samedi 29 janvier 2011

Compte rendu bref, punchy et bienveillant


J'ai donc assisté à la table ronde d'auteurs qui a été proposée par la Fédération des groupements corses de Marseille et des Bouches-du-Rhone cet après-midi, dans le cadre de son traditionnel Salon du Livre corse. (Le salon dure encore toute la journée de demain dimanche, 34 auteurs vous y attendent, tous les livres corses récemment sortis, voir le nouveau site de la Fédération pour plus d'infos).

La table ronde a été animée par Serge Tomasini, président de la Fédération et Xavier Giacometti, trésorier, mais aussi cinéaste et dramaturge.

Les quatre auteurs invités à répondre aux questions furent : Céline Tafanelli (auteur de livres sur la cuisine corse aux éditions DCL), Jean-Claude Rogliano (romancier et cinéaste), André Giovanni (créateur de magazines, journaliste, romancier et poète), ainsi que Michel Vergé-Franceschi (professeur d'université et historien).

Les questions posées furent :
- Pourquoi écrivez-vous ?
- Qu'est-ce que l'écriture corse ?
- Quelles furent les langues utilisées par les Corses ?
- Est-il facile aujourd'hui de défendre l'identité corse de l'écrivain ?
- La femme héroïque n'est-elle pas un personnage éminent dans la littérature corse ?

Désolé, je ne vais pas retranscrire ici la totalité des notes que j'ai prises au cours de cette heure et quart de table ronde. Il a été souvent question de l'âme corse ou de l'esprit corse, donc des caractéristiques qui définiraient l'identité insulaire. Il fut souvent question d'émotion, de nostalgie, de valeurs. Dans une certaine euphorie, parfois. Je respecte ces sentiments et thématiques, même s'il me semble que la littérature corse contemporaine a, depuis un certain temps maintenant, proposé des regards et des sujets bien différents, parfois plus cruels ou lucides, remettant en cause une image trop "rose" de l'identité corse, ou plutôt de la réalité insulaire. C'est vraiment le sentiment qui a prédominé chez moi à la sortie de cette table ronde : que la littérature corse la plus en pointe n'avait pas été évoquée. Evidemment, ce jugement est discutable.

Je voulais dans ce billet simplement signifier mon plaisir et mon attente.

Plaisir, d'abord : de voir qu'un Salon du livre ne se contente pas de laisser les auteurs derrière des tables en attendant de signer leurs livres. Plaisir de voir que les auteurs se plient volontiers au jeu des questions-réponses.

Attente, ensuite : j'aimerais beaucoup que le prochain Salon du livre corse de Marseille multiplie ce genre de tables rondes, afin de pouvoir entendre un panel encore plus varié d'auteurs, il y avait l'embarras du choix parmi les auteurs présents. Peut-être autour de thématiques plus précises et restreintes, afin de voir les auteurs discuter leurs points de vue et pas seulement les juxtaposer. J'aimerais beaucoup aussi que le public soit systématiquement engagé à prendre la parole, afin que la discussion s'enrichisse à partir des attentes et lectures réelles de ceux qui finalement "font" la littérature, je veux dire "les lecteurs".

Ainsi, à la fin de la table ronde, j'ai demandé la possibilité de poser une question, accordée bien volontiers par monsieur Tomasini, et j'ai posé la question suivante : "Puisque monsieur Giovanni a évoqué son admiration devant la richesse de la production littéraire corse durant ces dernières décennies et puisque monsieur Rogliano a indiqué qu'aujourd'hui en Corse on trouvait à la fois des bons et des mauvais livres, je voudrais savoir quel ouvrage corse chaque auteur voudrait recommander au public."

Les réponses furent les suivantes :
- Serge Tomasini : ""I Raguagli di Corsica", un travail exceptionnel d'édition de la gazette du gouvernement de Pascal Paoli ; et aussi les romans policiers de Marie-Hélène Ferrari."
- Michel Vergé-Franceschi : "Je ne propose rien en particulier, je ne veux pas privilégier l'un par rapport à l'autre, l'éventail des publications est formidable et cela dépend de ce que chaque lecteur cherche."
- André Giovanni : "Je pense à tous les auteurs, je reste prudent. Lorsque je vois cet étalage de livres, j'ai envie de les prendre tous, particulièrement ceux consacrés à l'Histoire."
- Jean-Claude Rogliano : "Je pense à un livre : "L'homme de coeur" de Nicole Massé-Muzi (aux éditions Séguier, paru en janvier 2010), un livre remarquable, très très bon alors que souvent les livres qui évoquent notamment le thème de la vendetta ne sont pas extraordinaires. Et je pense aussi à un livre d'Elsa Chabrol, je ne me souviens plus du titre, je suis désolé." (Peut-être est-ce "L'Heure de Juliette" (aux éditions Jean-Claude Lattès.)

Deux remarques donc :
- il est parfois aussi difficile d'évoquer les livres qui plaisent que les livres qui déplaisent, par crainte de froisser quelqu'un, c'est bien dommage.
- on peut penser comme Jean-Claude Rogliano que "le tri n'est pas fait entre le bon grain et l'ivraie dans l'édition corse" mais il est peut-être encore plus important de pouvoir dire explicitement et publiquement les titres des livres qu'on n'aime ainsi que ceux que l'on désigne comme mauvais (sans que cela fasse un drame).
Comment fabriquer un espace public où discuter, si chacun s'interdit de dire ses préférences ou de faire des critiques ?

Pour finir, je prie chacun de bien croire que ce billet n'est pas une condamnation de qui que ce soit, ni une insulte, ni une marque de mépris. Je voulais simplement faire état d'un désir, d'une déception, d'une attente.

(la photo)

12 commentaires:

  1. Outre ces auteurs, étaient présents, si je ne m'abuse, M. Marcu Biancarelli et Md Anna Albertini.

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  2. Honnêtement, parler de la littérature d'aujourd'hui sans citer MB ou Jérôme Ferrari, c'est comme parler de la poésie française en 1895 et ne pas citer Baudelaire ni Rimbaud : c'est être complètement à côté de la plaque ! Ou alors, c'est du déni.
    D'une façon générale, je pense que le déni est le mal qui ronge la Corse aujourd'hui, en art comme pour toute chose. Lorsque quelque chose de qualité apparaît, les gens tournent la tête et font comme si ça n'existait pas... Et ils se font un plaisir en revanche de vous ressortir un bon vieux poncif pour bien vous faire comprendre que vous n'existez pas et que vous n'existerez jamais. Le vrai problème de la Corse est qu'elle est peuplée de gens névrosés qui détruisent l'intelligence. Et c'est la même chose pour la langue...
    PS: Je précise que je n'ai rien moi non plus contre les auteurs en question, mon propos est général.

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  3. J'ai commis une petite bévue, Marcu Biancarelli n'était pas au Salon du livre Corse à Marseille; c'était, de son propre aveu dans sa dernière chronique du vendredi, son fantôme. Outre cela on apprend qu'il a échappé de peu à un assassinat par brocciu...Nous aurions, si l'attentat avait réussi, perdu un des auteurs majeur de notre littérature. Heureusement il y a aussi Jureczek, Ferrarri, Desanti, de Negroni et d'autres. Mais ceux la n'étaient pas invités à Marseille.

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  4. l'article de MB sur sa "non participation" au Salon de Marseille : un morceau d'anthologie, il n'aura pas tout perdu

    http://marcubiancarelli.blogspot.com/2011/02/attu-mancatu-cronica-2011.html#comment-form

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  5. Hyacinthe Cacciaguerra, adjudant en retraite6 février 2011 à 11:29

    En tant que membre fondateur de l'organisation des anciens coloniaux insulaires des Bouches du Rhône, je m'insurge contre les propos calomnieux du sieur Biancarelli. Ce salon était un modèle du genre, tous les auteurs invités le reconnaissent, mis à part ce monsieur dont les écrits putrides déshonorent tous nos compatriotes. Il se plaint du bateau ? Qu'il rentre à la nage ! Et qu'il remercie le ciel de n'être pas tombé entre mes mains ! Je suis vieux mais je l'aurais traité avec la même rigueur que celle qui me valut le glorieux surnom de "Cours-ju" dans les Aurès en 59. Monsieur Biancarelli, vous n'êtes qu'un immonde fellouze !

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  6. Le blog de FXR en auto-gestion!! Volià que le bateau continue à voguer sans son capitaine, de quoi le faire réfléchir, peut-être? Non?

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  7. Honorable Hyacinthe Cassiaguerrat,
    Je vous suis gré d'opiner au sens que je partage. Votre discours a l'incidence de l'affluent et la vigueur du fleuve-mère. Quelle allégresse d'entendre en ce jour la vérité sur le sieur Biancarelit et consorts !
    Cette prétention à incarner une "littérature" faîte de bric à brac patoisant, et à exalter une "nation" qui n'est rien d'autre qu'un rocher perdu au milieu des flots, est insupportable.
    Cessez,je vous prie, je vous en supplie, M. Biancarelit, d'affecter cette différence, qui n'existe que dans la paranoïa de ceux qui vous apprécient sans d'ailleurs vous lire.
    Charles Edouard de Roque Serre
    Marquis de la Sinarque.

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  8. Bande de bras cassés, tortionnaires sur le retour, je vais vous en donner moi du bric à brac patoisant, du sabir franco-corse, du baragouinage insulaire ! Que descendent sur vos têtes des milliers de brousses (parce que le brocciu, le vrai, il faut le mériter) inodorantes et fades comme votre prose d'anciens du syndicat d'électrification du Bled.

    Sampiero Moreschi-Defond, berger di Niolou.

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  9. Mais je vous entends et vous attends, cher représentant du pastoralisme de tantôt.
    Mme Alliot Marie est à mes flancs pour soutenir ma pensée.
    Le Marquis de la Sinarque

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  10. Qu'elle vienne aussi, là où il y en a pour un, il y en a pour deux ! Et puis les duos c'est vachement pretique on peut se servir de l'un pour tabasser l'autre. En plus j'ai deux mains, ça tombe à l'enchantement comme on dit en patois de chez moi.

    Sans Pierrot Je suis perdu, pâtre nioulain.

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  11. Ne vous inquiétez pas FXR, je trouve votre intervention tout à fait intéressante, et très respectueuse. C'est ça aussi la critique... mais nous en reparlerons n'est-ce pas?
    Quelle prose merveilleuse que celle du Marquis de la Cinarque! Dois-je y reconnaitre la marque de....?

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  12. Françoise, merci pour le commentaire. Nous en reparlerons bien sûr.

    FXR

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