre que ce recueil serait lui-même édifiant sur la puissance évocatrice d'une telle histoire.
A Grossa Minuta (une nouvelle figure que je ne connaissais pas, comme quoi l'imaginaire corse est extrêmement inventif...),
RépondreSupprimerentièrement d'accord avec vos propos ; merci de rappeler l'introduction de ce passage chez Giovanni della Grossa, c'est très éclairant.
Je vais placer sur ce blog la version originale en toscan : les mots originels qui ont désigné la Bête sont particulièrement émouvants...
Il faut maintenant qu'un étudiant de Corti ou que Grossa Minuta constitue le dossier du "Muscone d'Avretu" !
Merci pour ce commentaire !
Belle critique littéraire de "Grossa Minuta"!
RépondreSupprimerMais ...Je "coirais" en Belzébuth, moi? la ressemblance est frappante, c'est tout.
Je ne pense pas du tout que GdeG ait "voulu" parler "tout à coup" de Belzébuth sans le nommer...Il a fait du conte fantastique à partir d'histoires qui se racontaient dans la région,sans doute... Et ces histoires venaient elles-même de loin, pourquoi ne se seraient-elles pas inspirées,à l'origine, de Belzébuth sous sa forme de mouche géante, d'autant que cette mouche sort de la tombe, donc de l'enfer...? Ce serait tout à fait plausible cette filiation, les histoires et les contes n'ont pas de génération spontanée mais une longue "histoire" originelle qui se prolonge et se répand sur les continents en se diversifiant... Belzébuth n'est qu'une hypothèse, je ne vois pas ce qu'elle a de ridicule pour être ainsi "expédiée" et "ridiculisée" par GM, pour ensuite l'admettre plus loin ? LOL
Je précise que je n'ai lu cette hypothèse nulle part et que cela m'intéresserait de savoir si elle a été évoquée ...D'où l'excellente idée de ce répertoire! Bon, mais fondamentalement je m'en fous de l'hypothèse, c'était pour alimenter un peu le Blog, et effectivement cette oeuvre est stimulante ...Pour l'imaginaire corse, littéraire, et autre. LOL
Je trouve le polar corse très divers, j'ai du mal à le caractériser...Tant mieux si certains promènent leur personnage sous d'autres cieux, par exemple. Mais je ne suis pas une "connaisseuse" de ce genre. Quant à la civilisation "pesante",je ne sais pas, l'humour est souvent très présent chez les auteurs corses. Le peuple corse a toujours beaucoup ri au quotidien, c'est le roi de la "macagna": d'ailleurs, en corse ou en français, c'est bien le jour où les Corses n'auront plus cet humour spécial qu'ils auront vraiment disparu en tant que peuple! Par exemple, il n'y a pas longtemps je vous ai dit à quel point je me suis régalée avec "Cosu nostru", qui n'a vraiment rien de pesant et se taille un beau succès cet été, cela ne me surprend pas! D'un autre côté, les auteurs que j'ai rencontrés lors du dernier festival "corsicapolar" disent souvent qu'ils ne tiennent pas spécialement à ce qu'on les étiquette "polar corse", ni même "polar", cela rejoint d'ailleurs ce que vous dites de cette catégorisation, Mme Ferrari.
RépondreSupprimerJ'ai personnellement un regret : qu'il y ait si peu d'auteurs de "polar" ou disons de "noir" qui écrivent en corse, or la langue corse de l'oralité convient parfaitement à ce genre. N'oublions pas qu'arrivent aujourd'hui les générations d'élèves du bilingue ou de l'enseignement du corse qui sont familiarisés avec l'écrit par l'enseignement et qui aborderont peut-être plus volontiers la lecture par ce genre que par des romans plus "classiques"...
Pour combler un peu ce manque, bientôt sera publié par l'association "Corsicapolar" pour être diffusé dans les lycées et collèges le recueil de nouvelles policières en langue corse issues du concours : deux fillettes de 12 ans se sont lancées avec talent (Prix ex aequo des moins de 18 ans), c'est une excellente surprise!!
o FXR, m'era sbagliata di locu, sperava chè tù ripiazzerii da per tè u sicondu messagiu induv'ellu ci vulia, sottu "les mots d'une lectrice" -)))
RépondreSupprimerScusa mi, Francesca, aghju bisognu di andà più lente quandu leghju...
RépondreSupprimerPigliu u to cummentu è u pongu nant'à l'altru bigliettu !
Eccu una idea : interverte tutti i cummenti di i sfarenti biglietti... ùn si sà mai... un sensu novu puderia sbuccà ne ?
Francesca,
RépondreSupprimerpersonnellement je ne me fiche pas du tout - pas du tout du tout - des hypothèses qui naissent dans l'esprit des lecteurs de littérature corse !
L'esprit des lecteurs est sacré ! C'est un point de départ pour une discussion, et cela n'empêche pas du tout la critique ou l'invalidation de ces hypothèses : il me semble que cela fabrique un "jardin aux sentiers qui bifurquent" (un paradis en fait ; le "Paradis (ou Jardin) des Raisons adverses", dixit Francis Ponge)...
Donc, je pense qu'il faut maintenant un colloque/festival/cycle de débats-conférences + motion de l'assemblée territoriale pour établir exhaustivement les infinies Significations du Musconu d'Avretu !! (depuis Belzébuth vu par Francesca jusqu'au désir jamais satisfait de Représentation symbolique vu par moi ; et vogue la galère...)
A qui le tour ?
Pardon francesca pour les mots un peu vifs sur Belzébuth... au fait, je me demande comment il se nomme en corse. Muscadavruth?
RépondreSupprimerNon, je blague !
Je trouve Belzébuth stimulant, mais en même temps trop construit comme les fausses évidences subitement mises à jour. Cela ressemble à du Max Caisson..., non? Stimulant, mais on se demande toujours quelle portée donner à l'hypothèse, pourtant certifiée et argumentée... c'est pourquoi je disais "je n'y crois pas". Mais c'est intéressant...
J'ai oublié de citer dans les emprunts au mythe ou de la légende (appelons-le comme on voudra)un texte de Francesco Domenico Guerrazzi vers le milieu du XVIIIe : "Storia di un moscone". Il s'agit de l'histoire en question romancée en plusieur dizaines de pages.
Le concours continue...
Question subsidiaire : est-ce que tous les Mosconi de Corse et d'ailleurs sont bien descendants de celui d'Avretu?
Je trouve l'hypothèse Belzébuth plus que "stimulante" !
RépondreSupprimerIl y a maintenant un lien linguistique évident entre "Muscadavruth" (mot que l'on retrouverait facilement où l'on voudra bien le rechercher) et "Max Caisson" ("Max" étant la forme naturellement contractée de "Musca" et "Caisson" étant évidemment le masque subtil - technique de cryptage bien connue des Mésopotamiens - de "Davruth").
La question se précise : est-ce que tous les Mosconi de Corse ne sont pas secrètement gouvernés par Max Caisson ?
Plus légèrement, l'écrivain et homme politique italien Francesco Domenico Guerrazzi a vécu intégralement au XIXème siècle (1804-1873) et non au XVIIIème siècle.
Pouvez-vous nous dire comment trouver son texte "Storia di un moscone" ?
Poursuivons l'enquête.
C'est vrai, j'ai confondu les siècles (ottocento chez les Italiens est devenu XVIII). Je flagèle ce soir dans ma cellule, promis...
RépondreSupprimerLa Storia di un moscone est introuvable... parce que publié en italien en son temps. Republié au XXe (sans erreur cette fois-ci) par l'Italie mussolinienne (il fut je crois récupéré politiquement).
Je ne crois pas que Mr Caisson soit content de sa transformation en mouche (surtout si on pense au fameux film des années 80 "La Mouche").
J'aime bien par contre l'introduction subreptice des mésopotamiens... nous revenons là, si j'ose dire, en pays de connaissance! ouf !
"Storia di un moscone" : introuvable !
RépondreSupprimerIl nous reste deux solutions :
- ne pas chercher à la "trouver" : ne faire qu'en parler, fantasmer avec elle, faire travailler notre imagination
- la "trouver" et la rééditer : l'inscrire dans la chronologie des textes traitant de cette histoire (comme pour l'histoire de Mateo Falcone, voir le billet consacré à l'édition par Acquansù de la plupart des versions avant et après Mérimée)
Un appel donc, aux chercheurs, universitaires ou non, et aux éditeurs : optons pour la seconde solution !
Cela me fait penser que j'aimerai bien disposer d'une traduction en français du roman de FD Guerrazzi : "Pasquale Paoli ossia la Rotta di Pontenuovo. Racconto Corso del Secolo XVIII, Milano e Torino, M. Guigoni, 1860."
Concernant l'allusion aux Mésopotamiens, familiers de la Corse, je renvoie au billet intitulé : "A venir", du 3 mai 2009.
Bonjour à tous,
RépondreSupprimerC'est mon premier message sur ce blog, que je lis avec intérêt régulièrement, même si bien souvent je ne me sens pas capable d'y participer.
Je me permets d'intervenir pour signaler que "Storia d'un moscone" peut en ce moment se trouver sur ebay... ou en intégralité avec Google Livres (on trouve énormément de livres en intégralité dont la dernière édition date - de plus de 70 ans je crois ... ? - sur Google Livres). Voici le lien : http://books.google.fr/books?id=PLEpAAAAYAA&output=text&source=gbs_navlinks_s
Au plaisir de continuer à vous lire.
Eiustessu,
RépondreSupprimermerci de ce premier message ici, qui en appellera d'autres, j'espère !
Commencer modestement est une bonne chose... mais c'est bon uniquement pour commencer ! Quiconque lit de la littérature corse est capable d'intervenir sur ce blog (comme vous intervenez sur les blogs de Marcu Biancarelli ou sur le Foru Corsu, me sembe-t-il). J'ai d'ailleurs mis en lien votre site ("Lingua corsa, par Eiustessu"). N'hésitez pas !
Merci infiniment pour le lien vers le texte de Guerrazzi. Le lien que vous donnez n'a pas fonctionné pour moi ; par contre il est facile de trouver le texte en tapant "guerrazzi storia di un moscone" dans la fonction recherche de "Google books" ; j'ai trouvé notamment cette référence-là : http://books.google.fr/books?id=PLEpAAAAYAAJ&pg=PA56&dq=guerrazzi+storia+di+un+moscone#v=onepage&q=&f=false
Le premier qui a lu le texte pourrait en rendre compte sous forme d'un récit de lecture pour ce blog (ou ailleurs, mais en le signalant alors). Trouver les passages qui nous ont plu.
Une autre référence à cette Mouche : un passage de "Viaghju in Vivaldia" de Marcu Biancarelli. J'avais écrit à l'auteur à ce propos, il m'avait répondu par lettre lui aussi, ce fut notre premier contact ; j'avais évoqué la survivance de cette Mouche depuis Giovanni della Grossa jusqu'à MBiancarelli dans un article paru dans les pages débats du quotidien Le Monde (il faut que je le retrouve).
A très bientôt, j'espère : in lingua francese o in lingua corsa !
Oui, en effet mon lien ne marchait pas ! Comme vous dites, ça se trouve facilement de toute façon.
RépondreSupprimerJ'essaierai à l'occasion de laisser quelques contributions, si le coeur m'en dit.
À prestu in linia.
Merci, à bientôt j'espère, et seulement si le coeur vous en dit, bien sûr !
RépondreSupprimerLe mosconu di Fretu
RépondreSupprimerQuant Giovanni veut parler de choses importantes en tenant compte des enjeux, la litterature est son refuge. Car derrière les symboles en retrait des images il y a les enjeux de sa société. Giovonni est un scribe des seigneurs, et toucher aux seigneurs, même mauvais, est un risque pour la société tout entière. Le choix "a popolo e communu" est un choix nouveau qui mêle les transformations urbaines de Gênes représentée par Bonifaziu et les transformations rurales des transhumants qui s'octroient par discussion les zones côtières d'hivernage. il y a un effet miroir entre le Conti Pazzu qui vit à l'envers et la menace sur l'équilibre ancien apporté par Bonifaziu. Le texte est fait pour rappeler, dans une optique toujours médiévale qu'un certain nombre d'interdits ne peuvent être transgressés sans risques et qu'il convient de ne pas trop tenter de changer le monde. La Mosca di Fretu est une allegorie de la difficulté de transformer la société quand les facteurs nouveaux arrivent de l'extérieur. Qu'elle puise ensuite sur le développement de la Malaria et qu'elle rappelle les vieilles structures de vie pour se sauver est une manière adroite de promouvoir la force de la tradition contre les idées venues de l'extérieur.
Personnellement j'y vois une volonté de Giovanni de rappeler combien la mémoire corse est une mémoire allegorique et symbolique et qu'elle peut permettre de survivre lorsque le monde bascule vers un inconnu non maîtrisé.
Et je pense que les historiens ne peuvent que se nourrir de cette limite apportée à leur désir de vrai, et surtout savoir comprendre que les textes qui portent du rêve sont souvent plus importants que ceux qui racontent les misères et les joies des sociétés en évolution..
A mosca di Freto fait toujours vivre le Freto dans notre présent alors qu'il a bien disparu du quotidien de "l'extrême-sud", horreur récente des destructeurs contemporains..
Olivier Jehasse
Monsieur Jehasse,
RépondreSupprimermerci pour ce point de vue d'historien.
Vos deux derniers paragraphes justifient :
1. que nous nous penchions avec attention et implication personnelle sur les textes qui nourrissent l'imaginaire corse depuis de nombreux siècles
2. que la région de Porto-Vecchio (au sens large) est un des endroits les plus littéraires de la Corse (je pense à une certaine "pauvreté" de textes nourrissant l'imaginaire en prenant en charge Ajaccio, par exemple ; mais ce point de vue est certainement hâtif et injuste ; qui me répondra ? ; je pense tout de même aux écrits de Marie-Gracieuse Martin-Gistucci, de Paul Ruault (que je n'ai jamais lu) et de Constant Sbraggia (j'ai à peine picoré dans son "Dictionnaire égoïste d'Ajaccio" où j'ai trouvé des passages qui m'ont vraiment intéressé)
Cher François-Xavier,
RépondreSupprimerEn effet vous êtes injuste sur Ajaccio car c'est la cité de Corse qui a donné avec Bastia le plus de textes depuis au moins un siècle. Mais ce n'est pas grave, cherchez et vous trouverez des perles belles.
Vous l'êtes aussi sur Bastia et tant d'autres lieux de l'île mais seule une exploration suivie vous fera découvrir de jolies choses.
Reste la question de l'imaginaire qui est le nôtre. Est-il seulement corse ? est-ce de l'imaginaire ou de la mythographie ? bref est-il création locale ou traces conservées d'anciennes représentations partagées ? Voilà de grandes questions qui je suis sûr titilleront vos envies et celles des écrivants de ce blog.
à bientôt
amitiés
OJ
Monsieur Jehasse,
RépondreSupprimermerci du rebond !
Vous m'enjoignez gentiment à faire une "exploration suivie" (dans les librairies et bibliothèques) afin de trouver "belles perles et jolies choses" parmi les productions littéraires prenant Ajaccio et Bastia comme sujet ou décor, je vous en remercie !
- Ajaccio : il y a certainement bien d'autres ouvrages littéraires qui l'évoquent mais personnellement je pense à deux livres que j'ai lus : "U Seminariu" de Rinatu Coti et "Cosu Nostru" de Jean-Pierre Arrio (cela fait d'ailleurs un petit moment que je dois faire état de ma lecture de ce dernier livre !).
- Bastia : "Pesciu Anguilla" de Sebastianu Dalzeto (dont j'ai appris à Ouessant qu'une traduction en français se prépare en ce moment), les romans de Ghjacumu Thiers et d'Angelo Rinaldi, le livre des soeurs Bresciani ("2 rue de la Marine", je crois), et je dois en oublier...
Tout cela pour vous dire combien mon "injustice" ne cherche qu'à susciter des "récits de lecture" : la raison d'être de ce blog est bien celle de permettre à des lecteurs réels de parler aux lecteurs réels, afin de partager leurs lectures réelles (et pas seulement potentielles). Je parlerai ici dans le futur de mes lectures ajacciennes et bastiaises... et comme je vous sais maintenant détenteur de "belles perles et de jolies choses", j'espère que dans le futur aussi, nous aurons le plaisir de lire vos "récits de lecture" !
Encore mille fois merci.
Il a d'autant plus disparu de notre quotidien qu'aucune carte ne mentionne plus cette région... c'est devenu "l'extrême sud"... La toponymie dit aussi beaucoup de chose des transformations récentes (Cala purcina devenue "Punta d'Oro là-où-habite-Christian-Clavier", et autres).
RépondreSupprimerLa disparition du nom du lieu Avretu préfigure sans doute l'image contenu derrière le titre de l'ouvrage de MBiancarelli Extrême méridien (après un passage vers les USA, sans doute). Comme si cette région peinait à retrouver un nom et donc un sens... (en attendant le d'Orsolamano?).
Une question aux historiens émérites et aux autres : existe-t-il d'autres cas de noms disparus et dont pourtant parlent les chroniques du moyen âge (je pense au mystère de la - du - Paglia Orba écrit Ilia Orba chez Giustiniani)?
Cela est sûr si l'on parle du littoral ajaccien par exemple (des perles là, c'est sûr !).
La toponymie pourrait nous faire voyager très loin dans le temps, par exemple à une époque où mon village Campomoro s'appelait Portus illex, "Port franc", "port sans loi", d'où Porto Elice, puis par rhotacisme Porto Erice des anciens portulans, avant que les invasion moresques ne le rebaptisent Campomoro, à l'époque de la construction de la tour.
RépondreSupprimerMais revenons à l'annonce discrète que je lis plus haut de la traduction de Pesciu Anguilla, pour vous annoncer que je viens de l'achever, de faire une ultime correction, grâce à l'aide de l'ami Jacques Thiers.
Une des questions que je me suis posées, c'est précisément celle de la traduction des noms propres. Voici comment j'explique dans une note liminaire mon parti pris :
"La traduction des noms corses est toujours délicate. L’usage en traduction littéraire veut qu’on laisse les noms propres dans la langue originale, sauf quand, s’agissant de toponymes, les cartes et les atlas proposent une traduction française. C’est ici le cas des toponymes – noms de villages, de quartiers ou des rues de Bastia – qui furent italianisés. Aussi les avons-nous adoptés.
En revanche, nous avons respecté les prénoms corses, qu’il semblait artificiel de traduire en français, comme l’imposa autrefois l’état-civil, ou de les italianiser à la manière de Mérimée. Seuls les surnoms ont été adaptés ou traduits. Pesciu Anguilla (« Poisson Anguille ») a été rendu par Pépé l’Anguille, avant de devenir u Remitu, c’est-à-dire l’Ermite. U Turcò (forme syncopée de turcottu, que ce personnage doit à son passé chez les zouaves – i turcotti) est devenu le Turcon, u Sciancu le Bancal, u Guadrochju (œil qui regarde in guadrina, de travers) Œil-en-coin, Manghjapuce Mange-puces, u prete Coghja le père Couenne.
Un passage du chapitre IV évoque les différentes inflexions et variantes phonétiques présentes dans l’île. Nous l’avons laissé tel quel, quitte à le traduire en note, de même que les chansons populaires parfois en corse, souvent en italien ou dans un italien mâtiné de corse, voire une fois en provençal. Quant aux répliques en français, en provençal, elles ont été laissées en italiques, comme les emprunts au français ou à l’italien. Les répliques en italien ont-elles été traduites et laissées en italique, accompagnées d’une note de bas de page."
Evidemment rien n'est fermé, et je suis encore hésitant. je vous soumets donc ma posture pour recueillir commentaires et réactions.
François-Michel Durazzo
Bravo pour les noms propres, cela me paraît évident, mais je trouve très dommage de ne pas garder les noms corses aussi pour les toponymes, vraiment très dommage, c'est très "français" comme réflexe (les français sont quasiment les seuls à donner des noms français aux ville étrangères, par exemple, les Anglais disent "Firenze")... Les noms toscanisés ont mis très longtemps à être adoptés dans l'usage oral(hélas, d'ailleurs)parallèlement au développement de l'usage du français... Mais ce n'était sûrement pas le cas à l'époque de pesciu anguilla. Les noms toscanisés me donnent toujours une impression étrange, comme si l'on désincarnait la Corse, la transportant dans un ailleurs abstrait.
RépondreSupprimerD'ailleurs je n'aurais pas non plus changé les surnoms, qui sont comme des noms propres en fait. Une note donnant leur signification suffirait. Cela donne une "couleur" : tout traduire "désincarne" l'histoire, on ne sait plus où on est, on perd la saveur...Le père Couenne, le Turcon? c'est beaucoup se creuser la tête pour que le résultat fasse un peu...parisien!! Là encore j'ai le sentiment que l'on transporte l'histoire ailleurs. On ne traduit que pour rendre l'histoire accessible à tous, pas pour lui enlever sa couleur...C'est mon avis, et je le partage LOL
Mon point de vue est qu'il fallait laisser les surnoms en corse. Rien de moins crédible, et de jamais prononcé par une bouche en corse, que le Turcon ou le père Couenne.
RépondreSupprimerC'est une traduction, certes, mais sans tomber dans le folklorisme - par exemple je trouve normal de garder les toponymes italianisés - pourquoi dénaturer un texte de son environnement culturel ?
A mon avis on doit faire les chose par rapport à sa propre culture, et pas en suivant la dictée du regard dominant. Si en corse personne n'a jamais dit Turcon même en parlant français pourquoi ne pas garder ce que tout le monde (sauf Clavier)aurait prononcé ?
Bon je fais court parce que je commence à en avoir ma claque de lire des messages longs à n'en plus finir (je vise pas celui qui me fait réagir qui est de dimension raisonnable et propose quelque chose de litéraire à discuter).
Mais bon ,si on peut échapper aux cours de management et autres élucubrations... On me censure bien moi bordel !
Mirvella
Moi ce que j'en dis c'est que même le Français le plus dégénéré est capable de comprendre que dans une histoire se passant au 19ème siècle à Bastia il serait impossible qu'un personnage soit affublé d'un sobriquet aussi débile que "le Turcon".
RépondreSupprimerC'est pas parce qu'on va lire en français qu'on n'est pas capable de dire "u Turcò" pour le nom d'un mec. Faut quand même pas prendre tout le monde pour des billes.
VIJ
Le "Turcon"... ? Ah ! Ah ! Ah !
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec Francesca, les noms, surnoms et toponymes gagneraient à n'être pas traduits, une note en bas de page suffirait.
RépondreSupprimerMirvella...dans ma jeunesse j'avais un prof qui disait : "le chien lèche la main du patron qui lui donne à manger, le chien peut-être mais l'homme?"
Un même esprit de révolte l'animait. C'est sain la révolte. Encore faut-il qu'elle ait un impact et ne reste pas couchée sur le papier, uniquement.
Mon oncle a connu personnellement Albert Camus à Alger, j'ai quelques anecdotes sur le décalage entre l'écriture et l'acte, à ce sujet.
Garder les toponymes en corse serait du folklorisme? Les bras m'en tombent, cher Mirvella! (Curieuse contradiction, car c'est précisément de garder les surnoms en corse qui va nous faire accuser de folklorisme, à tous les coups, par certains!)
RépondreSupprimerMoi j'appelle seulement cela : l'authenticité. Les noms de nos lieux n'ont jamais été prononcés qu'en corse (jusqu'à il y a peu!!) dans la bouche des Corses, même s'ils ont toujours été transcrits dans la "langue haute" d'autrefois (toscan) puis "gardés" ainsi par les autorités françaises (étonnant "oubli" ou "erreur" involontaire...). Ce qui donne aujourd'hui l'étonnant "bilinguisme" routier si fascinant pour un non initié : Sermano/Sermanu; Guarguale/Guargualè (seul l'accent change)ou le fin du fin : Mezzavia/Mezavia...
Le résultat de nos jours(notamment depuis l'apposition de pannneaux, l'exemple de Porticcio cité par Marie Jo Dalbera est édifiant : dès qu'il y a eu un ppanneau Porticcio dans les années 60, les gens ont commencé l'hypercorrection de Purtichju en Purticciu. Moindre mal, avant d'en arriver auour'hui à Portiche) c'est que ces toponymes "toscans" sont désormais prononcés avec la phonologie française : c'est tout simplement hideux : taraveau (appuyer le o), San Angeûlot idem (celui-là me donne particulièrement envie de vomir), etc.
Si je lis San Angelo dans "Pesciu Anguilla" je vais m'étrangler, je le sens...Tout fout le camp, vraiment...
Chers contributeurs,
RépondreSupprimerj'ai décidé de publier un certain nombre de vos réactions, que je trouve légitimes sur le fond, mais qui sur la forme peuvent heurter. Je sais bien que la spontanéité peut aider à la clarté du propos, mais une relecture permettrait peut-être de dire la même chose de façon moins violente. En tout cas, il ne s'agit pas pour moi ici d'édulcorer votre pensée, mais de l'expliciter de façon plus tranquille. Après, chacun fait comme il veut.
Je rappelle que F.M. Durazzo a très généreusement proposer ici un point de vue qu'il soumet à discussion. Je suis heureux que la discussion ait lieu mais cet acte sincère et ouvert mérite certainement d'être critiqué de façon aussi généreuse, non ?
Personnellement, je trouve aussi que la traduction pose de nombreux problèmes. Je m'y étais très maladroitement essayé avec une pièce de théâtre de Jacques Thiers et les noms propres m'avaient justement posé problème, particulièrement les surnoms et réductions de prénoms (j'y reviendrai plus précisément). Car il y a une lutte entre ce que le surnom veut faire comprendre (il faut donc que le sens passe) et ce que le surnom a d'intimement lié à la personne (qui se passe du sens). Le choix est toujours compliqué et peu satisfaisant.
Je trouve aussi que "Turcon" mériterait d'être changé (on entend vraiment trop le mot "con", alors qu'il me semble absent de la version corse).
La difficulté est bien sûr qu'il s'agit de traduire pour un public francophone non corsophone, ce qui est une catégorie assez précise.
Merci.
Chers contributeurs,
RépondreSupprimerquand j'écris dans le message précédent "un certain nombre de vos réactions", je ne voulais pas dire que j'avais refusées certaines, je les ai toutes publiées parce que je préfère prendre le risque de heurter que d'interrompre le dialogue.
A bientôt.
FXR je t'ai déjà "autorisé" à me "censurer" en cas de dépassement des "limites". Ou alors à m'envoyer un mail de modération...LOL
RépondreSupprimerDésolée si j'ai pu paraître "violente" (est-ce le cas?), en tout cas c'était inconscient!
Je remercie FMD de nous avoir soumis ses "dilemmes". Je suis consciente qu'il s'agit d'un travail fort difficile, et qu'il y a beaucoup plus à discuter qu'à trancher, mais ces questions font partie de mes dadas, alors je pars au quart de tour...Pardon FMD, si j'ai paru désagréable!
Le public "francophone non corsophone" ? Il n'est pas si précis que ça. 90 % des gens qui liront ce livre en français seront des Corses ou des gens liés à la Corse, je pense. Les autres le liront au moins par curiosité pour la Corse.(Ce n'est pas la diffusion d'Harry Potter LOL)
Parmi les "Corses" il ne faut pas confondre ceux qui ne "parlent" pas et ceux qui ne "comprennent" pas : ceux qui comprennent sont très nombreux, disons ceux qui ont au moins un niveau minimal de compréhension; ils n'ont simplement pas la capacité de lire un livre en entier.
Si pour les toponymes je suis plutôt acharnée à penser qu'il faut les écrire toujours et partout en corse pour une question d'authenticité, pour les surnoms, je reconnais qu'il peut y avoir un dilemme, une justification à les traduire, si ces surnoms donnent lieu plusieurs fois dans le texte à des jeux de mots autour,ce qui dès lors échapperait au lecteur (car une note d'explication ne rend pas l'effet comique)...
D'autre part Pesciu est dur à prononcer pour un francophone, par exemple, mais Anguilla lui est parfaitement compréhensible.
Pepe l'Anguille est assez sympa. U Turcottu pourrait devenir le Zouave...? U prete Coghja le père Dur- à- cuire ...? C'est vrai que dans le texte en français, "u prete Coghja" vient mal.
Mais je suis prête à faire le pari que la quasi-totalité des lecteurs qui liront ce livre apprécieraient d'avoir les vrais noms ou surnoms, avec les notes adéquates.
Cela me fait penser à la Direction de la concurrence et de la consommation qui oblige les producteurs Corses à écrire "jambon" au lieu de "prisuttu" (sous peine d'amende, ho!!) soit- disant par peur que les consommateurs "ne comprennent pas". Aiò : quand tu vois un prisuttu tu ne le prends pas pour un saucisson. Et ces boulangers ajacciens qui affichent "huit" pour les "finuchjetti" pour être "compris" des touristes : allons-nous vraiment tout effacer pour être "compris", que restera-t-il de nous à la fin?
Mais enfin, il est vrai que tout se discute. C'est FXR qui a raison de nous rappeler à l'ordre.
Il faut en même temps essayer d'éviter de pagnoliser un texte bien issu d'un contexte précis. On sait que la tentation de folkoriser est grande dans un ensemble culturel qui continue à se prendre pour un empire civilisationnel.
RépondreSupprimerIl faut donc à mon sens changer radicalement de positionnement pour traduire pesci'anguilla, ne pas descendre du centre pour aller l'extirper de son jus langagier - et lui en imposer un autre classique, normatif - , mais au contraire se mettre dans les conditions de sa production orignelle : aujourd'hui, le bilinguisme de la majeure partie de la population à laquelle ce texte s'adresse dans un premier temps (avant bien sûr de briguer le Goncourt puis le Nobel - ah c'est vrai qu'il faut des auteurs vivants pour cela - mais vous avez compris ce que je veux dire), ce bilinguisme donc - qui fait se rencontrer les langues et produit corsicismes et gallicismes - permet un jeu bien plus intéressant que de chercher "dans la langue française" des équivalents aux forceps, soit en les maintenant tels qu'ils sont (en corse), soit en usant de cet artifice moderne, ô combien moderne et bien vivant, dynamique et inventif que se trouve être le francorse (celui de la rue). Pourquoi pas? Le curé Codje, Turcò, Pechanguille, le Chanque, quatroeil, Durace, Mirvelle, ceccè et cecceca,... cela n'est possible que si le reste du texte garde cet angle d'attaque. Cela aurait au moins l'avantage de laisser au peuple son texte (je ne pense pas que Dalzeto l'imaginait dans un quelconque panthéon littéraire) et d'intéresser une catégorie de la population bien au coeur des enjeux de transmission. Sans exclure les autres... Frédéric Dard par exemple est bien lisible, même si on ne comprend pas toujours la construction langagière... son patois est en soi une reviviscence de la langue (française) de bon aloi, non?
L'esprit du texte avant tout !
(ne me hurlez pas dessus, svp!)
(mais pas Portitche quand même!)