samedi 12 décembre 2009

J'aimerais lire le Journal de Ghjacumu Gregorj

Je me souviens avoir appris sur le site d'Angèle Paoli l'existence de ce journal toujours inédit : un vrai fantôme.

Je me souviens de mon émotion, lorsque, en 1990 ou plus sûrement 1991, à Bastia, j'achetai la cassette audio intitulée "Miroirs de la mort", au libraire Ernest Centofanti, lorsque sa librairie se trouvait en bas du boulevard Paoli je crois.

On y entend (j'entends encore) la voix de Ghjacumu Gregorj dire : "La critique est aisée, l'art est un labyrinthe."

Je chéris le volume de ses "Chroniques irrespectueuses sur l'Histoire des Corses" (edizione di L'Accademia di i Vagabondi).

Et dernièrement, on m'a offert sa "Nouvelle Histoire de la Corse" (Jérôme Martineau éditeur), achevé d'imprimer le 31 juillet 1967... Evidemment, l'historiographie corse a fait des progrès depuis quarante ans, mais la valeur du travail historique de Gregorj me paraît être à la fois celle d'un contradicteur qui assume sa subjectivité (et un travail stylistique d'écrivain, qui introduit des raccourcis, des bons mots, des métaphores, des dialogues et des anecdotes dans son récit historique) ainsi que d'un révolté, toujours du côté des opprimés (donc avec un point de vue social et pas seulement identitaire). Un exemple d'Histoire engagée et sensible.

Ainsi, c'est l'être singulier que fut Ghjacumu Gregorj qu'il me plairait de découvrir grâce à la lecture de son "journal" ; la singularité de son regard et de sa sensibilité ; ce que cette singularité fait avec l'imaginaire corse (comme il le fait en parlant d'amour, de désir, de mort, de littérature, et de l'odeur de la nepita, notamment, dans "Miroirs de la mort" : d'ailleurs, qui d'autre a cette cassette et l'a écoutée ou l'écoute encore ? Qu'en pensez-vous ? Est-ce que ce n'est pas une oeuvre unique dans la littérature corse ?).

Donc, sur le site d'Angèle Paoli ("Terres de femmes"), j'ai appris ceci :

"Je (= Angèle Paoli) profite de cet événement (un homage rendu à l'écrivain) pour annoncer officiellement aux amis de Ghjacumu Gregorj que je dispose d’un des manuscrits inédits de l’écrivain (dont j’ai mis en ligne ci-dessus un extrait). Un manuscrit que, peu avant sa mort, celui-ci avait remis en mains propres à l’un de ses amis éditeurs en vue d’une publication. Un manuscrit en attente d’une prochaine édition donc, quand aura été réglée la question des ayants droit."

Ceci fut écrit le 5 novembre 2006 !

Et depuis, pas de nouvelles d'une éventuelle publication : ni de son fils Orfeu Vittoriu, ni de l'association des amis de Ghjacumu Gregorj qu'il préside (quelqu'un sait-il comment les retrouver ?)

Si ce texte mérite publication, pourquoi attendre ?

Pour finir, voici un extrait de sa "Nouvelle Histoire de la Corse" (tiré du chapitre "La mort de Pascal Paoli") :

"Ah ! combien Paoli avait eu raison d'écrire jadis, à la lumière de cette histoire romaine dont il avait communiqué le culte au nouveau César (= Napoléon Bonaparte) :
"Les guerres civiles sont le suicide des peuples, le tombeau de la liberté et souvent l'école des grands caractères ; il est rare qu'elles n'aboutissent au despotisme du plus habile, et voilà par quels motifs elles sont des époques de deuil dans l'histoire."
Quelques jours après la mort du Babbu, sur le champ de bataille d'Eylau, devant les 25 000 cadavres russes et les 18 000 cadavres français, Napoléon pense, peut-être, à ce deuil dans l'histoire lorsqu'il dicte pour un bulletin de la Grande Armée :
"Ce spectacle est fait pour inspirer aux Princes l'amour de la paix et l'horreur de la guerre.""

La bataille d'Eylau comme champ de bataille de l'imaginaire corse, et de sa littérature... Voilà qui me fait aimer les libertés historiques de Gregorj !

(La bataille d'Eylau vue par Balzac, c'est dans "Le colonel Chabert" : "Le colonel Chabert ? Celui qui est mort à Eylau ? Lui-même monsieur !"... La littérature et les fantômes...)

12 commentaires:

  1. C'est curieux, Orfeu Vittoriu m'a justement téléphoné aujourd'hui et il cherchait quant à lui les K7 d'une interview que son père avait accepté d'accorder au conservateur du patrimoine du Parc Naturel Régional de Corse. Je lui ai donc transmis les coordonnées téléphoniques de celui-ci.

    En 2006 ayant appris qu'Orfeu cherchait à retrouver le manuscrit de son père "Les miroirs de la mort", je suis entrée en contact avec lui car c'est à moi que Ghjacumu Gregorj avait remis ce manuscrit du temps où je m'occupais des Editions "A Messagera" (association) avec trois autres personnes.

    Cette association n'avait pas les moyens de publier cet ouvrage à cette époque et m'en avait informée. Et j'étais bien embarassée, après son décès, autant qu'attristée car j'avais découvert l'épineuse question des ayants droits, en téléphonant au Maire de Canari et à Mighele Raffaelli.

    Comme l'époux d'Angèle Paoli m'avait affirmé qu'il pourrait prendre conseil d'un avocat spécialisé, je lui ai donc confié le manuscrit de Ghjacumu Gregorj. Et c'est donc Yves Thomas qui a remis ce livre à Orfeu peu de temps après. Voilà pour ma médiation.

    Patrcia Grimaldi avait eu également accès à ce livre puisqu'elle en avait tapé le texte sur son ordinateur à la demande de Ghjacumu.

    J'ai tenu à indiquer à Orfeu l'existence des K7 filmées à Canari où j'accompagnais à cette occasion le réalisateur du PNRC en tant qu'assistante de tournage.

    Ceci dit, je donne immédiatement le numéro de téléphone d'Orfeu à Jean François Renucci par courrier électronique en souhaitant que la transmission puisse ainsi s'accomplir plus facilement.

    Nadine

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  2. Cher François-Xavier,

    Il y a plus d'un an, ce manuscrit a été remis en main propre à Orfeu, le fils de Ghjacumu Gregorj, à l'instigation de Nadine Manzagol à qui ce manuscrit avait été précédemment confié aux fins d'édition. Orfeu est tout récemment passé à Canari et nous a dit travailler à Ajaccio, et être persuadé que ce manuscrit n'était pas le seul existant. Nous avons eu confirmation dans le même temps qu'aucune association n'avait été créée, malgré les engagements pris à Pigna, sous l'égide de Toni Casalonga, l'organisateur et le coordinateur de cette rencontre de novembre 2006.
    cù l'amicizia,
    A.

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  3. Une précision puisque mon nom apparaît ici. J'ai bien pris conseil d'un avocat spécialiste de la Propriété intellectuelle et artistique et Premier secrétaire de la Conférence. Il m'a confirmé qu'Orfeu n'était pas l'ayant-droit de Ghjacumu Gregorj (puisqu'il n'a pas été reconnu par son père putatif), et ne pouvait de ce fait prendre l'initiative de cette publication sans accord préalable des ayant-droits officiels. Cette question a été publiquement abordée lors de la réunion de Pigna (à laquelle Nadine Manzagol n'était pas présente). Depuis lors, Orfeu à qui j'ai remis ce manuscrit (après que Nadine Manzagol m'en eut fait la demande) m'a dit avoir lu ce manuscrit et avoir été fort déçu de constater qu'il ne correspondait pas du tout à celui qu'il recherchait. Orfeu n'a d'ailleurs pas exprimé le souhait que ce manuscrit soit publié.

    Yves Thomas

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  4. orfeu vittoriu gregorj13 décembre 2009 à 01:55

    Bonjour a tous, je m’explique rarement publiquement, mais je tenais a le faire en cette année fin d’année 2009
    Mais je tiens d’abord a remercier profondément ceux qui on su tenir éveillé la mémoire de mon père
    Jacques agostini de son vrai nom, décédé il y aura 10 ans le 12 novembre dernier d’un cancer
    Il ya déjà cela 6 ans que je suis rentrée en corse, j’ai quitté un mode de vie, dans une France, qui n’a jamais refléter mon image
    Croyant trouvé en corse, quelque chose qui me correspondais mieux (enfin je le pensais) proche de ce que je suis un homme libre, bien loin déjà de ce mode de vie préétablie que nous pond la société
    Je croyais quand rentrant en corse, pouvoir m’échapper de ce mode de vie, que m’imposé un état corrompue, qui détruit plus qu’il ne féconde
    La seule liberté ici que j’ai acquise, je l’ai trouvé dans le vagabondage d’un cap à l’autre
    T’elle et mon silence aujourd’hui, je me suis placer en tant qu’observateur de cette corse et de ce que vous en faite
    Et si j’ai vite quitter les rang de cette corse qui ce comporte comme une petite France , ces que j’ai voulue ne pas reproduire ici ce que la France ma inculquée
    Pendant cette longue période de silence, j’ai essayé de tout désapprendre de ne plus m’identifier, d’avoir un mode de vie en accord les choses qui m’entoure autant humainement que contre cette société qui ne pense qu’au profit
    cette corse Qui a placé mon père sur une stèle en mémoire de l’œuvre qu’il a voulue partagé avec les hommes et femmes qui habitent cette terre et qui aujourd’hui redemande que l’on lui jette du « GREGORJ » comme on jette un bout de viande a une bande de fauves
    ce sont ces même hommes ces même femmes ces même fauves qui chaque matin en ce levant détruise ce d’on pourquoi mon père ce battait en ne vivant que comme de stupide pantin incapable de s’opposé a la politique qu’on lui force a ingéré
    Oui mon père était engagé autant dans le mode de vie qu’il avait choisie a l’écart de la société et je le suis aussi
    Comme mon pére j’ai renoncée, non pas a la vie, bien au contraire
    Cette corse qui s’émancipe depuis des générations dans un mensonge qui la rend exécrablement bénéfique de la violence qu’elle produit
    Aujourd’hui j’ai décidé que d’être attiré, que pars le vrai.
    De ne plus m’identifier a ceux qui fais de vous des hommes et femmes d’une soit disant civilisation pacifique
    Et ces bien loin de vos yeux que je m’émancipe en paix
    Verras un jour dans corse matin un article sur « le génocide du peuple corse pars les corses eux même »
    Moi je ne tiens pas a participé a ce génocide, ni aucun autre sur cette terre
    Je n’ai pas besoin de rendre esclave une famille d’un pays sous développer, pour m’émancipé sur ma terre de corse
    Car la liberté et la paix que je revendique, je la revendique aussi pour le reste des peuples du monde

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  5. orfeu vittoriu gregorj13 décembre 2009 à 01:59

    ce texte mérite publication, pourquoi attendre !!! me demande-t-on ???
    oui bien sur, simplement partagée comme l’aurais voulue mon père
    mais il ya aussi les problème d’ayant droit, car je ne suis que le fils cachée
    Probablement pour mieux revenir, probablement Cachée pour être protégé, de cette corse meurtrière
    Car les ayant droit officiel de la mémoire de jacques, ne considère jacques comme un vulgaire gratte papiers
    Ce sont leur choix, mais ce ne sont pas les miens
    Bien qu’un jour j’espère pouvoir touchée l’espoir de publier un des manuscrit de jacques gregorj
    Mais voila ce que j’ai à dire aujourd’hui
    Qu’importe-les prose, les ouvrage, les œuvre inachevée de ces hommes et femmes qui ce sont voulue différent
    Ce qui importe aujourd’hui ce n’est pas tant la mémoire, mais d’être la continuité des engagements de ces hommes et femmes qui on donné de leur vie pour changé le monde
    Pour que nous puissions évoluer ensemble pour changé ce mode de vie que l’on nous impose
    Aussi Je tiens à dire que je ne suis président d’aucun fan club au nom de mon père, je ne suis pas rentrée en corse pour ouvrir une chaine d’alimentation « gregorj’burger » et dilapidé la mémoire de mon père
    Changer votre mode de vie et d’alimentation, et peut être la, j’aurais le plaisir de partager ce que je suis avec vous.
    Un homme libre tout simplement et rien d’autre
    En attendant je veux juste pourvoir vivre ma corse, a mon tour
    Voila c’était ce que j’avais à dire dans mon silence…..
    Orfeu vittoriu « gregorj »
    simple marcheur solitaire et silencieux, d’une révolution massivement en marche

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  6. Nadine, Angèle, Monsieur Thomas, Orfeu Vittoriu Gregorj,
    je tiens d'abord à vous remercier pour vos commentaires et réponses.
    Je tiens ensuite à dire qu'il n'est pas dans mon désir de réveiller des conflits ou d'envenimer une situation difficile (je sens qu'on va encore me dire que je l'ai bien cherché !).
    Si j'ai publié vos commentaires, c'est parce qu'ils me semblent à la fois riches d'information et sensibles. C'est-à-dire qu'ils donnent à voir - d'une certaine façon - ce que la Corse fait sur nos imaginaires (et notre littérature) et aussi ce que nos imaginaires font avec ce qu'on appelle "la Corse".
    Donc merci infiniment pour avoir répondu à mon appel et de si intelligente façon.

    J'avoue maintenant que concernant l'oeuvre de Ghjacumu Gregorj (Jacques Agostini), j'aimerais beaucoup partager des expériences de lecture : notamment à propos des "Chroniques irrespectueuses de l'histoire des Corses" (je me souviens y avoir lu pour la première fois la lettre de Pascal Paoli à son père, avant son retour en Corse en 1755) et "Miroirs de la mort" (j'aime énormément cette poésie en cassette ; mais j'accueillerai avec grand plaisir et grand intérêt tout avis différent !).

    Voilà : les conditions de production d'une oeuvre sont souvent liées à des réalités humaines et sociales bien complexes (et qui font tout le charme et l'intérêt sensible de la chose). Je suis navré de voir que bien des manuscrits attendent d'être lus en vue d'éventuelles publications ; un jour peut-être ? En attendant, nous pouvons relire et réécouter les récits et poèmes de Ghjacumu Gregorj, non ?

    Qui veut en parler ?

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  7. Nouvelle histoire de la Corse
    livre dixième ou le Livre Inachevé

    "Frère corse, n'écoute pas le chant des sirènes. Elles te promettent l'oubli, la tranquillité, le sommeil, sous des cieux brumeux où le coeur s'étiole. N'abandonne pas aux charlatans de la fortune une terre qui engendra tant de héros. Tu existes, grace à ton passé. Ne le trahis pas. Occupe toi de la Corse. Que tes petits-enfants considèrent cette Histoire comme inachevée... ... ..."

    Ce paragraphe sonna comme une promesse à mes oreilles d'adolescent.
    Et je promis.

    JPA

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  8. Pour la vérité des faits, j'aimerais préciser que le manuscrit de Ghjacumu Gregorj qui m'avait été remis par Nadine Manzagol n'est pas Les Miroirs de la mort, mais une autobiographie intitulée Visages lointains dans un miroir.

    Yves Thomas

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  9. Oui, Yves, mes souvenirs sont un peu estompés. D'ailleurs il me semble même qu'il n'y avait pas de titre (!).
    Mais je me souviens par contre du style, de la verve et de la liberté de ton de ces mémoires impromptues.
    Il n'y parlait que très peu de la Corse et des Corses et le seul que j'ai retrouvé dans ce récit est le musicien et homme de théâtre, Michele Raffaelli.
    Je n'ai pas compris qu'il ait rencontré tant de difficultés du fait de l'immense contribution qu'il a apporté au riacquistu. Mais il était très discret, sinon secret.
    Ce que je n'oublierai jamais c'est sa vivacité intellectuelle, sa très grande dignité, son exigence éthique et son refus de toute complaisance tant aux vanités des notables qu'aux calculs des boutiquiers de la culture.
    Un véritable esprit libre comme il en est peu en notre terre d'insularité...

    NM

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  10. orfeu vittoriu gregorj14 décembre 2009 à 23:02

    De retour de balagne
    ou je viens de dévoré le nouveau livre
    de Pierre rabhi
    Je découvre aujourd’hui l’homme
    « un agriculteur, humaniste »
    alors que ma mère me parle de lui
    depuis plus de 10 ans
    Un homme qui même parle de son combat depuis plus de 40 ans, mais c’est seulement aujourd’hui que la société le découvre, car le combat qu’il même et malheureusement
    devenue une mode.

    Il a était dernièrement l’invité du
    festival du vent a Calvi

    Je voudrais citer ici un passage de son dernier, livre..

    « Manifeste pour la terre et l’humanisme »

    Un passage ou je classe des gens comme moi même et comme la était mon père

    « Je continue encore aujourd’hui a me frayer un chemin dans la complexité de la société contemporaine pour que les valeurs qui m’animent ne soient pas emportées par le fleuve en crue d’un monde qui ne sait ou il va.
    Selon Antoine de saint exupéry (écrire est une conséquence), et c’est ainsi que je l’entends toujours.
    Mon parcours personnel explique ma démarche et le regard que je porte sur la terre et sur mes semblables.)

    Orfeu vittoriu gregorj
    Simple marcheur solitaire et silencieux, d'une révolution massivement en marche qui gronde

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  11. Monsieur Thomas, merci pour ces précisions.

    "Visages lointains dans un miroir" : je trouve le titre superbe. (Encore une définition de la littérature corse !)

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  12. Chère Nadine, je me souviens d'autant plus facilement du titre de ce manuscrit que j'en ai scanné la première page. Le moment virtuose de cette autobiographie, c'est pour moi le récit de la première interview qu'a effectuée Ghjacumu Gregorj. Pour La Marseillaise. De qui ? De "L'empereur des ténors" : César Vezzani.

    YT

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