mercredi 20 mai 2009

Votons avant le 7 juin !

J'apprends aujourd'hui via le blog de Marcu Biancarelli que Jérôme Ferrari est à deux doigts de remporter un prix littéraire national !

Je me rends sur le site du Prix Orange du livre, je m'inscris, je vote pour "Un dieu un animal", bien sûr : car la caractéristique de ce prix est que ce sont les lecteurs internautes qui choisiront le prix parmi cinq ouvrages sélectionnés par un jury (composé d'écrivains connus - Erik Orsenna, président, Marie Nimier, Serge Bramly notamment - et d'internautes là encore).

Je lis les commentaires laissés sur ce site à propos du roman de Jérôme Ferrari, ce qui me conduit sur deux blogs de lectrices qui évoquent eux-mêmes l'ouvrage en question :
- L'or des livres
- Le blog de Léthée Hurtebise

Je laisse un commentaire sur chacun de ces trois sites. Notamment celui-ci :

Je suis d'accord sur de nombreux points avec les commentateurs :
- un livre haletant, virtuose
- la justesse de la mise en regard du monde de l'entreprise et du monde de la guerre
- un "tu" très ambigu (qui parle ? le personnage principal, l'auteur, une divinité ?)

Je voudrais donc ici insister sur un élément non relevé : le monde réel est pris en charge dans ce court roman : l'Irak en guerre après le 11 septembre ; le monde de l'entreprise dans le monde occidental (en France). Une autre réalité, non nommée (comme l'Irak) mais clairement identifiable est la Corse. Le "village natal" de l'ex-mercenaire est un village corse et le regard porté sur l'état de la société dans l'île est extrêmement actuel et pertinent en même temps qu'il travaille une figure importante de l'imaginaire corse, celle de l'aventurier-mercenaire-soldat. C'est pourquoi je trouve que prendre conscience de cette part du livre l'enrichit : ce livre met aussi en scène l'île méditerranéenne qu'est la Corse. Il faut aller lire non seulement les deux autres romans de Ferrari chez Actes Sud ("Balco Atlantico" évoquant notamment les nationalistes corses ; "Dans le secret" où l'on retrouve le village corse comme lieu mortifère) mais ses deux premiers livres aux éditions Albiana ("Aleph Zéro", proche d'un Michel Houellebecq, où vous pourrez trouver une première utilisation de ce "tu" ; "Variétés de la mort", au titre nietzschéen, extrêmement drôle et violent, mettant en coupe réglée la société corse et la prenant comme laboratoire d'humanité).

J'irai voir le blog d'Emmanuelle (l'or des livres) et j'en profite pour donner à ceux qui, comme moi, aiment cet auteur, l'adresse du blog que j'anime sur la littérature corse : http://pourunelitteraturecorse.blogspot.com
(Cliquez sur le nom de Jérôme Ferrari, dans les "libellés").

Alors, si vous êtes lecteur des oeuvres de Ferrari et que vous les appréciez, votez.

Il sera aussi intéressant de profiter de cette occasion pour parler de littérature corse avec un public élargi et aussi pour se demander si le succès ne repose pas toujours sur un malentendu ! Pourquoi, selon vous, ce livre a-t-il autant de succès au niveau national alors que les précédents ouvrages de Ferrari étaient passés inaperçus ?

6 commentaires:

  1. Je n'ai pas encore lu les précédents livres de J. Ferrari, mais, outre le style magnifique , "Un dieu un animal" est un roman doté de ce que Michel Tounier appelle "un grand sujet", c'est à dire un sujet d'actualité ( et même d'actualité internationale) doublé d'un sujet philosophique.
    Ce livre s'adresse donc à un public très large, ce qui ne l'empêche pas d'évoquer la Corse...

    Sinon, on peut de plus en plus promouvoir un livre qui vous plait via la blogosphère (sur son propre blog et en laissant des commentaires élogieux sur différents blogs, de même que sur les sites d'achat en ligne, dans les journaux en ligne ...)
    Le prix Orange 2009 concerne toutes les oeuvres de fiction publiées entre le 1er janvier et le 30 avril.Son jury associe écrivains, libraires et internautes. Dans un premier temps, les internautes ont laissé des commentaires sur ces nombreux livres et signalé leurs livres préférés pour attirer l'attention du jury qui a sélectionné d'abord 30, puis 5 livres à proposer au vote.
    Le "bouche à oreille" est un phénomène qui prend de l'ampleur grâce à Internet.

    RépondreSupprimer
  2. http://www.musanostra.fr21 mai 2009 à 14:32

    merci de cette information !
    Comme nous aimons beaucoup cet auteur et cet ouvrage en particulier, comme vous, nous demanderons à nos visiteurs de voter aussi pour jérôme ferrari
    Avec espoir

    Antoine
    http://www.musanostra.fr

    RépondreSupprimer
  3. A Madame Caminade,
    je fais pour ma part la distinction entre deux usages du Web :
    - informer pour faire connaître, faire bruire les lieux numériques de noms et de titres, de présentations et de sollicitations
    - dialoguer autour d'extraits des textes
    L'une et l'autre fonctions me semblent très utiles, mais c'est la deuxième qui me paraît désirable : je crois à la présence des textes, même par morceaux, extraits, citations (c'est souvent encore plus significatif quand les citations sont tronquées, montées, erronées).
    Alors...
    en feuilletant de nouveau "Un dieu un animal", quelle serait la page que vous (é)liriez ?

    Quant aux raisons du succès de ce livre, je pense aussi que cela est dû à un sujet "international" (outre les qualités du livre) facilement recevable pour un lecteur occidental en général et français en particulier. Les autres livres ont peut-être pâti d'un aspect corse prééminent ou plus visible ? (A tort à mon avis, parce qu'il me semble que maintenant la littérature corse produit des oeuvres littéraires qui associent naturellement au traitement d'une matière corse (ou d'un point de vue corse) des sujets et ambitions similaires à celles de n'importe quelle autre littérature.

    C'est pourquoi effectivement le Web peut nous permettre de contourner les grands circuits de validation et de diffusion commerciales et institutionnelles, souvent incapables (pour de très bonnes raisons, sûrement) de regarder en détail ce que les peuples du monde entier disent, créent.

    Dans tous les cas, je pense aussi qu'un réseau vivant et potentiellement infini de lecteurs réels et honnêtes lisant réellement les livres et désirant en parler, est un base nécessaire. Ensuite, un tel réseau doit pouvoir entrer dans des dialectiques subtiles avec tous les autres groupes qui "fabriquent" la littérature (auteurs, éditeurs, distributeurs, libraires, bibliothécaires, associations, élèves et professeurs, chercheurs, anlayse, critiques, membres des jurys des prix, etc.)

    RépondreSupprimer
  4. A Antoine, de Musanostra,
    j'espère que l'animation autour du livre de Ferrari nous permettra de regarder aussi le parcours d'écriture de cet auteur. Oui, c'est certainement un peu tôt pour cela, mais je crois beaucoup aux constellations que font les livres : tous les livres d'un auteur, les livres auxquels ces livres font référence (explicitement ou implicitement), les livres auxquels ils s'opposent, etc.

    "La nuit du doute", "La nostalgie du présent", "Un dieu un animal" : que se passe-t-il lorsqu'on lit ces trois textes de Ferrari à la suite ?

    RépondreSupprimer
  5. "Un dieu un animal" concourt également pour Le prix Landerneau qui sera décerné le 3 juin prochain à Paris, je vous informerai bien sûr des résultats... !
    A bientôt :)

    RépondreSupprimer
  6. "La nuit du doute", premier texte écrit par Jérôme Ferrari à son retour d'Algérie, amorce déjà la forme de "Un dieu un animal" ( la narration à la 2ème personne ) et surtout certains de ses thèmes :

    - celui de l'exil et de l'étrangeté, du passage obligé de l'enfance au monde, à la vie :
    "c'en est bientôt fini de l'enfance (...) tu es arrivé en face du monde étrange et redoutable. C'est exactement ce que tu es venu chercher."
    "Il faut arracher ses racines, bruler sa maison, se faire étranger."

    - celui de l'alcool qui "donne l'impression que tu descends en toi-même, dans une eau sombre et profonde, au plus près d'un trésor invisible"
    et aussi de cette exaltation quasi mystique, de cette volupté de l'union des contraires :
    "L'horrible cicatrice te paraît maintenant pleine de mystère et de beauté ..."

    - et enfin la sacralisation de l'"angoisse bénie" de la vie sans laquelle tout redevient ordinaire, indifférent :
    Une fois Chamsi partie, "l'angoisse n'est pas revenue" (...) "Les monstres marins ont déserté le lagon qui est maintenant vide comme les yeux du zébu."

    Avec "La nostalgie du présent",un texte très court, mais également magnifique, l'importance du religieux s'accentue.
    Le texte débute par le même épigraphe que le roman , une citation d'un martyr persan. On y entend l'appel à la prière des muezzins qui se répondent "comme une métaphore de la voix de Dieu" et le regard sacré,mystique, se précise :
    "toutes ces choses qui sont en même temps leur propre négation et qui s'affirment et se perdent dans une indicible unité", "la laideur et la beauté", l'angoisse redoutée et désirée :
    "submergé par l'angoisse mais prêt à l'accueillir avec reconnaissance".

    nouvelle tout aussi

    RépondreSupprimer