Je place ici un échange entre le poète (que je remercie) et moi-même. Bonne lecture ! (Ce billet fait ainsi suite au billet "Poésie corse, entre Tibet et GR 20")
1.
Belle et heureuse coïncidence que celle d’achever l’écriture du centième et dernier poème de mon prochain recueil et de relire deux extraits de l’ancien sur votre blog. Je vous en remercie.
Hésitant entre la prose et le vers j’ai finalement choisi d’allier les deux, je ne suis pas le seul à écrire ainsi en cette longue période de « métamorphose » poétique. Vous aurez remarqué que mes vers sont dodécasyllabiques, ceci afin d’échapper au rythme de l’alexandrin, bien que je l’utilise parfois soit linéairement soit en le rejetant ; j’utilise aussi d’autres mètres.
Le propre de ma poésie est justement l’exploration de mes états successifs de conscience (d’où les espaces blancs) face à un motif de quelque essence fût-il et la volonté esthétique de donner à chaque poème une forme visuelle différente. Je vous livre cela en vrac et pour résumer très brièvement mes expériences, j’ajoute que mes poèmes, pour reprendre la formule de Rimbaud ou à peu près, doivent se lire en tous sens.
Vous avez lu le poème avec la vieille dame et le chien, qui est en fait une réflexion sur l’art contemporain, toujours à partir du réel, sur la revue Décharge.
Je ne commenterai pas le commentaire à propos du cirque de la solitude, commentaire qui me semble très éloigné d’une critique poétique, l’ayant déjà fait plus haut et d’une manière générale.
2.
Je suis d'accord : l'intervention sur la toponymie était impertinent ; cependant
elle fait partie des "façons" de lire votre poème... Est-il possible de savoir
si vous avez fait un choix volontaire avec le nom "cirque de la solitude" ?...
Le choix des noms n'est-il pas important ? Je pense à "San Ciprianu" deux fois
répété ; vous auriez pu en choisir un autre, ou ne pas l'utiliser ou utiliser
une autre graphie (italienne), non ? Est-ce que le rapport aux noms est
important pour vous ?
3.
Reprenons pied sur le réel, comme je crois l’a écrit Nerval dans « Sylvie », un monument littéraire.
De quoi s’agit-il dans ce poème ? simplement de définir l’état poétique, ce qui fait qu’à un moment quelque chose m’entraîne « ailleurs » pour « Gravir l’instant », non pour « m’élever » ou dominer les apparences mais pour y trouver le vide, c'est-à-dire l’absence de contingences et surtout subvertir, un court instant (nous ne sommes que des algues avec du temps n’est-ce pas ?) la conscience de la mort. Ce vide ou blanc permet l’afflux de pensées non contraintes, sans que cela s’apparente à un vain retour au surréalisme, et la naissance du poème.
L’état poétique se manifeste de diverses manières, le déclencheur ou évènement peut être un vocable, une émotion aussi ténue soit-elle, très souvent un fragment de réel, une réminiscence. En l’occurrence il s’agit du Kailash, la lecture du carnet de route d’un ami qui en a fait plusieurs fois le tour, sa dimension spirituelle pour trois « religions » orientales, puis le souvenir d’un poème de Dumenicantone Geronimi « Volta quellu chì và è torna », enfin effectivement le cirque de la solitude que je transforme en grand cirque (dans toutes ses acceptions) des solitudes : notre condition ordinaire. Je vous donne là l’ordre de l’afflux, je n’écris pas de poème de circonstance, ce n’est donc pas un choix volontaire. Idem pour les autres noms ; s’il me vient spontanément une bribe de pensée en latin, italien, corse, anglais je la note ainsi, même chose pour les néologismes, l’absence de majuscules aux noms propres est dictée par un souci d’égalité ce que l’on peut considérer comme une forme d’humanisme, mais ma langue en poésie est le français parce que ma mère m’a appris à lire et écrire en me lisant et en me faisant recopier des poèmes de Lamartine, Gautier, Baudelaire, Rimbaud et bien d’autres. Dernière chose, nous sommes en 2010, comme l’a très bien compris Nadine, mes pensées sont à l’œuvre sur la/les langues actuelles (leur contemporanéité et leur complémentarité) – ce qui n’empêche, parfois, une écriture « archaïque », symboliste ont même dit certains –, ce que vous vérifierez dans mon prochain livre, ceci non pour éventuelle « créolisation » mais bien pour écrire ce que je « sens » en toute liberté à l’image de mon univers.
Autre précision, Char utilisait la mer comme métaphore de l’humanité pervertie, ayant perdue son essence « tellurique » (sa communion avec la terre), ainsi la ligne droite de san ciprianu…
Je ne suis pas sûr d’avoir été très explicite, à la question « qu’est- ce que la poésie » Garcia-Lorca avait répondu, « n’étant pas professeur je ne sais pas, moi j’écris des poèmes ».
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
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Je veux lever tout malentendu sur mon intervention sur le toponyme "cirque de la solitude" : c'était une réflexion parallèle, une information comme je l'indiquais, rien à voir avec une critique littéraire en effet et en AUCUN CAS une critique du poème ou du choix du poète: au contraire, j'avais bien dit que je comprenais ce choix au niveau de l'esthétique (sans savoir d'ailleurs si ce n'était pas un hasard, par rapport au lieu de la montagne corse qu'il désigne) et la transformation en "cirque des solitudes" ouvre de belles perspectives ainsi que l'explique l'auteur. Donc pas d'"impertinence" de ma part, croyez-moi!
RépondreSupprimerAnonyme 00:11,
RépondreSupprimermerci pour votre réaction !
Je dois vous dire que j'ai utilisé le mot "impertinent" au sens de "qui ne correspond pas à la réalité" (et non pas au sens de "irrespectueux, insolent"). Mais finalement ce mot lui-même prête à malentendu. (En ce moment, j'ai l'impression que j'ai du mal à ne pas me plonger dans les malentendus !!)
Donc, encore mille fois mercis : pour vos interventions et pour l'intelligence de votre réaction.
Ouf : c'est la littérature corse qui sort vainqueur de nos échanges, non ?
Mr Jean-François Agostini, je me nomme Henri Etienne Dayssol, j'écris des poèmes, je vis à Bastia depuis 29 ans... j'anime voxpoesi le blog de la poésie vivante et partagée que je vous invite à visiter... j'aime votre poésie et je suis interessé par votre association "entrelignes",par son éthique et son action... voici mes coordonnées complètes :
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