vendredi 29 juillet 2011

Littérature corse et Canadair...

J'adore voir arriver les canadairs... dans les textes littéraires corses.

La prise en compte du canadair par un livre corse me remplit de joie, et selon que le texte en fait quelque chose de réussi ou non, je peux déterminer la qualité générale de l'ouvrage. Si si.

Ainsi de :
- "La fuite aux Agriates", de Marie Ferranti (Gallimard) : au moment de la fuite du couple en montagne (il faut que je retrouve la référence et que je cite la page). Arrivée très surprenante, angoissante, émouvante ; image qui s'imprime sur la rétine de notre oeil imaginaire (pour moi en tout cas).
- une chanson des Cantelli (premier album), je me souviens que le personnage se plaint d'être "pienu cum'un canadair !" (chanson sur l'éternel jeune macho revenant de bringue). Sourire devant le bon mot, bien vu, devant le mélange des langues aussi.

et maintenant :
- un poème de Jean-François Agostini, dans un de ses derniers recueils publiés cette année : "Quelques mots en l'air pour ne pas dire" (Colonna éditions).

Je cite ce poème, mais je ne peux respecter la mise en page particulière de ses mots (déjà utilisée dans le recueil "Tyrrhéniennes" (Editions Henry/Ecrits des Forges, 2009). Je place donc une barre oblique là où normalement se trouve un espace plus ou moins long :

Un canadair défait le calme du poème
et du dix / Son jaune éclaircit l'oeuf solaire en
fumé / Des bras tendus numérisent le por
teur d'eau comme d'autres croquaient des vieilles femmes
fagots en tête / et pieds dans une misère
encore supportable


/ Un dernier largage pulvérise les flammes
Le bruit prend de l'altitude / bat de l'aile et
se tait / Se métamorphose en pixel luisant

/ En cliquant / cet hiver
on verra déferler / les clichés de l'été
dans les yeux des vieilles filles / à écrans plats
et pieds dans le vide / de leur vie sans vertige

J'adore ce poème, je trouve qu'il parvient à saisir en une seule petite scène (deux fois répétée : filmer le spectacle d'un canadair en train de larguer de l'eau sur un feu l'été en Corse) ce que le travail du poème peut faire face au travail du cliché (justement nommé), tout en assumant que chacun participe des deux choses, grâce à ce "on", omniprésent dans ce recueil. (Il faudrait travailler à relire toute la littérature corse via les usages des pronoms, et l'énonciation mise en place dans chaque texte - par exemple, j'ai relu dernièrement une des nouvelles de "Variétés de la mort" de Jérôme Ferrari, j'avais complètement oublié que l'histoire tragiquement ridicule d'un groupe de clandestins du FLNC était racontée par morceaux contradictoires à un personnage simplement poussé par une curiosité idiote, alors que son couple se défait...).

Alors, connaissez-vous d'autres textes littéraires corses aussi magnifiques que les trois nommés dans ce billet et qui contiennent un CANADAIR ?

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