dimanche 1 août 2010

Discutons ?


Ami lecteur, bienveillant lecteur, je te prie de considérer ce billet comme un écho honnête et dénué de toute intention maligne (il entre dans la perspective de ce blog qui est de permettre des discussions publiques argumentées à propos de la littérature corse) ; puisses-tu participer à la discussion dans le même état d'esprit !


Le samedi 24 juillet 2010 eut lieu le premier Salon du livre corse à Bastia organisé par l'association Operata Culturale.

J'y étais d'abord en tant que simple lecteur, et j'y ai acheté :
- l'ouvrage collectif publié par l'association, "Petre anonime/Pierres anonymes", aux éditions A Fior di Carta (2010) (Voir sur le site "Invistita", article du 6 mai 2010)
- "Fragments philophoriques à l'usage des survivants", d'Alexandre Ducommun, aux éditions La Gare (2010)
- "Vita" de Lucia Santucci avec des encres de Chine de Gabriele Lipszyc (s.d., s.e.)
- "La Corse et le développement durable", sous la direction de Marie-Antoinette Maupertuis, publié par Albiana et CNRS (2010)
(Je reviendrai plus tard sur ces ouvrages, ou vous avant moi ?)

J'y étais aussi en tant qu'auteur invité, assis derrière "Un lieu de quatre vents" et "Eloge de la littérature corse", entre 19 h et 20 h 30, pour dédicacer (ce qui n'eut lieu qu'une fois, merci à vous !!).

J'y suis aussi allé en tant qu'animateur du blog "Pour une littérature corse", pour rencontrer des auteurs, des éditeurs, des lecteurs (notamment du blog). Je n'ai pas vu toutes les personnes présentes, avec certaines j'ai parlé (trop) peu, avec d'autres un peu plus longtemps. Ce fut très enrichissant, et même passionnant. J'étais ravi, à dire le vrai.

Norbert Paganelli a publié hier un premier petit billet pour évoquer ce salon, points positifs et points à améliorer, en attendant des discussions et analysés plus poussées pour faire le bilan de l'opération (voyez ici). Il fait notamment écho à un propos que j'ai tenu sur ce blog, écrit en réponse à un commentaire et qui devait expliquer ce dont nous parlions. Ce propos le voici :
"il faut signaler que le "salon du livre corse" organisé par Operata Culturale à Bastia ne fait pas l'unanimité, pose un certain nombre de questions voire de problèmes. Je me proposais d'y revenir dans un billet spécifique, après avoir discuté avec les responsables d'Operata culturale, tout comme j'en ai discuté avec les responsables de l'Association des éditeurs corses"

Donc, je développe mon propos (s'il est permis à un néophyte comme moi d'énoncer un point de vue discutable, mais qui recoupe en partie celui de Norbert Paganelli) :
Points positifs (toujours selon moi) du Salon de Bastia :
- variété des ouvrages proposés (notamment des livres publiés par des éditeurs non corses, L'Harmattan, Editions First, Actes Sud)
- de très nombreux éditeurs présents
- exposition de peinture, musique
- débats filmés disponibles sur Corsica tv (notamment celui concernant la valorisation du livre corse où Jean-Pierre Santini propose notamment que la grande distribution finance l'édition au début de l'été d'un catalogue annuel qui intègre les références de toutes les publications de l'année écoulée, catalogue qui serait tiré à 15 000 exemplaires afin de toucher le grand public)
- petit jeu d'énigmes sur les titres de quelques ouvrages pour amener le lecteur à se promener ludiquement parmi les tablées
- possibilité de rencontrer bon nombre d'auteurs
- le soutien de l'association Corsica Diaspora

Points négatifs (toujours selon moi, et c'est discutable) :
- la sonorisation des débats était déficiente
- manque d'un programme précis des réjouissances (à moins que je sois passé à côté)
- absence de plusieurs éditeurs (Piazzola, DCL, Clémentine) dont le plus important de l'île (Albiana) alors que la volonté expresse de l'Operata culturale est de réunir toutes les énergies

En tant que simple lecteur, j'aurais aimé que tous les éditeurs corses soient présents, pour pouvoir entendre toutes les propositions et comprendre comment tout cela serait articulé dans le futur. Après discussion avec différents éditeurs, il m'est apparu que tout le monde était d'accord sur le principe d'unir les efforts mais que l'actualisation de ce principe était encore un objectif. Je ne doute pas que tous les acteurs culturels de l'île y parviennent un jour !

Je voudrais, pour finir, discuter deux autres points :

- il me semble que toute publication corse doit avoir sa chance dans l'espace public, un éditeur croit en un texte, en un auteur, il le publie, il fait le pari qu'il trouvera des acheteurs et des lecteurs ; mais une fois publié, le livre doit être effectivement lu et critiqué. Il me semble que la Salon de l'Operata Culturale ou les Journées du livre corse à Ajaccio n'intègrent pas cette mise en débat, en discussion, qui puisse faire émerger les livres les plus réussis ou aux enjeux les plus forts (tout en faisant une place aux autres qui ne seraient pas mis en valeur de la même façon). Je pense bien que ce n'est pas facile de faire émerger de telles critiques et encore moins de les intégrer dans un salon de promotion du livre corse, mais enfin il faudra bien trouver une place visible pour cet ensemble des lectures réelles des livres.

- il me semble que la promotion de la littérature corse sera d'autant mieux comprise (dans l'île et hors de l'île) qu'elle ne sera pas exclusivement inscrite dans une perspective revendicatrice, identitaire, ou de résistance culturelle, ce qui a été le point développé par Jean-Pierre Santini dans l'entretien qu'il a accordé au quotidien "24 ore" juste avant le salon (numéro 113, mercredi 21 juillet 2010). Exemple de cette perspective : "Nous voulons donner un second souffle à la revendication culturelle. C'est le fond de notre combat. Un combat politique, dans le sens noble du terme." Je n'ai personnellement rien contre cette perspective et je sais combien elle a été et peut encore être féconde, mais il y a bien des livres corses qui ne visent pas cet horizon. Voir à ce sujet la discussion engagée à la suite du billet "Tout le monde se fout de la littérature corse, dixit...".

Donc si je me résume, il me semble qu'il y a une matière passionnante à discuter, que c'est mieux tous ensemble, et que considérer la littérature corse comme un ensemble qui inclut et dépasse les perspectives revendicatives et l'inscrire dans un réseau de lectures et de discussions critiques ne peut que lui faire du bien.

Non ? Tout ceci est un point de vue personnel, émanant de quelqu'un qui n'est pas un spécialiste de ces questions et donc éminemment discutable et que j'espère voir discuter.

(Cela me fait penser à la perspective d'un Francis Hallé, grand botaniste et amoureux des régions tropicales, qui propose, en s'aventurant dans des domaines scientifiques dont il n'est pas spécialiste, des thèses à discuter dans son dernier ouvrage extrêmement stimulant, "La condition tropicale. Une histoire naturelle, économique et sociale des basses latitudes", chez Actes Sud.)

(La photo : ghjè un Babbu Natale australianu chì offre un bellu rigalu à tutti i zitelli, "Filidatu è Filimonda", di Dalzeto, postu chì no semu in 1936 !

Radio station 2CH's Children's Christmas party, Trocadero, Sydney, 22.12.1936 / by Sam Hoo

Format: Photonegative
Notes: Find more detailed information about this photograph: acms.sl.nsw.gov.au/item/itemDetailPaged.aspx?itemID=35990
Search for more great images in the State Library's collections: acms.sl.nsw.gov.au/search/SimpleSearch.aspx
From the collection of the State Library of New South Wales www.sl.nsw.gov.au
)

22 commentaires:

  1. Très frappé par l'équilibre et la modestie du propos sans que pour autant soient atténuées les ambitions affichées pour ce qui concerne la promotion de la littérature corse, je me suis reporté (grâce au lien que vous fournissez) au blog Invistita de Norbert Paganelli. J'ai été tout aussitôt frappé par la qualification donnée à votre point de vue : un "canulard". Ne sachant trop si c'était du lard ou du cochon, je me suis reporté à mon dictionnaire, imaginant que le canulard n'était qu'une variante corse du canular. Mais non, un canular est bien une "mystification grotesque reposant sur une fausse nouvelle". Bigre. Une façon bien rude de faire avancer le schmilblick !!
    Y

    RépondreSupprimer
  2. Y,
    merci pour le commentaire. Une nuance : l'appréciation de Norbert Paganelli n'est pas à prendre mal. J'ai une relation amicale et sincère avec Norbert et les mots choisis par lui ont souvent une double fonction : dire et secouer (sans malveillance). Je l'ai pris comme ça, et le schmilblick avance, si si !
    A bientôt.

    RépondreSupprimer
  3. Un grand merci au Grec anonyme d'avoir fait cette remarque sur l'orthographe du mot employé. La vérité m'oblige à dire qu'il m'arrive de poétiser bien involontairement les mots et s'il est vrai que je me suis posé la question de l'orthographe exacte du mot "canular", j'ai complètement oublié de vérifier la graphie. Mais tout de même je trouve que le "d" final lui va bien, un peu comme le "s" à "parmi". Et puis ....grâce au Grec anonyme j'ai pu apprendre que le mot venait de "cannula" (petit roseau) et qu'en oubliant un "n" il était devenu "canule" en langue française...

    Ah j'oubliais, une canule est l'objet qui peut servir a introduire un liquide dans le corps par l'orifice que l'on souhaite. Ainsi si vous disposez d'une petite, très petite canule....les mouches n'ont qu'à bien se tenir !

    Bravo le Grec tu es le roi et moi un bouffon !

    RépondreSupprimer
  4. Norbert, Y,
    merci pour ce chjami è rispondi linguistique. Vous serez d'accord avec moi pour, après une prise de contact aussi fructueuse, revenir à nos amours ! La littérature corse, la littérature tout court, bref, les livres que vous avez lus.
    Merci encore !

    RépondreSupprimer
  5. Qu'apporte de plus un "Salon" du livre corse par rapport aux journées du livre corse habituelles, à part une journée de plus?

    Comment jouer "collectif" quand on est surtout préoccupé par sa propre promotion?

    Commen avoir une dimension "critique" (au sens littéraire et éditorial s'entend) quand on avance d'emblée une philosophie en termes de "combat politique"?

    RépondreSupprimer
  6. Revenons en effet à la littérature : "Fini de troufignoliser l'adjectif... goncourtiser... merde ! enculagailler la moumouche, frénétiser l'Insignifiance, babiller ténu dans la pompe... plastroniser, cocoriquer dans les micros..."
    (Bagatelles pour un massacre). L'avez-vous lu ?

    Y

    RépondreSupprimer
  7. Anonyme 14:37,

    - un salon de plus est toujours bon à prendre, je trouve, une occasion supplémentaire de mettre en avant des livres corses et l'idée de littérature corse ne se refuse pas. L'idéal est un "courant continu" de salons et manifestations diverses tout au long de l'année partout dans l'île et dans le monde !
    - on peut trouver chez tout le monde des volontés cachées de ne penser qu'à soi, l'important me semble d'associer cet égoïsme naturellement humain à des efforts collectifs qui profitent à tous les livres, mettent en avant les bons et très bons livres, et font donc connaître et désirer une littérature corse ambitieuse et étonnante.
    - à l'intérieur même d'un "combat politique", il faut réclamer une part critique, d'auto-critique, permanente. J'ai pointé des déclarations de Jean-Pierre Santini mais on peut les équilibrer par les romans du même : "Isula Blues" et "Nimu" sont de magnifiques oeuvres critiques, je trouve (et je ne suis pas le seul, voyez les critiques d'Okuba Kentaro). Finalement c'est le va-et-vient entre des formes et des discours, divergents voire contradictoires, ouvre un espace critique ; on peut imaginer la critique comme ce mouvement qui distingue, sélectionne, crée des pôles opposé ou différents, et donc organise du mouvement ; donc on ne peut s'arrêter à une opinion critique ; la critique est dialogue, mouvement, il ne faut pas l'arrêter.

    RépondreSupprimer
  8. Y,
    citer un tel ouvrage de Céline n'est évidemment pas fait pour clore le débat !
    Personnellement, je trouve son langage fascinant, incroyablement créatif, et ici très drôle.
    Et si nous revenions à la littérature corse ?

    RépondreSupprimer
  9. Messieurs Renucci,

    La littérature ne saurait être chimiquement pure sans se renier elle même. on y trouve les mêmes grandeurs et les mêmes bassesses que dans les autres pratiques humaines. on pourrait espérer qu'il en soit autrement bien entendu mais regardons les choses en face: la réalité est tout autre. J'observe sue je n'ai pas cherché le Grec mais que c'est lui-même qui a tendu la perche pour se faire battre et je n'ai jamais dit que je tendais la joue gauche lorsqu'on s'en était pris à ma droite, il y a du satanas chez moi, vous le savez bien...!

    Mais revenons au fond du débat, au véritable enjeu. Ce salon n'était pas représentatif...? Peut-être, certainement. Mais combien d'éditeurs manquaient à l'appel ? Oui combien exactement si l'on enlève ceux qui se sont fait représenter par une librairie mandatée pour cet effet...? Un seul à ma connaissance!. on me dirait que c'est le plus important de l'île. Oui, et alors ? Dois-je rappeler J.J. Rousseau: "Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître".Il me semble que l'art et la littérature fonctionnent dans la durée, dans la sphère du spirituel...Les grandeurs et les décadences d'ici bas peuvent l'affecter mais ne la bouleversent pas.

    La non présence d'une maison d'édition est un non événement. Reste à savoir maintenant si cette manifestation a eu ou aura un effet sur la vie culturelle de notre île. L'important est là.

    RépondreSupprimer
  10. Il serait intéressant de publier ici le manifeste de Luri pour mieux comprendre la démarche de l'Operata culturale et en débattre. En préface aussi de "Petre senza nome/Pierres anonymes" une remarquable préface.

    RépondreSupprimer
  11. Monsieur Paganelli,
    je pense que ce n'est pas sur ce blog que vont se régler les relations entre les différents acteurs culturels de l'île, mais je persiste à penser qu'il est préférable (pour tous mais aussi pour le public qui achète les livres et les lit) que les grandes manifestations soient faites tous ensemble, et notamment avec l'éditeur qui produit la grande majorité des livres publiés en Corse. Après discussion avec Jean-Pierre Santini et Edmond Simeoni ce jour-là, il me semblait que l'état d'esprit était plutôt à la coopération et à la recherche d'un dialogue fructueux plus qu'aux jeux conflictuels. Je reste sur cette impression, de meilleur augure.
    Concernant l'effet du Salon de Bastia, quels seront les critères pour en juger ? Les ventes de livres, les nouveaux projets de coopération du fait de la rencontre entre les éditeurs et responsables d'association ?
    Sincèrement, je pense qu'il serait intéressant de prendre en compte le public. La proposition de JP Santini (un catalogue annuel financé par la grande distribution informant de toutes les publications et tiré à un grand nombre d'exemplaires) va dans ce sens. Est-ce possible ? Je ne sais pas. Il y a certainement bien d'autres bonnes idées à avoir. Tous ensemble.

    RépondreSupprimer
  12. Anonyme 20:53,
    voici un lien vers un billet de Corsicapolar. Il contient les statuts de l'association et le manifeste. Quant à la préface à l'ouvrage "Petre Anonime", je ne sais pas si elle est disponible sur le Net.

    RépondreSupprimer
  13. Préface

    Un soir de l’été 2009, animés par l’enthousiasmante volonté de favoriser la promotion de la littérature corse, nous, écrivains et artistes, nous nous sommes rassemblés, à Luri, pour en débattre, et, par delà nos expressions et voix singulières, unir nos énergies dans un combat commun sous le signe emblématique de la si bien nommée in lingua nustrale : « Operata culturale ».Un Manifeste a concrétisé notre ardent appel à une littérature inspirée par l’esprit du Lieu et ouverte sur le monde. L’Autre, Ici comme Ailleurs, est notre désir. Refusant la tentation mortifère d’un régionalisme dépassé, les clichés d’une production folklorisante imposée par la tyrannie d’un marché qui, hier comme aujourd’hui, stérilise la véritable création, nous incitons les écrivains et les artistes à libérer les forces vivifiantes de leur imaginaire.
    Le recueil que nous offrons à nos lecteurs veut témoigner de cette ambition. Il se présente comme le blason paradoxal et poétique d’une démarche révolutionnaire, illustrée par un jeu auquel les surréalistes ont donné ses lettres de noblesse : Le cadavre exquis. Au delà de son aspect ludique, cet exercice se révèle comme hautement spirituel. Chaque voix originale se fond dans une symphonie. De cette nébuleuse, scintillante sous ses masques, sourd un monde authentique.
    Il y a les moments du doute et le temps de la résurrection. Les surréalistes s’opposaient au primat oppressif d’une raison totalitaire. Nous crions, nous chantons contre toutes les oppressions. La culture que l’on a voulu momifier se délivre de ses bandelettes. Le cadavre se dresse, arrache son bâillon pour dire les secrets scellés dans la pierre. Ce thème n’est pas innocent : Le poème–symbole comme une fronde lance ses pierres non pour une lapidation, mais pour marquer les lieux de notre mémoire, y graver notre rêve de liberté. Comme dans la fable, cailloux et galets tracent le chemin.

    RépondreSupprimer
  14. Anonyme 04:25,
    merci pour cette retranscription de la préface de "Petre anonime" !

    RépondreSupprimer
  15. J'ai personnellement souscrit, dès le départ, à cette initiative cr il manque, en Corse, un espace de rencontres et d'échanges entre ceux qui tentent de créer. L'Operata n'est ni un parti, ni une structure pyramidale, ni ne officine, elle est avant tout un lieu au sein duquel des gens qui ne se sont jamais parlés finissent par échanger et cela est d'une très grande richesse. j'en ai fait l'expérience au salon de Bastia où j'ai longuement conversé avec J.G. Talamoni que je n'avais jamais eu l'occasion de fréquenter et nous n'avons pas parlé de politique (ce n'était pas l'endroit) mais de langue. Il y a beaucoup de cloisonnements rigides en Corse et cela est très stérile car on plaque sur une personne des stéréotypes qui empêchent les échanges sincères.
    Ne serai-ce que pour avoir, en partie, réussi cela, l'Operata a atteint l'un de ses objectifs majeurs.Le salon du livre n'est qu'une modalité, en aucune manière une finalité car, effectivement ce premier essai n'a pas révélé une manifestation d'une nature fondamentalement différente des autres manifestations mais....(petite question): comment se fait-il qu'une manifestation qui n'a , en soi, rien d'original, suscite-t-elle tant de passion ?

    RépondreSupprimer
  16. Norbert,

    d'accord avec la nécessité de créer un tel espace d'échanges, raison de plus pour que tous ceux qui créent ou tente de créer soient présents, plus on est de fous...

    Heureux de voir que tu as eu des discussions enrichissantes. Les travaux de JG Talamoni (proverbes, expressions, anthologie bilingue de littérature de langue corse, blog, enciclopedia di a corsica, émanation de la revue A Nazione), tout cela est passionnant (indépendamment des opinions politiques des uns ou des autres). J'en profite pour signaler qu'un des billets était consacré à un poème inédit de Appinzapalu publié dans son anthologie (nous sommes en attente du deuxième volume d'ailleurs) : http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com/2009/02/comment-jai-tu-as-nous-avons-lu-1.html

    La "passion" dont tu parles est toute relative... Personnellement j'ai surtout trouvé dommage que TOUS les éditeurs ne soient pas partie prenante (et ce sans chercher à démêler les causes, les raisons et les motivations, puisque l'important est que le lectorat s'étende, soit attiré par cette littérature, y trouve son bonheur, soit secoué, étonné, ravi, choqué, comblé, etc...). On peut ressentir à l'égard de tous les éditeurs corses beaucoup de gratitude, personnellement, j'en ressens beaucoup, et notamment pour Albiana, qui outre qu'ils ont le bon goût de publier ce que je leur envoie, a créé des collections, suscité des textes, chercher une certaine visibilité via la presse insulaire, etc. Reconnaissons les mérites du travail de chacun, et discutons ensemble. Je suis sûr que c'est déjà le cas !!

    Concernant le Salon de Bastia, je trouve qu'il y avait quand même une originalité majeure : la présence de livres d'Actes Sud, L'Harmattan, First éditions, etc... Cela permet de mettre en relation, insititutionnellement, naturellement, des livres séparés par le lieu d'édition alors que tout les associe par ailleurs (dans cet ensemble, non exclusif je le répète, qu'est la "littérature corse"). Bon, cela est fait dans les librairies me semble-t-il...

    RépondreSupprimer
  17. Autre oeuvre (auto?) critique de JP Santini récemment primée par le Conseil Général de la Haute-Corse : "L'exil en soi". La vision noire d'une Corse où les nationalistes seraient aux commandes... Quand on sait l'engagement de l'auteur, on peut s'étonner d'un tel pessismisme !!!

    RépondreSupprimer
  18. Anonyme 22:24,
    je n'ai pas lu ce livre de Santini ; mais je ne trouve pas étonnante qu'un auteur combine engagement (passé ou présent) et critique ou autocritique, ou doute. Jérôme Ferrari et Marcu Biancarelli ont semble-t-il eu le même trajet : engagement nationaliste, prise de distance, critique acerbe (qui est une autre forme d'engagement).
    Par ailleurs, je ne trouve pas d'infos complètes concernant ce nouveau prix littéraire et artistique remis par le CG de Haute de Corse. Quelqu'un en a-t-il ? Je crois me souvenir que Linda Calderon a été primée, ainsi que Eugène Gherardi pour son livre sur Pasquale Paoli et Marci Biancarelli pour "Extrême méridien".

    RépondreSupprimer
  19. Plutôt que des manifestes grandiloquents contre des ennemis mal identifiés et des initiatives désordonnées, peu novatrices, qui s'essouffleront vite :

    - Faire une analyse des problèmes réels, sans hésiter à désigner les vraies causes et éventuellement les "coupables" (ah oui, c'est dur dur dans notre petit pays), mais sans se cacher non plus les vrais verrous (par exemple, la diffusion en France d'oeuvres produites en Corse, bonnes ou mauvaises, est tout simplement impossible,, non pas seulement pour des causes internes, mais surtout à cause des grands circuits exclusifs, excluants, doublés de leurs préjugés "parisianistes")

    - Anticiper sur les évolutions inéluctables de l'édition : quid du numérique?

    - Proposer des solutions concrètes aux décideurs, qui suivront peut-être si on leur propose des choses précises et réalistes.

    - S'organiser pour durer.

    RépondreSupprimer
  20. Anonyme 14:56,
    voilà un programme alléchant.
    Si vous êtes un des acteurs de cette littérature corse, alors il faudrait que vous proposiez un rendez-vous général, des sortes d'assises de l'édition pour poser tous les problèmes (j'ai déjà vu quelque part cette expression).
    Concernant les points des blocages internes, des solutions concrètes et de l'organisation pour durer, j'imagine que beaucoup auront de très bonnes analyse et propositions.
    Concernant l'édition numérique et les verrous de la diffusion hors de Corse, je trouve ces points passionnants, parce qu'ils induisent clairement la nécessité de créer et fidéliser un lectorat, par tous les moyens possibles. Il faut absolument trouver les moyens de créer et fidéliser ce(s) lectorat(s) encore potentiel(s) de littérature corse.
    A quand des assises générales de l'édition corse (et de la littérature corse au sens plus général) ? Assises qui devront nécessairement inclure toutes les parties prenantes, et n'oublions pas tous ceux qui créent le lectorat (l'enseignement, les médias, les libraires, les bibliothécaires, etc.)

    RépondreSupprimer
  21. "Plutôt que des manifestes grandiloquents contre des ennemis mal identifiés et des initiatives désordonnées, peu novatrices, qui s'essouffleront vite..."

    Je pense que cet intervenant mesure mal l'impact de l'Operata culturale qui a receuilli l'adhesion de 70 auteurs, corse, qui se structure très sérieusement, qui a produit une première oeuvre collective "Petre senza nome" écrite par 45 auteurs et réalisé en moins d'un mois le premier salon du livre corse à Bastia... et ceci sans un centime d'argent public. Il faut pour cela une sacrée volonté. Que notre ami se rassure : l'Operata culturale occupera un place active non négligeable pour la valorisation du livre corse, mais plus généralement de toutes les autres formes artistiques.
    On ne peut que regretter des jugements hâtifs sur un manifeste qui n'a pas été lu.

    RépondreSupprimer
  22. Anonyme 21:47,
    il semble aujourd'hui et sur ce blog que certaines opinions divergentes auront du mal à converger. Je reste persuadé que cela sera possible (c'est nécessaire) plus tard et ailleurs. Evidemment il serait plus simple que les anonymes puissent se reconnaître et se parler.
    Edmond Simeoni (évidemment rien qu'avec ce nom, nous sommes sûrs de créer des adhésions et des rejets) parle souvent de "maillage" des initiatives, actions, groupements, afin d'éviter toute "caporalisation". Je crois aussi qu'il ne faut guère rêver (ni même souhaiter) l'unanimité parfaite et permanente, mais articuler les actions des uns et des autres, faire en sorte au minimum qu'elles ne se gênent pas et au mieux qu'elles visent un même objectif, serait déjà une bonne chose.

    RépondreSupprimer