vendredi 1 octobre 2010

Publiez !


On ne crie plus "remboursez !", maintenant, mais "publiez !". C'est comme ça.

Cette entrée en matière énigmatique est là pour me permettre de relayer une information qui touche forcément à la littérature, qui concerne forcément le travail artistique de la littérature (corse, contemporaine).

L'information, la voici : les "Scontri Novi". Deux jours de débats à Marignana autour de la notion "d'identité". On pourra dire : "encore ?" Mais en regardant le programme on se rendra compte qu'il sera certainement question de regarder la chose avec des angles d'attaque un peu neufs (le genre sexuel, le rire, les sentiments, la jeunesse...). Il n'y a guère que l'approche par la relation avec la mort qui paraît ancienne, mais le regard d'un anthropologue comme Charlie Galibert réservera certainement quelques surprises ; on se souvient - sur ce blog entre autres - de la qualité extraordinaire de son travail sur la Première Guerre mondiale dans la vie des Corses).

Evidemment, nous espérons une publication des propos échangés durant ces deux journées (une publication rapide puisque tous les participants viendront avec leur fichier word dans leur clé USB !). Ah ! Qu'il est essentiel ce travail ingrat de rendre compte de ce qui s'est dit tel jour à telle heure ! (Je pense au plaisir qu'offrent les précédentes publications des "Rencontres de Scopre" (d'ailleurs, peut-on en avoir connaissance sur le Net ? Il ne me semble pas, mais si vous avez des informations, n'hésitez pas à en faire part ici. Cela été publié chez Alain Piazzola.)).

Et, enfin, je pense aux Rencontres organisées par le Poulpe le 10 juin dernier à Corti. La publication aura-t-elle lieu bientôt ?

Donc, voici le programme des "Scontri Novi" :

Scontri Novi
Fragments d’identité

Identità à pezzi è à bucconi
8-9 d’ottobre, Marignana



8 octobre : AMBIGUITÉ ET RADICALITÉ

Matin:
- Présentation des SCONTRI NOVI par Jean-Louis Cardi, co-organisateur. Présentation de la session « identité » par Sampiero Sanguinetti, co-organisateur. -

Conférence inaugurale sur le concept d’identité en Corse par Matei CANDEA, anthropologue, Durham university. « Fragments d’identité ».


Après-midi

- « La macagna, pièce de l’identité corse ? » par Petru MARI, journaliste et chroniqueur.

- « Haine, amour, amitié : Les sentiments ou le miroir à deux faces de l’identité ? » par Marco BIANCARELLI, écrivain.

- Mise en perspectives des travaux de la journée par Christian LAZZERI, professeur de philosophie, Paris X, Nanterre.

Soirée:
Projection/débat du film L’âme corse de Louis PANASSIÉ (1978), en présence du réalisateur.


9 octobre : FORCES, POUVOIRS ET FAIBLESSES

Matin:
- « Machisme et questions de genre en Corse : l’impensé » par Marie PERETTI, sociologue, EHESS, Paris.
- « La mort, le deuil : quel traitement corse d’un phénomène totalement universel ? » par Charlie GALIBERT, anthropologue, Université Nice-Sophia Antipolis.


Après-midi :

- « Les comportements de la jeunesse corse: risques et défis », table ronde avec François Aimé ARRIGHI, infirmier et militant de la prévention violence et armes, Jean-Martin BONETTI, pédopsychiatre, Lucie CASASOPRANA, éducatrice à la Falep.

- Mise en perspectives par Christian LAZZERI.

- Conclusion de la session, par le collectif d’organisation des Scontri Novi.



Les « Rencontres de Scopre » se sont achevées à Marignana à l'automne 2008 sur l’éventualité d’une suite, sous d'autres formes, et en d'autres lieux. Et c'est pourtant à Marignana que se dérouleront les 8 et 9 octobre 2010, à l'initiative de notre groupe issu des Rencontres de Scopre, et en collaboration avec l'Associu Scopre, une première session de Scontri novi. Retour « aux sources », similitude d'appellation, sont la trace de la poursuite du projet initial.

Rappelons-en les deux axes essentiels.


La complexité de la société corse se modifie par l’accroissement du fossé existant entre les caractéristiques qui l'arriment aux sociétés agro-pastorales, et celles qui traduisent un basculement désordonné dans l'hyper-modernisme. C'est à cette nouvelle complexité que nous avons décidé de consacrer notre travail de réflexion, persuadés qu'elle était indispensable pour penser l'avenir de ces évolutions. Interroger la signification et les risques éventuels de la modification de la société et de cette accélération de l'histoire corses, reste l'une des dernières possibilités non seulement pour comprendre le présent, mais aussi pour conserver du passé, ce qui mérite de l'être et, définir pour le futur ce à quoi nous aspirons.


Pensant par ailleurs que la politique ne se limite en aucun cas à la conquête et à l'exercice du pouvoir, mais que, préalablement, elle doit être capable de dessiner de façon crédible un type de société à construire, nous assumons pleinement le caractère « politique » de notre réflexion sur la société corse. C'est la raison essentielle pour laquelle la totalité de nos initiatives sera ouverte à tous les publics, en veillant à ce que les propos tenus, soient aussi accessibles que possibles. Retour, en quelque sorte, aux conceptions de base d’une démocratie qui associe le plus grand nombre et la qualité.


La première session de ces Scontri novi portera sur un thème « classique » de la réflexion sur la société corse : celui de l’« identité ». Elle se distinguera sans doute de quelques visions dominantes et des images stéréotypées qui les accompagnent, par le traitement des sujets retenus et que retrace le programme ci-joint. Entre sourires et froncements de sourcils, nous souhaitons provoquer la réflexion autant dans les registres de l'affectif ou du symbolique, que dans celui du froid raisonnement. Notre choix de commencer par les aspects qui semblent les plus connus de tous et les plus proches de l'expérience commune, signifie combien à nos yeux, la compréhension de la société corse doit systématiquement en intégrer les aspects les plus « concrets ».
Une autre préoccupation concerne la manière de traiter l’identité : plutôt que d’analyser en bloc une notion aussi massive et tentaculaire, ne faut-il pas au contraire adopter une approche moins frontale, plus fragmentaire, mobilisant une lecture subtile des mécanismes à travers lesquels se déploient pratiques et discours ? En procédant de la sorte, on prend certes le risque d’un cheminement hasardeux, jalonné de récits et réflexions apparemment décousus. Notre conviction est toute autre : l’identité étant avant tout une construction sociale, ce sont les mouvements et les forces qui en assurent l’expression et le devenir qui doivent être mises en relief et questionnées. C’est pourquoi nous faisons le pari que derrière la multiplicité des pratiques et des champs de l’expérience humaine qui seront étudiées, perceront des ambivalences ou des impensés qui en disent autant sur l’identité que les lignes de force et de cohérence qui, d’ordinaire, sont mobilisées pour attester de son existence et de sa puissance. « Fragments d’identité », autre manière de dire que l’identité ne se donne pas à voir immédiatement et de manière limpide, et que du fait de son caractère insaisissable, elle se dérobe plus que jamais aux logiques qui tentent d’en détourner le sens et la dynamique. D’autres sessions viendront par la suite éclairer les grands mécanismes individuels et collectifs, historiques, politiques, idéologiques…bref sociétaux, qui façonnent toute identité, identité corse comprise. Les thématiques entre autres de l’économie et de la production, de la langue, de l’espace politique, de l’histoire y seront traitées, à la lumière des premiers enseignements que nous saurons tirer de ces deux journées de réflexion et de débat.

Jean-Claude Acquaviva, Vannina Bernard-Leoni, Dominique Bianconi, Jean-Baptiste Calendini, Jean-Louis Cardi, Christian Lazzeri, Marie-Antoinette Maupertuis, Gaston Pietri, Elisabeth Sanguinetti, Sampiero Sanguinetti

(A propos de l'image.)

2 commentaires:

  1. Du Poulpe,
    Un texte issu des rencontres organisées par le Poulpe est désormais publié: Profanateurs et apprentis sorciers dans Vae Victis aux Editions Materia Scritta. Il est à noter que ce texte a été spécialement écrit par Marco Biancarelli pour le colloque du Poulpe Tarra e Mare Unu Sò. Les autres textes seront publiés chez le même éditeur en cours d'année.
    Gilles Zerlini

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  2. Monsieur Zerlini,
    merci pour ce commentaire et cette info. Le texte "Profanateurs et apprentis sorciers" m'a beaucoup plu. J'attends les autres avec impatience.

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