dimanche 27 décembre 2009

Un plaisir : les échos infinis

Eh oui, le café littéraire organisé par l'association Musa Nostra portait le 15 décembre dernier sur la "littérature corse". Le 8 décembre, je signalais sur ce blog la richesse des lectures que l'on peut trouver sur le site de cette association. Et un échange de commentaires roula sur la question de ce qu'il était le plus approprié de commenter : les livres ou les commentaires sur les livres ?

Chacun se fera son opinion ; pour ma part, je pense que l'empire de la glose est absolument universel, c'est même un des plaisirs les plus grands que l'humanité ait inventé !

Je me souviens (c'était en 2002), j'écrivais ceci pour une présentation des "cummenti" qu'on trouve maintenant sur le site d'Interromania et que je reprends peu à peu sur ce blog (dans la série des "Prenons les choses à l'envers...") :

La littérature corse existe, est lue et appréciée mais il lui manque de s’inscrire dans un système d’échos infinis où elle trouverait à s’épanouir. Toute lecture porte en elle l’avatar futur du texte déchiffré, le commentaire donne naissance à cet avatar. Relisons donc les textes de notre littérature : ils ont emprunté pour dire le réel mille voix, mille tons, mille trajets qu’il importe de reconnaître, de distinguer, de réemprunter.

Voilà le paradis que je cherche : "un système d'échos infinis"...

Donc voici un écho à un des compte rendus de lecture présentés lors du café littéraire Musa Nostra du 15 décembre dernier :

- Pour l'instant, sont disponibles sur le site de Musa Nostra :
* "51 Pegasi", de Marcu Biancarelli, par Bénédicte Savelli (vidéo et texte ; d'ailleurs c'est une excellente idée de combiner la captation audiovisuelle des propos du lecteur ou de la lectrice - d'ailleurs, très souvent voire même exclusivement ce sont des lectrices - et le compte rendu en texte : les deux ne se recoupent pas forcément, se complètent ; côté vidéo, regards, gestes et grain de voix apportent beaucoup d'enseignement sur le façon de lire et de présenter ; côté texte, le propos se lit facilement, rapidement, agréablement et est parfois plus dense, synthétique).
* "L'apparition", d'Yves Goulm, par V. Ricci (vidéo)
* "Retour sur images", de Jacques Fusina, par Nathalie Malpelli (vidéo et texte) : avec une anecdote intéressante et amusante sur le fait qu'il était presque impossible de trouver un livre de Fusina en librairie, alors que son oeuvre est très importante pour la littérature corse
* "Le baroque religieux en Corse", de Nicolas Mattei, par Josepha G. (vidéo)
* "Nimu", de Jean-Pierre Santini, par Anne-Xavier Albertini (vidéo et texte)
* "Carnets de voyage en Italie d'un écrivain corse", de Salvatore Viale, par Marie Imongi-Marchetti (qui est aussi la traductrice) (vidéo)

Nous attendons avec plaisir :
* "A Barca di a Madonna", de Ghjacumu Thiers, par Patrizia Gattacecca
* "Les mille et une vies du roi Théodore", de Jean-Claude Rogliano, par Anne Malka-Puccini

Quelle richesse.

Ici je voulais simplement signaler à nouveau donc ces présentations, compte rendus, lectures rendus accessibles grâce à Musa Nostra et faire un écho à la présentation de Bénédicte Savelli. Non seulement parce que c'est le seul livre de la liste que j'ai lu intégralement (avec "A Barca di a Madonna"), mais surtout parce qu'une de ses remarques a fait tilt en moi. Je me permets de la reprendre ici :

Le style de Marcu Biancarelli est parfaitement maîtrisé, avec des digressions contrôlées, l’imbrication de plusieurs histoires et donc de plusieurs genres littéraires : la fable, l’autofiction, le mythe…

Oui, cela m'avait frappé à la lecture du roman, et puis je l'avais oublié, pour ne garder en mémoire que certaines scènes, une attitude face au monde et puis j'ai vu par deux fois l'adaptation théâtrale du roman (jouée par Christian Ruspini et mise en scène par Jean-Pierre Lanfranchi), adaptation qui fait un choix parmi les moments du livre. Ainsi, ces "digressions", cette "imbrication" de "plusieurs genres littéraires" sont effectivement remarquables, je suis d'accord : cela me donne envie de relire le livre en faisant attention (pour augmenter le plaisir de la relecture) aux métamorphoses des genres. J'ai toujours lu ce roman comme un événement majeur dans la littérature corse, comme "A funtana d'Altea" de Thiers (bien sûr je n'ai pas encore lu "Murtoriu", je sais !). Et je me souviens maintenant du récit historique et sociologique qui intervient au début du livre, je crois ; j'avais été frappé par la façon dense et lucide de raconter l'Histoire de la Corse en quelques pages cruelles.

Merci encore à Musa Nostra et Bénédicte Savelli (cela me fait penser que j'aimerais bien connaître la ou les pages que cette lectrice a préférées dans ce roman, celles qui l'ont captivée).

2 commentaires:

  1. Je partage ce désir de porter de loin en loin les échos de la culture insulaire afin de lui ouvrir d'infini cheminements et des carrefours de dialogues.
    Aussi j'ai été particulièrement heureuse d'avoir été invitée par François Bon et Pierre Ménard à initier des ateliers sur la "Transcontinentale de la création littéraire".
    Ma première pensée à été de convier François Renucci à conduire des ateliers dont ceux de l'Operata Bastia pour le bonheur de partager collaborativement nos lectures et créations en les porter vers le monde entier.

    Et j'ai eu le grand bonheur aujourd'hui de me voir confirmer par lui son acceptation.

    Merci vivement donc et à bientôt en ricochant sur les échos de tant de voix et d'écritures...

    Amicizia

    Nadine

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  2. Nadine,
    merci pour la proposition et l'acceptation de ma participation à ce projet. Je trouve moi aussi que le travail de François Bon (littéraire et numérique) est particulièrement fécond. Je participerai dans la mesure de mes moyens, bien sûr. C'est Francis Ponge, je crois, qui indique qu'il n'est pas bon de faire tourner le moteur à plein régime !

    A bientôt.

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