D'un côté, Norbert Paganelli se plaint de comportements (de la part de libraires, d'éditeurs, de lecteurs et d'auteurs) peu susceptibles - par leurs comportements et malgré leurs intentions - de valoriser la littérature corse de langue corse. Certaines des propositions de son billet d'humeur (intitulé "Il y a") sur Invistita m'étonnent (j'y reviendrai), d'autres pas du tout. Evidemment, il pourrait aussi (c'est ce que je lis en creux) tresser l'éloge de nombre de libraires, éditeurs, lecteurs et auteurs dont les comportements valorisent avec enthousiasme la littérature corse de langue corse ! (Personnellement, j'aime les billets d'humeur, ils remettent sur le tapis ce qui nous tient à coeur).
D'un autre côté, c'est l'attente fébrile ! Ce soir à 17 h, les lauréats du Prix du Livre Insulaire d'Ouessant seront connus ! C'est la 11ème édition, et au cours des dix premières, les livres corses ont souvent été primés. Il est quand même génial pour la Corse (ainsi que pour toutes les littératures insulaires, qui se débattent souvent dans les mêmes difficultés pour se faire connaître et apprécier) de disposer tous les ans de trois jurys attentifs et avides (ceux pour le polar et le livre de jeunesse sont différents) !
Rappelons que les éditeurs insulaires (ou de littérature insulaire) du monde entier peuvent :
- envoyer leur production de l'année (pour le prix ou pour les tables du salon)
- passer le cap de la première sélection
- être lus par un jury sérieux et enthousiaste
- être primés et voir leurs livres ceints du bandeau rouge "Prix du Livre Insulaire Ouessant"
Ce n'est tout de même pas rien, non ?
(A propos de la photo :
(A propos de la photo :
Fluteplayer, Lysekil, Sweden
Itinerant basket vendor playing the flute.
Flöjtspelande, kringvandrande korgförsäljare.
Parish (socken): Lysekil
Province (landskap): Bohuslän
Municipality (kommun): Lysekil
County (län): Västra Götaland
Photograph by: Carl Curman
Date: 1880s
Format: Albumen print
Persistent URL: www.kms.raa.se/cocoon/bild/show-image.html?id=16000300029151)
Pas de commentaires sur le site de Norbert Paganelli pour réagir à son billet d'humeur, mais un écho sur le forum de Musa Nostra, voir ici :
RépondreSupprimerhttp://musanostraforum.forum-actif.net/votre-1er-forum-f1/litterature-corse-t4-375.htm#1370
Une discussion s'engage-t-elle ?
Mon cher Norbert,
RépondreSupprimerJe ne m'associe pas à tes récriminations diverses et variées, dont certaines sont en partie fondées, d'autres moins. Il vaut mieux laisser ces propos amers aux mauvais et importuns auteurs qui, persuadés de leur génie, crient à l'injustice et jouent aux victimes, aux incompris.
Demander à un éditeur de publier un livre de poèmes, même bon, c'est un peu lui demander de donner 2000 euros de sa poche. Pourquoi le ferait-il? Le plus étonnant est que souvent l'enthousiasme l'emporte et les éditeurs, bicolant ou non avec l'aide de subventions, publient, se démènent auprès des libraires qui consentent malgré tout une place, même au fond de leurs rayons, à ces oeuvres souvent médiocres. Rendons hommage aux uns et aux autres, il ne faut pas leur en vouloir quand ils tergiversent, promettent sans tenir, ne répondent pas : comment dire à quelqu'un qui se prétend sincèrement auteur que l'on n'est pas arrivé au-delà de la cinquième page de son livre sans bâiller.
Quant à la littérature corse, elle est plutôt avantagée, publier quelques vers corses est nettement plus facile que quelques vers français.
Mon étonnement est donc l'inverse du tien, je suis stupéfait de voir autant de médiocrité, pour ne pas dire de "merde", quelle que soit la langue, envahir les librairies. Que ce soit en corse n'est pas une excuse.
Quand nous recevons un refus, il me semble donc plus prudent de ne s'en prendre qu'à soi-même.
Je m'applique bien entendu ces conseils et je garde dans mes tiroirs trois recueils de vers corses, dont je ne suis pas sûr qu'ils aient beaucoup d'intérêt et dont je donne parfois un extrait en priant le directeur de revue qui a l'imprudence de me les demander, de me les refuser sans hésiter et sans façons si ça ne convient pas. J'ai aussi un roman corse sur lequel je travaille de temps en temps depuis douze ans, et dont je retarde sans cesse la publication, parce que je suis bien conscient de ses imperfections. Je préfère publier la traduction de grandes oeuvres.
Finalement, malgré mon scepticisme du début sur certaines formules de Marcu Biancarelli, je préfère lire Murtoriu que de me trouver nez à nez avec ma propre prose dans une librairie de Corse ou d'ailleurs.
Bona sera,
Mon cher François Michel,
RépondreSupprimerLes faits que je rapporte dans mon papier sont un simple constat de choses plus ou moins vécues. Tu sembles t'en accommoder: c'est ton droit mais il convient que tu m'accordes le droit de ne pas partager ton sentiment.
Je constate également que tu utilises ici la même technique que tu avais utilisée à propos d'un papier de Marceddu Jureczek et qui consiste
à tenter de disqualifier une opinion en invoquant "les grands principes" (obligatoirement moraux et fondés mais qui ne font, en fait, que légitimer une situation figée). Puisqu'il est admis qu'il ne saurait exister de discours innocents, tu devrais te demander, ne serait-ce qu'un instant, de quel discours tu es coupable....
C'est une manière personnelle de te rappeler que les discours d'autorité possèdent tous une désuète vanité, même et surtout, lorsqu'ils se parent d'un manteau de modestie.
La question est donc : comment parvenir à une société bilingue, capable et désireuse de lire de la littérature corse de très grand qualité en corse et en français ?
RépondreSupprimerLe projet corse, dans son ensemble, ne sera viable que s'il présente et met en avant des valeurs nouvelles capables de s'adapter au monde qui pointe tout en restant d'une certaine manière fidèle à son histoire.
RépondreSupprimerIl me semble que nous parlons trop du "contenant" et pas assez du "contenu"... Si nous en revenons au microcosme littéraire insulaire, ce qui m'attriste c'est de le voir fonctionner comme il fonctionne dans l'univers très parisien que pourtant nous décrions.
cela mérite une vraie discussion, pas des faffirmations générales . Par exemple, sur la maigre production en langue corse des années 2008, 2009, quelle proportion de "merde"?? Moi je pense à Murtoriu, à Alain di Meglio, à Stefanu Cesari, à Thiers, ... belles créations, non, même très belles??
RépondreSupprimerAlors, alors??? Quels résultats pour OUESSANT?
Bon je reprends (un premier commentaire a disparu, ah !)...
RépondreSupprimerA François-Michel,
- la production littéraire (pas que corse, d'ailleurs) est certainement globalement médiocre voire mauvaise, mais nous disposons deux deux filtres majeurs pour élire les livres qui nous paraissent les plus beaux, les plus "déconcertants" (pour reprendre la terminologie de Viard et Vercier), les plus significatifs. D'abord le travail des éditeurs et ensuite les lectures réelles : à partir de là, se pose la question de pouvoir exprimer tranquillement cet échanges de points de vue et de critiques.
- c'est pourquoi j'espère pouvoir lire un jour ta production poétique et romanesque en langue corse (si tu - ou un éditeur - estime que cela est lisible et vaut la peine) ; pourquoi ne pas faire confiance aux lecteurs pour que tes livres dorment tranquillement dans l'obscurité de laquelle ils n'auraient pas dû sortir ou pour qu'ils parviennent à la lumière glorieuse qu'ils méritent peut-être ?
A Norbert,
- il me semble difficile d'énoncer a priori le "contenu" de ce "projet corse". Les artistes sont absolument libres et ils reflètent diversement la société qu'ils habitent. Par contre, chacun peut jouer sa partie utilement en disant la sienne, et c'est le jeu entre les perspectives variées voire contradictoires qui fabriquera la littérature corse que nous réclamons.
- les seules valeurs qui me paraissent universelles en l'occurrence sont l'acceptation des critiques et de la discussion.
A Francesca,
- iè ch'avemu bisognu d'issa discussione, mà quì nant'à istu blog sò i libri letti chì sò u sugettu maiò.
A Francesca è Francescu-Micheli,
- aspettemu u vostru parè nant'à issu famosu "Murtoriu", pigliate una pagina et scrivite ci qualcosu ; seria un piacè !
A tous,
les résulats du Prix du Livre Insulaire d'Ouessant sont ici (merci à Angèle Paoli pour le lien), il s'agit d'un article du Télégramme de Brest (et merci au journaliste pour fournir toutes ces citations et précisions !) :
http://bit.ly/dxSoxV
(Pas de prix pour Norbert Paganelli en Poésie, pas de prix pour les Essais corses, dommage ; mais cela me donne envie de voir au moins deux ouvrages primés :
- le recueil poétique de l'Haïtien Roben Berrouët-Oriel, "Poème du décours" (éditions Triptyque)
- "Le petit désordre de la mer", de Joëlle Ecormier (Océan éditions)).
Je rappelle que le prix du Polar et du Livre Jeunesse ne seront remis qu'aujourd'hui.
Un fait qui va dans le sens de Norbert : un livre de poésie d'Olivier ANCEY, "Tarra matre", vient de sortir aux éditions Albiana : il est introuvable, que ce soit à Bastia, en Balagne, ou à Portivechju... Il ne reste qu'Internet, une fois de plus.
RépondreSupprimerCara Francesca,
RépondreSupprimerÙn circà solu solu in a litaratura corsa ciò ch'e aghju chjamatu "merda" incù calchì infasi ch'e rigrettu aghjà. S'è tù rileghji u me parè, a vidarè ch'e parlu di litaratura in ghjinarali. D'altrondi ni socu cunvintu, è l'aghju ditta parichji volti, chì ùn vali a pena à tumbà i libra chì si publichighjani quandu ùn piacini, pensu chì a critica t'hà da essa prudenti di pettu à una litaratura chì faci i bivuli ugni ghjornu per buscà si unu sboccu è sviluppà si. Eppò ci so l'autori chì dopu à un prima libru senza gran intaressu publichighjani un gran libru, pensu à Sonia Moretti, par un dittu. Ma in stu casu quì, era bedda chè chjara chì si trattaia di i primi passi di una ghjovani pueta chì t'aia da fà un'opara di primura. Listessa cosa incù i primi puisii di Alanu Di Miglio, chì ci ha porsu issi maravigli chì sò Migraturi è Vaghjimi spizzati.
Vedi ch'e ùn socu radicali è ùn diriu ciò chì un prufissori di corsu mi dissi pocu fà : "for' di i rumanzi di Biancarelli, mi dispiace, ma a litaratura corsa mi facce cagà".
Innò, c'è a ropa bona, ma ùn ci voli à piattà si daretu à a virità.
In quantu à Nurbè, ohimè! Prifiriscu campà filici è niscentru, chè amuffatu incù l'editori è i libraghjoli, chì facini u so travaddu incù pochi mezi i biniditti! Prifiriscu leghja chè scriva.
Bò, ùn ansciu più chì t'aghju da piddà una volta di più un ossu in canedda.
Tu a' a raghjoni, o Rinù, saria una bona ch'e facessi unu sforzu pà dì quantu m'hè piaciutu Murtoriu.
Ma avali voltu à a traduzzioni di un rumanzu di David Toscana, un missicanu ghjiniali.
Francescu-Micheli,
RépondreSupprimerti ringraziu pè issu cumentu.
Ritengu chì ai da scrive qualchì filare da sprime a to manera di leghje :
- i puemi di Sonia Moretti (avii cuminciatu, ti n'aricordi ? : http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com/2009/11/puesia-sonia-moretti.html#comments
- i puemi di Alanu di Meglio (si po leghje u parè di Marcu Biancarelli : .... ? ma.. ma chì si passa ? ùn esistenu più i bloghi di Marcu Biancarelli ?...)
- "Murtoriu" di Marcu Biancarelli (mi ramentu ch'ellu era invitatu da u CCU pè l'Université inter-âges" in Corti, u 14 d'aprile 2010, ma induve hè u resucontu ?)
E po issu parè di issu prufessore di corsu mi pare interessante ! Mi piaceria di sapè quale sò i libri chì u "facenu cagà" ! E perchè ! Seria daveru un bellu "récit de lecture", no ?
Et puis pour conclure dans l'autre langue pratiquée par les Corses, j'insiste sur mon désaccord avec toi : les critiques négatives concernant les livres corses (même en langue corse) me paraissent très utiles : elles attestent de lectures réelles, de l'état réel de la réception des livres, influeront donc sur l'écriture des oeuvres. Mais je comprends qu'on ne veuille pas en faire ; toutefois, choisir parmi un ensemble de livres (comme tu le fais en citant Sonia Moretti et Alanu di Meglio ou en écrivant cette anthologie de poésie corse, "A Filetta"), c'est implicitement signifier un moindre goût, voire un refus, des autres livres.
Pour moi manifester un choix (négatif ou positif), ce n'est pas "tuer" les livres et les auteurs ; c'est commencer à créer la littérature, avec son paysage changeant et cela ne peut se faire qu'à plusieurs.
Oui, mais quand même, la critique peut s'avérer un art dangereux, eccu ciò chì hè (guasi) accadutu à paulu Desanti : -)
RépondreSupprimerhttp://foru-corsu.forumactif.com/prosa-f2/nuvelli-tonti-t3084.htm