mardi 15 décembre 2009

Une page de "Isula blues", de Jean-Pierre Santini

Je suis en train de lire ce court roman noir : "Isula blues", de Jean-Pierre Santini.

Comme pour "Nimu" (toujours pas fini, il faut que je le reprenne), je trouve que la toute première phrase sonne bien, donne envie de lire la suite :

"Il y a, dans ce pays, des gens qui se promènent."

Je trouve qu'elle mêle avec une belle densité un propos général, des personnages particuliers, du sérieux et de l'humour, un ton presque détaché mais pas totalement ; on pourrait lire cette phrase de bien des façons.

Mais je vais citer maintenant une page que je trouve très belle parce qu'elle est un moment charnière du livre (de l'intrigue) mais aussi parce que le personnage principal (Julien Costa) semble y trouver un espace qui lui est propre (et qui ne soit pas que mortifère) et enfin parce qu'elle m'évoque une page d'Alexis Gloaguen dont j'avais parlé sur ce blog et qui avait donné lieu à une brève discussion avec Pascal Génot sur la présence dans la littérature corse d'une relation à la nature qui ne soit pas forcément inscrite dans un propos identitaire.

Voici la page (pages 60 à 61) :

"A Scala" est un lieu-dit situé à deux kilomètres de l'entrée du village. Ici, la route paraît surplomber la mer tant celle-ci est proche. Au-dessus, on aperçoit l'antenne du relais.
Julien Costa range sa voiture et entreprend de gravir un petit sentier à peine visible sous les cistes nains. Il accède rapidement à un promontoire rocheux parsemé de cupules creusées au vent et dont certaines, relativement profondes, retiennent les eaux de pluie. Cette année-là, l'automne a été sec. Les lichens tombent en poussière sous les pas.
Julien s'allonge sur un grand rocher. Il aime s'installer ainsi, dans la solitude des pierres, entre le ciel et l'eau. Il n'y a pas un souffle de vent. Au creux de l'hiver, les insectes se taisent et la faune rampante s'engourdit dans les failles, les trous des murailles et la légèreté des humus. De la montagne, tombe un silence extraordinaire qu'incise parfois le croassement d'un corbeau. À grands coups d'ailes battantes, l'oiseau lent cherche sa route dans l'azur.

Julien est parfaitement immobile, allongé sur le dos, les mains croisées sur la poitrine, dans la position des gisants qui lèvent aux vitraux des cathédrales leurs regards de pierre. Il a l'impression étrange de se réduire. Le monde se fait rêve. Les sens qui captent les signaux habituels refluent et se concentrent sous la nuque. Un chenal bleu filtre à ses paupières. Le cerveau prend chair, le résume soudain à un organe unique, tellement sensible qu'il pourrait tout aussi bien se détacher du reste, abandonner aux temps acides les membres épuisés et les chimies profondes pour rouler comme un fruit mûr vers un destin prodigue.
Il est parvenu en quelques minutes à cette étrange sidération. Un papier froissé crépite délicatement à ses oreilles. Des intensités variables paraissent indiquer, tous azimuts, la recherche de fréquences lointaines. Récepteur hypersensible, Julien Costa capte les ondes du ciel, les bruyances de la terre, les froissements, les frôlements, les chuchotis et les plaintes dont le vent peuple les chênaies, les bouffées de rumeurs, les clapotis et les soupirs de la mer, le brouhaha, le chuintement ou l cri tapageur des bêtes égarées. Tous les muscles de son corps sont relâchés. Des îlots de pensées conscientes émergent encore. Il y est question de Patrick Bauchaud, du rendez-vous remis au lendemain, du dossier de l'oliveraie, du conflit avec Ferrandi, du commissaire qui veille sur l'ordre du monde... Viennent ensuite des nuages qu'un souffle décompose, un sourire de femme dans l'azur délivré, le crépitemen du soleil sur la mer qui froisse et puis, soudain, ce silence bienfaisant de cristal qui clarifie l'âme pour la rendre extraordinairement perméable aux moindres sonorités. Des brumes d'or filtrent sous son regard clos.


Avez-vous lu ce roman ? Parlons-en ! (Si vous le désirez !)

(AJOUT DE 14:50 : je viens de finir la lecture des 95 pages de ce libre : j'ai trouvé très prenant et émouvant le lent entremêlement des trajectoires des quatre personnages, avec ce subtil décalage dans le temps ; un vrai tour de force que de parvenir ainsi à faire se "rencontrer" quatre solitudes, à distance, sans aucun contact réel, mais consommant tout de même la tragédie. J'ai été surpris de me voir si captivé en avançant dans le texte : petit maquis où se perdent Julien, Florence, Dominique et son fils Arnold, et Roger ; chacun perdant la vision claire du monde, le monde s'abîmant dans un chaos de matières et de couleur, description plusieurs fois répétées, comme ici par exemple :

La main de Florence se glisse, machinale, sous les feuilles mortes qui jonchent le sol immédiat. Elle recherche la fraîcheur de l'humus que les doigts, soudain autonomes, remuent profondément et sous lequel ils demeurent ainsi, immobiles, ensevelis dans l'humidité patiente comme une petite faune curieuse de son propre deuil.
La jeune femme imagine qu'elle pourrait rester de longues heures, le corps plaqué à même la terre souple qui lui renvoie dans les reins, le dos, la nuque, de délicates vibrations. Personne ne l'attendait, elle n'attendait personne. Le jour pourrait passer et une nuit peut-être sans que nul ne s'inquiète.
D'étranges mosaïques aux motifs ocre sur fond bleuâtre ondulent dans son regard clos. Sous la houle des paupières, elle essaie en vain d'en capter les détails mobiles. Des formes géométriques connues ou inconnues, des scissures fluorescentes, des synapses arborisés, des bouquets de neurones noirs surgissent alternativement, ondoient, s'estompent, basculent et fluctuent comme sous l'effet d'une horlogerie aléatoire.
Lorsqu'elle rouvre les yeux, le ciel lui paraît presque blanc. Il y a une multitude de papiers déchirés dans l'entrelacs des branches.
Les bruyères alentour se mettent à frissonner. Elle se souvient des histoires que lui racontait le grand père. La bruyère a mauvaise réputation. Le moindre mouvement agite ses rameaux. Elle trahit les présences au coeur du maquis, signale le fugitif ou la course éperdue d'une bête traquée.
Florence reprend son chemin. Elle évalue la distance qui la sépare de l'extrémité de cette piste fantomatique. Elle en perçoit encore assez bien le tracé dans la trouée de verdure. On dirait un déambulatoire sombre encombré par endroits de ronces aux tentacules bleus et de lierres dont les feuilles vernissées captent la lumière. Elle ne rencontre pas d'obstacles majeurs bien qu'il soit nécessaire d'écarter souvent les branches, parfois même d'en chevaucher ou d'en briser pour forcer le passage.
Elle va dans la rumeur grandissante de son pas qui grésille, crisse, craque et crépite, dans le chuintement, le froissement, le frôlement de sa parka, dans le halètement léger qui lui vient aux lèvres, dans cette respiration lourde, presque suffocante, à l'orée de sa délivrance.
Plus aucune trace sur le sol désormais. La piste s'est perdue sous les amas de terre végétale mais les arbres s'espacent et montent plus haut dans la quête des lumières. Sous leurs frondaisons denses, les chênes verts ont clairsemé tous les autres végétaux.
En contrebas, Florence aperçoit distinctement la mer et la route de corniche au lieu-dit A Scala. Quelques dizaines de mètres encore dans les bruyères basses qui moutonnent à la lisière du bois et elle serait à découvert sur la roche nue.


Je ne cite pas, à dessein, les paragraphes qui suivent, à vous de jouer !
Parfois je trouve le style de Santini trop appuyé, qui cherche trop à finir la phrase, certaines de ces phrases me semble-t-il gagneraient à être plus courtes, plus denses, plus mystérieuses (il me semble qu'il y a une tendance dans les phrases de Santini à vouloir être très et trop explicite, à se parer en même temps d'une description et de son explication, laissant peu de liberté au lecteur). Mais qui suis-je pour me permettre de telles critiques ? (Oubliez-les, ou répondez-y, à votre convenance, mais elles correspondent à mon sentiment de lecteur, qui se trompe certainement).
Enfin, je suis particulièrement heureux de voir le territoire du Cap Corse devenir un des hauts lieux de l'imaginaire littéraire corse (grâce à Santini, mais aussi Angèle Paoli et Anne-Xavier Albertini, et il doit y en avoir d'autres que vous voudrez bien mentionner et citer, peut-être ?)


J'y pense maintenant : je trouve que la chanson "Babe I'm Gonna Leave You" est très bien à écouter tandis qu'on lit ce roman (qui pourrait donner lieu à un éventuel court-métrage cinématographique de toute beauté, aussi fort que du Cormac Mac Carthy) :
- soit dans la version originale superbe de Joan Baez : ici
- soit dans la reprise ultra célèbre et magnifique de Led Zeppelin : ici

5 commentaires:

  1. okuba.kentaro@live.fr15 décembre 2009 à 15:56

    Bonjour,
    je suis content de voir que vous ouvrez un peu l'éventail de vos lectures, du moins de celles dont vous voulez bien nous laisser régulièrement la trace écrite et remarquablement restituée.
    Vous avez raison de souligner le côté un rien trop classique d'Isula Blues. C'est, il me semble, une oeuvre encore immature, éloignée de la splendeur de Nimu, ce gouffre obscur où se meuvent les damnés, plus proche du Sentier Lumineux dont elle annonce d'ores et déjà le huis-clos angoissant. Bien que plus ancien, Corsica Clandestina vous plaira certainement davantage pour son côté épuré, ses esquisses coupantes commes des éclats de vitre.
    Quoiqu'il en soit, vous présentez ici une oeuvre importante, dont il n'existe hélas pas assez de représentants dans la littérature actuelle.
    Jean-Pierre Santini travaille en effet à la manière des perfectionnistes, dans une culture du style qui transcende les catégories du roman policier. L'énigme fondamentale est pour lui celle de se préparer à mourir, dans un monde envahi par la déliquescence. Il construit une esthétique bergmanienne, de noir et de gris, couleurs de l'angst originelle, dans laquelle ses personnages, torturés par la déréliction, avancent sans savoir, mus par une logique qui les dépasse toujours. Ils portent en eux le souvenir de l'amour, une image idéale qui les fait souffrir terriblement. Car la solitude ontologique semble la seule vérité de cet univers bloqué, de ces intrigues recommencées, de ces chemins sans but.
    Cordialement
    Okuba Kentaro

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  2. bonjour,
    je suis content de voir que vous ouvrez un peu l'éventail de vos lectures, du moins de celles dont vous laissez régulièrement la trace écrite et remarquablement restituée. Il eut été dommage en effet d'ignorer plus longtemps l'oeuvre de Jean-Pierre Santini, un auteur important dans la littérature actuelle.
    Vous avez bien raison de noter le caractère trop classique de certaines phrases du livre recensé. Isula Blues est, il me semble, une oeuvre encore immature, éloignée du terrifiant Nimu, gouffre noir où se meuvent les damnés de la corsitude, plus proche du Sentier Lumineux dont elle annonce, d'ores et déjà la trame. Bien que plus ancien, Corsica Clandestina vous conviendra mieux par son style plus épuré, ses images coupantes comme des éclats de vitre.
    Jean-Pierre Santini travaille en perfectionniste, dans le culte du phrasé et de l'obsession esthétique, qui transcende les catégories du roman policier. S'il est pour l'individu une énigme fondamentale, c'est celle d'affronter la mort. Gris et noir, couleurs de l'angst originelle, sont les nuances de son approche bergmanienne des hommes,et de leur destin ridicule. Dans un monde en proie à la déréliction, ses personnages avancent dans l'obscurité de leur acte, mus par une logique qu'ils ne comprennent pas, entraînés par le souvenir de l'amour, une image idéelle qu'ils portent en eux comme une discipline. Avec cet auteur, le roman noir (re)prend une valeur existentialiste.
    Cordialement
    Okuba Kentaro

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  3. Monsieur Kentaro,
    merci pour votre commentaire très éclairant.
    Je signale à tous qu'on peut lire votre analyse de "Nimu" (ainsi que celles d'autres lecteurs) sur le site de Jean-Pierre Santini (Rubrique "Dossier de presses Livres").

    J'ai publié les deux versions de votre commentaire parce qu'elles me semblaient assez différentes (toujours intéressant de publier les version successives d'une pensée, un peu à la manière de Francis Ponge dans "La rage de l'expression").

    Vous pointez malicieusement l'ouverture de mon éventail de lectures ; j'accepte avec grand plaisir la malice : elle pointe une réalité dont j'ai déjà parlé ici : le polar, le roman noir, le roman policier, le thriller (mais aussi les ouvrages de science-fiction, d'heroic fantasy) ne m'attirent pas en priorité. C'est évidemment un défaut ! Mais c'est ainsi qu'aujourd'hui je suis fait en tant que lecteur, et donc je fais avec.

    J'en profite pour répéter ceci quant à ce blog :
    1. Il n'est pas une vitrine exhaustive et objective de la production littéraire corse ; j'y manifeste une subjectivité, et encore, de façon très partielle (j'ai lu d'autres romans noirs ou polars - que j'ai aimé parfois - dont je n'ai pas encore parlé ici)

    2. Il n'est pas exclusivement le réceptacle subjectif d'une partie de MES lectures personnelles : il est ouvert depuis le début (voir billet "Take 1") à quiconque aura le désir de proposer sa propre lecture subjective sous la forme qu'il voudra (idéalement - selon moi, mais ça se discute - en citant la ou les pages qui restent dans la mémoire et que l'on prend plaisir à relire). D'où le fait que l'on puisse cliquer sur l'intitulé "VOS LECTURES" (qui donc ne sont pas les miennes, et qui ne sont absolument pas obligatoirement d'accord avec les miennes).

    Ainsi, je prendrai un immense plaisir à vous voir proposer sur ce blog (si le coeur vous en dit) un point de vue qui ouvrira encore un peu plus l'éventail des lectures présentes. Ceci dit malicieusement et avec beaucoup de bienveillance.

    Bien à vous, à bientôt !

    (Il faut que je finisse "Nimu", bien sûr et ensuite je me tournerai vers "Corsica Clandestina" et "Le sentier lumineux" ; une question pour finir : ou la chanson évoquée en fin de roman existe, "Isula Blues", musique du groupe Canta nustrale sur des paroles de Fernando Pessoa ou il faut que nos chanteurs la créent !)

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  4. okuba.kentaro@live.fr15 décembre 2009 à 19:05

    Bonjour,
    Vous avez raison de noter la malice de mon introduction. Nous plaisantons entre gens de bonne compagnie, et mieux que cela, entre derniers des Mohicans.
    Mais la promiscuité des plaisirs (encore licites à ce jour) ne fonde pas obligatoirement une confraternité des esprits. Je n’entends point par là votre discours sur la pluralité des lectures, que j’approuve totalement. Non, je pointe, avec dépit car vous êtes jeune et cultivé et l’on attend de vous une autre approche, je note donc votre catégorisation a priori, fort kantienne nous en sommes d’accord, mais en contradiction flagrante avec l’objet même de votre amour. Vous aimez la littérature et pourtant, comme tant de grands esprits, vous sombrez dans la culture des pré-jugés. Pis, vous n’en distinguez même pas les pièges.
    Je m’explique.
    Dans La crise de la culture, un petit opuscule paru au début des années 70, Hannah Arendt, dont on connaît assez les opinions critiques vis-à-vis de la culture de masse, signale à ses lecteurs l’intérêt des récits de science-fiction. Ce n’est certainement pas pour la qualité des textes, précise-t-elle mais pour la liberté et l’ampleur des récits. En fait, Hannah Arendt pressent le processus de glaciation, pour reprendre l’image de Jean-Paul Aron, de la pensée, l’avènement du politically correct qui va peu après figer la littérature dans une gangue mortifère, conduisant à la naissance de l’autofiction et autres procédés sans issue. C’est parce que la société de masse devient une société d’individualisation de masse, et donc une société de communautés arbitraires et jalouses de leur exclusif, que le discours ouvert de la littérature devient peu à peu intolérable. Au Japon, dans les années 90, des auteurs vont arrêter d’écrire, tant ils se sentent contraints par la mainmise des communautés et des différents groupes de pression.
    Dès lors, se produit un phénomène de fuite des romanciers vers les territoires jusque là négligés, voire diffamés, de la culture populaire. La Science-fiction, le roman policier, parce qu’ils décrivent des atopies, des formes imaginaires, permettent aux auteurs une liberté d’écrire refusée par ailleurs.
    Tous les auteurs ne choisissent pas bien sûr cette issue. Il y a en effet deux manières d’envisager la littérature, soit comme l’invention d’un récit, une narration qui emporte le lecteur depuis la première ligne, selon les règles de la poétique d’Horace, soit comme la fascination d’un style, la fixité d’un point de vue. Robbe-Grillet appartient à cette école exigeante, issue des travaux de Flaubert ; Diderot, Vian et Santini, entre autres, jouent dans la première catégorie.
    Contrairement aux diktats commerciaux actuels qui pour des raisons évidentes de distribution focalisent sur les étiquettes, les écoles, les groupes et les sous-catégories, il n’y a pas de segmentation outrancière des productions littéraires. Partant, il n’y a pas de catégories a priori de la littérature. Il y a des auteurs, et il y a des codes. Bien que contraignants, les codes du roman policier ne réduisent aucunement le récit à une simple enquête. D’Imre Kertesz à Ignacio Paco Taibo II, en passant par Adolfo Bioy Casares et jean-Pierre Santini, les textes sont là pour prouver le contraire.
    D’où pour en revenir à mon dépit initial, et en conclure avec le présent billet, ce reproche (léger) : en tant que lecteur, vous avez le droit de préférer la littérature de la fixité ; mais en tant que rédacteur, vous devez expliquer à vos lecteurs que les catégories du romanesque ne se plient aucunement selon les règles édictées par la grande distribution.
    Bannissez donc de votre vocabulaire les appellations contrôlées, et jouissez de la découverte des livres pour ce qu’ils sont, des espaces de mots et de rêveries.
    La liberté d’écrire n’est jamais complètement accordée. Fahrenheit 451 signifie toujours quelque chose.
    Cordialement
    Okuba Kentaro
    PS : pour votre petite géographie littéraire du Cap Corse, ajoutez à votre liste Jeanne Tomasini à Luri, André-Jean Bonelli à Sisco et Petr’Anto Scolca à Corbara.

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  5. Merci beaucoup pour :
    - les compléments littéraires cap-corsins
    - les précisions concernant l'inutilité des catégories génériques que j'ai utilisé à la légère
    - vos cordiales injonctions

    Je ne pensais pas être si loin que cela de votre pensée, cependant. Je trouve comme vous qu'il y a "des auteurs et des codes" (et "les livres sont des espaces de mots et de rêveries"). Je note pourtant que nombre d'auteurs travaillant certaines de ces catégories génériques critiquables (roman noir, science-fiction) les revendiquent, en creusent la spécificité, poussent leur code à l'extrême et font quand même des oeuvres admirables.

    J'accepte avec joie votre encouragement à la curiosité : je suis, comme tout le monde, susceptible de creuser toujours le même sillon.

    Ce qui pourrait être intéressant, finalement, c'est de voir comment l'ensemble "littérature corse" pourrait être l'occasion justement de sortir des catégories commerciales et académiques pour susciter et réclamer des formes littéraires qui ne soient pas des applications obtuses de recettes éprouvées.

    Concernant mon défaut de curiosité ou ma paresse intellectuelle qui m'amènent à réutiliser des catégories appauvrissantes, je les avoue humblement. Je ne pensais toutefois pas être un tenant aussi acharné de la "littérature de la fixité". J'adore un livre comme "Ubik", j'ai beaucoup aimé deux polars de José Giovanni, j'apprécie énormément "Celui qui chuchotait dans les ténèbres" de Lovecraft, etc.

    Je retiens donc votre formule (que je vais faire mienne immédiatement) : il y a des auteurs et il y a des codes (et il est bel et bon de goûter ceux que les auteurs inventent).

    Au plaisir de dialoguer ici ou là à propos des livres corses qui vous plaisent et/ou vous paraissent nourrir activement l'imaginaire corse contemporain !

    Bien à vous.

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