lundi 29 juin 2009

Retour sur le Festival du livre LIRE AU SOLEIL

Tout d'abord, dire mon sentiment de bonheur de voir se multiplier ainsi les manifestations littéraires, aussi variées dans leurs formes, leurs "sujets" que dans leur inscription géographique :
- festival du livre avec auteurs corses et non corses à Porto-Vecchio
- festival du polar méditerranéen avec animations variées à Ajaccio
- journée Libri aperti dans le Cap Corse
- à Bastia aussi, je ne me rappelle plus du nom de la manifestation littéraire (dans le cadre d'Arte Mare me semble-t-il)
C'est une bonne chose que de ne pas se contenter ainsi des journées du livre corse de la place des Palmiers à Ajaccio (qui n'offre que la possibilité de dédicaces).

Revenons au Festival du livre de Porto-Vecchio ; voici mon sentiment (ai-je besoin d'ajouter qu'il est partiel, partial, trop passionné pour être objectif ?), quel est le vôtre ?

La présentation de la plaquette éditée pour l'occasion dit ceci :

Ce festival du livre d'envergure nationale, à périodicité annuelle, pourrait faire de la Corse un haut lieu de réflexion et d'échanges sur les grandes questions littéraires. C'est dans cet esprit que nous avons conçu les thèmes des tables rondes du programme 2009 :
- "Dieu, sa vie, son oeuvre"
- "La modernité littéraire"
- "Les journalistes et le livre"
- "Ecritures méditerranéennes"
- "Réalité et littérature noire"
- "Voix de femmes du Sud"

J'étais présent le samedi après-midi (27 juin 2009), et j'ai pu voir deux des cinq débats prévus entre la veille et ce jour (les débats 4 et 5 de la liste ci-dessus). Ma mère a aussi pu rencontrer deux de ses auteurs fétiches : Jérôme Ferrari et Marie-Hélène Ferrari (+ bises et dédicaces). J'ai pu acheter "Murtoriu" de Biancarelli, un roman d'Ugo Pandolfi ("Du texte clos à la menace infinie", toujours aimé ce titre...) et les "Piccule fictions" (recueil de nouvelles policières dont la vente permet à différentes associations corses d'acheter des fauteuils pour handicapés).

Je voulais écrire ici un compte rendu de ces deux débats mais je me contenterai d'y faire allusion ; j'ai remarqué que la librairie organisatrice du festival ("Le verbe du soleil") filmait tout : nous pourrons tous voir et revoir les débats sur Internet (bientôt ?).

Les points positifs de ce festival :

- disponibilité et accessibilité des auteurs invités (après les débats ou aux stands de dédicaces devant la mairie et sur la place de la République - mais peut-être appelle-t-on cette place autrement ?)

- des débats qui mêlent (à égalité, dirai-je) auteurs corses et non corses ; c'est sous-entendre, sans psychodrame, que les écrivains corses participent de plain pied à la créativité littéraire mondiale

- des sujets assez généraux pour permettre à chaque auteur participant aux débats de dire la sienne

- enfin, des lectures d'extraits de certaines oeuvres (j'ai entendu lors du débat sur "Ecritures méditerranéennes", un extrait de "Mon voisin" de Milena Agus et un autre de "51 Pégase, astre virtuel" de Marcu Biancarelli par le comédien Christian Ruspini ; j'avais déjà eu l'occasion, par deux fois, de le voir sur scène jouer magnifiquement (à Aubagne) ou moins magnifiquement (à Furiani) "La confession de la bête", justement tirée du roman de Biancarelli). Pourquoi est-ce une bénédiction (pour moi) que ces lectures ? Parce que ces débats ont toujours tendance à devenir abstraits, à s'éloigner des textes (qui sont tout de même la cause première de tant de tintouin). C'est ainsi : généralement, les textes, les oeuvres disparaissent lors des salons et festivals littéraires !... D'où l'impérieuse nécessité et le plaisir toujours renouvelé de les entendre, de les lire, de les voir mis en scène, en images, etc... Grâces soient rendues à la personne qui eut l'idée de ces lectures et à Christian Ruspini : il me semble que c'est le seul et vrai moment au cours duquel nous avons pu un peu saisir et sentir ce qu'est cette "folie douce" des personnages de Milena Agus ou ce qu'est la violence glaçante de l'auto-analyse impitoyable du "poète" de "51 Pegasi"...

Passons aux points négatifs, les points à améliorer (selon moi, et selon vous ?) :

- à aucun moment (des deux débats auxquels j'ai assisté) le public n'a pu prendre la parole : il n'y a pas été invité en introduction, ni en fin de débat ! Je pense sincèrement que c'est un manque et que ce que nous apprend la "révolution numérique" (voir les blogs, les wikis comme wikipédia : pensate chì un wikipedia in lingua corsa hè custruitu da nimporta chì...), c'est justement qu'il n'y aura plus simplement des consommateurs (lecteurs) face à des producteurs (auteurs, éditeurs), mais de chaque côté, avec des façons spécifiques, des contributeurs...
Durant le premier débat, Milena Agus a insisté sur le fait qu'en Sardaigne, il y a des auteurs de la côte (Fois, Niffoi, Satta, Deledda) et des auteurs de l'intérieur (Atzeni et elle-même), tout comme il y a des "Sardi delle coste" et des "Sardi dell'interno". Ils vivent et explorent des espaces mentaux différents. J'aurais aimé demandé - publiquement (et non en privé après le débat) - s'il existe un dialogue entre ces deux catégories d'auteurs et d'oeuvres, s'il existe des oeuvres passerelles ou frontières... J'aurais aimé demandé - publiquement - aux deux auteurs corses présents (Jérôme Ferrari et Marcu Biancarelli) s'ils pensent qu'une telle catégorisation est pertinente en Corse...
Un peu plus tard, Milena Agus a évoqué la langue sarde, qu'elle ne parle pas, et elle a estimé que les efforts actuels pour lui donner une dignité qu'elle n'avait pas dans le passé relève d'une "mossa artificiale" (un mouvement, un élan artificiel). J'aurais aimé demandé pourquoi elle pense cela et si cela condamne définitivement la langue sarde dans ses perspectives d'évolution et j'aurais aimé demandé aux auteurs corses ce qu'un tel point de vue remuait en eux...
Un peu plus tard encore, Milena Agus a signalé qu'en Sardaigne, selon elle (elle a insisté sur l'aspetc très personnel de cette vision : "Io vedo questo"), il y a une forte recherche de normalité (sociale), de règles rigides... au contraire du cas corse, où Marcu Biancarelli estime que c'est souvent la folie ("je suis plus fou que toi") qui est valorisée... J'aurais aimé - publiquement - demandé à Milena Agus si c'est justement contre cette recherche de normalité qu'elle invente des personnages marginaux, décalés, fêlés, etc... J'aurais aimé demandé - publiquement - à Biancarelli si ses romans ne participent pas - par leur pessimisme - à la valorisation des comportements "fous"...

- deuxième point négatif : il me semble que l'animation des débats pourrait essayer d'évoquer ce qu'on appelle ici (sur ce blog) la "littérature corse". Non pas que je veuille imposer mes vues et mes perspectives à toutes et tous, partout ! Mais il me semble que cette perspective peut compléter et dynamiser de façon intéressante des débats qui peuvent parfois paraître un peu généraux, qui pourraient se dérouler au bord d'autres mers... Je suis ici un peu de mauvaise foi, car de la Corse il en a été question... mais justement, il a plus été question de la Corse que de la littérature corse.

- troisième point négatif : le même jour se déroulait une autre manifestation d'importance, la journée "Parlemu corsu", à deux pas de là... Il serait bon que ces deux organisations extrêmement intéressantes et sincères soient articulées, d'autant plus que le thème de ce jour était "lingua corsa, rock è mudernità" : le samedi soir, j'ai entendu chanter Petru Gambini et le groupe l'Altru Latu (Noi s'étant interrompu prématurément, malheureusement : la version du Dio façon Jimi Hendrix est vraiment époustouflante...). Pour moi, un album comme "Cunniscenza di u corpu umanu" des Cantelli s'inscrit dans l'imaginaire et la littérature corses... Entre parenthèses, je signale ici un autre groupe rock qui chante en langue corse : Ultim'attu (et ce n'est pas parce que mon frère est le chanteur que je le cite ici ! Enfin, oui, aussi !)

C'est tout pour ce soir, dite a vostra !

Et encore bravo aux organisateurs de ce festival : j'attends avec impatience le prochain !

30 commentaires:

  1. FXR était là pour Petru Gambini et on n'a même pas pu faire connaissance!! Colpa à Marcu : ci pudia avè pensatu...-))

    Dans le quotidien unique, comme dirait le "Journal de la Corse", sauf erreur de ma part, il a été fait la part belle aux écrivains de l'extérieur mais rien sur les auteurs corses, pratiquement pas de compte rendu des débats...peut-être y aura-t-il encore un ou deux articles demain, voire après-demain?

    La sortie de "Murtoriu" qui coincidait avec le festival et la signature de MB n'auraient-ils pas mérité un petit coup de projecteur : dans sa propre ville!

    Quant à moi, mobilisée côté "Collectif" parlemu corsu je n'ai fait que survoler l'autre manifestation.

    Biancarelli valorise-t-il la folie par le côté "noir" de ses livres? Non, en définitive je ne le crois pas : c'est plutôt qu'il nous fait souffrir volonairement en nous plongeant la tête dans de froides réalités : longtemps j'en ai ressenti un profond malaise car je suis une incurable rêveuse, jusqu'à ce que je comprenne que c'était "beau" d'être capable de regarder en face TOUT ce qu'on ne voudrait pas voir ou qu'on tente d'embellir pour ne pas souffrir. Le mal par le mal : c'est une thérapie, peut-être!

    Quant aux déclarations de Milena Agus sur le sarde elles me peinent : il n'y a donc pas que les jacobins français pour faire des hiérarchies ineptes,pour refuser la parité aux langues!

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  2. Francesca,
    1. Les occasions manquées de se rencontrer sont et seront légion ! Je suis trop discret et timide, c'est un défaut en l'occurrence ! Marcu n'est pas responsable, qui m'avait appelé en début d'après-midi, c'était à moi de me manifester. Sous les rares étoiles de Porti Vechju (du fait des lumières des lampadaires) j'ai solitairement goûté les créations rock corses... Je savais bien que ces deux manifestations auraient dû être articulées ! A une prochaine fois.

    2. Je n'ai pas vu les comptes-rendus du Journal de la Corse et ceux de Corse-Matin comportent d'intéressant surtout une interview de Milena Agus (avec une comparaison assez étonnante et qui aène à réfléchir entre la Sardaigne et la Corse) ; j'ai entendu l'interview de Jean d'Ormesson par Sébastien Bonifay sur France 3 Corse : à la question "Un académicien français comme vous soutient la langue corse ?", il a répondu qu'il défendait la langue française et qu'il souhaitait que les Corses défendent leur île et leur identité mais il n'est pas revenu sur le point de vue de l'Académie française s'opposant à l'inscription des "langues régionales" dans la Constitution française... Il a aussi avoué qu'il appréciait les chants corses mais qu'il ne connaissait pas la littérature corse, puis a cité Angelo Rinaldi et Marie Ferranti. Cela aurait été une belle occasion d'inviter Jean d'Ormesson à "Parlemu corsu" et au concert du soir !

    3. J'en profite pour vous demander si les manifestations de "Parlemu corsu" laissent des traces ? Comptes-rendus, films : pourquoi ne pas utiliser plus le web et le multimédia ?

    4. Folie et oeuvre de Marcu Biancarelli : d'accord avec l'idée que ses livres provoquent à la fois malaise et apaisement. Voyons quel passage de quels livres pourrait "illustrer" ce double sentiment... Pour un prochain "récit de lecture"...

    5. Milena Agus et le sarde : ce n'était pas une attaque contre le sarde, je ne l'ai pas compris comme cela ; elle évoquait plutôt un état de fait (elle ne condamnait pas a priori le sarde par une "hiérarchie inepte" ou en lui refusant par principe "la parité", elle n'est pas une militante. Mais encore une fois il faudrait approfondir la question avec elle.

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  3. Il y a le site du collectif sur Internet, mais il ne fait pas ce que tu suggères...

    Aujourd'hui dans l'émission "Dite a vostra" sur RCFM on entendra une partie du débat.
    Entre 13 heures et 14 heures (possibilité de l'écouter sur Internet)

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  4. A propos de Jean d'Ormesson, postface de son " Et toi mon coeur pourquoi bats-tu " (sorte d'anthologie de ses textes et poèmes préférés) chez R.Laffont, 2003, je cite :
    «Peu d'écrivains de la seconde moitié du XXeme siècle, et pas un seul auteur vivant ! Le choix entre les vivants était trop difficile et j'avoue connaitre moins bien, et peut-être mettre moins haut, notre deuxième après-guerre où j'ai pourtant vécu.»
    Question : comment peut-il mettre moins haut s'il connait moins bien ? Char, Bonnefoy, Jaccottet, etc. aux oubliettes de l'académicien ou dans les douves de son chateau vendu qu'il ressasse de livre en livre...
    Donc manifestation pipole, sans aucun intèrêt sinon commercial! Dommage pour Marcu et Jérôme...

    ( et on ne sait toujours pas qui est Francesca)

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  5. Mais qui est Francesca ? Moi qui le sait, tout en ne l'ayant jamais rencontrée, suis-je plus avancé que ça ?

    Concernant la critique du festival comme "manifestation pipole", que je trouve légitime, il faudrait argumenter un peu plus, et notamment par l'exemple : étiez-vous présent ? qu'est-ce qui vous a incité à penser cela ? est-ce à dire qu'il n'y ait eu aucun point positif dans cette manifestation ? l'une des voies pour la littérature corse n'est-elle pas de participer à de tels débats, avec des auteurs d'autres littératures, voire d'une littérature mondialisée ?

    Il faudrait avoir le sentiment de Marcu Biancarelli et de Jérôme Ferrari ou des autres auteurs corses ayant participé (Fabienne Maestracci, Marie-Hélène Ferrari, etc.) : mais peut-être est-ce difficile à énoncer ? Et pourtant, c'est le début du commencement d'une vie littéraire...

    Personnellement, je suis en désaccord avec vous : je n'ai pas vécu un festival "pipole" (même si je ne suis resté que quatre heures) et je pense qu'il faut travailler à faire évoluer les choses, et non les rayer d'un trait de plume, non ?

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  6. J'y pense:

    Mais qui est donc "Anonyme"?? Cela serait peut-être encore plus intéressant que de savoir qui je suis, moi...Est-il "Un" ou sont-ils plusieurs? Disons donc: "qui est l'Anonyme qui veut savoir qui je suis?" (et qui ne serait guère plus avancé, cmme FXR...)

    Parmi les participants de Portivechju j'ai vu qu'il y avait Ariane Chemin, dont l'article dans le Nouvel Obs sur Alain Orsoni (intitulé "Le bel Alain et les tueurs": bof), ne m'a pas impressionné par sa clarté ni par sa rigueur, on y apprend d'ailleurs en passant que "l'acula marina" (la mouette) est une espèce protégée en Corse!? Au moins, j'ai ri un peu...Pour le reste, certains journalistes devraient se lancer dans le polar plutôt que d'écrire sur la Corse en en rajoutant des louches inutiles. C'est vrai que ces temps-ci, il y a de quoi faire.

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  7. Je viens de lire le "papier" d'Ariane Chemin, je ne l'ai pas trouvé si mauvais, m"lange de passages obligés (scènes vues, analyses, résumés) et de style détaché, un brin amusé presque.

    Du point de vue des figures : un fonctionnaire continental (Leclair ! même les noms jouent l'ironie) posé au bord de l'eau à Ajaccio, environné et agacé et finalement ulcéré par les cercles des goélands ("acula marina", d'ailleurs écrit "agula marina" ; je n'ai jamais compris pourquoi il y avait tant d'erreurs dans l'écriture des mots corses dans les écrits de non-corses) et des "natios" ou des "voyous insulaires"...
    Voir ici : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2328/articles/a403819-.html

    On retrouve cette image du fonctionnaire continental agacé au bord du golfe d'Ajaccio dans le très intéressant "Les Potirons, l'Inspecteur et le gecko" (Albiana, 1992) : l'inspecteur académique regarde un bateau entrer dans le golfe, et s'irrite de sa lenteur je crois...

    Répétitions, variations, narrations qui hantent ou gouvernent notre imaginaire...

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  8. Amusé...? Il n'y a pourtant pas de quoi, sauf toujours dans ce fameux esprit que j'appelle "Mérimesque" : mais qu'ils sont donc curieux ces humanoïdes Corses, regardez!

    Je déteste les phrases du genre : "en Corse, on peut être tué sur de simples suppositions". "En Corse, on meurt toujours pour plusieurs raisons". Je préfèrerais de vraies analyses, des révélations éventuellement, des INVESTIGATIONS réelles, et que soient évitées un certain nombre d'affirmations douteuses, ce serait mieux, mais certes moins "sensationnel" : je le répète, la réalité est déjà assez dense, inutile d'en rajouter.

    Mais le livre de Thiers que tu cites : excellent!!

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  9. D'accord avec toi, Francesca, sur le fait qu'il n'y a pas de quoi être "amusé", c'est pourtant l'impression que me donne le style de cet article (un détachement qui semble prendre un peu les choses à la légère).

    Ce qui m'attire c'est le retour de schémas mentaux (fables, formes, figures) même dans des articles de journaux.

    Tu dis que le livre de Thiers est "excellent" ; donc voici ma proposition : chacun cherche de son côté un passage qui lui a plu (j'en ai en tête), puis nous préparons, via nos mails respectifs, un billet à deux sur ce livre, non ?

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  10. Pour répondre à Clément ou Xavier, j'avoue être un peu fainéant et ne pas aimer écrire trop longtemps surtout pour blablater, donc je vais à l'essentiel auquel vous n'avez pas répondu ou "argumenter" d'ailleurs : la critique du président (pipole) de ce festival pipole (je maintiens)suite à sa postface dans le livre nommé plus haut.
    Je cite le maire de Portivechju (grand pipole devant le manque d'éternel) «C'est bon pour l'image de marque !» Bien sûr on organise en juin, on parle de nous (en bien mais plus tard en mal (pour parodier Voltaire))et basta. D'autre part la vie littéraire en Corse n'a pas attendu cette manifestation pour exister, elle existe, elle existait aussi avant la création de ce site (dont j'apprécie tout de même la qualité).

    Fancesca je resterai anonyme (pour plus de détails voir la réponse de Clément ou Xavier à ma requête initiale, cela dit je crois savoir qui vous êtes.

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  11. A Anonyme-qui-tient-à-le-rester (et pourquoi pas ?),

    1. Vous dites que je n'ai pas répondu à votre critique de Jean d'Ormesson basée sur une phrase d'un de ses livres. Sur le fond ("comment peut-il mettre moins haut s'il connait moins bien ?"), votre critique semble pertinente ; et sur la forme aussi, puisque ce festival est consacré aux auteurs contemporains ; conclusion : Jean d'Ormesson était-il la personne adéquate ? Ce qui me gêne personnellement encore plus est que ce soit un résident régulier en Corse et qu'il ne connaisse visiblement pas ou ne se soit pas intéressé un quelconque livre de littérature corse (quelle que soit la langue choisie).

    Donc, nous pourrions dire effectivement que le président d'honneur a apporté par son nom une caution "pipole". Et après ?

    Ma question est : que voulons-nous que soit ce festival ? Certains "usagers" d'un festival : les lecteurs en l'occurrence, peuvent-ils exprimer leurs critiques, leurs louanges et influer sur l'évolution d'un festival ? Pour cela il me semble que votre critique serait encore plus intéressante si elle faisait aussi une proposition positive. Et enfin, je persiste pour y avoir assister (est-ce votre cas, vous n'avez pas répondu, pour le coup), j'ai trouvé de bonnes choses dans les débats et les lectures (vous non ?)

    2. Je ne crois pas avoir dit (ni les organisateurs du festival) que la vie littéraire corse était née avec ce blog ou avec ce festival... Je vous remercie en passant pour l'appréciation du blog. Votre remarque est intéressante cependant : pouvez-vous indiquer quels sont les lieux (physiques, papiers ou numériques) qui selon vous participent activement à la vie littéraire corse ; lesquels appréciez-vous ?

    3. Enfin, vous l'avez compris l'objet de ce blog n'est qu'indirectement l'actualité littéraire et la vie littéraire corse ; l'objet premier et essentiel est de partager ce que nous avons aimé (ou détesté) lire dans la littérature corse, si possible en citant la ou les pages qui nous restent en mémoire. Voudriez-vous réponde à cette sollicitation ?

    4. Enfin, je ne tiens personnellement pas à l'anonymat (qui ne me dérange absolument pas chez les autres, dans le contexte de ce blog). Je m'appelle François-Xavier Renucci, je suis professeur de français à Aix-en-Provence et j'anime ce blog. On peut m'écrire personnellement au mail qui est en haut à gauche de ce blog. Par contre, je pense qu'il peut être impertinent de réclamer l'identité de quelqu'un à tout bout de champ, surtout lorsqu'on tient soi-même à l'anonymat (à moins qu'il y ait un jeu là-dessous, mais j'ai peur que ce jeu n'ait pas grand intérêt, surtout sur ce blog, non ?)

    A très bientôt pour échanger sur des sujets plus proprement littéraires.

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  12. Hélas, il y a un temps fou que j'ai lu le bouquin de Thirs et je ne sais absolument pas où je l'ai mis. je n'ai pas une mémoire telle que je puisse citer des pages, mais je vais chercher où ce livre a bien pu dispara^tre (certainement dans la maison "in paese"!!)

    HOOOOOO Je me suis mise à écrire en français depuis quelques jours: que s'est-il passé? LOL

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  13. Quel intérêt ce mélange des genres? Des auteurs qui sont la pour le soleil (et même pas pour "lire" si j'en crois FX)et que l'on voit par ailleurs en permanence à la télé... et qui le plus souvent écrivent avec leurs pieds n'ayant pas grand chose à dire (où en est la littérature française?). "Nos" auteurs au milieu pour dire quoi? qu'ils existent? qu'ils sont des pairs de ceux là? qu'ils rêvent d'être à ce niveau (là on se pose des questions)?
    Je crois que ce genre d'agapes qui ne trompent que les journaleux locaux, sont des jeux de cons : si tu y participe, tu passes pour un con et tout le monde te vois (voir l'interview de Ferrari à France 3, louant ce rendez-vous de rombières), si tu n'y vas pas, tu passe pour un con et personne ne te vois...
    Il n'est pas question de littérature ici, mais d'essayer d'exister médiatiquement, ce qui manque cruellement aux auteurs d'ici. Je crois pour ma part que cette rencontre entre auteurs n'est pas plus bénéfique que pour un footballeur de serrer la main de Rothen quand il vient en vacances. C'est le syndrome Clavier, bien connu à Portivechju. Quant au public il n'est pas convié pour rencontrer mais pour consommer. Tout à fait louable dans un monde où la culture est avant tout désormais une marchandise.
    Alors bien sûr, il va falloir que je dise que je n'y étais pas... ah ah ah en voilà un mauvais coucheur qui dénigre et qui ne propose rien : je n'y étais pas parce que je pense qu'il ne faut pas se prêter à ces mascarades, ni en tant qu'auteur, ni en tant que public (sauf bien sûr pour obtenir un autographe de d'Ormesson pour Mémé, avant qu'ils ne passent l'arme à gauche, mémé et lui).
    "Nos" auteurs, ne sont pas "nos" auteurs. Ils sont eux-mêmes et dès que pointe un micro, ils sont comme les autres, ils pérorent, pourvu qu'on les connaisse et reconnaisse. Ils sont humains et ne représentent qu'eux-mêmes (ce qu'ils expliquent d'ailleurs depuis de longues années dans ces mêmes médias). Ils ne veulent pas de ce "nous" dans lequel nous, public insulaire, voulons absolument les faire entrer et en définitive ils ont bien raison. J'en déduis donc que les auteurs en question qui disent au public se réjouir de ce "mélange", prennent ce public pour des billes : il n'est pas question, une minute dans leur esprit de littérature corse, de faire du bien à cette littérature, de la sortir de son ghetto, mais de littérature telle que pensée aujourd'hui dans les cercles parisiens (un cinquième d'écriture, deux cinquième de comm', deux autres d'entregent). Cela s'appelle du grenouillage. C'est loin de la littérature, par contre c'est bien en train de devenir notre culture.
    Ce festival c'est un spectacle et puis voilà... d'ailleurs, à bien y penser c'est peut-être simplement une extension masquée du fameux festival de l'humour...
    Heureusement, ce genre d'expérience n'aura aucune influence sur leur écriture... n'est-ce pas? Et nous pourrons continuer, dans nos songes éveillés, à les dire "nôtres".
    Pipol un jour, pipol toujours...
    ("ah si j'étais riche", chantait Ivan Rebroff à l'époque).

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  14. Une chose est sûre, François-Xavier (je suis ravi de faire votre connaissance virtuelle et épistolaire) je ne me tromperai plus de prénom, ce qui est impertinent je le concède, ce qui l'est moins c'est d'affirmer un travers de son identité en cherchant (comme le faisaient nos anciens (nous ne sommes ni mardi ni dans le salon de Mallarmé)) à savoir qui est qui.

    L'affaire d'Ormesson étant réglée, avec tout le respect du à son âge respectable (et sans exagérer car enfin il ne sera jamais Chateaubriand, je le lui confirme (ce qui n’empêche qu’en son temps j’avais apprécié son Mon dernier rêve sera pour vous )), tentons de répondre à votre première question en la reformulant : comment pouvons-nous convaincre l'organisateur(trice) de revoir sa copie ou plutôt son brouillon afin d'affirmer et d'affermir une littérature corse totalement décomplexée sur les tables des librairies donc chez les lecteurs ? la réponse est évidente : rien ! car je suis à peu près persuadé que le succès populaire de cet essai l’a convaincu(e) de n’y rien changer !
    Sinon avoir la talent d'un Jérôme Ferrari, d'une Marie Ferranti ou d'un Marcu Biancarelli ( j'anticipe mais la reconnaissance d'un éditeur national viendra sous peu pour Marcu j'en suis persuadé) et d'organiser des rencontres non pas exclusivement ici (avec des invités bien plus attirés par le soleil et la destination exotique que par le lire corse) mais par exemple aux multiples salons du livre existant (tout en évitant de les accoupler à la "traditionnelle » présentation de nos spécialités gastronomiques) et de ferrailler avec les chroniqueurs littéraires de tout poil.
    Il serait tout aussi raisonnable d’inviter une fois par mois et l’hiver (moins de possibilité de doublon) un seul auteur (au talent reconnu) alors plus réceptif et de le confronter à un des nôtres, il serait ainsi plus apte à divulguer les talents insulaires hors de nos rives.

    J’ai beaucoup écrit ce soir et je le confirme je n’aime pas cela, je répondrai un autre jour aux questions posées.

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  15. Francesca, ùn hè micca un prublema : pudemu parlà tutte e lingue nant'à stu blog. Ma cunfessu chì mi face piacè di riceve messaghji scritti in corsu : cuntinuemu à move ci trà e nostre duie lingue, no ?

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  16. A Anonyme, maintenant totalement non reconnaissable avec votre burqa !

    Merci de vous faire autant violence pour expliciter aussi précisément votre point de vue.

    Disons que je suis totalement d'accord avec vous : un festival "pipole" pour "image de marque" touristique à usage commercial, espace de survie médiatique pour auteurs en mal de reconnaissance et finalement festival fossoyeur de la vraie littérature (corse ou non). Je crois que cette vision, cette expérience peut très bien cohabiter avec une autre expérience qui n'est pas négligeable :
    - des rencontres entre des lecteurs et des auteurs avec possibilité d'échange (c'est le minimum dans une manifestation littéraire et ce n'est pas rien, même si cela ne me suffit pas, personnellement)
    - des débats, je le répète, où certains propos échangés m'ont donné à réfléchir à la littérature (j'en parle dans le billet) ou m'ont permis de découvrir ou de mieux comprendre la "façon" de penser des auteurs, en les écoutant parler, en les regardant écouter les autres auteurs, en voyant comment ils réagissent. Certains m'ont paru enfermés dans une pensée personnelle qu'ils dévident sans s'émouvoir des objections, d'autres faire attention au contexte de leur prise de parole au point de se couper les ailes ; on ne va plus vers leur oeuvre de la même façon après cela ; ou plutôt, le retour à l'oeuvre réclame qu'on finisse par se détacher d'une certaine image fantasmée de l'auteur pour faire l'effort d'établir une relation plus personnelle avec le texte ; etc etc.
    - des lectures qui font entendre les textes.

    Par ailleurs, je persiste à penser que tous les "participants" à une manifestation (lecteurs compris) peuvent et doivent la faire évoluer.

    Je reprends contact aujourd'hui par mail avec les organisateurs en leur envoyant les liens vers les deux billets de ce blog consacrés à ce festival : histoire de voir les réactions et d'entrer dans un dialogue fructueux.

    Vos propositions positives me paraissent très pertinentes :
    - investir les salons du livre ailleurs qu'en Corse (il faudrait des débats au Salon du Livre à Paris, notamment, à voir avec l'Association des éditeurs corses)
    - focaliser sur la question de la littérature (corse), hors "package" culturel (gastronomie, chant, art de vivre) : sur ce point le Festival de Porti Vechju ouvre quelque chose d'intéressant ("grandes questions littéraires")
    - débats ouverts avec des professionnels de la critique (à préparer longuement pour éviter des mesquineries de pensée, pas toujours méchantes, du genre : "Il existe une littérature corse ?")
    - un dialogue entre un auteur corse et un auteur non corse (à réfléchir : la liste de ces "couples" la plus pertinente, la plus susceptible de créer un vrai dialogue)

    Merci encore, et à bientôt donc.

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  17. C'est totalement contradictoire mon cher anonyme de râler contre cette misère intellectuelle, affichée et revendiquée, à Porto-Vecchio et de réclamer "la reconnaissance d'un éditeur national" pour Marcu Biancarelli. Ah oui, que Biancarelli deviennent enfin l'égal de Marie Ferranti... qu'il soit enfin adoubé par les bons éditeurs, les bons médias, le bon public... Qu'il devienne enfin le bon cheval de la bonne écurie et qu'il nous gagne des prix d'Amérique ! ah que ce serait beau. Nous pourrions être fier de lui...
    Je crois que, comme l'invite FX, nous devrions revenir à la littérature... et à nos lectures... Un auteur n'est pas meilleur s'il passe chez Ruquier... il est meilleur si à chaque écrit il offre quelque chose à son lecteur, de mieux, de plus.
    (au fait, c'est quoi au juste cette "reconnaissance" de la part de l'éditeur national? quelles formes prend-elle? voilà un joli débat en perspective pour votre blog, FXR)

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  18. Deux échos :

    1. Où en est la littérature française aujourd'hui ? (demande Anonyme). Une bonne façon de s'en rendre compte c'est d'aller voir dans le "Viart et Vercier", déjà la seconde édition, chez Bordas : http://www.editions-bordas.fr/ouvrage/la-litterature-francaise-au-present

    Cet ouvrage est passionnant, traite de la littérature française depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui, met les choses en perspective, fait des choix critiques, assume une position, se renouvelle. (Ce serait un plaisir d'avoir le même ouvrage pour la littérature corse).

    2. Concernant la "reconnaissance" d'un grand éditeur, ou au niveau national, ou à la télé, ou dans les blogs littéraires, etc. Je ne suis pas contre différents niveaux, cercles, domaines de reconnaissance ; pourvu qu'ils élargissent le lectorat d'une façon intelligente, sans caricaturer l'oeuvre, l'auteur, etc. Est-ce possible ? Mais pour commencer, je crois qu'il faut commencer par une reconnaissance "interne", et j'en reviens à la question qui fonde ce blog : qui lit vraiment quoi et comment, avec quels effets ? qui apprécie ou n'apprécie pas vraiment tel et tel ouvrage ? Est-ce possible de fonder une vie littéraire sur ces questions sans dépendre d'abord et a priori d'une reconnaissance critique depuis un centre symbolique ?

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  19. Pour le 1/ vous semblez particulièrement bien placé pour vous charger de la suggestion.
    Pour le 2/ Nous n'aimons que le bacalà et sommes prêts à en fabriquer le cas échant.
    Vos questions fondent un espoir et je crois que oui en définitive, nous pourrions nous y mettre, avec nos propres cerveaux, à regarder en face cette production littéraire. Mais pour cela, il faut se départir de ce centre symbolique, qui n'est pas que physique. Je crois que Frantz Fanon dirait que nous l'avons intégré dans nos structures mentales. De là, la difficulté de s'en extraire. Inutile d'essayer de chasser le naturel..
    C'est l'histoire d'un peuple colonisé... et qui parfois feint de l'ignorer... ou ne veut plus de lui-même...

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  20. Cher Anonyme,

    1. concernant l'écriture d'un livre de référence sur la littérature corse, j'y participerais volontiers si j'avais le temps et aussi les compétences nécessaires (j'ai pas mal lu, mais je suis très loin d'avoir tout lu et surtout d'avoir lu toutes les oeuvres importantes, j'ai bien des limites, notamment linguistiques) ; c'est pour cela que ce blog me correspond tout à fait, ma parole de non-spécialiste passionné (nous pourrions dire "amateur") s'y déploie sans trop de scrupules, et j'invite tout passionné à en faire de même.

    2. Concernant l'espoir que vous voyez poindre dans mes questions ; pourquoi ne pas commencer à y répondre vous-même ? J'y reviens : un des meilleurs remèdes au complexe d'infériorité et de regarder ces petites choses dérisoires et très concrètes que sont les textes (plutôt que d'échanger ces grandes choses importantes et bien abstraites que sont les idées ; et je n'ai rien contre les idées...) Donnez-nous une page d'une oeuvre corse que vous aimez, non ?

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  21. Deux mots seulement parce que j'ai perdu le fil en lisant tous ces messages (qui au passage font bien plaisir et donnent vie au blog).

    Pour ce qui est des occasions ratées et des rencontres qui n'ont pas eu lieu : franchement désolé mais j'étais moi-même pas mal pris par les deux manifestations et la présence de nombreux amis. D'ailleurs à être partout à la fois, on finit par n'être nul part et finalement c'était un peu mon cas. Mais je ne m'inquiète pas, je sais qu'il y aura bien d'autres occasions de se retrouver, et puis nous sommes tous assez grands pour faire fonctionner les mails et les numéros de téléphone, donc laissons les choses se mettre en place. Juste un petit regret : après le concert de Gambini je suis parti manger avec lui et des amis et je n'ai plus pu voir ni Francesca ni FX que j'aurais bien aimer retrouver. Bon, je sais, je suis un peu dans le message privé là...

    Autre point que j'ai envie de relever parmi les différents messages : je n'ai pas non plus compris les mots de Milena Agus à propos de la langue sarde comme un discours comportant quelque volonté d'ostracisme que ce soit. Elle a bien fait selon moi un simple état des liens et rien de plus. N'importe qui qui irait aujourd'hui en Sardaigne se rendrait bien compte que la marginalisation de la langue sarde est en route, même si les italiens n'ont pas le même rapport que nous aux langues régionales et nationales. De plus le constat de "l'artificiel" me semblait bien vu. Si on me posait la question par rapport à la Corse je répondrais peut-être aussi que par bien des aspects les "prises de conscience" culturelles le sont aussi.

    Enfin je sais plus quel anonyme parle des postures des auteurs corses ("nos auteurs"), qui vivent dans l'attente d'une reconnaissance, d'une médiatisation, qui passent pour des cons quand ils jouent le jeu, etc. bon là il y aurait trop à dire. Alors juste sur la pseudo "pipolisation" qui nous touchent : c'est peut-être le miroir déformant des médias qui pousse à porter certains jugements, mais de grâce, revenons simplement sur terre. D'abord je ne vois pas pourquoi un écrivain, quel que soit son pédigrée, devrait refuser de répondre à des invitations où public et auteurs sont présents, ensuite arrêtons de nous imaginer dans des cocktails avec le petit doigt levé et des suçages de joues de tous les côtés. Parce que là ça relève carrément du délire...

    Bon, très bien la réussite de ce billet. Et pour ma part très bien aussi l'organisation du festival. J'ai pas pu y être très présent mais ça m'a permis quand même de rencontrer des auteurs intéressants, et nombre de lecteurs avec qui il était sympa d'échanger.

    MB

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  22. Caru Marcu,
    perdre le fil en lisant les commentaires, c'est effectivement possible tant les propos peuvent s'entremêler (il faudrait que je fasse un schéma arborescent, et l'on pourrait cliquer sur les différents points de l'arborescence, ce serait beau...)

    Sur la question de l'aspect "artificiel" des prises de conscience linguistiques et des efforts pour soutenir telle ou telle langue, je trouve que les efforts déployés par toutes les associations et institutions auront besoin d'un statut qui place les deux langues à égalité (co-officialité, enseignement obligatoire)... Et pour la question de l'usage public de la langue via un effort personnel (jamais facile : personnellement il m'arrive d'échanger oralement - toujours de façon inquiète, quelquefois difficilement, avec un certain plaisir aussi - en langue corse avec quelques personnes proches, jamais au moment d'une manifestation publique avec des inconnus), il me semble que la notion de "répertoire linguistique" peut être utile : la réalité est que chacun dispose d'un "répertoire linguistique" beaucoup plus vaste et évolutif qu'on le croit généralement. A des degrés très divers, nous pouvons comprendre à l'oral, lire, parler, écrire plusieurs langues (pas seulement le français ou le corse) ; il s'agit de proposer tous les dispositifs possibles (comme ceux de "Parlemu corsu") pour permettre à chacun, avec le moins de difficulté possible, de pratiquer tout ou partie de ces compétences... Vaste programme, mais encore une fois, un cadre officiel marquant symboliquement l'égalité des langues importantes et permettant les contacts avec les autres langues semble nécessaire.

    Revenir sur terre : oui, par exemple : de quoi sera fait le prochain Festival du livre de Porti Vechju ?

    A bientôt, sur la toile ou ailleurs !

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  23. Il n'y a évidement pas la moindre contradiction dans mes propos cher anonyme de 09.33, mais peut-être qu'emporté par le vivifiant bougement de ce blog vous avez lu mon message avec moins d'attention. Peu importe, je retourne donc à mes lectures et à mon écriture spasmodique dans un anonymat souhaité et revendiqué qui me sied à merveille.

    Salut à vous François-Xavier, ce fut un plaisir.

    Le fatigué de blablater.

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  24. J'y travaille au prochain festival (festival Cuntorni). Le programme sera bientôt bouclé et on pourra en parler, mais je peux déjà annoncer que seront présents : Marcello Fois, Francesco Abate, Maurizio Mattiuzza, Gérard Jacquet, Claude Sicre, Najat El Hamri, Jérôme Ferrari, Jean-Yves Casanova (j'espère !), Etienne Cesari, Paul Desanti, Marceddu Jureczek, Jacques Fusina, etc... Et puis le rêve c'est de faire revenir Milena Agus qui nous a laissés sous le charme.

    Ce sera début octobre (les 2 et 3) et il s'agira de la troisième édition d'un festival déjà organisé à Gorizia (2006) et Perpignan (2007).

    Pour la musique : Enedina Sanna et Enzo Favata, Lino Straulino, Pierre Gambini. Et j'espère les chjami è rispondi d'Ancey, Parigi, Terrazzoni è uni pochi d'altri.

    MB

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  25. J'ai le plus profond respect pour l'auteur Milena Agus (pour avoir beaucoup aimé "mal de pierres") et je ne sais pas ce qu'elle pense vraiment au sujet des langues.
    Dire qu'il est "artificiel" de promouvoir une langue ou de tenter de la sauver c'est a contrario accepter comme "naturelle" la mort des langues. Or, on sait bien que cela n'a rien d'un mouvement naturel, que cela tient précisément au statut qu'on leur accorde. FXR, tu peux toujours rêver, mais à la France il faudra encore au moins cent ans pour accepter une telle idée : les langues "de France" auront alors disparu (et peut-être même le français par la même occasion, car tactiquement le français devrait s'allier aux langues dites régionales dans son combat contre l'anglais, par exemple)

    Je préfère donc des tentatives de réanimation artificielle du malade à l'acceptation des évolutions actuelles vers un appauvrissement linguistique. De même que sauver l'ours polaire va avec la volonté de sauver la planète elle-même, sauver une langue pour moi est sauver le génie de l'humanité.

    Mais peut-être voulait-elle parler d'autre chose, car "le sarde" en vérité ce sont, en simplifiant, deux grandes variétés "sardes"(logudorese et campidanese) et deux variétés "corses" (gallurese è sassarese). Dès lors, peut-être est-il artificiel de traiter ces deux groupes comme une seule langue?? Etait-ce ce qu'elle voulait dire?

    Pour le corse peut-être en sommes-nous à une réanimation artificielle mais il arrive que l'on sauve des malades ainsi et qu'ils se remettent à vivre.

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  26. A Marcu,

    le prochain festival Cuntorni est très alléchant, je ne connais pas la moitié des auteurs cités.

    A Anonyme-qui-n'aime-pas-blablater,

    au déplaisir de vous voir quitter la discussion, au plaisir de vous y retrouver d'une manière ou d'une autre (je suis certain que regarder ensemble un texte choisi par vous n'équivaudra pas à du blabla)...

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  27. A Francesca,

    le prochain festival Cuntorni à Porti Vechju permettra peut-être de creuser la question des langues avec Milena Agus, si elle revient, comme c'est espéré.

    Quant à l'ours polaire qu'est la langue corse, je suis sûr (!) que nous arriverons à une articulation officielle dans une société bilingue ; je ne sais pas comment (j'ai toujours rêvé que l'assemblée de Corse décide, au vu des refus parisiens, de bloquer le système...). Cela passe peut-être d'abord par l'imaginaire collectif : que l'idée elle-même cesse de paraître irréalisable, inutile, incongrue, dangereuse, etc. Et il me semble que le biais d'une littérature multilingue peut jouer un rôle dans cette affaire (sans chercher à instrumentaliser les oeuvres ou les auteurs ou les lecteurs bien sûr).

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  28. Programme effectivement alléchant que celui de Contornu à Portivechju (avec toutefois la prise en compte des critiques ici formulées sur Lire au soleil notamment par FX afin d'en éviter les erreurs). Nous avons hâte d'être en octobre pour y découvrir aussi les "etc.".

    U Persu

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  29. En passant, juste une remarque : Albiana serait bien inspiré de rééditer "les potirons, l'inspecteur et le gecko", introuvable désormais

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  30. Il nous faudrait l'avis d'un éditeur, même anonyme : qu'est-ce qui motive une réédition ?

    Faut-il lancer une pétition sur Internet ? Passer des coups de fil (numéro d'Albiana : 04 95 50 03 00), des mails (info@albiana.fr), des fax (04 95 50 03 01) ? Prendre un rendez-vous ? Manifester ?

    Je profit du message d'Anonyme Iks pour poser la question très attendue : pourquoi voulez-vous voir rééditer "Les Potirons, l'Inspecteur et le gecko" ?

    Voudriez-vous proposer un "récit de lecture" de ce livre ? Citer la page qui vous reste en mémoire ? A bientôt.

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