C'est Jean-Marie Arrighi qui tient la rubrique "Identité" dans le magazine mensuel "Corsica" (magazine qui est une mine d'informations, avec des pages littérature aussi, par Robert Colonna d'Istria).
Ce mois-ci (décembre 2009), on peut lire son entretien avec Ghjacumu Thiers, à propos :
- de son dernier roman "Septième ciel"
- des rapports langue / littérature
- de la recherche de la vraisemblance
- de la vitalité de la littérature romanesque en langue corse
- des rapports entre collectif et individu dans la production et la "consommation" des livres corses (on pourra même trouver ces propos quelque peu polémiques !... mais ils ont le mérite d'ouvrir une discussion)
- de la pauvreté de la vie littéraire corse (lectures, critique, échanges) (et là encore une discussion intéressante peut s'engager).
Pour lire l'interview, c'est ici.
A bientôt.
Ce blog est destiné à accueillir des points de vue (les vôtres, les miens) concernant les oeuvres corses et particulièrement la littérature corse (écrite en latin, italien, corse, français, etc.). Vous pouvez signifier des admirations aussi bien que des détestations (toujours courtoisement). Ecrivez-moi : f.renucci@free.fr Pour plus de précisions : voir l'article "Take 1" du 24 janvier 2009 !
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Entretien intéressant. Je ne sais pas qui est "visé" quand il est question de "définitions précipitées", etc. (je crois savoir mais comme je n'en suis pas sûr, je préfère ne rien dire), mais au moins il donne son point de vue, même s'il reste plutôt dans la généralité et peu dans le concret ("porghje è assicurà e cundizione d'una criazione forte, cuntinua, originale,(...)").
RépondreSupprimerIl y est beaucoup question de son dernier livre, que j'ai lu il y a quelques mois et que j'avais apprécié même si certaines choses ne m'ont pas convaincu.
L'idée de passagers dans un avion est excellente et chargée de symboles. On peut sûrement y voir beaucoup de choses, en premier lieu (pour moi au moins) l'idée que tout un ensemble de personnes parfois très différentes cheminent ensemble et constituent la Corse d'aujourd'hui. L'expression commune dit "dans le même bateau", ici ce serait dans le même avion. Je ne veux pas en dire plus sous peine de dévoiler trop de l'intrigue.
L'idée de présenter une même situation de nombreux points de vue est aussi très bonne, sans doute peu originale, mais souvent cocasse.
Elle permet d'ailleurs à mon sens à l'auteur de livrer ses vues sur tel ou tel aspect de la société sans l'expliciter nettement mais en attribuant telle opinion qu'il ne partage pas à tel personnage qui manque de finesse par exemple (même si globalement je le trouve très bienveillant avec tous les personnages). Parfois il semble s'exprimer plus directement, notamment au sujet de la langue corse, où on a l'occasion de voir un vrai raisonnement. Il est vrai que le personnage qui "pense" dans ce chapitre est... un professeur des universités ! (pas mal d'autodérision à ce sujet d'ailleurs)
Là où j'aurais tendance à être un peu moins enthousiaste, c'est dans la mise en oeuvre de cette idée : on peut admettre que fictivement une majorité de Corses "pensent" en langue corse (J.T. convient dans l'interview que leur manière de s'exprimer ne correspond peut-être pas à la réalité, en ce qui me concerne il est certain que non), plusieurs points me laissent perplexes : pourquoi un chapitre (et un seul qui plus est si je me souviens bien) en langage SMS ? Ca ne me dérange pas, simplement je ne comprends pas à qui ni à quoi ça correspond. Idem concernant le chapitre (un seul là-aussi je crois) à propos du Corse d'origine italienne qui à 60 ans et de retour de son premier voyage en Italie, se met subitement à "penser" dans une sorte d'italien corsisé. J'avoue ne pas voir en quoi cette situation serait représentative de ce qu'a pu vivre une partie de la population. corse..
Par ailleurs, je trouve le "style" de chaque personnage trop caricatural. Le trait est trop forcé à mon goût, qu'il s'agisse du "français régional de corse" ou de simples "tics" de langage. Avant de lire l'interview, j'étais persuadé que c'était volontaire. Maintenant moins. On identifie plus facilement qui "pense", certes, mais les personnages perdent en épaisseur à mon sens, ce qui fait que paradoxalement j'ai du mal à me retrouver ou à retrouver qui que ce soit de mes connaissances dans cet échantillon de population.
Cela dit, je le répète, malgré ces réserves (qui ne sont jamais que les miennes) c'est un livre qui se lit avec plaisir.
Eiustessu,
RépondreSupprimermerci pour ce point de vue personnel. C'est vraiment passionnant de pouvoir croiser ainsi les avis.
J'avoue ne pas être très attiré par les faits de langue, les différents styles et langages (c'est un défaut parce que cela me fait aimer des livres parfois mal écrits !).
Que les façons de parler des personnages soient caricaturales ne me dérangent pas non plus, même si cela pose effectivement problème quand on cherche la vraisemblance comme le dit l'auteur dans l'interview. En tout cas, je suis sûr que la réalité linguistique de la Corse est bien plus diverse que cela encore.
Ce que je retiens du livre, j'en ai parlé dans les billets de ce blog qui lui sont consacrés.
Ce soir, me revient à l'esprit la recette des cannelloni au brocciu remémorée lors d'une soirée littéraire en Croatie. Qu'un roman puisse être aussi utile sans verser dans le document patrimonial, c'est bien !
De plus en plus, je suis attiré par ce que la littérature (et les arts) corse(s) peuvent proposer d'extravagant. (Je viens de voir "Fin de règne" de Gérard Guerrieri, son dernier long métrage, cela doit être pour ça : "Waza !")
Ce passage où la recette est expliquée m'avait bien plu aussi ! C'est vrai que mon commentaire donne peut-être l'image d'une opinion négative, alors que comme je l'ai dit j'ai trouvé le livre très plaisant à lire.
RépondreSupprimerJe pense aussi qu'une bonne part de ce qu'on peut ressentir au sujet d'une oeuvre la première fois (livre, film,...) tient à ce qu'on en attendait.
Le dernier livre de J. Thiers que j'avais lu était "a Barca di a Madonna" et évidemment l'ambiance était toute autre et nettement plus sombre et grave.
Le ton général de "Septième Ciel" est plus léger, et peut-être aurais-dû aborder ces monologues intérieurs dans cette optique, sans chercher à traquer le vrai ou la vraisemblance derrière ces personnages.
J'ajouterais que pour moi faire parler un personnage, ou plusieurs, de manière crédible est sûrement la chose la plus difficile quand on écrit un texte, quel qu'il soit. Bien difficile en effet de faire abstraction de son propre style et de sa propre langue, pour utiliser celle d'un autre sans tomber dans l'excès.
Eiustessu,
RépondreSupprimerpersonnellement, le livre de Thiers que je préfère est "A funtana d'Altea" ; peut-être parce que "Septième ciel" est surtout une radicalisation satirique (avec dérision et auto-dérision), là où "A funtana d'Altea" accorde beaucoup de tendresse au personnage de Brancaziu.
Pasquale Otttavi mettait en évidence (voir billet sur ce blog) que les personnages de Thiers ne se parlaient jamais. Jamais un vrai dialogue : et c'est encore plus vrai dans "Septième ciel" qui est un entremêlement de monologues intérieurs. Alors que dans "A Barca di a Madonna", il y a quand même des dialogues (même si ce sont peut-être et sûrement des faux dialogues, des dialogues fantasmés) et dans "A Funtana d'Altea", il s'agit tout de même d'un monologue adressé à une journaliste italienne, d'une parole qui va vers quelqu'un d'autre.
Tout cela pour dire qu'on peu tout à fait trouver des défauts à "Septième ciel" (comme à tout livre corse) et en faire une critique négative. Peut-être que la volonté satirique et l'esprit de dérision sont trop forts pour que le roman prenne vraiment son envol et soit cohérent. Voilà une hypothèse pour une prochaine relecture ! (A l'occasion de cette relecture, nous trouverons peut-être des pages qui résisteront à notre regard négatif !)