vendredi 9 juillet 2010

Du geste de l'homme aux lunettes noires

et puis : un geste de la main droite, remontant vers l'épaule gauche ; ce geste, juste après avoir touché quelque chose que l'écran ne dévoile pas, quelque chose hors champ

et avec ce geste, tout le corps qui se met en mouvement, calant son rythme de corps électrisé sur la mélodie électrique (une note répétée de façon syncopée)

d'un coup de ton doigt sur le tambour, écrivit Rimbaud

un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie

c'est entre la seconde 21 et la seconde 22 du CLIP de Karol et Boffy (2010)

et à chaque fois que je regarde cette vidéo, je reste stupéfait par les gestes de l'homme aux lunettes noires, en arrière plan, qui bouge au rythme de la musique qu'il fait naître avec l'invisible objet-tambour

une chanson d'amour malheureuse, encore une, pourquoi pas

avec un décompte vite oublié finalement pour seule structure

quattru celi, una neve

(le plus beau vers de la chanson pour moi)

c'est entre les secondes 28 et 33 de la première minute

d'où vient cette neige ?

quatre ciels une neige

j'aime ici l'apparition des éléments du monde, repris plus loin avec

l'oceani
i grandi fochi
i venti forti

j'aime ça au plus haut point, cette irruption violente au milieu des grands chamboulements sentimentaux des petits humains nerveux

une chanson d'amour épidermique soumis aux vents, aux feux, aux eaux d'en haut et d'en bas

je l'écoute en boucle, c'est comme ça qu'on dit ? C'est tout à fait ça.

C'est de Pierre Gambini, vivement l'album.

Voici le texte en langue corse (une proposition de traduction à venir) :

7 illusioni

Dui punti soli
dui punti persi
dui lumi pronti à fughje.

Tre notte à riflette
tre notte di più
tremuleghji zitellini


Cinque anni di muri
cinque diti morti
cinque mille anni di lumi

Quatru siconde di tè,
quatru batticori
quatru celi, una neve.

una sola via
pè parechje vite
una villa infinita

Mi ramentu un ideale
Mi ramentu i to capelli.

Mi ramentu un veranu,
Mi ramentu a to pella,

E nanz'u à u sette
c'hè un sei ch'ùn esiste,
ch'ùn po esse cùn tè.

settisettanta l'amore
canta senza mè,
à l'orlu di u mio core.

Mi ramentu l'oceani
Mi ramentu i grandi fochi
Mi ramentu i venti forti

Ch'in la mio mente l'amore spentu.

Una manu sola,
fredda senza tè,
un silenziu infinitu.


Voir ici pour écouter et voir.

1 commentaire: