Edouard Glissant, dans son "Anthologie du Tout-monde", cite un morceau du grand poème de Cendrars ; je cite moi-même un morceau de ce morceau, lu ce soir. Et devinez ce que fait Cendrars...
Bonne lecture.
(...)
J'ai peur
Je ne sais pas aller jusqu'au bout
Comme mon ami Chagall je pourrais faire une série de tableaux déments
Mais je n'ai pas pris de notes en voyage
"Pardonnez-moi mon ignorance
"Pardonnez-moi de ne plus connaître l'ancien jeu des vers"
Comme dit Guillaume Apollinaire
Tout ce qui concerne la guerre on peut le lire dans les Mémoires de Kouropatkine
Ou dans les journaux japonais qui sont aussi cruellement illustrés
À quoi bon me documenter
Je m'abandonne
Aux sursauts de ma mémoire...
(...)
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
"...En ce temps là j'étais encore adolescent(....)Pourtant ...j'étais fort mauvais poète.Je ne savais pas aller jusqu'au bout.
RépondreSupprimerJ'avais faim et tous les jours toutes les femmes...et tous les verres j'aurais voulu les boire et les casser...".
Je suis désolé,je cite de memoire.Cendrars,poète de la surprise .Que fait Cendrars ?
Il a peur.Toujours peur.La peur du voyageur de ne pas continuer à découvrir le voyage même;lui cité par E.Glissant, un autre poète du "Sel noir" et localier de l'aventure.La peur finale de cette ironie cynique de l'amputé ébauché dicrètement par Soutine,du paralysé qui continue un voyage intérieur encore plus dense et qui va jusqu'à un bout.Celui de lui-même?Celui d'un autre? ou bien un bout d'un voyage de l'un et de l'autre en chassé-croisé suspendu? Ou alors il regarde le moignon de son bras ,et lui imagine des gestes 40 ans plus tard .Merci d'avoir pensé à lui François-Xavier Renucci.
Cendrars fait le tour du monde, il traverse les océans et les steppes, franchit les grands espaces insensés de Russie et d'ailleurs. Cela donne "La Prose du Transsibérien" qui se clôt sur "Paris/Ville de la Tour unique du grand Gibet et de la Roue."
RépondreSupprimerMais nulle part dans ce grand poème de la modernité, je ne vois franchie la Méditerranée pour arriver jusqu'en Corse! Qu'aurait-il écrit, l'homme de la vitesse, s'il s'était trouvé confronté à la lenteur des pérégrinations dans l'île!
Quant à la question posée, je ne suis pas du tout sûre d'y avoir répondu ! Mais était-il nécessaire de vraiment répondre à la question ? Je donne très volontiers ma langue au chat F-X!
Angèle,
RépondreSupprimeroui Cendrars fait tout cela, mais en même temps, je ne peux m'empêcher de me souvenir que mon père insistait (peut-être est-ce un lieu commun) que la moitié de ce que racontait Cendrars était faux et que ses voyages étaient en grande partie imaginaires... (ce doit être facile de vérifier dans un biographie de l'auter ; pourquoi ne l'ai-je pas fait ?)
Alors, je retiens tout de même cette peur (que souligne aussi Pierre Bacchelli) et ce désir de "bourlinguer" (par le corps et par l'esprit).
L'esprit aventureux.
Que fait-il dans cet extrait ? Eh bien, comme moi-même citant Glissant qui cite Cendrars, il cite (Apollinaire). Il transfuse un morceau de texte dans un autre, il dialogue tout en inventant une forme, vertige infini pour moi.
Mais la question peut aussi bien rester en suspens ou trouver d'autres réponses, je suis d'accord !
Je ne tenterai pas de répondre à Angèle Paoli,dont je trouve le site:terres de femmes intensémment créatif.Mais cela ne s'arrête pas là pour moi qui ne le découvre que depuis quelques jours enchantés.IL est libérateur d'une énergie première,celle des assauts,mais aussi celle sous jacente de défense active.J'apprécie aussi la rare frémillance de ses poèmes comme "Chtoniennes".Mais l'argument de cette non-réponse n'est pas là.
RépondreSupprimerLa question qui se pose en fait à Blaise Cendrars n'est pas posée à la bonne personne.
Que fais-tu F.X.Renucci après avoir lu ce morceau de morceau de la "Prose du Transsibérien"?Ferais-tu faire un tour de l'île à Cendrars?Qui m'autorise à ne pas le croire?Personne.Cendrars était avant tout un pérégrin en même temps qu'un forain du voyage.En cela la lenteur n'y fait rien et elle peut même se mouvoir en vitesse(voir Apulée à propos du voyage d'un escargot autour d'une feuille d'arbre).De toute façon ,nous aussi nous avons notre Sibérie,nous aussi nous avons notre"grand Gibet et de la Roue".Nous avons aussi nos îles comme Cendrars dans son voyage,je pense en particulier à celle de Liakhov.les nôtres sont moins grandes ,mais elles sont dans l'île.Et le voyage voyage comme Cendrars s"en ouvrait à Max Jacob pour son "Laboratoire Central".
Pour s'intéresser aux voyages de Cendrars,les imaginaires et les réels,les lents à dos d'âme et les rapides à dos de passion ,allez-voir Rémy de Gourmont.A bientôt et merci de ne pas subsumer les voyages qu'ils soient de Cendrars
ou d'autres(Il y a des voyages de Nerval,de Rilke,plus petits et tout aussi longs)en des aboutissements ou sous-aboutissements littéraires.