jeudi 18 novembre 2010

"Stade critique", par Xavier Casanova


Oui, le titre est entre guillemets, je sais, c'est parce que ce ne sont pas mes mots, mais ceux de Xavier Casanova, que je cite donc (merci à lui pour cet envoi ! voir sur son blog Isularama pour mesurer l'intérêt de ses réflexions et de ses facéties). Ils constituent ainsi tout de même le titre de ce billet. Que je laisse parler, sans plus tarder. Bonne lecture, bonne discussion.

Sitôt après la clôture par FXR de la précédente avalanche de commentaires initiée par la simple citation d’un billet consacré à Jérôme Ferrari, sautant sur un autre blog je tombe sur un billet de Pierre Assouline (1), où il fait le point sur la situation de la critique culturelle face à la démultiplication des lieux où elle s’exprime, après avoir été longtemps cantonnée à l’espace que lui accordaient les médias traditionnels, et avoir été largement dominée par quelques phares concentrant l’essentiel de son influence. Son article commente un dossier de plusieurs pages présenté sur le site nonfiction (2). Il fait le point sur la transformation du paysage critique induit par le développement du web, et aussi sur la transformation de la critique elle-même avec l’irruption d’outils où le buzz entraîne le buzz plus sûrement que tout discours, fut-il appuyé sur les arguments du critique où sa simple autorité.

Pour ma part, il me semble que jeu littéraire n’en devient ainsi que plus complexe, mais en même temps plus ouvert et plus ludique, du fait même que le buzz peut renverser les tendances les plus attendues, ou en faire émerger d’autres totalement inattendues, très exactement comme l’équipe de foot d’un pays émergent peut mettre au tapis une très grande équipe, à la faveur de ces multiples aléas qui font qu’un match n’est jamais joué d’avance. Sauf les images de la compétition elle-même, les grands prix de la rentrée littéraires ne relèvent-ils pas déjà de ces combats héroïques qui n’auraient rien de bien spectaculaire sans la croyance au grain de sable ou au grain de génie qui injecte ce qu’il faut de hasard dans les courses au podium les moins imprévisibles ?

Quoi qu’il en soit, il me semble utile d’y réfléchir à partir d’un blog réunissant les supporters d’une écurie littéraire provinciale aux contours flous, à la dénomination incertaine, aux objectifs contradictoires, en mal de reconnaissance et de consécration, et aussi en mal d’analyse des mécaniques sociales de répartition et de confiscation des chances objectives de succès. Une situation qui, au demeurant, ne prive aucun des amateurs qui s’y fixent ou y passent des occasions de goûter aux plaisirs du jeu, y reniflant même la sublime fragrance des choses impossibles et de leurs résultats incroyables. Et d’une certaine façon à l’abri de l’insuccès…

• Xavier CASANOVA


(1) Sur le blog de Pierre Assouline
Mort de la prescription, naissance de la recommandation, agonie consécutive de la critique (17/11/10)

(2) Sur le site nonfiction.fr
Sur la mort du critique culturel
(10/11/10)


(La photo, choisie par l'administrateur).

36 commentaires:

  1. L'article de Xavier pose de manière ambigüe la fin de la critique traditionnelle, disons prescriptive pour faire court, au profit de la rumeur publicitaire, par le biais du net éventuellement, dans laquelle il voit l'occasion d'une complexification du jeu littéraire.
    Mais en posant ainsi l'hypothèse technologique de la crise de la critique, on en arrive à oublier la nature fondamentalement industrielle de l'édition.
    Or, lorsqu'un grand groupe d'édition veut faire un succès, il y parvient encore, malgré la webisation ou la buzzisation de la culture. Les Bienveillantes ou La carte et le Territoire, pour ne citer que des exemples français (on pourrait en dire autant des Corrections de Franzen)sont des best-sellers parce qu'ils doivent l'être. Ils ne sont pas du tout l'affaire d'un grain de sable, mais plutôt d'un gros paquet de liquide.
    Et l'on peut douter dans ce cas d'une complexité supplémentaire du jeu littéraire, tout au plus d'une difficulté marketing consistant à vendre en grand nombre un objet dont plus personne n'a véritablement l'usage.
    On pourra se consoler en pensant que déjà Foucault s'inquiétait, et à raison, des milliers d'exemplaires vendus des Mots et des Choses.
    Okuba

    RépondreSupprimer
  2. Superbe la nouvelle présentation !

    MB

    RépondreSupprimer
  3. MB, merci pour le regard sur la nouvelle formule.

    Okuba,
    d'accord avec vous sur le fait de ne pas oublier l'industrie de l'édition. Chacun fait son métier, et les éditeurs bien souvent lancent des best-sellers pour pouvoir financer des livres beaucoup moins commerciaux.
    Le nombre de ventes indique en effet et uniquement que le livre s'est vendu. Et "l'usage" du livre, qu'en est-il ? Les lieux (numériques ou non) de discussion autour des livres me paraissent propres à développer et faire connaître les usages réels des livres, si variés. Plutôt que de savoir simplement ce que contient le livre, il est passionnant de savoir comment on l'a "usé". (Ce n'est effectivement pas de la critique professionnelle traditionnelle, et c'est effectivement discutable).

    RépondreSupprimer
  4. MB hè statu più rapidu chè mè, cumplimenti o FXR, bravu!

    francesca

    RépondreSupprimer
  5. Mon cher FX
    Vous parlez d'usage, mais il faut penser usure dans le sens heidegerrien du terme, c'est-à-dire une réduction du livre à sa seule dimension d'objet de consommation. L'usage d'un livre dans notre société actuelle se superpose à l'usage de notre carte bancaire, et, si l'acheteur a encore quelques velleités de culture (ou d'apparat, car les fétiches n'ont pas disparu par contre), il déposera l'achat sur l'étagère d'une bibliothèque.
    Par ailleurs, ce n'est pas par hasard, ou par effet de style, que j'emploie le terme d'édition industrielle. C'est le paysage économique actuel. La fable de l'éditeur qui fait des best-sellers pour financer des livres beaucoup moins commerciaux, a déjà été détruite par Boris Vian, dès les années cinquante, et elle est encore moins réaliste aujourd'hui avec
    quelques 90% d'un secteur trusté par deux ou trois compagnies (relisez Schiffrin pour avoir peur).
    Bien sûr, et ce sera une conclusion provisoire, les éditeurs traditionnels vivent (encore) dans votre courant de pensée idéaliste.
    Bien à vous
    Okuba

    RépondreSupprimer
  6. Mais au fond c'est quoi le "succès" ? C'est plaire au plus grand nombre ? aux formatés soit par les universités, soit par les médias ?
    Le problème c'est pas les grands éditeurs, le problème c'est les médias et leurs minuscules avatars, certains blogs qui utilisent les mêmes statégies pour rêver d'être "gros" à leur tour et reproduire, car rien ne change rien ne se transforme, tout se reproduit à l'identique. Se souvenir de Gracq.

    MN

    RépondreSupprimer
  7. Okuba, MN,
    best-sellers, grands éditeurs, gros blogs, succès... l'industrie éditoriale aux mains de conglomérats recherchant un profit maximum et entravant donc la diversité éditoriale des maisons d'édition traditionnelles rachetées...
    Tout n'est pas perdu cependant : les petites maisons d'édition, les librairies indépendantes, la liberté de parole sur les blogs à but non lucratif, tout cela est réel et même un modèle d'édition de textes numériques comme Publie.net de François Bon.
    Bien sûr la médiatisation est faible, difficile, mais il nous suffit de prendre la parole, ici et là. Il y a de nombreux sites internet pour le faire à propos de la littérature corse : Corsicapolar se faisait récemment l'écho d'une critique positive/négative sur "La vendetta de Sherlock Holmes" de Ugo Pandolfi (éd. Albiana), c'est tout à son honneur, je trouve, et c'est une marque de vitalité ; il y a récemment eu un discours prononcé pour honorer Anton Francescu Filippini à la Casa Agostino Giafferi ; le blog "Tarrori è Fantasia" est extrêmement vivant, des textes d'épouvante et d'anticipation en langue corse accompagnés de commentaires de la part des lecteurs ; les cafés littéraires de Musa Nostra retranscrits sur leur site et leur forum ; les comptes rendus des rencontres littéraires de la librairie Le Point de Rencontre sont disponibles sur leur blog ; Angèle Paoli propose aussi des comptes rendus détaillés sur Terres de femmes...

    ... et tout cela est disponible, tout le temps (contrairement aux articles de la presse écrite, radio ou audiovisuelle) sur le Net, à disposition de tous. C'est à nous de relayer ce qui nous attire, d'expliciter nos préférences, d'argumenter, de discuter.

    Exemple : je discutais hier avec Fernando Ferreira, un photographe qui adore la Corse et a publié un ouvrage avec Jean Mattei aux éditions Privat ; je l'interrogeai sur ses lectures corses : il me cita "La terre des seigneurs" de Culioli, il y retrouvait nombre de points communs avec son village portugais dont il est originaire ; et je n'ai toujours pas lu ce livre, qui est un des best-sellers (avec "Mal'Cunciliu" et "Tempi fà") de l'édition corse ! Et il me parla aussi d'un ouvrage de Miguel Torga, auteur que je ne "connais" que de nom et que je n'ai jamais lu. Mon programme de lecture s'est donc à nouveau enrichi de ces deux ouvrages. De mon côté, je m'étonnai qu'il ne connaisse pas les livres de Marcu Biancarelli ou de Jérôme Ferrari ou de Jacques Thiers ou de ou de ou de, etc... Et j'espère que son programme de lecture personnelle s'est lui aussi allongé. Et j'espère qu'il proposera sur ce blog un récit de lecture qui partagera avec nous sa lecture de l'ouvrage de Depardon/Pancrazi intitulé "Corse" ou du travail de Roland Bonaparte.
    Plus que de médiatisation des ouvrages, je trouve qu'il faut s'occuper de la discussion à propos de nos lectures de ces ouvrages. Nos vraies lectures réelles. L'usage singulier que nous faisons des textes (papier ou numérique). Cela ne dépend que du temps que nous pouvons et voulons consacrer à ces petits plaisirs de la vie.

    RépondreSupprimer
  8. Cher M. Renucci,
    la lecture n'est pas un petit plaisir de la vie, c'en est la quintessence.
    Sans art, nous ne sommes que des machines bornées et agressives.
    Voudriez-vous mettre de la valeur dans vos efforts de publicité pour des textes marginaux ? Mais c'est une technique ancestrale de la société de consommation, transformer le consommateur en publicitaire et lui donner l'illusion de la sélection et de la pensée libre.
    Quand vous tapez sur vos blogs, EDF et France Télécom enngrangent des bénéfices, affinent leurs données comportementales, Orange et Dartybox établissent votre profil de consommation, et tout ce temps là est irrémédiablement perdu pour la lecture et la méditation. Rappelez-vous de Sénèque : l'homme est avare de son or, mais il dispense avec libéralité la plus grande des richesses, son temps.
    Ceci dit, et ce n'est pas une critique, lisez sérieusement la production corse (La terre des Seigneurs est une carence sérieuse dans votre inculture, si j'ose utiliser ici une excellente annotation de professeur de français), ou bien donnez-nous sur le site votre bibliothèque réelle, que nous puissions juger de ce que vous appeler Littérature corse.
    Ou bien, et c'est une idée, nous pourrions tous établir une liste des textes à lire. Ce qui ferait une sélection idéale, et insusceptible d'engendrer des récriminations.
    Cordialement
    Okuba

    RépondreSupprimer
  9. Okuba,

    - petit plaisir de la vie, cette expression était ironique, j'accorde moi aussi beaucoup de valeur à cette activité (et je m'étonne toujours que d'autres puissent ne pas aimer lire, ou lisent sans y mettre de l'enjeu, etc. Enfin, doit-on forcément adorer lire et penser que la lecture représente la quintessence de la vie pour être un humain accompli ? Je ne sais pas. J'ai toujours pensé que c'était un des modes d'accès à ce qu'on appelle l'humanité, pas le seul, pas forcément le meilleur. Je me trompe sûrement.)

    - Passer du temps à écrire des billets sur un blog ou des commentaires sur Facebook et les autres blogs corses, est-ce du temps plus perdu que celui passé à déchiffrer les mots d'un livre ? Très sincèrement, je pense qu'une littérature existe grâce à des lieux publics où elle est discutée, après avoir été lue, afin d'être relue, et rediscutée. Je peux me tromper. Je conçois qu'on considère la littérature comme un pays à atteindre, un pays sacré, où la vraie vie existe enfin ; mais je préfère l'imaginer comme un ensemble d'oeuvres qui offrent, d'une façon extraordinaire et singulière, l'occasion de modifier notre vision du monde et de la vie, de mettre en mouvement notre vision, nos visions.

    - Oui, j'aime lire et j'ai finalement très peu lu. Faut-il avoir tout lu pour parler de ses lectures ? Faut-il avoir tout lu d'une littérature (corse ou birmane) pour s'exprimer sur ce que l'on attend d'une telle littérature ? Je suis un pauvre lecteur, dans tous les sens du terme. Et je découvre avec un intérêt avide toutes les lectures faites par des lecteurs bien plus importants que moi (sans ironie aucune).

    - Oui, un jour je publierai la liste des livres corses que j'ai réellement lus ; et nous discuterons (mais pas pour que vous me jugiez... le mot horrible...) et encore mieux, établir une liste idéale des livres corses, chacun peut le faire, bien sûr. Ce blog est notamment fait pour cela.

    Cordialement

    RépondreSupprimer
  10. cher M. Renucci,
    lorsqu'on parle de littérature, il n'y a plus d'ironie hélas, mais des faire-parts.
    Si vous n'avez pas beaucoup lu, ce n'est pas grave, vous transgressez juste l'évangile de Balzac, mais vous devenez un héros dans le monde de Pierre Bayard. Tout s'équilibre, comme dans votre blog subtilement dosé.
    Ceci étant, il faut bien se risquer un peu et je vous envoie un premier jet (sans ordre) :
    La terre des Seigneurs, Gabriel Xavier Cullioli, DCL
    Le berger des morts, Jean-Claude Rogliano,Belfond
    Mazzeri, Finzioni e signadonna, Dorothy Carrington, Piazzola
    Le crépuscule des Corses, Nicolas Giudici, Grasset
    Ecrire en corse, Jacques Fusina, Klincksieck
    Codex Corsicae, Xavier Casanova, Albiana
    Nimu, Jean-Pierre Santini, Albiana
    Le sentier lumineux, Andria Costa, Albiana
    La veuve de l'écrivain, Marie-Jean Vinciguerra,DCL
    Malmaison, Paul Milleliri, Albiana
    Pace è salute, Paul Milleliri, Albiana
    Les saints et les morts, Jean-Louis Tourné, Albiana
    Une affaire insulaire, Jean-Baptiste Predali, Actes sud
    Cosu nostru, jean-Pierre Arrio, Albiana
    Pulitichella, Petr'anto Scolca, Albiana
    La madonna di Polsi, Jean-Pierre Orsi,Ancre latine
    Les rochers rouges, Arcange Morelli, Albiana
    La maison des Viale, Paul-Michel Villa, Piazzola
    Rebelles, André Mastor, Albiana
    Vir nemoris, Giuseppe Ottaviano Nobili-Savelli, Albiana
    Tamo-samo, Jean-Paul Ceccaldi, journal de la Corse
    ce n'est qu'un début, etc.
    Amicalement
    Okuba

    RépondreSupprimer
  11. Okuba,
    merci pour cette liste qui n'est qu'un début. Est-ce la liste des livres que vous avez lus, ou la liste idéale des livres à lire ?
    L'idéal, pour moi, serait de savoir comment vous avez rencontré, lu, relu, mémorisé tel ou tel de ces ouvrages.
    Dans cette liste, j'ai lu :
    - Le berger des morts, Rogliano (je l'ai évoqué dans un billet ici, avec un regard négatif (pas seulement)
    - Le crépuscule des corse, Giudici (il faut que je le reprenne, je n'en ai guère de souvenirs)
    - Ecrire en corse, Fusina (je l'ai évoqué dans un billet, pour dire mon plaisir, mon admiration et aussi mon désaccord ; mais qui suis-je pour...)
    - Codex Corsicae, Casanova (évoqué ici, beaucoup aimé)
    - Nimu, Santini (lu en partie, et quand même évoqué ici, honte à moi)
    - La veuve de l'écrivain, Vinciguerra (beaucoup aimé, mais j'attends encore plus du prochain roman de MJ Vinciguerra)
    - Une affaire insulaire, Predali (beaucoup aimé, évoqué sur ce blog)
    - Cosu nostru (bien aimé, beaucoup souri, pas encore évoqué ici par moi, mais par Francesca oui)
    - Vir Nemoris (que j'adore, texte incroyable, en lui-même et par son histoire éditoriale, évoqué plusieurs fois ici)

    Si je devais, dans cette liste restreinte, conseiller quelque chose, je dirai sans hésitation : Vir Nemoris, il contient en germes beaucoup des textes qui suivront, c'est une intuition, humble, fort discutable.

    RépondreSupprimer
  12. Cher M. Renucci,
    je pensais que vous n'aimiez pas l'on vous jugeât. Inutile donc de vous empresser de justifier cette sélection (pour votre gouverne, ce sont bien sûr des livres que j'ai lus et qui balisent les frontières de notre propos), mais d'y répondre par vos propres balises. Nous connaissons votre sainte trinité, mais admet-elle d'autres extensions ?
    On appelle ce jeu celui du poker culture.
    Qui veut parler maintenant montre ses cartes.
    Amicalement
    Okuba

    RépondreSupprimer
  13. Cher Okuba,
    je ne cherchais pas à justifier votre liste de livres-balises (et je ne m'empressais pas : quand quelqu'un veut dialoguer, comme vous en ce moment, je ne peux m'empêcher de dialoguer, c'est plus fort que moi, c'est un plaisir intense !). C'était simplement l'occasion pour moi d'évoquer la réalité de mes lectures et non-lectures. Il y en a au moins deux que j'ai très envie depuis longtemps de lire : "Terre des seigneurs" et "La maison des Viale".
    Vous parlez de ma Sainte-Trinité ; d'ailleurs ce matin j'écoutais la messe sur France Inter et je me disais justement : "Mais pourquoi s'arrêter après Père, Fils et Saint-Esprit ?". Quelle est-elle cette trinité sacrée littéraire corse ? Et bien sûr qu'elle admet (qu'elle réclame) des extensions !
    D'une façon générale, je regarde la littérature à la fois avec passion et sans sacralisation excessive, alors j'aime bien aussi le ton de vos commentaires, même si nous ne naviguons pas sur la même longueur d'ondes.
    Merci encore.
    Amicalement.

    RépondreSupprimer
  14. La sainte trinité ? C'est qui le troisième ? Tancrède Paoletti ?

    RépondreSupprimer
  15. Okuba, vous ne gagnerez pas votre partie de poker culture avec les maigres atouts que vous annoncez.

    C'est du bluff. Du pipi de chat. ça put l'esbrouffe ou j'y connais rien aux cartes.

    Moi je mettrais pas tapis en avançant des tocards pareils.

    Ou alors faut jouer à la bataille. Ou au pouilleux. Vous avez plus le jeu.

    Mais je vous conseillerais plutôt d'aller jouer au ping pong sur le foru corsu. Là je vous devine un destin.

    Le Saint Esprit

    RépondreSupprimer
  16. Un Saint Esprit qui
    n'amen
    rien
    c'est toujours intéressant, même si entre negatio et nihilo, vous avez choisi votre camp.
    Vous vous couchez donc, tant pis.
    Au suivant
    Spirituellement
    Okuba

    RépondreSupprimer
  17. Cher Saint-Esprit (ah puissiez-vous un jour, moi aussi, m'offrir ma Pentecôte personnelle et me faire parler en langues !),
    un commentaire acerbe et polémique, réagissant à d'autres commentaires aigres-doux, pourquoi pas.
    Mais la question reste : il n'y a pas d'espace critique en Corse (Marie-Jean Vinciguerra le rappelait dernièrement à la librairie Le Point de Rencontre) tout simplement parce que, pour l'instant, nous n'osons pas dire tranquillement et de façon argumentée ce que nous aimons et ce que nous n'aimons, ce qui nous paraît mémorable et ce qui nous paraît oubliable ou médiocre (sachant que chacun peut se tromper !). Ainsi, l'humour me semble un bel apéritif, mais un apéritif seulement, j'attends le plat (les choix explicites d'oeuvres aimées ou non, les arguments, la discussion apaisée).

    Okuba,
    je répète ici ce qui me tient à coeur : quels sont les livres corses préférés d'Okuba, ceux qui vraiment lui tiennent à coeur, lui paraissent ouvrir des horizons, lui semblent être des accomplissements dignes de relecture ?

    Cordialement, bien sûr.

    RépondreSupprimer
  18. Cher M. Renuuci,
    A votre demande, je précise le propos que j'ai envoyé le 21 novembre 2010 11:34 et qui disait
    "nous pourrions tous établir une liste des textes à lire. Ce qui ferait une sélection idéale, et insusceptible d'engendrer des récriminations."

    La liste des ouvrages que je vous ai envoyée concerne les livres corses incontournables au sein de la grande production insulaire (20 494 titres recensés par l'immense François Flori), liste personnelle bien sûr, et évolutive tout autant.

    Je reviens un instant sur l'image du poker culture qui a fait fantasmer les esprits (mais c'est sans doute le propre de toute réflexion littéraire). Bien entendu, il ne s'agit pas de gagner ou de perdre, c'est un jeu à somme nulle qui n'a d'intérêt que pour le lecteur. il s'agit juste de présenter son écurie favorite, et de vérifier, tous ensemble, s'il y a des choix communs évidents. La culture n'est pas une agression, c'est une construction, un work in progress.
    Bien à vous
    Okuba

    RépondreSupprimer
  19. Je viens de lire Aleph zéro de J.Ferrari et j'ai adoré.

    l'extrait qu'avait mis ici FXR (le soutien-gorge d'Anna) était fort bien choisi, drôle et empreint d'une sensualité piquante.

    Génial, le parallèle avec la physique quantique : dans quel monde exactement vivons-nous? celui que notre conscience d'une certaine façon "reconstruit", la réalité objective n'existe pas...merci le philosophe.

    RépondreSupprimer
  20. Je trouve dommage que le commentaire dévie de la question de la critique, et des éclairages apportés par le dossier que j'ai cité.
    Mais c'est le jeu normal des brainstormings que de partir dans toutes les directions, même les moins attendues.
    À cet égard je souscris notamment à la dernière remarque d'Okuba et son appel à diminuer l'agressivité, et à favoriser le « work in progress ». J'ajouterai simplement que l'agressivité n'est pas indispensable pour se procurer sa dose d'adrénaline et les endorphines qui l'agrémentent : le jeu fait aussi bien. À cet égard, l'évocation du poker me semble pertinente. Mais n'oublions pas que le propre du jeu, c'est de mettre en place des règles et des enjeux qui localisent le plaisir dans de belles parties, ce qui est tout autre chose que de le focaliser dans de belles bagarres.
    Ici, l'enjeu est une question à deux faces.
    1. Qu’est-ce que la critique quand les blogs la mettent entre les mains de tout un chacun ?
    2. Comment utiliser cette ouverture pour compenser le manque de couverture critique de notre production littéraire ?
    Les premiers commentaires esquissent tous, à leurs manières, des réponses. On peut poursuivre…

    RépondreSupprimer
  21. Francesca,
    merci pour le commentaire (qui pourrait donner lieu à un récit de lecture plus développé, peut-être, en citant un autre passage du livre, si jamais).

    Les oeuvres de J. Ferrari ne sont pas présentes dans la première liste proposé par Okuba. Personnellement - mais c'est bien connu de ceux qui fréquentent ce blog - je trouve qu'une liste des "livres corses incontournables" contiendrait forcément les livres de :
    - J. Ferrari
    - G. Thiers
    - M. Biancarelli
    - M. Ferranti
    - A. Rinaldi
    - J.N. Pancrazi
    - R. Coti
    (liste non close, là aussi).
    D'accord avec l'idée de la culture comme construction collective, construction toujours à remanier. Je ne suis pas d'accord avec l'aspect incontournable de quelques uns des livres de la liste d'Okuba, ce qui est naturel. J'y reviendrai si j'ai le temps (je renvoie simplement à ma critique négative du "Berger des morts" de Rogliano sur ce même blog). Critique qui n'avait pas été bien acceptée. Mais encore une fois, il faut relativiser toute critique, et en même temps critiquer ses faiblesses plus que le fait qu'elle soit négative. L'espace public littéraire corse est à ce prix : l'acceptation des (relatives) blessures qu'infligent, qu'on le veuille ou non, les critiques négatives. Au sinon, comment faire ? Sachant, je le répète, qu'au lieu de se sentir agressé et blessé, il vaut mieux (pour l'auteur ou pour les lecteurs qui aiment une oeuvre critiquée négativement) répliquer par des arguments, des explications contraires, un développement des raisons. Quand j'entends les critiques du "Masque et la plume", je me dis que nous avons encore du chemin à faire pour accepter les points de vue divergents. Et quand je vois le nombre de grands lecteurs de littérature corse, érudits et fins, ainsi que le nombre important de lecteurs moins érudits prêts à échanger et à partager, je me dis que certaines des conditions pour la constitution de cet espace public littéraire corse sont déjà réunies.
    Eiu pensu ch'ellu pussibule iss'affare ; strada faccendu s'acconcia a somma, c'est comme cela qu'on dit, je crois.

    RépondreSupprimer
  22. Anonyme 17:00,
    vous faites allusion à un commentaire qui dévie et à un dossier que vous citiez : quel commentaire et quel dossier ?
    Merci pour les paroles apaisantes.
    Merci pour la formulation des deux questions :
    1. Qu'est-ce que la critique quand les blogs la mettent entre les mains de tout un chacun ? Ma réponse : concernant ce blog, j'appelle qui le veut (lecteur occasionnel sans grande culture littéraire et lecteur chevronné érudit) à raconter sa rencontre avec tel livre, à expliquer le pourquoi de son amour (ou de sa déception) devant ce livre et à proposer un ou deux extraits, les plus riches ; le tout à afin de donner à découvrir les lectures réelles des livres corses. Donc, je n'appelle pas à faire une "critique" au sens strict (au sens "critique professionnelle, journalistique ou universitaire), même si je reçois aussi avec bienveillance de telles critiques (ex. le point de vue de Pasquale Ottavi sur plusieurs romans de langue corse ou celui de Jean Chiorboli sur l'essai de linguistique d'Olivier Durand). J'ai déjà exprimé ailleurs le désir (voir par exemple l'entretien présent sur le site d'Albiana) de voir se constituer deux espaces : un espace critique professionnel et un espace d'échanges entre lecteurs afin que ces deux espace communiquent et fassent circuler, de façon différent, les fables, les formes et les figures que proposent à nos imaginaires les livres de littérature corse.

    2. Comment utiliser cette ouverture pour compenser le manque de couverture critique de notre production littéraire ?
    Ainsi je pense que cette "ouverture" des blogs ne peut compenser le manque de "couverture critique". Blogs et critique professionnelle devraient s'articuler.

    RépondreSupprimer
  23. Il me semble que les deux questions d'Anonyme se rejoignent en un point central qui serait le silence par défaut.
    En effet, le blog, malgrè les efforts répétés de M. Renucci ne produit que peu de critiques sauvages, voire aucune.
    Et dans ces conditions, l'ouverture qui pourrait avoir lieu donne sur le nihilisme spirituel.
    D'un certain côté, c'est un constat que l'on retrouve sur d'autres forums, cartains allant jusqu'à la logique extrême de refuser de rendre compte de leur lecture, en arguant d'une sensibilité que l'on croyait traditionnellement réservée aux auteurs.
    Je crois que cette situation de blocage camoufle une grande angoisse vis-à-vis de l'écriture. Ecrire, c'est livrer à tous les maigres trésors de son esprit, et celui qui parle perd de son énigme. Le silence bénéficie aux cons, disait Audiard, d'une autre manière.
    C'est pourquoi la proposition d'un poker culture (ou de tout autre mot, pourquoi pas le potlatch des situationnistes ?)permet au moins de convenir des limites du terrain du dialogue.
    C'est une option ouverte et sans danger. Dans un premier temps du moins.
    Après bien sûr, on pourra discuter des tiercés gagnants.
    Cordialement
    Okuba

    RépondreSupprimer
  24. Je prends quelques risques en intervenant dans ce débat, mais tant pis. Il s'agit juste de faire quelques remarques en vrac :
    - L'influence des blogs littéraires est, pour l'instant, commercialement à peu près nulle. La plupart des blogs ne créent aucun buzz mais relaient les buzz existants. Et ils ne s'adressent qu'à un tout petit nombre de lecteurs.
    - Si les éditeurs avaient les moyens de produire un best-seller, ils le feraient à chaque fois - à moins de supposer qu'ils sont d'une stupidité abyssale. Et oui, les gros succès de librairie servent effectivement à financer la publication des oeuvres qui ne se vendent pas. J'en sais quelque chose. Le succès d'un livre est le résultat de tout un faisceau de causes minuscules dont la conjonction ne peut en aucun cas être programmée à coup sûr. Par exemple, la pub ne sert à rien si le livre ne se vend pas déjà un peu.
    - Le masque et la plume n'est pas une émission de critique littéraire : c'est un show méprisable où il ne s'agit que de régaler le public de bons mots.
    - Enfin, il y a des tas de manières de faire tourner un débat au vinaigre sans se monter agressif : la condescendance, les allusions obscures et l'érudition stérile, à cet égard, sont particulièrement efficaces. Okuba ne devrait donc pas faire la vierge effarouchée s'il s'attire un commentaire un peu moqueur - et je ne suis pas l'auteur du commentaire en question. Pour tout dire, je le trouve même assez gonflé. Je précise que je ne suis pas du tout prêt à entamer une discussion interminable sur ce dernier point : j'ai dit tout ce que j'avais à en dire.

    JF

    RépondreSupprimer
  25. JF,
    merci de votre point de vue.
    Quand j'ai cité "Le Masque et la Plume", sur France Inter, le dimanche soir, je pensais à la liberté de ton dans la critique négative. J'ai trouvé souvent que les propos étaient exagérés, intransigeants (je pense à un éreintage d'un ouvrage de Yasmina Khadra dont j'aurais aimé que des propos mesurés et nuancés montrent la complexité, pas forcément pour dire que c'est un chef-d'oeuvre). Mais il y a effectivement d'autres émissions plus nuancées (il y avait notamment l'émission - défunte - de Pascale Casanova sur France Culture). Les journalistes et écrivains du Masque et la Plume sont aussi des membres de différents jurys de prix littéraires ; on suppose que leur travail en tant que juré est plus équilibré que leurs propos radiophoniques.

    Concernant l'influence des blogs sur le nombre de ventes, je pense aussi qu'elle est minime et peut-être même pas souhaitable. J'ai toujours des scrupules à signaler tel livre comme devant être acheté. Je préfère de loin qu'il soit lu et commenté, qu'on en discute. Evidemment pour l'auteur et l'éditeur, je souhaite des ventes en cascade. Pour le livre, je souhaite des lecteurs, des lectures, des discussions. Afin qu'il se propage dans nos imaginaires.

    RépondreSupprimer
  26. François-Xavier,

    (JF veut dire Jérôme Ferrari, je croyais que c'était clair et, du coup, on peut continuer à se tutoyer.)
    Je suis bien d'accord avec toi sur ce que tu dis des blogs : leur inutilité commerciale est un atout, nullement un défaut. Ceux qui tiennent des blogs ne sont motivés que par leur amour de la littérature et il serait dommage que ça change. Mais on ne peut pas attendre d'un blog (pour le moment, en tout cas) qu'il supplée aux défaillances de la critique professionnelle. Pour une raison simple : il est humainement impossible de lire toute la production romanesque, ne serait-ce que d'une seule rentrée littéraire. Du coup, on va vers les livres dont on a déjà entendu parler, c'est inévitable, et on contribue à ce qu'on en parle encore plus. C'est un processus un peu plus subtil que ça, bien sûr : plus on est au fait de ce qui se passe dans la production littéraire, plus grand est le nombre de livres dont on entend parler - et je confesse que, il y a encore deux ans, je n'y connaissais rien, mais rien, en littérature française contemporaine, ce qui ne m'empêchait pas de donner des avis définitifs. Mais il est impossible de tout connaître et il est statistiquement nécessaire que de grands romans passent à la trappe - ce qui est vraiment tragique.
    Je suis d'accord avec Okuba quand il parle d'industrie : mais, là encore, c'est plus compliqué. Le livre (du moins les livres qui affichent une prétention littéraire) ne sont pas des objets de consommation comme les autres et les éditeurs (pas tous, bien sûr) ne sont pas tous des margoulins cupides. Dieu sait que j'ai eu des différends avec Albiana mais je ne soupçonne pas une seconde qu'ils aient publié mes deux premiers livres en se disant bêtement : chouette, on va se remplir les poches ! Non, ils l'ont fait en sachant que ce ne serait pas une affaire, et ils l'ont fait quand même, et d'autres éditeurs fonctionnent comme ça.

    JF (Jérôme Ferrari)

    RépondreSupprimer
  27. Jérôme,
    je pensais bien que JF renvoyait à toi, mais je me suis dit : il veut rester à peu près anonyme, alors je vais le vouvoyer et faire comme si je ne le connaissais pas. Je respecte toujours les désirs d'anonymat. Mais je me suis trompé en l'occurrence.

    Blogs de passionnés et critique professionnelle sont bien différents, nous sommes d'accord. Donc, il nous faut les deux, articulés, afin que la littérature corse (ou produite en Corse) vive véritablement. Et ce afin que l'on donner leur chance (ou une deuxième ou une troisième chance) au plus de livres qu'il sera possible.

    RépondreSupprimer
  28. Cher M. Renucci
    c'est dommage, nous n'aurons pas été jusqu'à trente messages. Une autre fois peut-être.
    J'aurais déjà eu droit au Saint-Esprit et à la Vierge vindicative, ce n'est déjà pas si mal quand on s'enfonce sur le terrain de chasse des dieux tutélaires.
    Bonne nuit
    Okuba

    RépondreSupprimer
  29. Mais on lui a fait quoi exactement à Okuba ?

    Le Fils, le Père, et Tancrède Paoletti.

    RépondreSupprimer
  30. Qu'on me pardonne : j'ai oublier de signer le recadrage intermédiaire, et la reformulation de la question initiale.

    À ce stade du débat, il m’était apparu que, dans mon billet, j'avais formulé le questionnement initial de manière trop vague, allusive et ambigüe, comme l'a d'entrée de jeu signalé Okuba. Avec pour effet un inévitable éparpillement des contributions. Or, si j’ai demandé à François Renucci s'il voulait bien passer mon billet sur son blog, c’est que le débat s’y développe, à l’inverse d’Isularama où les commentaires sont rares. Et la question de la critique, telle qu’éclairée par le dossier que je cite, me semblait mériter, plus qu’un signalement, une appropriation et une discussion, dans le cercle des passions que fédère ce blog.
    Je constate simplement que, viser l’appropriation d’un contenu et son développement dans un débat, est une démarche plus complexe que de viser un peu de buzz autour de documents divers exposés dans un blog « cabinet de curiosités ». Cela suppose davantage de précision dans l'énoncé des raisons de signaler tel document, des raisons d’inciter à le lire, des raisons d’inviter au débat. Parcourant à nouveau le déroulé des discussions, je constate qu’il y a bien deux temps et deux dynamiques distinctes : avant et après ce recadrage.
    Ces remarques ne me semblent pas à côté de nos interrogation. Elles les généralisent : Quelles propriétés doit réunir un texte situant un document, incitant à le lire, puis à agir ou réagir ? À cet égard, mon texte initial est visiblement défaillant, et le recadrage intermédiaire probablement plus efficient. Neutralité de ton. Formulation de questions.

    Voyant poindre maintenant dans la discussion une séparation entre d'un côté le monde des amateurs passionnés manquant de références et de technicité, et de l'autre le monde des critiques professionnels dotés de références étendue et d'une technicité bien rôdée, je dirai ceci :
    1° Toute expérience s'acquiert en commençant par balbutier, et il vaut mieux se lancer sur son courage et ses doutes, que sur son inconscience et les certitudes qui les accompagnent d'ordinaire. Le reste est affaire de temps, et de qualité du retour critique sur ses actes, par soi même ou par les autres. À cet égard, juger l’autre est mieux que le silence. L’informer de ce que l’on voit et pense, dans sa perspective, est mieux que le juger.
    2° S’agissant d'un champ aussi étroit que la littérature corse, plutôt que d'implorer une critique qui n'existe pas et déplorer qu'il en soit ainsi, faisons plutôt avec les moyens du bord. Et le bord en question, c'est loin d'être le radeau de la Méduse… Quoique se le dire permette de tout se permettre, jusqu’au cannibalisme, en mettant tout sur le compte du capitaine absent.

    RépondreSupprimer
  31. Okuba,
    puis-je vous avouer que je déplore le tour aigre qu'a pris parfois cette discussion. Je ne comprends pas. Tant pis.
    Par contre, j'ai été très intéressé par votre liste et j'en attends des suites. Il me semble que c'est à partir des désaccords qu'on peut avancer, mieux exprimer ses points de vue, affiner notre vision de tel ou tel livre.

    Xavier,
    merci pour l'identification des messages intermédiaires. Entre sous-entendus, réactions à chaud, allusions pas forcément bien comprises et principes mal explicités, il est vrai qu'une discussion (surtout par écran interposé) court le risque du malentendu et de la dérive. Beau risque à courir, d'accord avec toi. (Personnellement, toutes ces discussions, même imparfaites, me ravissent à un point que tu n'imagines pas.)
    Bref, que reste-il... de nos amours ? Nos envies communes de parler de nos lectures, de pointer du doigt les livres qui nous paraissent les meilleurs, les chéris, les préférés et... d'accepter que quelqu'un d'autre ne soit pas d'accord !

    RépondreSupprimer
  32. Cher M. Renucci,
    Je pense que l'aigreur est liée à la digestion. Il en est de la conversation comme de toute alimentation, les plats nouveaux insupportent.
    Il en est ainsi pour le cannibalisme, mais y a-t-il d'autres manières décentes de se nourrir ?
    Le radeau de la méduse est une fort belle image, qui indique bien la situation actuelle du marché.
    Pour en revenir à votre distinguo, je vous donne ma définition :
    critique professionnel : spécialiste du commentaire à qui l'on donne un panel de livres édités par la même entreprise que celle qui possède le journal dans lequel paraît le commentaire.
    blog passionné : alliance de mots. La passion se vit, et ne s'écrit pas.
    Qu'en pensez-vous ?
    Cordialement
    Okuba

    RépondreSupprimer
  33. Cher Okuba,
    ce que j'en pense c'est que lorsque la discussion devient le sujet de la discussion, je trouve cela dommage. Je n'ai qu'un désir : lire et entendre ce que d'autres lecteurs que moi ont lu dans les livres de littérature corse.
    Il me semble que vous avez déjà chroniqué ou présenté des ouvrages corses sur d'autres sites. Je préférerais que nous nous donnions ces plaisirs-là. Non ?

    RépondreSupprimer
  34. 1° Que la discussion devienne le sujet de la discussion peut parfois signaler un détour par le « discours de la méthode ».
    2° Comme le fait remarquer Okuba, on ne peut isoler le travail critique des conditions sociales de son effectuation et des particularités du champ — université, médias ou autre — où il s'exerce, notamment dans un appareil de production des marchandises culturelles aujourd'hui caractérisé par la main mise de grands groupes financiers sur tous les rouages stratégiques de l'élaboration, de la circulation et de la valorisation de ces marchandises. Leur spécificité ne les abrite de rien, bien au contraire, s'il s'agit in fine de prescrire les prescriptions les plus favorables à l'extension du domaine de la marchandise, qui est aujourd'hui un mix complexe d'offres techniques, et de cultures d'usages.
    3° Reste à savoir comment maîtriser cette offre technique, et comment développer sur elle des cultures d'usage qui nous ressemblent encore, et qui nous rassemblent encore. Le domaine professionnel de la documentation a posé très tôt l'idée qu'un document ne devient tel que si une requête pointe vers lui, et trouve sa pertinence dans l'existence préalable d'une capacité à le lire (très occasionnellement dans l'émergence d'une folle raison de le déchiffrer). Comment construisons-nous le champ de la littérature corse ? En répétant nos manières identitaires de faire circuler entre nous l'invidia ? Ou en maîtrisant l'offre technique, et en nous retroussant les manches pour créer, plus que des textes, la culture d'usage qui leur donne vie ?
    4° Sachons que la complexité fait peur. Sachons aussi que la peur favorise les régressions, au sens psychologique profond de retour au stade infantile. Dans un marché de la peur, la culture peut se réduire à une tototte sucée pour calmer ses angoisses. Désolé pour la frayeur…

    RépondreSupprimer
  35. Xavier,
    ok, la discussion peut être intéressante.
    Tu parles des "cultures d'usage qui nous ressemblent encore", bon : voyons les cafés littéraires de Musa Nostra par exemple, les blogs et sites, etc. Non pas d'invidia, une grande ouverture d'esprit et surtout accepter les critiques des uns et des autres.

    RépondreSupprimer
  36. Quel que soit le cas cité, il est toujours possible d'analyser l'existant pour ajouter à ce qui marche un petit plus dans la maîtrise de l'offre technique, comme dans le développement des usages internes liés au fonctionnement, et dans celui des usages externes liés aux prestations offertes.

    Si la fonction critique est distribuée (sa fonction étant remplie de diverses manières en différents points du territoire), il peut être utile de la caractériser, voire de construire un référentiel permettant à chaque acteur de situer ses actes par rapport à un schéma d'action plus général.

    Un surcroît d'aisance dans l'accomplissement des actes décuple le plaisir plus qu'il ne l'estompe.

    RépondreSupprimer