vendredi 16 avril 2010

Paulu Santu Parigi lu par Anonyme 14:53 (et 23:11) (mais pas Vignoli)

Ùn v'inchietate ! Issu titulu hè roba seria ! Hè una di e cunsequenze di i cumenti chì arrichiscenu l'articuli di issu blog : un certu "anonimu" ci hà dettu u so amore per a puesia di Paulu Santu Parigi, publicata ind'è u libru "Paghjella"...

Et voici naître un nouveau billet. Merci beaucoup.

Alors, chers lecteurs, il vous reste trois possibilités :
- faire de même et évoquer le livre, la page qui vous hantent
- commenter le "récit de lecture" d'Anonyme : peut-être avez-vous un autre point de vue sur cette paghjella ?
- m'aider à en proposer une version en français (je crains d'avoir commis des erreurs !)
- (enfin, il y a toujours une dernière possibilité : le silence... mais comment savoir si c'est le silence de la joie et de la sérénité ou celui de la désapprobation ou de l'indifférence ?)

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Clément Renucci (pour le blog sur le Petit Nicolas) et François-Xavier Renucci (pour le blog sur la littérature corse). a dit…

Anonyme 14:53 (et 23:11) (mais pas Vignoli)

(superbe ce développement potentiellement infini du nom qui désigne l'anonyme !)

merci de votre réponse :

"Paghjella" de Paulu Santu Parigi... : je trouve cette image de la couverture de ce livre que je ne connais pas (éditions Valle Voce / Le Signet ; 1994) : https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRA9WHz2Kq97jyI3Y4tgD4KpEyTMHHpHNLe5leilDAokJKaR7iKge4OzX0E_mXlo4mbxt6SvbE-SFFNQIGX_NcorWkU57YIW8XwdVt6cKEiOP46pFL_oFk4F-RfK4KIGYc2K7EE0xophAr/s1600-h/SCAN+paghjelle.+Paulu+Santu+Parigi.jpg

Allons un peu plus loin : pourquoi vous accompagne-t-il toujours ? depuis quand ? comment ? quelles pages sans cesse relues ? pourquoi ? occasion de chanter ? l'écrit support du chant ?

Encore plus loin : ce livre parmi d'autres, oui, mais lesquels ?

Et ainsi la ronde infinie...

En espérant vos réponses : transformées cela va sans dire en billets spécifiques sur ce blog, histoire d'ouvrir encore de nouveaux horizons...

Car enfin : quels textes circulent réellement dans nos consciences et nos rêves ?

Merci encore !

Anonyme a dit…

Heuuu!! Quellle mitraille de questions!!!!!
Peut-être "Sur le divan" conviendrait mieux que "Pour une litterature corse" !!
Pourquoi "Paghjella" ?
Parce que dans ce titre je retrouve "la paire", l'éternelle dualité de l'être. Le Ying et le Yang de l'Humain. Le bimorphisme, ethéré et matériel, du corse et du citoyen du monde, de l'univers... un écho du passé mais aussi un signal du futur.
Un intemporel dilemme.

Un avia chè quindeci anni
E qualchi coppiu di mesi
ma tu ti cappiasti appressu
in cu i to cappii tesi.
tu ti pagasti capricci
eiu mi pagai e spesi

Lu et relu au hasard. Sorte de roulette russe ininterrompue.


Le crépuscule des corses
Don Quichotte de la manche
St John Perse
Baudelaire
Rocchiccioli
Santucci
Giovanni della grossa
Divina comedia
etc... etc

je revendiquerai toujours mes tracts par le biais de ce canal:
Anonyme 14:53 (et 23:11) (mais pas Vignoli)


Tentative de traduction en français du poème de P.S. Parigi :

Je n'avais que quinze ans
Et quelques mois
Mais toi tu t'abandonnas
Tous pièges tendus
Tu te dédommageas en caprices
Moi je réglai les frais

(il doit y avoir de nombreuses erreurs : Anonyme 14:53... y remédieras peut-être ?)

AJOUT DU 18 AVRIL 2010 09:35 (avec corrections d'Anonyme et Francesca) :

Je n'avais que quinze ans
Et quelques mois
Mais tu t'es mis en chasse
Tendant tes pièges
Tu te payas du bon temps
Moi je payai les pots cassés

14 commentaires:

  1. eccumi:

    Mais toi tu t'abandonnas
    Tous pièges tendus
    Tu te dédommageas en caprices
    Moi je réglai les frais

    "tu ti cappiasti appressu" s'entend plutot comme " tu te mis en chasse"
    "cappia i cani appressu à u cignale"

    "ti pagasti capricci" :dans le sens de " tu te payais du bon temps"
    Anonyme 14:53 (et 23:11) (mais pas Vignoli)

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  2. Au fait ,une précision : c'est un recueil , une collecte des differentes paghjelle , les plus connues du moins.
    Toutes intemporelles, traitant de la mort , de la vie, de l'amour ,doux ou amer, du départ de l'exil , du retour, si macrocosmiques ,puisque se rapportant à chaque village de corse ,et en meme temps si universelles.

    Anonyme 14:53 (et 23:11) (mais pas Vignoli)

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  3. Mika Nomu,
    le niveau, le niveau... de toutes façons, il baisse toujours. L'important c'est d'évoluer entre toutes les formes d'art !...
    Je connais des gens bien qui n'aiment pas lire du tout des fictions et qui se nourrissent essentiellement de quelques essais sur l'architecture et l'acoustique !
    BD, BD : mais lesquelles ? Des BD corses ?
    Passages porno de certains polars : mais lesquels ? Des polars corses ?

    Anonyme 14:53 (et 23:11) (mais pas Vignoli),
    merci de la précision (vous vouliez dire "microcosmiques" ?). C'est étrange : il me semblait (du fait d'une tonalité assez légère) que la paghjella que vous citiez était une création de PS Parigi, en tout cas quelque chose de très contemporain ! Les idées qu'on se fait...

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  4. Donc :

    Je n'avais que quinze ans
    Et quelques mois
    Mais tu t'es mise en chasse
    Tendant tes pièges
    Tu te payas du bon temps
    Moi je payai les pots cassés

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  5. Merci à vous tous,
    (j'aimais bien tout de même "tout pièges tendus"...).

    Je signale à nouveau ici que cette forme littéraire qu'est la paghjella (6 vers de 6 syllabes) est présente sur le net via le site déjà mentionné, très riche, oeuvre collective en cours : "paghjella" (adresse : http://paghjella.blogspot.com). La page d'accueil donne cette présentation :

    Ste paghjelle sò state racolte in parechji libri: «Cantu Nustrale», «Paghjella» ed. Valle Voce di Paulu Santu Parigi. Certe sò state trove semplicemente nant'à internet, anziani dischi, CD (Valle Voce per indettu ) ecc. E piu preziose e m'anu datu cantadori è paghjellaghji.


    Ce site n’est pas fait par des "spécialistes", encore moins par des ethnomusicologues. C’est une modeste collecte de paghjelle réalisée par des passionnés, des "drogués" de la paghjella. Cette liste est simplement classée par ordre alphabétique, parce que parfois on ne se souvient que du début d’une poésie… Il faut rendre hommage à ceux comme Paulu-Santu Parigi, qui l’on fait avant nous et avec quelle passion ! Cette liste est réactualisée régulièrement, n'hésitez pas à nous rendre visite de temps en temps.


    Si vous connaissez des paghjelle qui n’y figurent pas...

    Si vous constatez des erreurs ou omissions...

    contact : paghjella@paghjella.com

    Merci.

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  6. La paghjella est en 6 vers de 8 syllabes.

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  7. Je reporte ici un commentaire de Francesca :

    francesca a dit…

    nulle "correction" ...ce n'était qu'une proposition,très imparfaite, pour participer : à toi de trancher o FXR
    18 avril 2010 11:34

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  8. Oui, une paghjella est un sizain d'octosyllabes (voire, dit le site "paghjella", trois vers de seize syllabes). Ceci est effectivement une erreur à corriger.

    Quant à la traduction, c'est un travail collectif ; il me semble que vos propositions sont plus judicieuses que mon premier essai : je ne traduisais pas "appressu", et allais vers le contresens avec "tu t'abandonnas"... (peut-être attiré par le paradoxe de l'association entre "s'abandonner" et "tendre des pièges"). Personnellement, ma connaissance du corse repose sur un apprentissage scolaire (collège et lycée à Ajaccio), des lectures de livres, très très peu voire quasiment pas de conversations : je fais partie du groupe (peut-être nombreux) des jeunes corses qui n'ont pas reçu le corse via la famille ou la vie villageoise, donc je n'ai pas de "réflexe" du genre "cela se dit ou cela peut se dire ou ne pas se dire". (D'ailleurs, c'est un autre sujet qui me paraît de la première importance : prendre en compte la diversité du "répertoire linguistique" (notion intéressante) de chacun pour ensuite aller plus loin, partager des éléments de la langue que tous aiment mais connaissent et pratiquent plus ou moins, et plus ou moins bien. Cela va avec la possibilité de montrer ses limites en même temps que ses connaissances et d'utiliser les "erreurs" et les "corrections" comme des occasions de plaisir, qui ne doivent pas engager tout notre être ou notre orgueil.

    Encore merci !

    Une dernière chose : j'ai l'impression (c'est peut-être une évidence bien connue, désolé, ou une bêtise, encore désolé) que le texte d'une paghjella ressemble à une strophe de chjami è rispondi (au moins formellement).

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  9. Anonyme 14:53 (et 23:1) (mais pas Vignoli),
    merci pour ces précisions.
    De façon automatique, j'avais pensé que la créateur et le narrateur de cette paghjella étaient masculins ! Pourquoi ? Peut-être parce que j'associe la paghjella avec les hommes (qui la chantent) et peut-être parce que j'ai associé les "pièges" à une attitude féminine ! Guidé par des idées stéréotypées...
    Des bienfaits du dialogue !

    Quant à la "lecture" des paghjelle, elle ne me choque pas : les oeuvres naissent dans un contexte, pour un usage puis le temps en trouve d'autres.

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  10. je n'ai qu'un mot : la honte! LOL

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  11. Pourquoi la honte ? Sur la première version de la paghjella, si on ne connait pas la variante d'Orezza, rien ne dit que c'est une femme qui parle (ni un homme d'ailleurs).

    Le sentiment d'amertume qui apparait ici pourrait être celui de n'importe qui.

    MB

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  12. Ce mot "amertume", je l'ai toujours aimé. En corse: "amarezza" ; en espagnol, dans un poème superbe de Garcia Lorca, "El Niño Stanton" (dans "El poeta en Nueva York"), où il est question d'une "amargura de pie"...

    L'amertume, on la trouve notamment à la fin de la tragédie "Don Petru", écrite par Marie-Jean Vinciguerra : "ma bouche est amère, j'ai craché toute ma haine" (je cite de mémoire, je me trompe certainement).

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  13. Petite remarque en passant, en parlant de disques : plus de gens ont connu Aragon par les chansons de Ferrat qu'en le lisant. De même la chanson corse fait connaître nos poètes à des gens qui n'ouvriraient jamais un livre de poésie en langue corse...Mais certes, si quelqu'un vient à lire des paghjelle après (ou sans) les avoir écoutées, tant mieux, rien à dire; on peut même applaudir. Elles sont témoin d'une poésie dite "populaire" qui transmet des sentiments éternels et universels, dans une forme déterminée que pour ma part je trouve bien balancée.

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  14. "¡Oh mi Stanton, idiota y bello entre los pequeños animalitos,
    con tu madre fracturada por los herreros de las aldeas,
    con un hermano bajo los arcos,
    otro comido por los hormigueros,
    y el cáncer sin alambradas latiendo por las habitaciones!
    Hay nodrizas que dan a los niños
    ríos de musgo y amargura de pie
    y algunas negras suben a los pisos para repartir filtro de rata.
    Porque es verdad que la gente
    quiere echar las palomas a las alcantarillas
    y yo sé lo que esperan los que por la calle
    nos oprimen de pronto las yemas de los dedos."

    "Niño Stanton" c'est également le nom d'une revue de poésie...

    MB

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