Et voici "un" compte rendu de la rencontre littéraire du 15 avril 2009, comme promis.
A compléter s'il vous paraît lacunaire, à nuancer s'il vous paraît brutal, à questionner s'il vous paraît obscur ! Car il s'agit bien d'une recomposition écrite (le 19 avril) à partir de notes brèves prises par l'animateur pendant qu'il animait (le 15 avril) et globalement remises au propre à l'aéroport de Poretta (le 16 avril) !
Une introduction :
Je fais référence au "Bréviaire de littérature à l'usage des vivants" de Pierre Bergounioux (éditions Bréal, 2004), dont l'introduction s'intitule "Quelqu'un fait quelque chose". Histoire d'indiquer que nous allons parler de "littérature" (et non d'abord de la Corse).
Je veux par là insister sur la valeur que nous prêtons aux livres de Marcu Biancarelli et Jérôme Ferrari, qui sont de véritables actes ("fait") aboutissant à des objets infinis, que nous pouvons lire et relire et que nos enfants liront et reliront, objets ("quelque chose") capables de vivifier nos esprits et nos imaginaires.
Je veux par là aussi insister sur l'individualité et la singularité de ces deux auteurs ("quelqu'un") tout autant que sur le caractère "collectif" de leur être :
- en tant que "frères jumeaux" (même âge, même perspective, même arrivée percutante dans la littérature corse avec un recueil de nouvelles, "Prighjuneri/Prisonnier" (2000) et "Variétés de la mort" (2001), liens encore resserrés par le travail de traduction de Biancarelli par Ferrari)
- en tant que "réponse" à une situation générale de la société corse marquée, dans les années 1990, par un effondrement du mouvement nationaliste et une absence de perspective
Ceci étant dit (mais j'étais moins précis ce soir-là), Diane Saliceti prend la parole pour se "prosterner devant ses idoles". Elle signale se reconnaître dans leurs livres qui sont des reflets importants de la Corse et apprécier grandement leurs plumes modernes.
Suivent alors une série de mes Questions, d'Interventions du public et de réponses des deux auteurs (MB et JF). J'ajoute en caractères gras des choses qui me viennent au moment où j'écris ces lignes :
Question 1 : Le titre de la rencontre présente vos oeuvres comme des "expressions polémiques". Avez-vous le sentiment d'écrire pour faire la guerre, et si oui contre quoi ?
MB : Je ne fais la guerre contre rien. Créer est déjà assez difficile (accouchement dans la douleur). Il y a de la révolte contre un destin dans mes écrits, mais pas uniquement, il y a aussi de la tendresse, de la générosité. Je voulais écrire les livres que nous voulions lire et qui n'existaient pas. Et puis à cette époque en Corse la parole était un objet scandaleux, il n'y avait pas de droit à la parole. Alors oui, je fais la guerre contre cela. Et je la fais avec les mots parce que je ne sais pas le faire en politique, dans le football ou par la musique. Il s'agit d'écrire au moins trois lignes, qui puissent faire écho chez moi d'abord (en Corse) et au-delà aussi car n'écrire que pour les siens, être exclusif, équivaudrait à une nouvelle interdiction de parole. Nous étions dans une société qui n'émancipait pas, qui empêchait de voir le monde. J'ai trouvé notamment dans la lecture de Cormac Mc Carthy une écriture qui n'hésitait pas à dire les choses dans un rapport cru et direct avec la réalité.
JF : L'écriture polémique a représenté pour moi un moment (terminé aujourd'hui). Un moment contre une situation et pour revendiquer l'autonomie de la création. Pour imposer l'idée que mes écrits sont ancrés dans des enjeux strictement littéraires. Leur brutalité n'était pas consciente et ce moment est tout à fait terminé.
MB et JF : Nous insistons aussi pour dire que ces textes polémiques ("Variétés de la mort" et "Prighjuneri/Prisonnier") font rire, nous ont fait rire et étaient fait pour faire rire.
Intervention 1 : Est-ce que l'étonnement des lecteurs face à la brutalité, la crudité de vos textes n'était pas dûe à l'habitude de faire une lecture documentaire des oeuvres de fiction et d'y croire retrouver la "réalité" telle quelle ?
JF : Oui. Des lecteurs ont confondu mon personnage avec son auteur, cela a pu créer du scandale. Et ma première traduction d'une nouvelle de MB m'a fait sentir sa grossièreté de façon encore plus directe.
Intervention 2 : En ce qui me concerne, la lecture de la nouvelle de MB m'a fait plus d'effet en langue corse que dans sa traduction française car nous avons plus l'habitude de lire des textes crus en français.
MB : J'ai fait lire mes premiers écrits à mon père et il a ri. J'insiste sur le plaisir jubilatoire pris à l'écriture de ces rextes "choquants".
Intervention 3 : Mais c'est un rire face une situation angoissante, pour faire respirer.
MB : Oui, un rire qui fait respirer. Les années 95, 96, 97 étaient très dures. Il s'agissait de s'en libérer par l'écriture. Mon premier recueil de poésie (pas si bon que ça) était un acte émancipatoire. On m'a dit que je montrais du mépris, de la distance, que j'avais des devoirs qui m'interdisaient d'écrire comme cela.
Intervention 4 : Pensez-vous alors qu'une littérature doit s'interdire de participer à l'émancipation d'un peuple ?
MB : Non, je n'ai pas dit cela.
JF : Nos écrits avaient à voir avec le nationalisme, c'est sûr, il y a un lien.
MB : Mais ils prenaient en compte toutes les lourdeurs de la société corse en général.
Question 1b : L'intitulé de la rencontre évoque le thème de la "corsitude". Peut-on dire que votre oeuvre a l'intention de proposer une autre image de la Corse et de la corsitude ?
JF : Non, cela ne me convient pas. Je n'ai pas d'intention globalisante. Mon art a à voir avec la Corse mais je ne cherche pas à remplacer une ancienne image de la Corse par une autre. Je refuse cette responsabilité.
MB : Il ne faut pas confondre la corsitude de l'auteur et l'objectif de sa création. Certes j'écris en langue corse mais mes livres sont lus ailleurs. Ecrire en langue corse est un acte émancipatoire mais je n'écris pas des ouvrages à thèse. C'est de la littérature, basée sur le plaisir de l'écriture. Un jour peut-être, il y aura une certaine lassitude à écrire, mais ce sont des choses personnelles.
Question 2 : Milan Kundera estime que l'on peut évoquer un livre dans deux contextes : le "petit contexte" (un pays, une nation) et le "grand contexte" (histoire européenne ou occidentale des arts). Considérez-vous qu'il faille regarder vos livres selon ces deux contextes ?
JF : Oui, je suis d'accord avec cette vision des choses. J'estime que dans tout livre il y a plusieurs strates, plusieurs niveaux de lectures et je ne veux sacrifier aucun des niveaux. De ce point de vue, "Balco Atlantico" a été le livre le plus difficile à écrire pour tenir ensemble le public averti (corse, qui connaît de près l'histoire du nationalisme) et le public qui n'y connaît pas grand chose : il fallait éviter à la fois le didactique et l'allusif.
Intervention 5 : Est-ce que cela change tout de même quelque chose (dans l'écriture et la prise en compte d'un nouveau lectorat) de passer d'un éditeur corse (Albiana) à une grande maison d'édition comme Actes Sud ?
JF : Cela change des choses, mais pas l'écriture. "Variétés de la mort" (Albiana) n'était pas écrit pour un usage exclusivement local, corse.
MB : Personnellement, mes lectures d'enfance mélangeaient les auteurs corses et les auteurs américains, russes, les bandes dessinées. Il n'y a pas de hiatus. Certains auteurs ont été des clés pour l'écriture : John Fante, Dostoïevski (notamment les "Carnets du sous-sol") ou même le premier roman de Michel Houellebecq ("Les particules élémentaires" / Nous aurions pu évoquer ici le fait que ce roman imagine une ascendance corse au personnage principal et que sa critique de la société occidentale au moyen de références philosophiques et scientifiques se retrouve chez MB et particulièrement chez JF, voir son "Aleph zéro"). Parmi les auteurs corses qui ont été importants pour moi, je peux citer Ghjacumu Biancarelli, Jacques Fusina, le "A funtana d'Altea" de Jacques Thiers, le "Pesciu Anguilla" de Sebastianu Dalzeto : il y avait une simplicité, je les comprenais, directement, ça me parlait. A dix ans, je savais déjà que j'allais écrire.
Intervention 6 : On note chez vous deux l'abondance des citations d'auteurs aimés, comme si vous présentiez vos livres entourés par toute une armée.
MB : On nous a reproché ces citations (Nietzsche, Dostoïevski, et les autres) en disant que c'était prétentieux. Mais c'est au contraire un acte d'humilité pour montrer que nous venons après eux, qu'ils sont des influences. Ce sont des clés pour comprendre d'où sortent les textes.
JF : Certaines de mes citations étaient même par moment plus longues que mes propres écrits. J'apprécie beaucoup ce travail de citation.
Quesiton 3 : On remarque que vos livres intègrent régulièrement et de façon importante des personnages et des éléments arabes. Etait-il important pour vous de faire état de la part maghrébine de la Corse ? Je pense par exemple au poème "Com'è quì l'omini" dans le recueil "Viaghju in Vivaldia" (de MB).
MB : Il s'agit d'abord de réalités personnelles. Vous faites allusion à un poème que j'ai consacré à un ami marocain assassiné. Peut-être était-il un dealer, mais même dans ce cas je ne considère pas que c'était une raison pour subir la peine de mort. Je suis né en Algérie, donc les cultures du Maghreb ne me sont pas tout à fait étrangères. J'ai une relation affective très forte avec tout cela. Mais pour ce qui est de l'écriture, je n'ai pas cherché à ne pas exclure les Arabes de mes livres. Je ne veux pas faire de racisme inversé. Je parle de tous ceux qui composent la société corse : marocains, sardes, italiens, français. C'est cela qui me plaît.
JF : Il n'y a pas d'acte volontaire de ma part de parler des Arabes de Corse. Oui, j'ai été marqué par l'assassinat des deux Tunisiens en 1984 à Ajaccio. J'ai passé quatre ans en Algérie (professeur au Lycée français d'Alger). Et mon expérience à Porto-Vecchio m'a montré que cet endroit faisait cohabiter deux mondes imperméables l'un à l'autre : corse et arabe. (Une question que l'on aurait pu poser alors : écrire, est-ce une façon pour vous non pas de réconcilier ces groupes mais de montrer qu'ils vivent dans le même lieu, qu'ils ont tout de même des relations - notamment sentimentales et sexuelles - et de montrer la réalité diverse de la Corse ?)
MB : Tu n'as pas encore été invité à Sperone ! Il y a plusieurs mondes imperméables les uns aux autres à Porto-Vecchio.
Question 4 : On remarque dans vos livres respectifs la présence très forte du personnage du jeune homme aventureux, qui oscille entre la dérive complète et la quête d'un idéal, qui cherche à transcender sa vie, sans forcément y parvenir. Notamment dans "51 Pegasi, astru virtuale" (MB) et "Un dieu un animal" (JF).
MB : C'est vrai. C'est issu notamment d'expériences personnelles. Le poète de "51 Pegasi" fait référence à une personne réelle que j'ai connue et qui est décédée depuis. Qui écrivait des poèmes à Porto-Vecchio. Ce personnage du jeune homme en général est issu d'expériences de vie, d'expérience de nuit.
JF : Le personnage de "Un dieu un animal" est purement fictif. Il prend sa source dans une réalité très ancienne en Corse : la volonté de partir. Ce départ se faisait souvent sous les armes. Et je n'en ai pas fini avec ce thème et ce type de personnage. J'avais deux grands-pères qui sont partis comme ça. Je me demande ce que cela fait d'être né à Zigliara et de partir en 1903 en Syrie. On ne peut pas mesurer ça. Et je trouve que ce thème est puissant d'un point de vue esthétique. C'est une partie importante de mon imaginaire.
Question 5 : Je remarque que la littérature est aussi une affaire de commande d'éditeur, de revues. Quel rôle ont joué ces commandes chez vous ? Notamment, la courte nouvelle "La nuit du doute" (JF) dans le numéro 15 de Philosophie Magazine (décembre 2007-janvier 2008) et "Pas une lumière" (MB) dans le numéro 4 de la revue L'Archipel des lettres (mars 2009) ou "Natio Borgo Selvaggio" (MB) dans le recueil "Nouvelles de Corse" (éditions Magellan et Cie, 2008).
JF : "La nuit du doute" est bien une nouvelle de commande. Après "Dans le secret", j'ai été contacté par mail par ce magazine pour une rubrique qui associait un écrivain et un philosophe. Ma nouvelle a été associée à l'ethnopsychiatre et écrivain Tobie Nathan. Elle met en scène un personnage de jeune Corse qui tient un bar dans un île de l'océan indien. Je l'ai écrite en mai 2007. Le thème est celui de l'angoisse qu'on éprouve lorsqu'on se trouve dans un pays étranger ; une angoisse positive parce qu'on prend conscience que l'on n'est plus chez soi. J'ai découvert à cette occasion les ressources du tutoiement (la narration utilise de bout en bout le "tu" pour désigner le personnage principal) qui permet une proximité intime. Quand je suis revenu en Corse en septembre 2007, j'ai éprouvé un sentiment étrange : j'ai retrouvé ce sentiment d'angoisse mais chez moi, se sentir étranger chez soi. Et ce fut le point de départ de l'écriture de "Un dieu un animal". (Je tombe aujourd'hui par hasard sur un passage de "Aleph Zéro" (2002) qui utilise déjà brièvement le tutoiement, page 113, et qui paraît programmatique : Maintenant, tu n'es plus chez toi. Tu peux encore le croire mais tu comprends bien que tu fais erreur. Peut-être un démon joue-t-il avec toi. Tu n'es pas ici, pas seulement, en ce moment même tu chevauches sans doute dans le désert parmi les lycaons, il y a aussi des baisers sombres, et peut-être un lagon, et c'est pour ça que ce verre de whisky, bien qu'il soit la seule chose visible, semble si lointain, c'est pour ça que malgré tes efforts et ton ivresse, il te concerne si peu. Et ce tutoiement qui te secoue, ce n'est pas celui de l'intimité ou de l'affection, c'est le tutoiement grossier et méprisant de l'exil. On te chasse. Entre parenthèses, quel plaisir de citer les textes, peut-être aurions-nous dû laisser beaucoup plus de place le soir du 15 avril à la lecture de passages des oeuvres !)
Il y a une autre proposition d'écriture. C'est pour le volume "Ecrivains en série" aux éditions Léo Scheer (avec l'écrivain et directrice de collection et blogueuse Laure Limongi, née à Bastia, voir un précédent billet à son sujet) qui demande à des écrivains, des artistes, des philosophes d'écrire ce qu'ils veulent (fond et forme) à propos d'un série télé ; je réfléchis sérieusement à faire quelque chose à propos de la série "Mafiosa" qui passe sur Canal +.
MB : Moi aussi je reçois de telles propositions d'écriture, dans ma boîte mail. Ces commandes me demandent toujours des textes écrits en français. "Pas une lumière" et "Natio Borgo Selvaggio" feront certainement l'objet d'une publication en recueil, un recueil de nouvelles écrites directement en français. J'apprécie beaucoup d'écrire aussi en français.
Intervention 7 : Dans la nouvelle "Zia Maria cocaïna" (dans "Stremu Miridianu") vous (MB) écrivez : "ùn semu micca à un paradossu pressu". Quelle vision avez-vous de la jeunesse corse ?
MB : Mon livre n'est pas moralisateur, je cherche simplement à être au plus près des expériences de vie, de la réalité. Je n'écris pas de discours, de démonstration idéologique. J'utilise des expressions qu'on a tous pu prononcer à un moment. Dans "51 Pegasi", j'écris "C'est trop corse..." sans que je cherche à en faire un absolu. C'est un peu comme dans le film "Trainspotting" qui fait dire à ses personnages écossais : "On a été colonisés par le peuple le plus con de la terre", c'est-à-dire les Anglais et le cinéaste n'est pas un nationaliste écossais. Il utilise lui aussi ce qui se dit, sans en faire un absolu.
Intervention 8 : Toutefois le caractère écrit des livres fige ce qui était d'abord oral et donc le lecteur cherche un sens qui n'était peut-être pas dans l'intention de l'auteur.
MB : Pour la nouvelle "Zia Maria cucaïna", il s'agissait d'évoquer une histoire qui me faisait rire, c'était presque une private joke. Je ne fais pas de la description de ce village de Campanaccia une vérité absolue. C'était un exercice d'écriture et l'aspect qui a été le plus important pour moi est le travail sur le style.
Intervention 9 : Comment écrivez-vous ? Avec des horaires précis ?
MB : J'ai besoin d'une longue maturation, à la limite de la fainéantise. Puis de me mettre en conditionnement et alors je peux écrire de 6 heures du matin jusque tard dans la nuit, sans arrêt. Puis je réécris et retravaille en permanence. C'est Paulu Desanti qui m'a dit que la différence entre un écrivain et quelqu'un qui écrit c'est que le premier retravaille sans cesse.
JF : Mon écriture n'est pas régulière. Il faut que le texte soit "prêt" dans ma tête, qu'il constitue un monde complet et concret. Ainsi, je pense que je n'écrirai pas de long roman qui réclame une architecture très complexe de reprises, annonces, etc. Quand j'écris, je réécris, je lis à haute voix. Le premier recueil de nouvelles était une sorte de préparation au roman (avec des personnages qui reviennent de nouvelle en nouvelle).
Intervention 10 : Nadigne Daigné a adapté au cinéma votre nouvelle "Mydriase" (du recueil "Variétés de la mort"). Y avez-vous participé ?
JF : Non. Je ne me suis pas reconnu dans le scénario mais ce n'est pas un problème. Ce n'était pas l'objectif, il s'agit d'une création de Nadine.
Intervention 11 : Votre nouvelle, intitulée "Calzunettu" (?), qui évoque un homme avec quatre bras et trois jambes m'a beaucoup plu, pouvez-vous nous en parler ?
MB : Je n'ai pas souvenir d'avoir publié ni écrit une nouvelle sur ce sujet !
Question 6 : Comment comprendre la nouvelle centrale du recueil "Stremu Miridianu", intitulée "U portafogliu" ? Elle est la seule à ne pas être submergée par la violence et le sexe.
MB : "Stremu Miridianu" c'est à la fois le lieu de "l'extrême sud" et le "sud extrême" où se déroulent des événements parfois excessifs. La nouvelle "U portafogliu" est au centre du livre parce qu'elle parle de ce lieu mais à travers le prisme de l'enfance. C'est un hommage, une déclaration d'amour au Porto Vecchio de mon enfance et de l'enfance de beaucoup d'autres. Avec une nostalgie assumée, parce que la nostalgie est une belle chose. Elle a un côté plus charnel, plus intimiste, plus généreux que les autres nouvelles, mais tout le reste du livre parle du même lieu, parti dans tous les sens, en morceaux, transformé en Tijuana.
Intervention 12 : Est-ce que le cinéma a influencé vos écritures ? Vous avez parlé de Cormac Mc Carthy et on m'a dit que l'adaptation par les frères Coen de "No Country for Old Men" correspondait exactement au livre. Désirez-vous aller vers cela, une écriture scénaristique ?
JF : Je suis en train d'écrire un scénario et ce type d'écriture est très éloigné de l'écriture narrative et est beaucoup plus formaté en règle générale. Ou alors vous avez des films comme "21 grammes" qui travaille sur la destructuration du temps, des séquences non suivies et assume le fait que le spectateur ne comprend rien pendant la première demi-heure. Par contre, mon écriture est souvent visuelle, repose sur des images que je vois en imagination.
MB : Je suis nourri de beaucoup d'images. Je considère la BD comme de la littérature et j'aime le choc des images dans la narration. J'ai besoin de visualiser quand j'écris. Dans "51 Pegasi", je fais une allusion aux frères Coen [Complément de MB, suite à commentaire : l'allusion aux "enfants effrayés aux fenêtres" vient de Tim Burton]. Quand j'étais adolescent, les bandes dessinées ont été très importantes et ont représenté mon apprentissage. Surtout Hugo Pratt et Corto Maltese. Cette bande dessinée est d'ailleurs déjà en soi du cinéma et utilise tous les artifices du cinéma, ce qui explique que toutes les adaptations cinématographiques des BD de Pratt soient ratées. Et puis il y a des personnages forts qui représentent les lignes de force de mon adolescence. Par exemple, Cush dans les "Ethiopiques".
Intervention 13 : Finalement, comment vous positionnez-vous face à la Corse et à la corsitude ?
MB : Ni hostilité ni indifférence.
JF : C'est aussi une question permanente que celle de la relation à la Corse. Je le vois par rapport à mon éditeur Actes Sud, il est difficile de ne pas être regardé sur le continent comme de la littérature régionale ou avec une connotation péjorative. Lorsque Olivier Barrot a consacré sa très courte émission télévisuelle, "Un livre un jour", à "Dans le secret", il a utilisé des images des calanques de Piana et une musique des Muvrini. Je n'ai rien contre les unes et l'autre mais cet accompagnement audiovisuel était stéréotypé et ne correspondait pas au livre. Je pense que ce sera pour moi une victoire le jour où l'on pourra dire sur le continent que mes livres parlent de la Corse sans connotation péjorative. [Ajout de 19 h 36 : JF signale que Jean-Baptiste Predali, autre auteur corse publié chez Actes Sud, considère qu'ils sont - JF et lui - les "worstsellers" de cette maison d'édition !]
Intervention 14 : J'ai trouvé que la critique parue dans le Nouvel Observateur était très bonne.
MB : Non, je ne trouve pas et je pense que les préjugés des critiques parisiens dureront peut-être encore des siècles ! (Voir ici une possible suite à ce sujet).
Intervention 15 : Il me semble pourtant que le monde littéraire corse a assez de ressources pour manifester d'autres points de vue, même au niveau parisien. Pourquoi, par exemple, avec les éditeurs, les auteurs, les chercheurs, critiques et analystes, ne pas organiser des débats au prochain Salon du Livre de Paris plutôt que de se contenter de dédicaces ? Le web est aussi un lieu de discussion encore sous-utilisé. Donner la parole aux lecteurs est aussi d'une extrême importance. (Bravo pour ceux qui m'attribueront la paternité de cette intervention... qui a suscité un silence dont je ne sais s'il voulait dire que tout le monde était d'accord ou plutôt en désaccord. Une plaisanterie pour terminer, cela ne se refuse pas.)
Bonne lecture à vous tous : faites retour aux livres ! Et un tel compte rendu n'aura pas été totalement vain.
[Ajout de 19 h 16 :
Intervention 16 : Je voudrais saluer votre travail et la férocité salutaire de vos oeuvres.
Rebond de l'animateur : Il est tout à fait juste de parler de férocité. Il peut aussi être intéressant qu'une étude soit fait sur ce fil de la critique sociale féroce dans le courant littéraire corse pour pouvoir mieux connaître la singularité de la férocité de MB et de JF ; car d'autres ont pu être féroces avant eux : Ghjacumu Thiers, Rinatu Coti, Angelo Rinaldi, Sebastianu Dalzeto, Salvatore Viale, voire Giovanni della Grossa avec ce très fameux "Orso Alamano/Musconu d'Avretu".]
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
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Grazie pè 'ssu resu contu !
RépondreSupprimerÈ grazie pè 'ssu locu : in pocu tempu, n'ete fattu un locu necessariu (cusì riccu!),
Avà ùn possu più viaghjà nantu à u Nettu senza vene à fà un girettu da vede ciò ch'è vo avete scrittu o i cummenti lasciati è per quessa ùn vi ringraziu micca, chì u tempu mi manca -)).
'Ssi dui autori custruiscenu un'opara persunale ricca, prufonda, di soffiu putente, chì pò interessà à tutti, bè al di là di a Corsica.
Bunissima idea : à u Salone di u Libru, seria una bona d'urganizà dibattiti micca corsocorsi, ma cù l'atri editori è u publicu, perchè tuttu ciò chì esce da a Corsica hè vistu sia cù i spichjetti vechji "rumantichi" o "merimeschi" (lol)sia cù u prismu DI I MEDIA d'oghje : "polyphonies sur fond de plage aux flots bleus", o viulenza è ancu razzisimu...Ci n'hè torna per decine d'anni di a Francia giaccubbina è parisianista: ci vuleria à cuntà di più nantu à editori fora di a Francia : Taliani o Catalani, per un dettu, perchè st'opere, è altre, ci truverianu un ribombu.
François-Xavier, chapeau !
RépondreSupprimerIl est très important (pour les auteurs, et je suppose aussi pour nombre de lecteurs) que de telles rencontres puissent laisser des traces écrites de cette qualité et de cette justesse d'analyse.
Je voulais juste ajouter que j'ai dû me planter lorsque je parlais des influences du cinéma dans 51 Pegasi. J'ai cité (justement) les Coen, mais lorsque j'évoquais des images comme "des enfants effrayés aux fenêtres" c'est à Tim Burton que je pensais, et j'ai dû oublier de le dire.
Bon, c'est un léger détail mais il est bon de pousser un peu sa pensée.
Sinon encore merci pour ce compte-rendu remarquable, et merci aux organisateurs (tanti basgi pà Diana).
Je ne me substituerai pas à Jérôme pour ses propres remerciements mais je peux vous dire qu'il a été enchanté par la rencontre et que nous en avons reparlé au téléphone, encore touchés par la qualité de l'accueil et de l'échange.
MB
Vi ringraziu, Francesca.
RépondreSupprimerSò d'accordu incù isse idee di dibattiti cù scrivani di altre culture ; tematiche cumune ci ne sò à buzeffa ; è po tematiche o discussione chè no ùn cunniscimu micca pudenu esse interessante è ghjuvevule, micca solu i dibattiti francesi, ma i taliani (pensu à u gruppu Wu Ming è Marcello Fois : si po vede : http://it.wikipedia.org/wiki/New_Italian_Epic_(NIE)), o tanti altri.
Unu elemente chì mi pare impurtante ghjè a prisentazione di a "literatura" corsa (cumu un insembiu) è micca solu di i "libri" corsi).
Da seguità !
Marcu, merci.
RépondreSupprimerJ'ajoute le correctif et le complément concernant les frères Coen et Tim Burton (j'ai été émerveillé par son histoire de barbier vengeur : "Sweeney Todd", la scène finale ; mais ce n'est pas dans ce film-là, je pense, que se trouvent ces fameux "enfants effrayés aux fenêtres", voilà une figure qui fait travailler l'imaginaire).
D'ailleurs, je rajoute aussi la toute dernière intervention concernant la férocité de vos oeuvres respectives, c'était intéressant.
J'espère que des lecteurs se manifesteront et exprimeront leur point de vue singulier, même partiel, voire partial ; l'important est de dire et d'expliciter.
A tandu !
Alors moi aussi, avec un peu de retard, je voudrais dire combien je suis content de cette soirée. De quoi exactement ? - ne manquerait pas de demander François-Xavier. De beaucoup de choses mais j'en citerai quand même deux : d'abord, j'étais heureux d'être à Corte et de parler de mon travail chez moi. Finalement, ça n'est pas arrivé très souvent. Oui, j'en ai été heureux plus que je ne l'aurais pensé. Ensuite, j'ai trouvé qu'il y avait une atmosphère de bienveillance attentive et critique tout à fait plaisante et je suis presque certain que c'est François-Xavier qui sait instaurer de telles atmosphères. J'étais heureux (et de trois, tiens…) de retrouver le ton qui me plaît tant sur ce blog.
RépondreSupprimerJ'avais totalement oublié le passage d'Aleph Zéro cité dans le compte-rendu. J'ai été très troublé de le relire : on est décidément plus cohérent que ce que l'on pense. Merci aussi pour cela, François-Xavier.
J'ajoute ici un commentaire qui concerne le post sur les films. J'essayerai de demander un DVD d'Antoine à Lavinie Boffy et de vous l'envoyer, François-Xavier. C'est un court métrage qu'on n'oublie pas, Marco a raison de le citer.
Merci encore et à bientôt, je l'espère sincèrement.
Jérôme,
RépondreSupprimermerci pour votre appréciation (n'en jetez plus, la cour est pleine ! dirait ici ma mère...)
J'avais moi aussi oublié le passage d'Aleph zéro, on oublie tellement de choses, je pense que c'est juste pour le plaisir de se souvenir, petit bout par petit bout.
Je recevrai bien sûr avec grand plaisir le film de Lavinie Boffy ; je ferai un billet (critique et bienveillant) et ce sera l'occasion de deviser encore un peu ! (Par exemple, sur ce qui fait que vous ne l'avez pas oublié..., ce qui vous en reste dans l'esprit..., les liens que vous avez tissé avec ce film, etc. etc.)
Maintenant concernant l'atmosphère générale d'un débat ou d'une discussion, il me semble effectivement important que chacun puisse se sentir à l'aise au point d'essayer sa propre parole sans crainte d'une trop grande blessure psychique. Cela ne veut pas dire que j'aimerais que tout le monde soit d'accord, au contraire, je préfère l'organisation des désaccords. Mais j'aimerais surtout que tout le monde soit en mesure de se sentir capable de considérer ce qui fait la singularité d'un autre que soi, ça oui. (Et la longueur de la proposition dit à elle seule que c'est bien difficile !) Un des moyens qui me paraît intéressant est d'alterner entre le discours sur des principes généraux et le regard un peu myope, attentif, sur des détails, à décortiquer le fonctionnement d'une page de littérature, ouvrir les mots (de quelque langue que ce soit) et fouiller leur ventre, et au fond de tel mot trouver un autre texte, d'un autre auteur, et avancer comme cela, de fable en forme, de forme en figure, et en parlant créer la littérature que l'on aime et manifester nos façons d'être (et j'arrête là parce qu'au sinon je vais finir dans un lyrisme sans pudeur aucune !)
A prestu !
François-Xavier,
RépondreSupprimerJe suis persuadé que le problème de la critique est capital, en Corse comme ailleurs. Il faut réfléchir sérieusement à sa possibilité. Et je pense que nous en aurons l'occasion. Si vous me permettez de remplir encore un peu la cour, et faites moi l'honneur de croire que je n'exprime rien de plus que ce que je pense, j'ai l'impression que le ton que vous employez (mais ce n'est pas seulement le ton, c'est ce que le ton révèle) libère cette possibilité. C'est celui qui permet que les blessures psychiques ne soient pas trop grandes. Parce qu'on sait qu'il s'agit du texte et de l'expression assumée d'une singularité sur la base d'éléments objectifs.
Excusez mon charabia mais je ne sais pas l'exprimer autrement : il faudrait être à la fois singulier et objectif.
Il me semble que je gère mieux les blessures en question. J'ai lu quelque part que les passages sur Hallâj étaient ennuyeux. Je peux l'entendre sans problèmes - et, bien sûr, sans me dire que celui qui émet un tel jugement n'a rien compris ou ne mérite que du mépris. Il a fait apparaître, sous son regard singulier, un aspect possible du texte. Et je me contente de croire que d'autres aspects sont là, qui attendent d'autres regards pour se manifester.
Et puis, peut-être est-ce à partir de l'appréhension réelle de notre propre singularité qu'on peut apprendre à tolérer, et finalement à respecter celle des autres. A l'envisager, au moins.
A bientôt
Et bien moi, après être passée pourtant pour une hystérique au yeux de mes amis pas toujours réceptifs à l'ironie è a "u scherzu", je suis rassurée d'avoir entendu Jérôme Ferrari dire qu'il s'était amusé à écrire son premier recueil de nouvelles. Parce ce qu'on a quand même réussi à me pousser au doute, ce doute affreux de ne pas être "normale" (mais là aussi qu'est ce que la normalité!) pour avoir autant ri en lisant Variétés de la mort ...
RépondreSupprimerRéponse à Jérôme Ferrari :
RépondreSupprimerOui, je me rappelle cette critique sur les passages avec Hallâj. Personnellement ce n'est pas de l'ennui que j'ai ressenti, plutôt un étonnement, face une réalité historique qui appartiendrait plus à l'auteur (ou à celui qui dit "tu") qu'au personnage principal. Mais cet étonnement (cet ennui chez un autre) pousse à essayer de mieux comprendre le livre, sa construction, l'importance du rapport à Dieu, à une transcendance dans l'ensemble de vos écrits. Comme si les personnages se débattaient dans un monde sans Dieu tout en conservant, non son hypothèse, mais son ombre (excusez-moi, cette fois, pour ces réflexions approximatives).
Oui, marier le singulier et l'objectif, je suis d'accord. Toujours au profit de la puissance du texte.
Réponse à Anghjula Maria :
RépondreSupprimerJe vous rejoins au club de "ceux qui ont ri à la lecture de "Variétés de la mort"" ! J'ai lu en direct - grâce à Professeur Babacar, animateur à Radio Grenouille - la nouvelle "Ethnologues" et mes camarades tout comme Sébastien à la technique ont franchement rigolé ; alors bien sûr c'est un rire qui oscille souvent entre le grossier et le désespéré, mais bon, on ne peut pas toujours être bien élevé et réconfortant !
Quelles sont les nouvelles ou les passages qui vous ont le plus fait rire ?
Sans hésitation, "l'huile d'amande douce" m'a beaucoup amusée. Mais les apparitions de cet horrible Gianfranco dans "Sol Natal" m'ont quand même aussi beaucoup fait rire ... Et je ne parle pas de la nouvelle "Ethnologues": "Devait-il dire à son étudiant que ses textes constituaient le corpus de délire organisés le plus étonnant qu'il ai vu?"... fou rire ...
RépondreSupprimerEt ce n'est que ce qui me vient tout de suite en tête... il y en a tellement...
On trouve même pervers, quelques fois, de rire à certaines choses ^^ et c'est ce qui fait naître le réel plaisir de la lecture de ce recueil pour ma part !
RépondreSupprimerC'est quand même surprenant, comme nouvelles! ^^
Merci beaucoup de donner ces précisions, très précieuses !
RépondreSupprimerJe connais quelqu'un d'autre qui apprécie beaucoup ce personnage de Gianfranco, tout à fait original, par son parcours au XVIIIème et avec son fantôme au XXème. Voilà une figure sur laquelle s'arrêter, peut-être.
Autre chose! L'heure tardive m'inspire.
RépondreSupprimerComme le dit si bien J. Ferrari lui même, j'ai pensé aussi que "Variétés de la mort" avait été plus ou moins bien reçue par les lecteurs du fait que ces derniers n'ont pas su - et je préfère dire "n'ont pas voulu"- faire la différence entre l'auteur et le narrateur. Mais il semble tout de même flagrant qu'il s'en amuse tout au long du recueil et semble même entretenir cette ambigüité non?
Si l'auteur passe par ici, j'aimerais bien qu'il réponde à cette petite question ;) car étant en train d'écrire un petit article pour une revue littéraire corse, je souhaiterai ne pas étaler une tartine de bêtises ^^ qui en plus de ça ne lui ferait pas plaisir non plus ^^
Merci bien !
Moi je peux vous dire que tout était vrai dans Variétés de la Mort ! Ce type n'a rien fait d'autre que raconter sa vie... et la mienne !
RépondreSupprimerGianfranco de Lanfranchi
A François-Xavier : j'avais oublié de vous dire que j'ai entendu votre lecture sur radio Grenouille via internet. C'était bizarre, je n'avais pas relu la nouvelle depuis longtemps et l'entendre comme ça m'a donné l'impression de la découvrir. Ça m'a un peu réconcilié avec elle.
RépondreSupprimerA Maria-Anghjula : ce n'est pas une bêtise du tout. J'aimais beaucoup l'idée de donner mon état civil à un personnage qui serait différent de moi. Une espèce de perversion de l'autofiction, en somme. Là où j'ai été bêtement surpris, c'est que la perversion me paraissait évidente. Il semble qu'elle ne l'était pas : on m'a offert un rouleau de papier toilettes à la première dédicace du livre ! Si vous voulez d'autres précisions, n'hésitez pas à me contacter par mail (jeromeferrari@mac.com) ou à demander mon numéro à Diana Saliceti. A partir de demain, je n'aurais plus d'accès internet à la maison pendant une quinzaine de jours.
A Gianfranco : il me semble que votre réputation de menteur n'est plus à établir. Je pense donc que personne n'accordera foi à vos allégations calomnieuses. Stà ti ni induva sè inveci di rumpà mi i stacchi ancu quì, chì hè un locu cristianu, o vituparatu !
C'est normal qu'il ne se rappelle pas avoir écrit "Calzunettu" ce pauvre Marcu Biancarelli, ça n'est pas de lui :x il me semble que c'est de Ghjuvan Maria Comiti ...
RépondreSupprimerNein ?
Exact. C'est Comiti. Eh Eh !
RépondreSupprimerMB
Il ne manquerait plus que GM Comiti décline la paternité de la chose, pour rire.
RépondreSupprimerPeut-être que comme pour le chant avec le Canta des débuts, il faut considérer la littérature comme une création collective, sans noms d'auteurs !
Vive les textes !