vendredi 12 octobre 2012

Une lectrice croise ses lectures des romans de J. Ferrari et M. Biancarelli

C'est Annie Drimaracci (dont un ouvrage fut présenté ici) qui nous envoie (merci mille fois) un point de vue croisé sur "Le Sermon sur la chute de Rome" de Jérôme Ferrari et "Murtoriu" (dans sa traduction en français) de Marcu Biancarelli.

Bonne lecture et bonne discussion. (Je suis en train de relire "La chasse de nuit", roman de Marie Ferranti, publié en 2004, et je trouve qu'il faudrait l'associer à ces deux ouvrages : même retour vers la guerre de 14 comme début de la fin, même relations complexes entre les générations, présence des carnets du père, et même un mouflon... mais l'histoire se situe entre 1938 et les années 60 ; j'y reviendrai ; à moins que vous ne me devanciez...)

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Voilà,  je viens de terminer la lecture de Murtoriu, qui a suivi de près celle du Sermon sur la chute de Rome, c’est sans doute pour cela que je ne vois finalement pas comment parler de l’un sans l’autre, et pour de multiples raisons encore…
Ces deux livres ont d’abord en commun de ne pas vous laisser indemnes, et c’est le moins que l’on puisse dire. Si j’ai résisté longtemps avant de me laisser embarquer par Murtoriu, cela n’a pas été le cas pour le Sermon. Le livre de Jérôme Ferrari vous emporte dès les premières pages, bouleversantes premières pages autour de cette photographie de l’absence et du temps suspendu. Il semble avoir été longuement mûri, conçu, puis écrit, comme enfanté  dans un flux, un souffle, un flot, celui de l’ample respiration du sermon qui vous prend, vous entraîne dès les premières lignes pour ne  vous lâcher qu’à la dernière page. Chez Marcu Biancarelli, c’est plus difficile, vous êtes sur un ring, il faut vous accrocher et vous attendre à être soumis à rude épreuve. La violence vous saute au visage dès le début, et j’ai personnellement éprouvé le besoin de m’en protéger, j’ai tenté de la mettre à distance, comme lorsque l’on ferme les yeux parfois devant certains passages d’un film qui vous bouscule et met votre sensibilité à vif. Je dois dire aussi que j’ai parfois détesté ce narrateur péremptoire, misanthrope et surtout, surtout, d’une misogynie à la limite du supportable. J’avais beau me dire qu’il s’agissait d’un personnage fabriqué, créature au service des idées ou des thèses de l’auteur,  ma féminité, non pas mon féminisme, me disait  que ce Marc-Antoine était un personnage bien peu fréquentable dont je n’avais pas du tout envie de subir les propos sexistes à chaque détour de chapitre. Mais j’ai continué et je ne l’ai pas regretté.
Dans Le Sermon et Murtoriu, les propos sont parfois si proches que l’on a l’impression que ces deux auteurs se connaissent, se ressemblent et s’opposent comme des frères, à l’image de ces personnages qui entretiennent des liens puissants d’amitié ou de réelle fraternité dans chacun de leurs livres : Matthieu et Libero, ou encore Virgile et Sauveur chez Ferrari, tout comme Trajan et Mansuetu, ou Marc-Antoine et les autres, Bastien, Jean-Baptiste et même Maroselli qui habitent l’univers de Murtoriu. Mais ces deux livres parlent aussi de la solitude, d’une solitude ontologique contre laquelle l’amitié, si forte soit-elle,  pas plus que l’amour, bien plus fragile, ténu, ne sont d’un grand secours. Le motif du conflit  de 14-18 traverse les deux romans comme un fil rouge, et l’on y sent le poids du destin, l’onde  de choc de cette guerre effrayante venue ébranler les fondements mêmes de l’île à l’aube du XXème siècle. Les ancêtres aussi sont là, glissent comme des fantômes, avec la tragédie qui leur colle à la peau et dont ni Marcel, dans Le Sermon, ni  l’aïeul Marc-Antoine ne pourront se débarrasser. Ils seront à jamais des exilés de la vie. Comment vivre avec l’héritage qui nous a été transmis ? Comment faire coexister  le  présent de la Corse, au rythme  hystérique  et schizophrène des saisons, de l’été trépidant à l’hiver reclus, avec le passé, les traditions, la nature grandiose ? Et quel sera l’avenir de cette île tant aimée, saura-t-elle encore préserver son âme et son identité face aux puissances de l’argent ? Autant de questions que chacun des romans aborde à sa façon.
Au jeu des points communs et des différences entre ces deux livres, il ne faudrait pas moins d’une thèse et de plusieurs années d’étude pour épuiser le sujet. Quelques observations encore, concernant cette fraternité d’écriture, qui est cependant loin d’être une gémellité. Ici le mot d’intertextualité prend tout son sens ; au point d’ailleurs que Jérôme Ferrari est l’un des traducteurs du texte corse de Marcu Biancarelli. L’humour constant, et l’ironie, en contrepoint à un désespoir tenace, sont aussi très présents chez les deux. Et tous les deux encore  nous offrent, sur des modes complètement différents, une magnifique mise en abyme de l’écriture : chez Ferrari, l’écriture romanesque se coule dans le sermon d’Augustin, le titre, les chapitres et le dénouement en témoignent, et l’auteur devient démiurge de cette apocalypse annoncée, se substituant finalement à Augustin lui-même pour prévenir les hommes de l’écroulement inéluctable et indifférent des mondes qu’ils construisent. Biancarelli le cynique, a trouvé un autre subterfuge pour parler d’écriture et de lecture, en donnant vie à ce personnage-narrateur à la fois libraire et auteur qui ne se prive pas de régler son compte à la littérature au moyen de quelques sarcasmes bien sentis et de sonner le glas lui aussi de la fin d’un monde. Dans les deux cas la catastrophe est palpable dès le début, il ne s’agit pas de savoir ce qui va arriver, le lecteur ne le sait que trop, mais comment cela va arriver. Rien n’est laissé au hasard. Chaque roman est construit, à sa façon, avec son architecture et son style. Tout est signe, et la scène homérique de l’émasculation des porcs par Virgile au début du roman prendra tout son sens à la fin du Sermon, de même que la « bagarre…ou presque » du chapitre 13 de Murtoriu donne implicitement, en demi-teintes, une clé du dénouement. Il y a chez  Biancarelli, un étrange mélange de retenue et d’indécence. La provocation cache soigneusement la pudeur, et prend le risque de laisser des lecteurs en cours de route. Mais il faut savoir rire de tout, même du pire, et apprendre à regarder la barbarie, la grossièreté ou la bestialité en face, pour que des moments de grâce surgissent ; la rencontre du mouflon avec le chasseur qui le tient en joue en est un, un diamant de deux pages au cœur du roman. Il y a chez Ferrari un équilibre, une jubilation du mot juste, à sa place, évident, naturel. Une unité insubmersible, au-delà des variations de registres, des rebondissements, de l’amplitude de la phrase dans laquelle pourtant jamais on ne se perd. La  tonalité du Sermon, volontiers lyrique, est celle d’une tristesse sans fond, assumée et dépassée, sereine, qui s’offre quand même parfois le luxe d’un rire franchement libérateur, comme dans certaines scènes du bar avec Annie, la serveuse haute en couleurs, ou avec l’irrésistible descente aux enfers du gérant  Bernard Gratas, contrepoint comique à la gravité toujours proche, à la décadence tragique de Marcel le grand-père, le grand absent de la photo inaugurale, absent à lui-même.  Les femmes ne sont pas ménagées non plus dans l’univers de Ferrari, mais quel que soit leur âge, leur statut, il pose sur elles un regard aimant, le regard d’un homme qui ne cesse de s’interroger sur leur mystère, à l’instar d’Augustin lui-même, qui relaie ce regard à la dernière page du roman.  La tonalité de Murtoriu serait plus épique, et  la tristesse plus souffrante,  plus révoltée. « Prose combat », l’écriture cogne, frappe et gifle souvent  pour s’adoucir parfois, s’apaiser, et dévoiler le chant, laisser parler le cœur, du réquisitoire sardonique sur la corruption insulaire qui dénoue une partie de l’action, aux accents émouvants de la dernière lettre du narrateur à son ami Trajan. Rendons tout de même à César…Deux personnages féminins échappent à la vindicte de  Marc-Antoine : Lena et Diane, qui accompagnent, chacune à sa façon, le narrateur sur le chemin de la rédemption.
Toujours est-il que si une couleur bien sombre plane sur les deux romans, si aucun des deux ne se hasarde à apporter au lecteur une réponse préfabriquée, univoque ou la moindre certitude, une lumière fait briller chacun des dénouements, si noir soit-il : dans le Sermon l’idée d’un éternel recommencement éclaire les dernières lignes, et dans Murtoriu, dont le titre funèbre pèse de tout son poids sur le livre, la lumière tient dans les deux dernières syllabes qui portent  toute l’œuvre à bout de bras.
Mais une chose me semble certaine, à présent : Claude Simon, géant de notre littérature, peut dormir paisiblement sans se soucier de sa filiation littéraire : elle est là, bien vivante, dans ce magnifique Sermon sur la chute de Rome. Et il en est de même pour Céline et quelques autres iconoclastes d’Amérique et d’Europe de son acabit : ce n’est certainement pas de la littérature que Murtoriu sonne le glas.
Nous n’avons pas fini de nous questionner sur ces romans qui ne nous lâcheront pas de sitôt après que nous les aurons refermés, et au-delà de ces récits, sur la Corse, l’écriture de l’insularité et l’insularité de l’écriture. Que ces deux auteurs poursuivent longtemps leurs polyphonies  et leur cheminement singulier, c’est tout ce que l’on peut souhaiter. Et l’espoir n’est-il pas précisément là, dans le fait que de telles voix, de tels mots puissent contribuer à changer le monde, à agir sur le réel, sur  les hommes, et peut-être les rendre  meilleurs…

65 commentaires:

  1. Très bonne analyse à mon goût !

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  2. Jérôme et Marc ou l'invention du réel.

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  3. Jérôme Ferrari n'écrit-il pas, au bout du compte, et ce, sans jamais cesser de les abhorrer, sous la dictée impérialiste des pinzuti et autres insupportables envahisseurs de son île ? En effet, on ne voit pas un seul de ces tarés, méprisés depuis toujours, qui, à la lecture du "Sermon sur la chute de Rome", ne jugera pas définitivement validées ses représentations mythologiques mériméennes sur la Corse. Etrange paradoxe ! Jérôme Ferrari, aussi grand écrivain qu'il se révèle à nouveau, n'atteint pas, dans son approche romanesque des réalités corses, la réussite du "Bar à tisanes" d'Anne-Xavier Albertini.

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  4. Heidkamp, vous pourrez certainement développer, préciser et argumenter votre opinion ?

    Sirius, pouvez-vous préciser votre pensée ?
    1. En quoi Jérôme Ferrari fait-il du Mérimée ? Il me semble au contraire qu'il n'essentialise pas la Corse dans une identité figée et qui lui serait spécifique. Il s'agit d'une histoire de l'humanité.
    2. En quoi le roman "Le bar à tisanes" est-il une réussite ? (Roman que j'aime beaucoup, voir un des billets de ce blog, en cliquant sur le nom d'Anne-Xavier Albertini).

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  5. 1- J'ai bien noté qu'il y avait dans "Le sermon" une déploration de de la condition humaine figée et universelle. Rien de nouveau sous les soleils noirs de la mélancolie où Ferrari peaufine ses bronzages. Reste que le pinzutu de base va moins s'attacher, me semble-t-il, à ce constat qu'aux descriptions d'indigènes enfouraillés vivant selon leurs propres lois, qui lui paraîtront spécifiquement corses. Je persiste donc : en ce sens, Ferrari est un produit identitaire, un Mérimée modernisé.

    2- Le "Bar à tisanes" est déjà une réussite puisqu'il vous a plu !

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  6. Sirius,
    1. Votre critique porte maintenant sur un autre point : la banalité du propos de Jérôme Ferrari. Pourquoi pas. Je dois avouer que ce n'est pas l'aspect du livre qui m'a le plus intéressé. Nous en reparlerons. Mais en même temps, vous évoquez sa réception par une certaine catégorie de lecteurs. Eh ma foi, comment faire pour éviter que chacun y trouve ce qu'il cherche ? Il me semble qu'il n'y a qu'une solution : s'exprimer pour que les points de vue de ces lecteurs soient nuancés, équilibrés par vos (nos) analyse de ce que fait ce roman. Le regard d'un "pinzutu de base" ne peut transformer à lui seul le roman de Ferrari en "produit identitaire". Le livre lui-même se signale comme le contraire d'un produit identitaire.

    2. Vous bottez en touche en jouant ironiquement la flatterie. Cela ne marche pas avec moi, vous le savez. Allons, signalez ici une ou deux pages qui vous paraissent excellentes dans "Le bar à tisanes". Merci d'avance.

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    1. Ce n'est pas une question de "bonnes pages"..."Le bar à tisanes", je le répète, fondé sur une idée de départ commune, me paraît donner du milieu rural corse et de nos villages une vision beaucoup plus clairvoyante que celle du "Sermon".

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    2. Sirius, quand je vous demande de pointer telle ou telle page, c'est parce que cela me semble un bon moyen d'expliciter son point de vue (je ne fais pas référence à la pratique des "bonnes feuilles").

      Je ne sais pas sur le but du Sermon était de proposer une vision du milieu rural corse.

      Et je persiste : pourriez-vous décrire la vision clairvoyante de ce milieu dans "Le bar à tisanes" ?

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    3. Clairvoyante n'est pas le bon mot. Disons plus juste, plus nuancée, gaie souvent, pas seulement engluée dans la conscience malheureuse.
      Sans doute le but de Ferrari n'est-il pas de proposer une vision du monde rural, mais difficile d'échapper à cette lecture tant action et personnages sont situés.

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  7. Je précise. Les dithyrambes définitives, universelles, du style de celle à laquelle j'ai réagi sont pénibles. J'ai l'impression d'être dans une coterie, un cercle réduit aux aficionados du site - rares intellectuels désoeuvrés de l'île et d'un peu ailleurs - faisant concours de la plus lyrique des caresses à l'égard de JF et MB. Je pense que ces louanges sont le baromètre, dans leurs outrances, de tout ce qui va mal par ailleurs, une sorte de balance du "bien" qui fait un contrepoids inespéré et fallacieux à tout ce qui se délite par ailleurs.
    Inventeurs du réel ? Pourquoi pas de la science quantique et du grille pain ?
    J'ajoute avoir quasiment tout lu de ces auteurs que je trouve bons. Mais de grâce arrêtons l'outrance.
    Je trouve la critique de sirius intéressante. Elle sort de la louange aveugle.

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  8. Heidkamp,
    Je peux comprendre que l'unanimité de la louange ne vous convienne pas. Dans le cas du Sermon sur la chute de Rome, on peut trouver quelques critiques négatives qui souvent pointent du doigt une certaine exagération stylistique, un excès de lyrisme et parfois le fait que le fond du propos est banal (un monde qui meurt inéluctablement).
    Dernier exemple en date, un propos sur le forum The Old Pievan Chronicle : dans la rubrique Litturi è critichi, fil "Sermon", un avis de Karlheinz L. K.

    Je trouve intéressante votre explication d'un tel concert de louanges, pour ma part j'y vois plutôt un désir très fort de bonne littérature et d'oeuvres géniales, dont on puisse longtemps se nourrir. Cela peut nous conduire à des excès, certes,mais l'important est de les exprimer publiquement pour pouvoir les nuancer tout de suite et plus tard, dans quelques années nous y verrons plus clair sur la production littéraire corse des années 90 et 2000, vingt années extraordinaires, (oups, je vais tomber à nouveau dans la louange aveugle !).

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  9. J'ajoute à ces remarques pertinentes que Ferrari (tout comme son jumeau Biancarelli) cogne exclusivement sur le populo. Jamais il ne s'en prend à la bourgeoisie locale. Angelo Rinaldi, en son temps, avait été catalogué romancier anti-corse parce qu'il flinguait l'establishment bastiais ! Salauds de pauvres...

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  10. Jenny, il me semble que vous vous trompez, dans "Murtoriu", il est bien question de représentants politiques ou de personnages détestables issus de la bourgeoisie, de la notabilité. Et plusieurs personnages issus du "populo" sont extrêmement positifs.

    Le lien avec Rinaldi me semble excellent, ce sont deux excellents romanciers, novateurs, qui créent une œuvre littéraire très riche, qui met en scène avec force la nature humaine et par la même occasion la réalité corse. Deux œuvres qui font grincer des dents.

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    1. Vous avez raison pour "Murtoriu" (et aussi "Vae Victis"). Encore n'y fait-il que stigmatiser des personnages, sans vraiment "mettre en scène" les rapports de classes, dans leur mutation actuelle.

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    2. Jenny, voyez-vous des ouvrages (de fiction ou non) qui mettent en scène les rapports de classe, dans leur mutation actuelle en Corse ? Est-ce que ce que vous cherchez ressemble aux textes de Marceddu Jureczek ou de François Farellacci ?

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    3. Oui, bien davantage. De toute manière, les références intellectuelles explicitement célino-nietzschéennes de nos 2 lascars laissent peu espérer de ce côté là...

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    4. Point de vue intéressant, pourtant il me semble que Marcu Biancarelli à souvent pris la parole pour évoquer une évolution nécessaire de la société corse.

      Voulez-vous évoquer vos lectures de Jureczek (auteur apprécié par Marcu Biancarelli) ou de François Farellacci ?

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    5. Je vous réponds un peu tardivement, M.Renucci Oui, les 2 auteurs que vous évoquez ont selon moi une approche progressiste du monde corse. Ils mettent le social - et non le "sociétal" - au coeur de leurs dispositifs romanesques. Je regrette cependant que l'un et l'autre se complaisent dans la déploration anti-consumériste (vieille rengaine qui n'a jamais eu le moindre effet sur la société dite de consommation); ils cèdent aussi trop naîvement à la morale écologisante du temps. La véritable aliénation est celle du producteur, pas du consommateur. Les pollutions les plus redoutables viennent de la nature (combien de morts du paludisme !) beaucoup plus que de l'homme.
      Un mot pour finir sur les pasonarias qui se bouchent le nez (propos "nauséabond") dès qu'on touche à leurs idoles. Leurs glapissements me rappellent ceux, jadis, des tenants de l'"art pour l'art". On sait de quel côté politique penchaient ces derniers...

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  11. Votre blog était devenu une sorte de chapelle d'adoration permanente et inconditionnelle à l'endroit des sieurs Ferrari et Biancarelli. Heureux de voir qqs voix divergentes oser s'exprimer. Selon moi, l'adulation rencontrée par ces auteurs (en tout cas Ferrari) auprès des critiques littéraires français relève très précisément de ce que François de Négroni avait désigné comme du "racisme pro-corse". On adore adorer qui vous déteste et vous propose une vision fantasmée de la Corse conforme à vos expectations (bien vu Sirius !)

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  12. Max, ce blog est ce que les internautes en font, et je suis très heureux que des avis différents s'y expriment. J'espère que personne ne s'autocensure par crainte d'aller contre un avis majoritaire.

    Je ne crois pas que Jérôme Ferrari déteste les critiques littéraires des médias nationaux. Je pense que chaque auteur et chaque lecteur fabrique ses propres visions fantasmées. Enfin, il me semble que les livres de J. Ferrari traitent de bien d'autres sujets que de la Corse, tout en travaillant une matière insulaire.

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  13. Annie Drimaracci21 octobre 2012 à 14:42

    Juste quelques mots, après cette volée de bois vert. Je conviens qu'il y a des louanges dans mes mots, mais je ne les estime pas aveugles. J'ai éprouvé le besoin de les écrire parce que ce n'est pas tous les jours que l'on fait de telles rencontres de lecture, c'est tout.
    La question essentielle de ces deux romans ne me semble pas porter sur les éventuels stéréotypes qu'ils véhiculeraient ou conforteraient chez le lecteur "pinzutu de base", mais sur leur vision disons philosophique, existentielle, du monde. Rendre compte de la violence, de la bêtise, de la folie, du malheur, du mépris etc...ne les arrête pas, on le vérifie tous les jours, mais les mots de Ferrari et Biancarelli font résonner et interrogent la réalité d'une façon très singulière. Et j'ai la faiblesse de croire que la littérature et l'art en général sont là pour nous donner un autre regard sur le réel, c'est en cela, oui, qu'il peuvent agir, sinon sur lui, du moins sur nous, ou sinon sur nous, du moins sur certains...

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  14. Je ne dis que vos louanges soient aveugles. Ni que ces auteurs ne soit pas estimables, surtout dans un contexte de création cadrée es tradition, et souvent passéiste. Ils ont du talent, mais je ne supporte plus, je me répète, ces célébrations communes, chacun allumant son cierge au cierge du voisin qui l'allume à son tour... pour arriver au premier et clore le cercle de famille. Ce n'est pas une volée de bois vert, votre critique étant argumentée et riche. Juste un coup de gueule contre le côté communautaire qui court et concours au délire... Nommant les auteurs par leurs prénoms (parentèle, complices, voisins, réels amis ? plombant du coup le sentiment d'objectivité), ce qui revient, paradoxalement et d'une autre façon, à singer les salons parisiens... Que Ferrari ait prêté le flanc à l'appréciation d'un racisme pro corse est peut-être possible, chez le lecteur continental, mais je n'arrive pas à lui imputer cette réaction... Il eut fallu une introspection dénuée de toute filiation et rapport avec le contexte, ce que je crois quand même difficile. Le côté célino-houellebequien-nietzchéen, oui, peut agacer...

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  15. Difficile de discuter littérature et non des fantasmes des uns et des autres sur le "pinzutu de base" ou le "corse de base" ! Entre racisme anti-corse ou pro-corse il n'y aurait donc aucune issue pour les écrivains corses, sauf à rester chez eux ... Allez, la Corse aux Corses et la France aux Français et les cochons - corses bien sûr- seront bien gardés !!!
    E.C. ( pinzuta basique, raciste antipro, bourgeoise populophobe désoeuvrée amatrice de littérature porcine et de cochonailles vaporisées à la châtaigne , totalement ferrabiancarellisée ...)

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  16. Heidkamp, jamais la façon d'évoquer telle ou telle œuvre ne conviendra à tous, ou c'est trop ou ce n'est pas assez, ou toujours dans le même sens, ou c'est la cacophonie, ou c'est le signe de divisions jalouses ou alors d'une communion ridicule, etc.

    L'essentiel est : parle-t-on du livre, du concret de sa forme et de sa façon de tisser les questions, les thèmes, les motifs, les details etc etc ?

    Et pour le coup, vous pouvez exprimer comme vous l'entendez votre voix singulière.

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  17. Je crains, E.C, que nous ne sortions pas de ce schéma.
    La liste de ce qui vous caractérise, c'est pour faire rire ?
    Désolé, Mr Renucci, mais j'ai horreur de parler des livres ou des films qui m'ont plus. Et puis je le ferais fort mal. Relent de traumatismes scolaires ? Permettez seulement que je goûte les beaux billets critiques de votre blog.

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  18. Permission accordée, Heidkamp... La mort dans l'âme ! Mais si vous poursuivez vos critiques, je ne me contenterai pas de vos flatteries ! Préparez un billet au cas où...

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  19. Il serait peut-être intéressant, à ce stade du débat, de s'interroger (comme Sartre l'avait fait jadis), sur l'écrivain et son public.
    Prenons Houellebecq : il a rencontré un si faramineux lectorat à l'échelle occidentale parce qu'il exprimait la frustration de ces nouvelles couches moyennes, devenues émancipées et hégémoniques à la fin des Trente Glorieuses, et qui, aujourd'hui, crise oblige, n'ont plus les moyens économiques de leur émancipation. Tout est permis mais rien n'est possible.
    Ce préambule pour revenir aux 2 Dupont(d). Mettons de côté leur sublime tutoiement avec l'Universel. Pour qui écrivent-ils ? Pour la néo-bourgeoisie corse, qui a ce rapport écolo-dominant-postmoderne avec le monde rural traditionnel. Et pour les Français qui, Sirius l'a bien dit, sont littéralement capturés sur le terrain de leurs projections favorites.
    Tout le reste est littérature, et chacun est libre de la sacraliser...

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  20. Annie Drimaracci22 octobre 2012 à 22:25

    Tout le reste est en effet littérature et je rejoins le point de vue de François-Xavier Renucci qui définit ce reste comme "l'essentiel", et c'est bien de cela qu'il me semble aussi le plus important de parler.

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  21. Leurs projections favorites ? On leur tend bien le miroir à ces lecteurs honnis, non ? Je ne suis plus sûr qu'il soit question de projection, ou alors c'est encore liquider le problème local en voyant tout le mal briller dans l'oeil du "méchant autre". Là, le méchant lecteur Français, évidemment. Maintenant, à qui voulez-vous que les cousins de la côte s'adressent ? A la jeunesse endoctrinée et boitedenuiéfiée de l'île ? Il n'est plus question de classe à l'agonie, ici, comme sur le continent. Tout s'englue dans un même malaise et le mérite que je reconnais, entre autres, à ces auteurs, est de le cibler pour mieux en sortir par un double effort. La littérature s'adresse avant tout aux amoureux de la littérature, donc à une élite (ici-même visible dans ses plus dignes et rares représentants) et bien-sûr, à ceux qui la lisent ailleurs, maintenant que le véhicule est national. Je ne vois pas pourquoi s'en offusquer. L'histoire d'"aimer qui vous déteste" me parait un peu court et quant aux projections, j'en ai déjà parlé...
    Sur ce qui est du sublime tutoiement avec l'universel ou de la hauteur de narrateurs supra lucides, je partage votre avis.

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    1. Heidkamp, je vais vous dire une grosse saleté : je ne valorise pas l'écriture romanesque contemporaine. Il me semble qu'il faut savoir historiciser sans pitié les genres culturels et que le roman a fait son temps. Il se survit. (voir à ce sujet les analyses de Lukacs ou de Lucien Goldman).
      Quant au "Sermon", imaginons la même intrigue transposée dans le Limousin. Le livre rencontrerait-il un tel succès ? Evidemment non. La Corse est la dernière colonie de proximité et elle se prête aux investissements primitivistes les plus effarants - les évènements récents en apportent encore une fois la preuve.

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    2. Jenny, justement , je ne suis pas d'accord avec votre point de vue...
      Il serait situé dans le Limousin, ce serait la même chose. Il s’appellerait François Dupont, qu 'il rencontrerait le même succès. il le doit avant toute chose à son travail, à son écriture (qui peut ne pas plaire et dérouter, je le conçois fort bien) et à sa vision des mondes qui l'entourent.
      Je crois qu'il est nécessaire, aujourd'hui, pour lire leurs œuvres, de sortir de notre corsocentrisme qui les tue (je n'en suis pas exempte non plus, mea culpa)
      bien plus qu'il ne les favorise.
      Lorsque j'ai lu les critiques venant de blog de lecteurs (positives ou non )concernant le "sermon" je n'y ai pas vu de "délires" sur la Corse, de gens s'épanchant sur les clichés habituels.

      Ah, si.
      Une qui ne voulait PAS le lire, parce que la Corse, elle en avait marre...

      Et un autre, cherchant à reprendre les propos de Ferrari pour valider sa vision politique et historique de la Corse.. (voir le site de Francis Pomponi, France-Corse)

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  22. J'aime beaucoup votre approche Jenny. Je lirai Lukacs et Goldman. En attendant, je serais ravi que vous développiez votre idée (théorie ?) de l'historicisation des genres culturels. Je vais vous dire une grosse saleté ou bêtise : qui dit historicisation dit politisation ? Un peu dans le genre riacquistu ? Est-ce ce que vous prônez ou me trompè-je lourdement?
    Votre argument limousin tient la route. Je dirais simplement qu'il est possible qu'un certain lectorat ait enfin pu lire autre chose, chez JF et MB, que l'adulation des principes ancestraux d'hospitalité, d'honneur, de vengeance, d'artisanat (comme les éloquents numéros de Géo - pour parisiens aussi - le montre d'abondance avec la complicité d'autochtones complaisants tels que les Rogliano's band) Leur critique (JF/MB) prend des chemins souvent très consensuels dans leur outrance, et la haine du pinzutu ne doit pas arrêter n'importe quel curieux des Lettres. Ernst Jünger abhorrait les Français, ce qui ne l'empêche pas d'avoir eu un grand succès en France pour la bonne et simple raison que c'est un "grand."Et pas parce qu'il est bon d'aimer qui le hait.
    Selon vous, les événements récents et anciens en Corse ne sont qu'une réponse adéquate aux investissements primitivistes effarants faits sur l'île... Faudrait-il d'abord répondre à quoi que ce soit ? et apporter une telle réponse, n'est ce pas déjà dire que c'est un peuple qui mérite alors d'être vu ainsi, ou bien fâcheusement incapable d'être "seul" face à son destin.
    Historiciser, peut-être, mais jamais sans le style, sans la musique...

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    1. Heidkamp, promis, je développerai. La concision requise à cet exercice inédit pour moi de blogueuse m'arrête pour le moment.
      Lisez la "Sociologie du roman" de L. Goldmann. Il montre bien - je résume à outrance - comment le roman (pas le récit, ni le conte, etc.)apparaît historiquement avec Balzac et consorts, corrélativement à la montée de la bourgeoisie et meurt avec Proust, Joyce, Kafka (passage du capitalisme concurrentiel libéral au capitalisme monopolistique d'état, fin du "héros problématique" et des figures positives de la subjectivité bourgeoise).
      J'en vois ricaner...Toujours est-il que depuis, nous suivons le cortège funèbre du romanesque. Tout en en accommodant les restes, de fort beaux restes parfois. A suivre.

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  23. Oui, le mot est lâché, c'est bien le "succès" qui dérange ! Alors on ne regarde ce "Sermon" qu'à l'aune de son succès continental, ce qui en perturbe totalement la vision ! D'où ces dérives ridicules ,expression de tous les fantasmes et de toutes les rancoeurs... On n'est vraiment plus dans le domaine de la littérature et, personnellement , je trouve ce genre de propos des plus inquiétants et nauséabonds.

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    1. Oser critiquer Ferrari, c'est être jaloux de son succès. Et tenir des propos "nauséabonds". Rien que ça. Le métier de groupie est un vrai sacerdoce !

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  24. ..."encore une fois la preuve" que
    J. F. et M. B. "inventent le réel"!

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  25. E.C, ce sont surtout vos sentences et votre parole couperet qui exhalent un fumet autocratique plutôt rance. D'où ces propos sont-ils inquiétants ?

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  26. Annie Drimaracci24 octobre 2012 à 22:31

    Comme MP, je suis persuadée que si le Sermon avait eu pour cadre le Limousin, cela n'aurait rien changé. Nous sommes en terre littéraire, et c'est ce qui compte. Pour ce qui est de la mort du roman, je ne crois pas un instant qu'elle soit effective, même si elle a été annoncée par de prestigieux critiques, dont les analyses - toutes brillantes qu'elles soient - sont elles-mêmes datées, et à replacer dans un contexte historique et/ou sociologique. On peut étudier le roman au prisme (parfois réducteur) de toutes les sciences humaines, de la philosophie, de la psychanalyse aussi, et chacune de ces "lectures" du genre romanesque a son intérêt mais reste de la théorie. Lukacs et Goldman, qui n'ont pas eu le temps de voir la suite, ont assisté aux convulsions du Nouveau Roman en pensant que l'écriture romanesque ne résisterait pas à ce maelstrom salutaire. Il fallait bien faire exploser la construction romanesque pour rendre compte du cataclysme et de la barbarie de 39-45, entre autres horreurs. Après de telles secousses, comment peut-on écrire comme avant ? Il faut déconstruire pour reconstruire ensuite. Mais toutes ces réflexions n'ont pas traversé que la question romanesque. Elles se sont posées pour le théâtre, la poésie, tous les grands genres littéraires. On pourrait tout aussi bien dire que l'art abstrait ou conceptuel, marquent la fin (pour ne pas dire sonnent le glas !)de la peinture. Et que l'art en général est en perdition. Mais je crois sincèrement qu'il n'en est rien, même s'il est le reflet des affres des sociétés dans lesquelles il s'inscrit. Depuis Lascaux et tant qu'il y aura des hommes,il y a eu et il y aura une création artistique qui vivra, mourra, puis renaîtra de ses cendres. Il me semble que c'est tout simplement d'ailleurs le message que font passer Ferrari et Biancarelli qui montrent tout à la fois la fragilité et la vitalité de toutes les constructions humaines...Juste pour conclure, une phrase que je trouve très belle, qui m'a été transmise par mon père, et qui interroge la question de l'insularité tout en faisant écho à JF et MB, et invite à dépasser clivages et vaines querelles...Corses, pinzuti, Français, etc...nous sommes tous des échantillons de l'humaine condition. Cette phrase se trouve en exergue de Pour qui sonne le glas, elle est John Donne : "Nul homme n'est une île complète en soi-même ; chaque homme est un morceau de continent, une partie du tout...La mort d'un homme me diminue moi aussi, parce que je suis lié à l'espèce humaine. Par conséquent n'envoie pas demander pour qui sonne le glas. Il sonne pour toi."

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    1. 30 lignes pour énoncer de telles platitudes...

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    2. Anonyme 15:19,
      je ne vois pas pourquoi on devrait se sentir obligé d'énoncer des platitudes uniquement en quelques mots...
      Plaisanterie mise à part, votre message est lapidaire mais cela n'est pas une qualité en soi : prenez vous aussi vos 30 lignes réglementaires pour énoncer vos propres platitudes. Je lis tous les commentaires avec grand intérêt.

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    3. Cher M. Renucci, difficile de se livrer à l'exégèse de tant de platitudes, mais j'en relève 2 pour vous faire plaisir. a)Il y aurait un avant et un après la barbarie nazie. Admettons, mais en quoi ce gros cliché a-t-il à voir avec l'évolution du genre romanesque ? b) Une phrase de 12 lignes qui commence par : "Depuis Lascaux et tant qu'il y aura des hommes..." laisse augurer du pire. On n'est pas déçu. Voilà, merci d'accueillir mes propres banalités...

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    4. Cher Anonyme, merci pour ce commentaire de commentaire, mais je voulais vous appeler à exprimer votre pensée et non pas à critiquer ou dénigrer en permanence les commentaires précédents.

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  27. Merci, EC, grande perspicace, de me révéler les tours que me joue mon inconscient. Bon Dieu, mais c'est bien sûr ! Je suis follement jaloux du succès de Ferrari (que j'admire, au passage, m'interrogeant seulement sur les raisons sociologiques dudit succès). Et me voilà tenant à mon insu des propos inquiétants, voire nauséabonds (sic). Juré, petite chienne de garde, je vais soigner ma bassesse.

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  28. @Heidekamp,
    Oui, je conçois que mes interventions trop rapides puissent vous apparaître tranchantes, mais autocratiques et rances je ne vois pas en quoi (sauf à le déduire de mon appartenance supposée à une catégorie prédéterminée). Je m'explique donc.
    Le ton donné , non pas par vous mais par Sirius et Jenny ,notamment, me semble détourner le débat de la chose et de la cause littéraire. Cette analyse "militante" des livres, comme si ces derniers devaient à priori participer à la lutte des classes ou au combat identitaire relègue en effet au second plan les critères littéraires.
    Mais il y a plus grave : cette mise en ordre manichéenne de bataillons de lecteurs que l'on range sous une catégorie uniforme et totalement fantasmée dont on pourrait à priori déterminer les attentes et la lecture ! C'est une négation de l'individualité du lecteur que je trouve très violente, très agressive .
    Alors oui, ce climat me semble inquiétant et nauséabond : conception guerrière de la littérature, dont l'ennemi ne serait pas la bêtise mais des catégories de la population bien déterminées, généralisation abusive, procès d'intention, négation de l'autre, toutes choses derrières lesquelles on sent poindre la haine. C'est bien là pour moi le contraire de ce que devrait apporter la littérature.
    Et comme je trouve ce climat déprimant, je vais passer mon chemin.
    @ Anonyme
    Il ne s'agit pas de jalouser le succès d'un auteur, mais on a l'impression à lire certains commentaires que le "succès continental" d'un livre dont l'action se passe en Corse ne peut qu'être douteux, qu'un succès sur le continent ne peut relever que de la trahison! Et même la publication chez Actes Sud semblerait pour certains une sorte de passage à l'ennemi (car, pour MB,le succès continental n'est malheureusement pas encore au rendez-vous).

    @Anonyme
    Critiquer les livres de Ferrari n'a rien de nauséabond et j'apprécie au contraire beaucoup les débats qui portent sur le texte, l'écriture et les lectures qui diffèrent de la mienne. Par contre, je n'aime pas ce qui porte sur les intentions supposées, genre "cet auteur écrit pour telle catégorie de lecteur"...
    Par ailleurs, aimer, estimer une oeuvre littéraire et chercher à la faire mieux connaître - ce en quoi je vois désormais ma tâche des plus réduite ! - ce n'est pas être une "groupie" de son auteur, cela n'a rien à voir avec un quelconque culte de la personnalité. Ne soyez pas réducteur !

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  29. FXR revenir aux textes, c'est ta devise non?

    Je rappellerais que le "succès" dont on parle n'est pas venu en un jour, jetez un coup d'oeil en arrière sur le parcours de ces deux auteurs. Notamment de Marcu Biancarelli copieusement vilipendé les premières années...Alors, le chemin a été parcouru comment, si ce n'est parce que le talent s'est imposé progressivement, contre pas mal de préjugés et d'habitudes mentales et qu'ils répondent quelque part à une "attente"? Va-t-on le leur reprocher, à présent?

    par contre, à méditer l'idée d'obsolescence du roman.

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  30. Juste quelques mots supplémentaires car le dernier commentaire de Sirius n'était pas publié quand j'ai répondu.
    @Sirius
    Penser que ce «succès continental» dérange certains ne signifie pas soupçonner de jalousie personnelle - terme que je n'ai jamais employé - ces commentateurs.
    Et je n'ai parlé que de «rancoeurs», celles-ci ne recouvrant pour moi que ces blessures identitaires face à l'ancien colonisateur, dont on voudrait injustement faire supporter la charge à tout lecteur continental ayant apprécié un livre en toute innocence et pour de multiples raisons, aussi variées que ces lecteurs sont différents !

    Par ailleurs, un succès ne s'explique pas forcément par des raisons sociologiques, et si vraiment vous voulez l'analyser ainsi il faudrait un peu plus de rigueur!
    Que connaissez-vous objectivement de ces lecteurs ( âge, sexe, profession , origine sociale ... )? Avez-vous même lu leurs multiples billets sur la blogosphère ? Sans doute non, car on ne peut en tirer ces conclusions qui pour moi ne sont que des à priori que vous plaquez sur la réalité en la déformant.

    Sur le terme «nauséabond», je me suis déjà expliquée : ce qui concourt insidieusement à la négation de l'individu, au rejet et à la haine de l'autre, me semble nauséabond, surtout quand pratiquement rien de la part de cet autre ne peut justifier une telle réaction.

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  31. Et encore moi car je ne découvre que maintenant le dernier commentaire de Jenny qui curieusement apparaît au début du fil de discussion.
    Je voudrais seulement dire que nos propos sur le net , pas toujours explicites, ne peuvent être exempts de mauvaises interprétations. Je peux en ressentir certains comme ridicules, inquiétants ou nauséabonds et n'ai donc pas à m'offusquer qu'on ressente les miens comme paroles couperet, glapissements, ou même qu'on leur trouve un fumet rance...
    Par contre, je ne m'en suis jamais prise aux personnes, et n'ai traité quiconque de groupie,de passonaria,ou de petite chienne de garde ( décidément, on aime à mon sujet la métaphore animale)...
    Ces termes méprisants permettent d'évacuer le propos de l'autre, d'éviter de chercher à le comprendre en le réduisant à une simple réaction stupide de gardien du temple. Un temple dont les idoles seraient JF et MB, ces deux écrivains devenant par la même occasion l'expression de l'ordre établi ( peut-être même des représentants de l' institution étatique tant honnie), ce que je trouve par certains côtés assez comique !

    Emmanuelle

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    1. Madame,
      1- Passonaria n'est en aucun cas un terme méprisant ou injurieux et vous le savez très bien.
      2- Ce serait plutôt vos catégories critiques qui m'intéressent, et elles me semblent toujours renvoyer, quelque part, à la notion d'ineffable. Hegel, ayant vu le truc venir avec les préromantiques, avait justement posé comme critère esthétique que seuls sont bons les poèmes qui peuvent être traduits (certains auteurs corsophones feraient bien d'y songer, qui fétichisent leur expression littéraire au point de se déclarer incapables d'en faire eux-mêmes la traduction).

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  32. Annie Drimaracci26 octobre 2012 à 19:07

    @ Emmanuelle : Tout à fait d'accord. Pourquoi tant de haine ? La finalité de ces échanges devrait être littéraire et c'est parfois loin d'être le cas. Il serait souhaitable en effet que l'on évite le mépris, qui n'a pas valeur d'argument. Je ne suis pas sûre que la courtoisie explicitement demandée sur ce blog par FX Renucci soit une notion connue de tous ici...

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  33. Jenny, vous visez entre les lignes Marcu Biancarelli, qui remet à d'autres le soin de traduire son ineffable prose en français (alors que les Rilke et autres Beckett s'autotraduisaient en toute simplicité).
    Ces chichis sont d'ailleurs contre-productif. Il arrive à Biancarelli la même mésaventure qu'à Edgar Poe, dont les qualités littéraires furent longtemps attribuées à son traducteur, Baudelaire. Combien de personnes (continentales) ai-je entendu qui, après avoir lu "Murtoriu" en VF, m'ont dit : "C'est du Ferrari". Ce dernier aurait du servir de locomotive, il est devenu un boulet.

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    1. Max, cela me paraît absurde de demander à un écrivain qui manie plusieurs langues d'écrire systématiquement ses livres dans toutes ces langues. Bien souvent les écrivains qui s'autodraduisent peuvent avoir l'impression d'écrire un autre livre et ce n'est peut-être pas ce qu'ils veulent.

      Ensuite les livres se défendent bien tous seuls. En VO ou en traduction. Cela ne me gêne aucunement de lire un livre traduit en reconnaissant la pâte d'un traducteur. D'ailleurs, l'essentiel de la traduction de "Murtoriu" a été faite par Jean-François Rosecchi (J. Ferrari n'a traduit que trois chapitres, peut-être que les lecteurs dont vous parlez sauront reconnaître lesquels ?).

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    2. Commentaire de Francesca :

      Au sujet de la traduction le choix n'appartient qu'a l'auteur. Il n'y a pas de règle et tous les choix sont respectables on peut comprendre qu'un auteur préfère se lancer dans de nouvelles créations que de revenir sur son texte pour le traduire. -l peut ne pas se sentir le mieux a même de se traduire, cela n'a rien a voir avec du fétichisme ou des manières , c'est peut-être même de l'humilité ou du réalisme.

      Quant aux auteurs qui ne veulent pas du tout être traduits c'est leur droit aussi, . Ils sont d'ailleurs très très rares. Et si un traducteur a du style l'auteur ne peut être qu'heureux, le contraire serait surprenant..

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  34. Vous permettrez, pour clore le débat qui n'en est pas un, de dire que le feu a été mis aux poudres par EC, dont par ailleurs j'apprécie les talents de lectrice. Ce qui est encore plus dommage. Ses explications viennent bien après son intervention pour le moins agressive. Vous les auriez exprimé d'emblée que la discussion aurait peut-être pris un autre tour. Bien que ne portant pas sur la littérature en elle-même... Quoique, pour moi, la littérature (j'en ai plein la bouche) ne soit pas que compte rendu stylistique et éreintement structurel d'un roman. Ses répercutions vont bien au-delà, et celles qu'elle peut avoir sur un ou plusieurs lecteurs peuvent être AUSSI de la littérature. Mais bon, je peux comprendre que la fiche de lecture soit le thème central du blog. Dans ce cas, en effet, je n'y ai pas ma place (plusieurs réclamant un retour à l'ordre analytique des oeuvres insulaires) Je voulais simplement, avant de partir, savoir si Annie a bien lu tout les billets avant de parler de manque de courtoisie en s'adressant à celle qui a inauguré ce que vous appellez dérives. Bonne continuation.

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    1. Heidkamp,
      je conçois que tout le monde finisse par se fatiguer. ("E fune longhe... etc etc, on me l'a déjà dit.)

      Mais je considère qu'il y a eu débat, débat littéraire. Je considère comme vous que la littérature n'est pas que "compte rendu stylistique etc etc". Sur ce blog, il n'est imposé aucune forme particulière de prise de parole sur les livres, chacun est absolument libre de s'y exprimer de la façon qui lui convient. Donc, non, la "fiche de lecture" n'est pas "le thème central du blog". J'aimerais par contre que vous développiez ce que vous appelez "un retour à l'ordre analytique des oeuvres insulaires" : qui le réclame, où ? En quoi est-ce que cela consiste ? Quoi lui opposer s'il s'agit d'un phénomène critiquable ?

      Et j'espère vous lire à nouveau ici dans les formes qui vous conviendront à propos de vos lectures des oeuvres insulaires.

      Un dernier appel à tous, participants actuels et futurs : je sens que chacun est en mesure de comprendre comment une discussion peut s'accompagner inutilement de propos ambigus ou désagréables, revenons donc à l'élémentaire courtoisie : des critiques, oui, mais précises et dans des tournures qui ne soient pas vindicatives. Merci beaucoup à vous pour votre participation.

      Le "combat" continue.

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  35. Me goure-je?
    Jérôme F. et Marcu B. sont nés hors de l'Île. Ils l'ont d'abord fantasmée en puisant dans ce que charriait le "Riaquistu".
    Puis il s'y sont installés et en sont revenus...
    Comment s'étonner de leurs connivences, de leurs affinités?
    L'ULTIMU de J. P. SANTINI éclaire magistralement leurs chemins parallèles.

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    1. Renucci François-Xavier28 octobre 2012 à 15:37

      Anonyme, vous êtes le dernier à intervenir de façon anonyme à la suite de ce billet, je bloquerai les autres commentaires anonymes.

      Quand on attaque vraiment comme vous le faites, il faut avoir le courage de se nommer. Et de préciser son propos que j'ai encore la faiblesse de trouver intéressant pour la discussion :

      - en quoi le roman de JP Santini éclaire-t-il les chemins parallèles de Jérôme Ferrari et Marcu Biancarelli ? Pourquoi ne pas le préciser tout de suite ? Pourquoi se contenter de minimessages dont la forme assure que la discussion tournera au vinaigre ? Vous n'avez pas conscience de tuer dans l'oeuf des débats que vous semblez pourtant vouloir abonder ?

      - qu'entendez-vous par "connivences et affinités" concernant ces deux auteurs ? Pourquoi ne pas préciser tout de suite si vous parlez littérature ou personnes (ce qui n'est pas l'objet de ce blog) ? Avez-vous lu les interviews et les articles écrits par ces auteurs et qui précisent justement leurs parcours ? Et si nous parlions des livres ? Les avez-vous lus ?

      Je suis désolé pour tout le monde, auteurs, lecteurs, participants et visiteurs muets, on me critique vertement ici et ailleurs (sur Facebook) en me reprochant de laisser passer des propos idiots ou malveillants. Mea maxima culpa !

      Si quelqu'un connaît un endroit où l'on discute calmement et intelligemment, et régulièrement, de littérature corse (sur le net), qu'il me le dise, je quitterai ce blog nauséabond pour aller troubler l'eau de cet endroit paradisiaque.

      Portez-vous bien.

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  36. Annie Drimaracci28 octobre 2012 à 13:02

    Heidkamp, Je ne veux pas relancer la polémique ; en tout cas, j'ai bien pris note de votre message du 21 Octobre et je vous en remercie très sincèrement.
    A tous ceux qui voudraient donner un peu de relief aux platitudes que j'ai pu énoncer en réponse à la question, abordée par Jenny, de la mort du roman, on peut utilement se reporter à l'article de Jean-Yves Debreuille "Comment peut-on écrire après ? De quelques réticences surmontées chez Claude Simon", ou à celui de Molleen Shilliday "Les carrefours du traumatisme" paru dans la revue @nalyses, ou encore à l'ouvrage de Sjef Houppermans "Claude Simon et le Jardin des Plantes", dont je cite un extrait :
    "Que peindre, comment peindre après Auschwitz ?(...) cette question rejoint celle qui n'a cessé de hanter l'écriture de Claude Simon : comment écrire, qu'écrire, que savoir après la défaite des Flandres, l'anéantissement de l'escadron, les humiliations du camp de prisonniers ? Comment écrire après cette césure dans l'ordre du vivant ?
    Dès lors l'urgence d'un langage à reconstruire par les voies de l'art prend tout son sens".

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  37. Anonyme 10.18

    Quelle mouche vous a piqué FXR?

    Je nattaque nullement nos deux auteurs dont j'ai lu les livres et nombre d'intervews. Je n'ai fait que résumer ce qu'ils disent eux-mêmes de leur propre cheminement.
    Bien sûr, connivences et affinités sur les plans littéraire et politique (et j'adhère totalement à leurs analyses)
    Je ne me permets jamais d'attaquer les personnes: il me semblait qu'intervenant sur un site au service de la littérature mes propos ne pouvaient être interprétés dans ce cadre.
    Je croyais naïvement alimenter le débat en y versant une donnée sociologique qui concerne tant et tant de nos compatriotes.
    Des propos malveillants: non et non; idiots: je suis mauvais juge.

    Ayant respecté votre charte, je conserve, par principe, mon anonymat.
    Quant au magnifique ouvrage de Santini, il n'y a rien de mieux à faire que de conseiller de le lire toutes affaires cessantes. Cette fois-ci me reprochera-t-on de verser dans le dithyrambe?
    Il m'importe que vous lisiez ma mise au point. Quant à sa publication, je vous en laisse seul juge.

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    1. Et voilà, pour une fois que je réponds de façon virulente, c'est impertinent... Désolé donc pour cette virulence déplacée, je l'explique par le contexte des discussions sur ce billet et par le fait que votre commentaire n'étaient pas assez explicite (pour moi à ce moment-là). Et puis il y a tellement d'anonymes qu'on ne les reconnaît pas, il faudrait que chaque anonyme ait un pseudo spécifique et qu'il n'en change pas, afin de relier entre eux les commentaires.

      C'est pourquoi je ne critiquerai pas votre point de vue élogieux sur le livre de Santini mais que je vous engage au contraire à faire part de votre point de vue de façon plus détaillée, sans vouloir vous obliger bien sûr.

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  38. Même s'ils ont beaucoup de points communs il ne faudrait pas tomber dans l'erreur de considérer ces deux auteurs comme deux "jumeaux", les "traiter" ensemble, laissons-leur leur voix et leur voie singulières, à chacun.
    Je me souviens par exemple que dans un colloque à Portivechju, Jérôme Ferrari avait dit qu'il n'avait pas fait l'"erreur" (avec humour, non pas de façon tranchée) d'écrire en corse, ce à quoi faisaient écho des écrivains sardes expliquant qu'ils défendaient bien mieux la Sardaigne en écrivant en italien, Fois disant même qu'il écrirait en anglais s'il le pouvait pour avoir plus de lecteurs. Il y a là déjà une différence fondamentale. Chacun a des choix différents, je ne veux pas dire par là que l'un des choix est meilleur que l'autre, je n'émets pas un jugement de valeur, cela relève complètement de l'artiste, mais c'est une différence.
    Le temps à mon avis montrera que la voie choisie par Marcu Biancarelli, plus étroite, certes, plus incertaine, mais qui a dû s'imposer d'elle-même, comme la sienne propre, sera précisément sa "gloire" (je fais le pari...)
    Autre exemple, le mysticisme qui affleure chez Ferrari, et qui donne d'ailleurs une dimension et un souffle particuliers à son style, je ne le vois pas non plus chez Biancarelli(en passant, je trouve son dialogue avec le petit Bouddha de comptoir désopilant dans "Murtoriu", je me suis tordue de rire), ce qui n'emp^che pas quelques réflexions métaphysiques.
    Tiens certains aspects jubilatoires chez Biancarelli (dans le sexe, dans la nature, dans certaines situations ou dialogues) je n'en vois pas de ce type chez Ferrari( mais je n'ai pas lu Variétés de la mort) dont l'oeuvre est finalement peut-être encore plus sombre et plus pessimiste.
    La poésie domine dans le style chez Ferrari (et j'adore ce style, parfois controversé, d'autant qu'il allège le poids et rend supportable ses survols de l'abîme), sans être aussi prédominante chez Biancarelli, bien que présente.
    il y aurait bien d'autres choses à dire encore...et vous n'êtes peut-être pas d'accord avec moi :))

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    1. D'accord avec toi, Francesca, bien des différences entre ces deux auteurs, que nos lectures détailleront, cependant, je trouve que ce qui les associe est très fort, voir l'entretien commun dans l'hebdomadaire La Vie ou le compte rendu d'une rencontre avec les deux écrivains en 2009 à l'université de Corse (je place le lien dans un prochain commentaire).

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    2. Le lien sur le compte rendu d'une rencontre avec les deux écrivains, Jérôme Ferrari et Marcu Biancarelli en 2009 : http://pourunelitteraturecorse.blogspot.fr/2009/04/de-la-litterature-corse-pour-tout-le.html

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  39. En ce qui concerne le succès : ne faut-il point imaginer un réseau d’influence très efficace auprès des médias et des critiques de la part de certaines maisons d’édition ? ( à ce propos, Acte Sud pourrait parler un peu plus de leur publication d’un auteur corse traduit en français, ça oui que c’est un évènement en France, non ?)Oui sans doute le succès d’un roman est lié à des attentes mais de là à parler d’investissements primitivistes cela me paraît être un raccourci, une simplification. Cela me rappelle les réactions d’"illustres" Italiens qui se sont insurgés face au succès international des films néo-réalistes : c’était les années après-guerre et il fallait laver son linge sale en famille... Ceci dit, je ne perçois vraiment pas dans les grotesques peints par Ferrari et Biancarelli la moindre esquisse de description d’un monde rural traditionnel : nous sommes bien dans le post-rural, n’est-ce pas ? Et de la répétition des thèmes abordés : combien d’écrivains et d’artistes en général ont avoué avoir écrit (composé) toujours autour d’un même et unique sujet. Je me permettrais de dire que la proximité physique qui nous lie les uns aux autres rend notre appréciation (dans tous les sens du terme) extrêmement difficile. Qui sait comment aurions-nous lu le fameux bouquin du Limousin... Par exemple: j’éprouve toujours beaucoup d’agacement quand on me parle de façon excessivement enthousiaste des bouquins de Milena Agus,je suis italienne non pas sarde( ah? puis-je légitimement m'exprimer?) et elle m’agace terriblement... combien d’autres écrivaines sardes non traduites –tiens, intéressant ...- sont dix fois plus douées qu’elles, Giulia Clarkson, Luciana Floris et Mariangela Sedda par exemple)
    Ceci dit je m’étonne moi-même du succès du sermon de Jérôme ( Sic !)...Un Goncourt, non mais là c’est du Ferrari tout ‘cru’...

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  40. Merci pour ce commentaire, et pour ces noms d'auteurs sardes, cela me donne envie de taper leurs noms dans Google.

    Concernant le rapport de "Murtoriu" avec une soit-disant reprise de clichés, le livre évoque lui-même cet écueil et y échappe dans le dernier chapitre, et oppose à la "barbarie" diagnostiquée par Mérimée une "damnation" et une "guerre". J'ai même trouvé assez culotté de convoquer à nouveau cette figure littéraire dans un roman aussi novateur, mais cela se comprend car cela fait écho au premier chapitre qui vitupère contre la vision contemporaine des centres et des périphéries. Le discours du libraire/poète Marc-Antoine est bien ce qui donne naissance à tout le livre : le discours sur le monde à partir de la Corse, le discours sur la Corse actuelle, le rappel en pointillés de son histoire, le récit de ces quelques saisons vécues par le narrateur avant son départ pour Barcelone, le récit des quelques années de guerre vécues par le grand-père.

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