dimanche 27 juin 2010

Le retour de Jérôme Ferrari, dans un nouveau format (et avec un nouveau roman...)

Voilà, je viens de comprendre à quoi sert ce blog : à exposer ses obsessions, ses sujets de prédilection, à y revenir, sans cesse et encore, de toutes les façons. Un peu comme quand le quotidien nous conduit à vouloir communier tous les jours en accommodant différemment le même aliment (les patates par exemple, ou les pâtes).

Alors, vous comprendrez le plaisir que je ressens à recevoir un message contenant un morceau de livre corse ! Et en plus c'est extrait d'un roman de Jérôme Ferrari ! Et pour couronner le tout : cet extrait est choisi par Emmanuelle Caminade !

(Pour ceux et celles qui trouveraient que ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent ici, je tiens à les engager à 1) le dire, 2) proposer d'autres auteurs et d'autres livres. L'idéal ? Que je puisse ne faire que "publier" vos pages préférées, tout cet été au lieu d'essayer de lire des livres introuvables, ou illisibles, ou médiocres ou les trois à la fois !)

Allez, je laisse la parole à la lectrice et à l'écrivain (avec, en rouge, mes réactions) :

Un Ferrari en poche !

Dans le secret va sortir en poche dans la collection Babel au mois d'août (youpi !, à quand une traduction en anglais ?).

(Dans le secret, Jérôme Ferrari, Actes sud (Babel n°1022), 25 Août 2010 192 p ISBN 9782742792993 )

Bonne nouvelle, car cela donne un indice réconfortant sur la notoriété (qui ne dit rien de la qualité de l'oeuvre) de l'auteur et permettra à un large public (j'espère !) d'accéder à ce magnifique (oui, oui ! Mais je connais plusieurs personnes qui préfèrent "Aleph zéro", de loin) roman.
Un roman qui fait d'ailleurs partie des livres préférés de FXR (Eh oui, vous pouvez le lire comme moi sur son profil... - Tiens, je l'avais complètement oublié, celui-là et ce n'est peut-être pas mon meilleur profil...) et dont il s'est pourtant bien gardé de nous faire partager un extrait sur ce blog (quoi ? comment ? on m'attaque ? ouh là là ! ouh là là !...).
L'exemple ne serait-il pas plus incitatif que les exhortations ? - proposition tout à fait discutable ! (J'aime te pousser dans tes retranchements, François, - je vois, je vois ! - et sais bien que tu en tires un plaisir masochiste ! - je suis percé à jour ! aïe aïe, ça va finir sur Facebook...)
C'est l'occasion pour moi d'en copier un passage qui me touche beaucoup – sans commentaires pour une fois (enfin !) - , ce qui ne dispense pas l'animateur de ce blog de consentir à nous proposer un de ses extraits préférés (et en plus, on se paye ma bobine ! mais, comme je le disais précédemment, "où on va là ?")...

EXTRAIT n°2 ( p. 48/50 dans l'édition de 2007)

(...)
-Es-tu déjà allé en Sardaigne ? demanda-t-il un jour à l'enfant.
-Non, répondit l'enfant.
-Il y a là-bas, poursuivit Guido en polissant une plaque d'étain, une ville qui s'appelle Castelsardo et dans laquelle se trouve une très célèbre et pieuse confrérie. Mon père m'y amena quand j'avais à peu près ton âge et j'y vis l'oeuvre de Dieu.
- L'oeuvre de Dieu ?
- Mais oui, son oeuvre même. C'était pour le Vendredi saint, quand nous pleurons la mort de Notre-Seigneur Jésus avant de fêter sa résurrection. Les confrères chantent, ce jour-là, qui est pour eux un jour sacré entre tous, peut-être plus que Noël que nous célébrerons bientôt. Ils chantent le psaume cinquante Miserere mei Deus, en polyphonie, à quatre – ces quatre-là sont choisis par le prieur et c'est l'honneur de leur vie. Et sais-tu ce que j'ai entendu ?
-Non, dit l'enfant plein de curiosité, dites-le moi.
- Eh bien, ils étaient quatre à chanter mais j'ai entendu, et tous les chrétiens réunis ce jour-là l'ont entendu comme moi, une cinquième voix ...
-Est-ce possible ?
- Je l'ai entendue. Tu as confiance en ma parole ?
- Oui, oui, bien sûr.
- C'était une cinquième voix qui planait bien haut au-dessus des autres. Les confrères la nomment sa quintina. C'est une voix d'une pureté bien au-delà des capacité de l'homme, déchu et cependant pas tout à fait abandonné. Et pourtant, sais-tu ce que raconte le psaume ?
- Non, je ne m'en souviens pas.
- C'est le chant du roi David qui demande pardon à Dieu pour un très grand péché qu'il commit lorsque son âme fut ensorcelée à la vue d'une femme nue se baignant sur un toit dans la nuit de Jérusalem et qu'il la convoita au point d'envoyer son époux légitime à la mort, afin de s'unir à elle. C'est de cela qu'il demande pardon dans ce psaume, c'est pour cela qu'il implore la pitié de Notre-Seigneur et c'est une telle confession qui fut, ce jour-là en Sardaigne, comme agréée par la voix angélique dont je te parle. Comme si Dieu demandait pardon avec lui.
- Et moi, je ne pourrai pas l'entendre ?
Guido se mit à rire en caressant les cheveux de l'enfant. Il s'accroupit près de lui.
- Quand un accord est parfait, cette voix se fait entendre.Si nous réparons cet orgue comme il le faut, si nous travaillons bien, alors, quand je poserai mes mains sur ces quatre touches, là, tu entendras toi aussi la cinquième voix. Mais il faut que tout soit parfait, veux-tu que nous essayions ?
L'enfant répondit oui.
- La musique n'est qu'un ornement de la foi - un ornement extrèmement utile et précieux- mais elle n'est pas la foi, dit le prêtre en reniflant avec force. Elle aide les âmes simples à se représenter la Majesté de Dieu, mais elle n'a en elle-même aucune valeur.
Guido posa ses outils et s'adossa au mur pour répondre.L'enfant vint s'asseoir à ses pieds.
- Je ne crois pas, dit-il. Aucune âme n'aurait l'idée de Dieu ni la force de considérer cette idée sans la musique. Personne n'aurait l'idée de la rédemption. Si vous ne le pensez pas, à quoi bon faire réparer cet instrument ?
- Je vous l'ai dit, les âmes simples, peu faites pour la méditation...
- Non, coupa Guido. Sans la musique, il n'est aucun contact possible avec Notre Créateur, il n'est aucun langage commun, aucun lien. Rien que l'abandon et la chute. A cet égard, il n'est pas légitime de distinguer entre les âmes simples et celles qui ne le seraient pas. Nous sommes tous infiniment dépassés.
- Si bien que votre ministère est plus sacré que le mien , ironisa le prêtre.
- Je ne prétends pas cela. La musique est la prière parfaite. C'est ce qu'elle est. Parce qu'on ne la comprend pas. Parce qu'elle ne dit rien. (...)

Un dernier mot..., je cherche le lien vers ce livre dans la collection de poche d'Actes Sud et, en cherchant, :
- je ne le trouve pas ! (et vous ?)
- par contre, je trouve ce dont ne parle pas Emmanuelle (incroyable !) : la parution, pour le même mois d'août 2010, du NOUVEAU roman de Jérôme Ferrari, "Où j'ai laissé mon âme" !
- et, sans rancune, je renvoie vers le billet d'Emmanuelle consacré à "Dans le secret", sur son blog

Bonnes lectures à tous !

2 commentaires:

  1. Bonsoir FXR,

    Pour retrouver les références de l'ouvrage de Jérome Ferrari, consulter le fichier Nouveautés d'Actes Sud en PDF :

    http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/2010_08_BDC%20Nouv%20Texte_BD.pdf

    Bien amicalement,

    Yves T.

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  2. Yves T.,
    merci !
    Quel plaisir ce sera de "tomber" sur de tels livres dans une librairie continentale !

    amicalement

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