Donc la littérature corse déploie des ailes, notamment grâce à des gens valeureux qui habitent hors de l'île, ailes plus ou moins grandes ou discrètes, ici et là, ailes numériques, ailes de papier, alors ici je relaie, avec bien d'autres, ceci :
1 - sur le blog languedocien de Marsyas, des mots de Guillevic traduits en corse par F.M. Durazzo et récupérés du site d'Angèle Paoli (avec toutes les autorisations préalables, bien sûr !) :
Mari in taddu di nudda
Chì s'abbulighja à a nudda.
Lire la suite ici.
(Original french version :
Mer au bord du néant,
Qui se mêle au néant,)
Et la forme cévénole du même ! :
Mar que ribejo ço que noun es,
Mesclo embé ço que noun es
Da leghje a seguita.
2 - je relaie aussi un appel à souscription que vous avez déjà peut-être reçu (comme moi, trois fois, ça y est, j'ai envoyé mon chèque) ; si ce n'est pas le cas, vous avez maintenant la possibilité de soutenir très concrètement la littérature corse (la poésie en l'occurrence). La revue Nu(e) propose un choix - effectué par Jean-François Agostini - de poèmes de 13 poètes corses (un petit jeu, connaissez-vous les prénoms ? :
- Angeli
- Bastard
- Biancarelli
- Cesari
- Di Meglio
- Rodriguez-Antoniotti
- Durazzo
- Fusina
- Manzagol
- Maoudj
- Migozzi
- Sanguinetti
- Santucci
- Viangalli
; c'est dans son numéro 44, qui paraîtra (grâce à nous tous, donc) en mai 2010.
Pour télécharger le bulletin de souscription, je renvoie vers le blog de Xavier Casanova (en plus autour du bulletin vous aurez droit à un propos de XC et un commentaire de Norbert Paganelli, gratuits ! et intéressants !)
3 - Puisqu'il est question de poésie, un clin d'oeil vers le "work in progress" de la rubrique "2010, année de la littérature corse" sur le site des éditions Albiana, cela doit donner des envies de lecture (et les livres peuvent être achetés par Internet, il doit donc y avoir quelques lecteurs en Nouvelle-Zélande...). Quatre poèmes de quatre auteurs différents. Et de nouveau, le jeu des prénoms :
- Fusina
- Santucci
- Franchi
- Vinciguerra (ah, en plus c'est un poème cité sur ce blog, et qui a donné lieu à une immense discussion à propos de la poésie corse, discussion où sont cités les poètes Migozzi, Graziani, Lovichi, etc. etc. mais aussi Pessoa, etc. Ah, la ronde infinie dans la belle forêt numérique...)
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
Jolie traduction de Durazzo.
RépondreSupprimerJe propose cependant "Chì s'abbulighja à U nudda",ou "Chì ùn s'abbulighja à nudda".
MB
Merci de votre soutien, sian proun counten de saupre que sias de l'autre coustat de la "mar nostro" & que pensan pariè...
RépondreSupprimerPour information, Lucia Albertini-Guillevic a été tenue informée de l'existence de ces traductions croisées...
RépondreSupprimerYT
Marsyas, merci pour le commentaire. (Mais je n'habite pas en Corse, j'habite à Aix-en-Provence). J'ai toujours trouvé que la multiplicité des langues, la diversité des manières de dire et des langages permettait de multiplier les plaisirs et en même temps de rendre humble quant à sa (ou ses) langue(s) propre(s).
RépondreSupprimerYT, heureux d'apprendre que l'épouse d'Eugène Guillevic est au courant ; cela doit faire plaisir de voir l'oeuvre poursuivre sa vie, en se métamorphosant.
MB,
le deuxième traduction me semble une erreur, qui dirait que la "mer ne se mêle à rien", alors qu'elle "se mêle au néant", non ? Par contre, "u nulla" plutôt que "a nulla" : nom masculin (me semble-t-il), féminin (toujours possible avec notre langue polynomique) ?
La notion polynomique des langues m'interesse plus que tout autres choses, dans les Parlers d'Oc, cette notion est confrontation entre les occitans & les tenants comme moi de la diversité & de la localisation des langues...
RépondreSupprimerL'uniformisation occitane porte en sons sein sa défaite, puisqu'elle reconnaît une forme de dialectisation des parlers de son domaine (gascon languedocien provençal....) Elle eut voulu être ce que fut le français pour l'état français... Elle n'y réussit pas car les langues soient se localisent soient disparaissent dans les pays d'Oc. A ce jour l'occitan est en voie de sectarisation, par les Calendretas & par un entreisme politique au sein de l'écologie politique...
Tout à fait d'accord avec vous Marsyas. Jusqu'à présent le corse avait tenu par son enracinement, et sa polynomie était signe de sa bonne santée (parlée), quand l'uniformisation ne semblait correspondre qu'à un fantasme de langue élevée au rang de langue d'Etat dans la perspective, plutôt foirée, de l'émergence d'une Nation corse politique. Le débat a eu lieu chez nous de manière récurante, je me suis même fait un paquet d'amis à cette époque en osant m'y mêler.
RépondreSupprimerIl se trouve qu'aujourd'hui ce débat est chez nous dépassé - les illusions politiques perdues expliquant sans doute cela. L'inquiétude est plutôt aujourd'hui celle du maintien et de la vitalité de la langue, tout simplement, face à une uniformisation culturelle bien plus large que celle qui concerne le seul cadre insulaire.
Par contre, si on observe bien, du côté des "toujours" corsophones, on s'apperçoit qu'une forme d'unification inconsciente s'opère tout de même. Notamment chez les écrivains, qui n'hésitent pas à puiser dans l'éventail large de la langue, donc dans des parlers qui ne leur sont pas a priori naturels. L'idée de devoir illustrer la langue du lieu semble perdre du chemin à mesure que les radios diffusent et que les textes circulent. Le fait aussi que nos générations ont un rapport moins "oral" à la langue doit aussi jouer sa partition. Loin d'une uniformisation radicale, voulue un temps pour des raisons de prestige exposées (succintement) plus haut, on assiste à une légère unification des parlers, qui se fait de manière naturelle et sans que personne n'en éprouve de traumatisme.
Chez les toutes nouvelles générations la question est cependant différente et mériterait d'être approffondie. Le corse s'apprend aujourd'hui à l'école et la plupart des élèves n'ont tout simplement aucun rapport naturel ou familial à cette langue, qu'ils apprennent comme une langue étrangère. Il est peut-être trop tôt pour en mesurer les effets, savoir s'il en émerge UNE langue unifiée et cohérente, et à mon avis cela dépendra surtoût du maintien ou non d'une réelle langue de communication quotidienne, ce dont je doute pour parler franchement. J'ai plutôt l'impression que chaque élève parle (écrit plutôt) "sa" langue, personnelle et non locale ou uniformisée, dans une jolie anarchie, et que la règle sera plutôt celle-ci à l'avenir. Au bout de cette évolution, la langue réelle et naturelle sera alors sans doute (est déjà ?) bonne pour le musée.
Bien évidemment je ne porte pas de jugement moral en écrivant ça, les jeunes n'y sont pour rien (j'ai tendance à penser que les vieux non plus) et l'on ne peut que dresser des constats face à des mécanismes qui nous dépassent un peu.
Une chose qui moi m'interpelle, et me semble révéler l'état inquiétant de notre conscience linguistique et culturelle, c'est que l'on entend de plus en plus s'exprimer une forme d'auto-mépris autour de la langue ou de la spécificité identitaire, un peu à l'image de ce qui se passait il y a cinquante ans, quand les gens désiraient absolument s'assimiler à la culture dominante en effaçant la "tare" culturelle originale... Mais bon, c'est déjà trop long mon intervention, et je suis hors sujet de toute façon...
MB
Tout à fait d'accord avec le propos de M.B. j'observe pour mon propre compte qu'il m'arrive d'utiliser des termes qui n'appartiennent pas au registre sud insulaire car je les ai entendus ou fredonnés . il est inévitable qu'avec la multiplications des échanges à l'intérieur de l'île la langue corse tende vers une homogénéisation plus grande, je le constate et au fond c'est peut être bien ainsi.
RépondreSupprimerL'"unification" de fait qui s'esquisse s'accentue aussi du fait que les gens n'habitent pas forcément aujourd'hui le lieu d'origine de leur famille et que les parlers se mélangent nécessairement (ce phénomène a toujours existé, notamment avec la transhumance, mais aujourd'hui c'est un véritable chassé-croisé); L'Université qui brasse les étudiants de toute la Corse est aussi un lieu où les parlers s'unifient, ne serait-ce que parce que certains étudiants apprennent le corse à Corti, d'où qu'ils viennent. Pour l'enseignement, c'est la même chose : des enseignants du Nord enseignent dans le Sud et vice versa...
RépondreSupprimerIl y a aussi le "succès" de certains mots, qui "passent" dans toute la Corse, en raison de la médiatisation.
Les manuels d'enseignement sont souvent également un vecteur d'unification, car il est difficile de faire deux versions du même manuel,et longtemps les auteurs du Nord ont été plus nombreux, mais des efforts peuvent être faits (c'est en cours au CRDP) pour mieux prendre en compte la diversité.
De même, dans des produits audiovisuels pour enfants, il faudrait affecter à divers personnages des parlers différents : cela n'a pas été fait pour "Titeuf" en langue corse, car les acteurs qui ont fait le doublage sont tous de Haute Corse, c'est un peu dommage...
je tente, par jeu et sans passer par google, de répondre en partie à la question :
RépondreSupprimerGhjacumu ou Marcu Biancarelli
Stefanu Cesari
Alain Dimeglio ou Di Meglio
Maddalena Antoniotti-Rodriguez
Ghjacumu Fusina
Danièle Maoudj
Lucia Santucci
Sujet : l'évolution de la langue corse (formes et usages). C'est extrêmement intéressant ! (Angoissant aussi, bien sûr). Qu'est-ce qui nous motive dans l'usage de telle ou telle langue ? Puderiamu discute ne a notte sana : ci sò tante difficultà è tanti piaceri. Vi ringraziu pè tutte isse infurmazione : a realità hè sempre una bona basa per nutrisce e pruposte...
RépondreSupprimerSujet : les prénoms.
RépondreSupprimerMerci de vous prêter au jeu : tout est bon ! (Il s'agit de Marcu Biancarelli).
C'est aussi l'occasion de voir comment se déploient dans l'air du temps les noms des uns et des autres. Ainsi plusieurs poètes ont encre besoin de se faire connaître ; tous les rouages sont là pour ça :
François Viangalli
Joël Bastard
Jean-Paul Angeli
Francescu-Micheli Durazzo
Marcel Migozzi
Nadine Manzagol
Hélène Sanguinetti
bonsoir,
RépondreSupprimerbien evidemment : à NUNDA ou A U NUNDA
pour la langue, ou ce qu'il en reste , je ne crois pas à une uniformisation des differents parlers. Ceux qui continuent de la parler naturellement, le font avec leurs particularismes propres à leurs "pieve".
pour tourner partout en corse, je constate que ,en balagne ,asco , fium'orbo , tallone , alesgiani, alta rocca, taravu, ..ecc (cette liste n'etant pas exhaustive ) on a gardé le parler "originel" de leur région.
je precise à nouveau : pour ceux qui continue de le parler naturellement
pour les autres , par contre on assiste bien , à une creolisation de la langue , uniforme et identique dans toute l'ile .
et c'est bien cette "langue "qui prend le dessus.
dans une langue vivace les entrants exogene sont avalés , ingurgités et transformés. c'est le cours normal des choses car ils ne peuvent prendre le dessus sur le socle.
l'italien et son"computer"..l'anglais avec ses mots français..etc
Ici le socle à disparu sous les coups de boutoirs .
rever à la polynomie en corse releverait pour un ethiopien famélique , à fantasmer sur du caviar , alors qu'un bon de pain , meme rassis , le contenterait.
une precision, Francesca, les voix de Titeuf sont à dominante du nord, mais pas seulement , car 2 voix sont "suttanaccie" et 1 "fiumurbaccia " ,qui chacun le sait emprunte aux 2 parlers ( transhumance obligeait.)
pierre laurent Santelli
U palu pà Titeuf ! U palu pà i Cismuntinchi !
RépondreSupprimerMister Palu
Attenzione, mi sò campa cù Titeuf, ùn ci sbaglieùu micca. Eppo, à mè, persunalmente, pocu m'impreme, hè u mo parlatu, u cismuntincu!! -))
RépondreSupprimerHè bè s'elli anu pensatu à diversificà e voce, mi pare una regula da tene...